2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

pierreth1
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par pierreth1 »

Bonjour

En continuant mes recherche sur le légionaire Elfand pour sa petite fille, j'ai voulu retrouver le domicile de celui ci,
me basant sur la fiche de décès qui fait apparaitre la mairie d'enregistrement de l'acte de décès je suis tombé sur une "anomalie" et je pense qu'il en est de même pour ceux qui ont dans leur dossier une fiche de décés (tous n'en ont pas) qui font toutes l'objet d'une inscription en mairie parisienne en 1917 (entre avril et aout)

Donc l'acte de décès d'Elfand est établi au vu d'un document de février 1917! etabli par un lieutenant officier d'état civil vraisemblablement du 43 RI (il me reste à le retrouver dans le JMO du 43 pour en être sur,ou peut être léonore car il est titulaire d ela croix de guerre)! et sur le témoignage de deux soldats du 43 RI! ce qui surprend, car quand bien même ces deux soldats (un caporal et un soldat) auraient été ceux qui ont lié au poteau le legionnaire Elfand au sens juridique du terme ils ne le connaissaient pas et ne peuvent qu'attester qu'ils ont vu un mort! car pour attester de la mort d'un militaire il faut deux temoins l'ayant connu! ce qui est surprenant aussi c'est qu'à priori il a fallu reconstituer le certificat de décès, pour des fusilles pour lesquels l'acte de décès doit être établi immédiatement au vu d'un certificat de décès (dont une note du commissaire du gouvernement au chef de corps du 2eme regiment de ) nous aprrenait que visiblement ce certifcat n'existait pas...

à lire ce document on en arrive à penser que durant deux ans, rien n'a été fait sur le plan état cvil régimentaire. Normalement c'était le travail de l'état civil du 2eme regiment de marche qui devait par le biais du ministere de la guerre en aviser l'état civil d ela mairie de résidence, mais pas du 43RI, le 2eme de marche ayant été fondu avec le 2eme de marche du 1er etranger pour formar le RMLE c'était soit à celui ci soit au 2eme RE stationné en Algérie, ou alors tout a été perdu

Ce document par contre lève une incertitude (vu que rien n'apparait dans le JMO du 43 RI ni d'ailleurs les autres JMO) si on prend des temoins du 43 c'est que c'est le 43 (et son premier bataillon) qui a été chargé de l'execution, c'était évidemment fortement probable, mais vu qu'il n'y a strictement rien dans le JMO ce n'était qu'une supposition, celle ci devient quasiment une certitude.

Il serait interessant maintenant de comparer les actes de deces des autres fusilles "parisiens" pour voir si par hasard ce ne serait pas toujours les mêmes temoins (je vais demandes copie d'autres actes de décés)

Vu que certains n'ont pas d'actes de décés (on ne trouve pas dans leur dossier de fiche de décès) on peut envisager que ceux qui ont un acte étaient mariés et que des problèmes de succession ont nécessité cette formalité

Ce qui est prodigieux dans ce drame c'est que quelque soit l'élément que l'on étudie on tombe sur des anomalies. y compris après la mort des condamnés.

Cordialement
Pierre


pierre
air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonsoir,


Une tentative d'organigramme pour resituer les liens entre les acteurs et leurs rôles :

Image

Il manque toujours l'unité :
[strike]- du sergent Drin, greffier[/strike]
- du médecin major constant les décès (43e RI ?)
- du ss lt Boisjoux, défenseur


Les liens sont aussi géographiques (carte du groupe Guérin au 21 juin) :

Image


Quant aux anomalies... dans chaque pièce se glisse une erreur de date, de patronyme, de signature, etc. Se dégage une impression de tâtonnement comme si toute la procédure était une découverte totale. Mais si les actes de décès n'ont pas été établis, on atteint des sommets.


Bien cordialement,

Régis
air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonjour,


Sur le message précédent j'ai apporté une modification à l'organigramme, en ajoutant une puce rouge pour les unités relatant l'affaire dans leur JMO. A noter que pour le 75 RIT, il s'agit du JMO du service de santé, déniché par Pierre.


