Oui, Frédéric, les copains, lorsqu'ils en avaient la possibilité, se chargeaient également de cette macabre, mais, pour eux, essentielle besogne.

Ici, une très rare photo : il s'agit de soldats du 74e R.I. (encore !!

Amicalement,
Stéphan
Amicalement,Au fond du ravin, sous la terrasse des colonels, l'explosion d'un dépôt de grenades avait creusé un entonnoir de dix mètres de large. C'est là qu'on entassait tous ces débris humains impossibles à identifier, des paquets de bouillie enveloppés dans un morceau de capote bleue ou de toile jaune, et aussi des corps méconnaissables quoique presque entiers ; j'y vis déposer un torse, sans tête ni membres, et tout sanglant. Une fois le trou plein à plus des trois quarts, on acheva de le remplir avec de la terre et on planta au milieu une grande croix de bois.
On apporta de l'avant le gros corps du commandant Chambouillat, tué la veille, et on le déposa un instant sur le terre-plein au pied des deux arbres secs. Le colonel du 74e, qui avait eu le nez coupé au début de la guerre, est sorti de son abri, s'est mis au garde-à-vous devant le cadavre et a fait le salut militaire.