1.2 Ce qui relatent les JMO :


JMO Ve armée (Gal Franchet d'Esperey) :
21 et 22 juin 1915 : rien

JMO 1er CA (gal Guillaumat)
21 juin : « pendant la nuit du 20 au 21 juin les deux derniers bataillons du 2e Etranger relèvent dans le secteur Guérin le 284e »
22 juin : rien

JMO Prévôté 1e CA :
Rien

JMO 185e brigade (groupe du gal de br. Guérin)
19 juin : « arrivée du 2e Etranger dans le GG » lire groupe Guerin.
22 juin : « 27 hommes du 2e Etranger (bataillon F) traduits en Conseil de Guerre spécial pour actes d'indiscipline commis à Prouilly, sont condamnés à : 9 à la peine de mort et les autres aux travaux forcés. Les 9 condamnés à mort sont exécutés. Un légionnaire au poste d'écoute du Chauffour passe à l'ennemi»

JMO 2e RMLE ( lt col Lecomte Denis)
22 juin : rien
23 juin : « le légionnaire Haiset alias Boesch passe à l'ennemi étant au poste d'écoute de gauche de la tranchée g »
1
0 juillet : instructions pour ventilation du bataillon F suite au départ des belges et russes.
11 juillet : « 334 sujets russes et 394 sujets belges ayant demandés à servir dans leur armée nationale sont mis en route sur le dépôt d'Orléans »
13 juillet : « les 375 légionnaires russes qui doivent passer dans des régiments français seront embarqués demain 14 juillet à 14 heures à la gare de Jonchery »

JMO bataillon F (cdt Berecki)
20 juin 1915 : «  à Prouilly. Départ à 18h15 pour Merfy et Saint Thierry; Au moment du départ, 44 légionnaires refusent de s'équiper et de suivre le bataillon, déclarant ne plus vouloir servir à la Légion Etrangère et voulant passer dans des corps français. Au dernier moment, 17 légionnaires russes se ravisent et rejoignent leur compagnie. 27 légionnaires russes et arméniens persistant dans leur refus d'obéissance sont remis entre les mains de la force publique, prévenue dans l'après-midi (les légionnaires arméniens demandaient à être envoyés dans un camp de concentration, étant sujets ottomans) »
21 juin 1915 : « Dans sa séance du 21 juin, le Conseil de Guerre spécial réuni à Pévy par ordre n°4759 du général commandant le corps d'armée pour juger les 27 légionnaires du bataillon coupable de révolte et refus d'obéissance sur territoire en état de guerre condamne ceux-ci :
[suivent les noms et les peines prononcées].
22 juin 1915 : « conformément aux prescriptions de l'article 151 du Code Civil [en fait, code de justice militaire], les neuf légionnaires ci-dessus désignés, condamnés à la peine de mort par le Conseil de Guerre spécial du Régiment, ont été passé par les armes à 15h à Pévy. Rien d'autre à signaler »

JMO 1ere DI :
Rien.

JMO 1ere Brigade :
Rien.

JMO 43e RI :
22 juin 1915 : rien.

JMO SS 75 RIT
 :
20-21-22 juin 1915 : « journée calme »
23 juin 1915 : « 27 soldats du 2e régt Etranger ont passé au Conseil de guerre pour refus d'obéissance. 9 ont été fusillés immédiatement, les autres sont condamnés à 10 et 5 ans de travaux publics. »


Cordialement,


Régis
air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonjour,



Un peu de l'état d'esprit des commanditaires des peines capitales.
Interview d'un officier d'état-major par Jean Galtier-Boissière, parue dans le Crapouillot de juin 1931 :


« [ ] étant donnée l'horreur du combat moderne et l'énorme masse à mouvoir, il y a forcement du déchet. C'est pourquoi il est indispensable d'impressionner à l'avance les combattants, de leur démontrer :
- primo, que la mort est plus inévitable en fuyant qu'en avançant,
- secondo, que la mort sous les balles amies est cent fois plus épouvantable que sous les balles ennemies.
C'est pourquoi, l'exécution capitale avec la parade des troupes a toujours donné, pour le renforcement des qualités offensives d'une unité, des résultats tout à fait remarquables
.

GB - Que le poteau et le coup de grâce de l'adjudant fassent partie du « système », je n'en doute point, mais est-il nécessaire de fusiller des innocents ?

- Qu'appelez-vous des innocents ? Dans les cas que vous citez [ Suippes, Vingré, Flirey] il s'agit uniquement de soldats qui, avec des circonstances atténuantes plus ou moins valables, ont abandonné leur poste.

GB - Avouez qu'étant donné l'incohérence des combats, il n'existe pas un seul poilu qui de 1914 à 1918 ne se soit trouvé dans une situation équivalente ?

- Je ne le nie pas. Mais je vous rappellerai que la discipline « fait la force principale des armées » et que ce n'est pas le rôle d'un simple soldat ou d'un caporal de juger qu'une attaque est bien ou mal conçue ! Le soldat n'a qu'à obéir. Si vous admettez la discussion d'un ordre par un inférieur, c'est l'anarchie et la débandade. Et c'est précisément dans ces cas de panique ou de protestations collectives absolument inadmissibles dans une armée, que doit intervenir la sanction exemplaire : vous comprenez bien qu'au front on en pouvait passer un régiment par les armes, pas plus qu'on ne peut en caserne faire descendre un bataillon tout entier aux locaux disciplinaires.

GB – Et vos trouvez juste de s'en remettre, comme cela s'est vu, un tirage au sort ?

- Pourquoi pas ? Si un gradé, quel qu'il soit, désignait un homme dans ces circonstances tragiques, la troupe pourrait juger qu'il s'agit d'une vengeance individuelle. Entre des hommes tous coupables de la même défaillance, et dont certains doivent subir un châtiment pour l'exemple, le tirage au sort me paraît la méthode la plus adéquate.

GB – En bref, vous estimez qu'au cours d'une guerre, tous les soldats, au moins une fois, méritent le poteau ?

- très probablement.

GB – Et d'après votre théorie, le fusillé, dans l'ordonnance d'une offensive figure au même titre que le téléphoniste ou l'agent de liaison et concourt peut-être plus que tout autre soldat au succès final ? Vous ne seriez donc pas choqué si je proposais par exemple d'élever un monument aux « Fusillés pour l'exemple » ?

- En principe, absolument pas ! Le châtiment exemplaire d'une très faible proportion de défaillants a souvent permis de reprendre la troupe en mains, de lui rendre sa valeur offensive qui déclinait... La guerre, il faut avoir le courage de la regarder dans les yeux. »


L'article est illustré de photos. Il ne s'agit pas de Pevy, mais plus tôt, fin 1914 je pense.

Image



Cordialement,

Régis
pierreth1
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par pierreth1 »

Bonsoir
je rajouterai JMO de la prevote de la 1ere DI rien et pourtant lorsque les gendarmes assistent à une parade d'execution c'est noté, ainsi 19 juin degradation d'un soldat du 8 et d'un du 110 a l'issue c'est la prevote qui les emmene au DES idem pour le 22 juin! on peut donc supposer que dans cette affaire les prevots de la division voisine (à laquelle appartient le 43 RI) ne sont pas partie prenante

Dans le JMO de la prevote du CA rien or on sait par le JMO du 2eme regiment de marche bat F que la prevote a été prévenue dans l'apres midi du 20 ce qui explique la presence du chef d ela prevote et de son adjoint, en outre le JMO fait etat de remise dans les mains de la force publique des mutins donc on peut penser qu'il y a un rassemblement d egendarmes pour se charger des mutins, on aurait pu penser aussi à l'utiulisation d ecavaliers mais là aussi rien! Autrement dit le deplacement pour mater une mutinerie previsible du prevot et de son adjoint est un non evenement.....

A noter qu'au moment des fait le 78 RIT appartient à la 1ere brigade et non plus au "groupe guerin"

Autrement dit on condamne 27 soldats du même régiment on en execute 9 les autres sont censes etre transferes d'ou escorte, billet d'ecrou et rien!

Autre singularité Pas de fiches de deces pour Artomachin, Nicolaeff et Brudeck
Concernnant
Elfand inscription au 9 Arrondissement d eParis en Aout 17 (avec un certificat de deces etabli en fevrier 17 avec comme temoins 2 soldats du 43!)
Pallo inscription au 1er ar le 15 juillet 1917
Dickmann au 18 Ar le 27 juillet 1917
Petroff au 18 Ar le 14 avril 1917
Chapiro 17eme Ar le 14 avril 1917
Timaksian au 14 eme AR le 20 avril 1917

donc les six ne sont inscrit à l'etat civil de Paris qu'en 1917 ce qui est incomprehensible car le PV d'execution et le certificat de deces du medecin ayant assisté à l'execution etait suffisant, recuperer des temoins (non fiables car ne connaissant aucunement les defunts) est ahurissant et est plus que limite

A noter que l'on voit dans le dossier une premiere incoherence: le commisssaire du gouvernement ecrit le 26 juin une lettre au chef de corps dans laquelle il lui conseille de fournir une note de designation des juges signée de sa main! autrement dit la designation de sjuges est faite legalement à posteriori!
Dans cette lettre il ecrit aussi:" En ce qui concerne la constatation du deces des 9 condamnés je pense sans en etre certain que des pieces (probablement certificat de deces par le medecin qui a visite les corps aussitot apres l'execution) doivent être transmis par le commandant d'arme qui a été chargé d'assurer l'execution" Un commissaire du gouvernement qui "pense sans en etre certain" qui semble donc a ce point meconnaitre la loi (alors qu'il est designe pour les fonction de commissaire rapporteur depuis de smois et que c'est un juriste) nous atteignons des sommest, mais plus grave cela semble indiquer qu'il n'y a pas eu transmission d ecertificats d edeces et donc cela pourrait expliquer que 2 ans apres il faille recuperer l'erreur (ou l'incompetence administrative) en prenant deux soldats qui sans doute etaient sur les lieux lors de l'execution comme temoin en violant la loi, comment deux ans plus tard quand bien m^me ils auraient fait partie d eceux qui ont lie un de soldats au poteau pourraient ils se souvenir du nom (si tant est qu'ils l'aient su) bref on reconstitue à la va vite de scertificats de ces deux ans apres les faits (cerise sur le gateau concernnat elfant il est fait en deux fois une premiere fois par l'officier d'etat civil (apres avoir ecoute les deux temoins) mais la date de naissance est fausse de meme que l'adresse parisienne d'ou une mention rectificative pour la date et l'adresse visiblement faite au ministere de la guerre a Paris le 7 juillet 1917
On pourrait bien sur imaginer la perte de sarchives etat civil etc du 2eme regiment de marche, mais cette unite entre le mois de juin 1915 et sa dissolution en automne 1915 n'est jamais en situation de perdre ses archives, que l'unite n'ait pas transmis par voie reglementaire les fiches de deces est stupefiant hors si elles avaient ete transmises les inscriptions à l'etat civil d eParis se seraient faites dans la foulee
Un tel amateurisme est consternant

mais lorsque l'on voit que l'on ne sait pas où est un des condamnés à 10 ans de travaux public (khedidjian) en 1921 car on ne retrouve pas d'avis d'ecrou!! on ne s'etonne plus

Cordialement

Pierre



pierre
air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonjour Pierre,


¤ Le JMO de la Prévôté du 1er CA = rien est ajouté à la liste des extraits de JMO..

¤ Sur la composition de l'organigramme, point délicat, autour du 15 juin tout change :

6 juin 1915 : reformation de la 122e DI de Lardemelle

15 juin 1915 : création de la 243e brigade (84 RI et 284 RI) affectée à la 122e DI.
La DIP (185e et 8e br) est amputée de la 8e brigade qui rejoint la 122e DI. la DIP devient "Groupe Guérin" et se compose de 4 bataillons du 2e RE, 1 bat du 35e RIT, 1 bat du 75 RIT et un détachement de 190 cavaliers du 6e régiment de chasseurs à cheval (lt col Tinel).
Avant cette date la 185e brigade du général Guérin est constituée des 75, 78 et 35 RIT.

27 juin 1915 : visite du président Poincaré à la nouvelle 243e brigade...


Dans ce chambardement les affectations des hommes bougent tout autant : 3 gradés du 75 RIT passent au 43e RI le 1er juillet, le chef d 'EM du gal Guérin part à la 52e DI le 2 juillet, le médecin aide-major du 75e RIT à l'ambulance 2/1 le 25 juillet, on a vu aussi pour le cdt Vary, le cpt Guillaumin, etc...

On peut se demander aussi dans quelle mesure ces changements ont joué sur l'administration de l'exécution.


¤ A propos de celle-ci, le commissaire du gouvernement, modeste capitaine, se trouve à donner des instructions au colonel du 2e RE. Ceci explique peut-être le style chantourné, faussement ignorant : "j'ai l'honneur de vous soumettre les deux remarques suivantes ... je crois qu'il serait utile ... je pense, sans en être certain ... au cas où vous l'ignoreriez ... le cdt Vary ... lequel est d'ailleurs, je crois, aujourd'hui cdt de ...".


¤ A noter enfin que le Groupe Guérin, dont dépend le commissaire du gvt, se trouve sommé le 23 juin de fournir des explications pour un CGS demandé par le 2e RE, ordonné par le CA. L'affaire devient brûlante !



Bien cordialement


Régis
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krzymen
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par krzymen »

Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Régis et Pierre

Je viens de trouver quelques informations qui peuvent être interresantes pour vous. Des documents concernant Jan Brudek et Sobiesław Kienskiewicz se trouvent dans les archives de Ossolineum (Institut national Ossoliński) à Wrocław dans la collection des papiers de Wacław Gąsiorowski. Il s’agit de leurs fiches établies par le Comité des Volontaires Polonais, leurs déclarations de volontaires et documents personnels. On trouve aussi une dizaine des lettres que le légionnaire Kienskiewicz a écrit au Comité en 1915-1916.

Voilà des extraits du livre de Wacław Gąsiorowski -version originale (en polonais) et ma traduction.
1910-1915 Historia Armii Polskiej we Francji, T. 1, Warszawa 1931 (1910-1915 Histoire de l’Armée Polonaise en France)

Page 361
Po tej pierwszej wizycie pułkownika Osnobiszyna, nastąpił też przypadek buntu w szeregach Legji Cudzoziemskiej...
Oto wyjątki z dwu listów Wolontariusza Piotra Rogowskiego. Wyjątki, stwierdzające zresztą znane Komitetowi Wol. z innych źródeł szczegóły.
Pod datą, dnia 26 czerwca 1915 roku, Piotr Rogowski donosi prezesowi Wolontarjuszów:
Après cette première visite du colonel Osnobishine, il y avait aussi une rébellion dans les rangs de la Légion étrangère ...
Voici des extraits de deux lettres du volontaire Piotr Rogowski. Extraits, indiquant, par ailleurs, des détails connus au Comité des Volontaires des autres sources.
A la date du 26 Juin 1915 Piotr Rogowski rapporte au Président du Comité :
Page 362
(…)Następnie muszę donieść WPanu smutną nowinę, oto, w tych dniach, sąd wojenny skazał dwudziestu siedmiu za zbuntowanie się, a to dziewięciu na pięć lat, drugich dziewięciu na dziesięć lat robót ciężkich, ,a ostatnich dziewięciu na natychmiastowe rozstrzelanie. Byli to uparci i nieroztropni ludzie, którzy tak ważną sprawę z lekkiej wzięli strony. Smutny to dla nas wypadek i tern więcej, ponieważ między skazanymi na śmierć, znajduje się także jeden Polak, Jan Brudek, jest to syn wieśniaka z Królestwa Polskiego"
(...) Je vous apporte, Monsieur, une triste nouvelle, ces jours-ci une cour martiale a condamné vingt-sept (soldats) pour une révolte, et que neuf (soldats) à cinq ans, autres neuf (soldats) à dix ans de travaux forcés, et encore neuf (soldats) au fusillement immédiat. C'étaient des gens entêtés et irraisonnables, qui ont pris cette question aussi importante à la legère. C'est un triste événement pour nous et d’autant plus que parmis ceux condamnés à la mort se trouve aussi un Polonais, Jan Brudek, c’est un fils d'un paysan du Royaume de Pologne.
Stało się to w Drugiej Legji Cudzoziemskiej, w bataljonie litera „F”
Tenże sam Piotr Rogowski objaśnia dalej, w liście swym z dnia 9 lipca:
C’est arrivé dans le bataillon « F » de la Deuxième Légion étrangère.
Ce même Piotr Rogowski explique en outre dans sa lettre du 9 Juillet:

Co się tyczy ostatniego wyroku sądu wojennego, to muszę dodać, że, prócz Jana Brudka, skazanego na rozstrzelanie, jeszcze drugi Polak, Sobiesław Kęszkiewicz z Królestwa., liczący lat dwadzieścia jeden, skazany został za rewoltę na 5 lub 10 lat ciężkich robót.
Niestety i tym razem wyłuszczyć muszę, że ci dwudziestu siedmiu osądzeni w dobrej myśli działali, lecz bardzo nierozsądnie postąpili. W ostatniej bowiem minucie, wyżsi oficerowie francuscy aż ich błagali, aby załatwić tę sprawę łagodnie, dowód, że z siedemdziesięciu pobuntowanych, tylko dwudziestu siedmiu na koniec zostało.
Quant au dernièr jugement du conseil de guerre, je dois ajouter que, outre Jan Brudek, condamné à être fusillé, un autre Polonais, Sobiesław Kęszkiewicz du Royaume (Polonais), ayant vingt et un ans, il a été condamné pour une révolte à 5 ou 10 ans de travaux forcés. Malheureusement et cette fois je dois éxpliquer que ceux vingt-sept condamnés ont agi de bonne foi, mais agi irraisonnablement. En fait jusqu'à la dernière minute, les officiers supérieurs français les suppliaient de régler cette affaire d’une manière calmante, preuve que de soixante-dix révoltés, seulement vingt-sept sont restés jusqu'à la fin.
Page 363
Wspomniany bunt legjonistów, polegający na odmówieniu wykonania rozkazów, miał podłoże w pewności siebie niektórych poddanych rosyjskich, którzy spodziewali się interwencji ambasady i przekonani byli, że mogą władz legjońskich nie słuchać i z nich sobie drwić...
Cette rébellion des légionnaires, consistant dans le refus d'exécution des ordres, était basée sur la conscience de soi de certains sujets russes, qui attendaient l'intervention de l'ambassade et ont été convaincus qu’ils peuvent ignorer le commandement de la Légion et se moquer de lui ...
Quelques remarques.
Le légionnaire Piotr Rogowski (Pierre de Rogowski) a disparu au combat le 15.12.1916 (fiche MPLF).
"des détails connus au Comité des Volontaires des autres sources"
Ces autres sources, c’était probablement Arthur Berecki ou même son fils, le commandant du bataillon F du 2RM/2RE. Gąsiorowski connaissait Arthur Berecki ...
"C’est arrivé dans le bataillon "F" de la Deuxième Légion étrangère."
En 1931 Gąsiorowski a oublié qui commandait le bataillon "F" ? ;) Je pense qu’il ne voulait pas que le nom du Général de Brigade Richard Edouard Berecki soit lié à l’affaire où un volontaire polonais a été fusillé et l’autre comdamné à la peine de 10 ans. J’en suis sûr que le capitaine Gąsiorowski, un des organisateurs de l’Armée Polonaise en France et membre de l’état-major des généraux Archinard et Haller connaissait personellement le lieutenant-colonel Berecki au moins depuis le printemps 1918 ;)

Richard Edouard Léon Berecki
Né a Paris le 16 avril 1874. Fils de Arthur Berecki et petit-fils de Napoleon Berecki. C’était un Français qui avait des racines polonaises mais il ne parlait pas polonais.
Napoleon Wincenty Berecki (1806 ou 1807-1877). Né en Pologne. Avant l’Insurrection de Novembre 1830 il servait dans la cavalerie polonaise. Promu sous-lieutenant en 1831, il a participé aux nombreuses importantes batailles de la guerre polono-russe dans les rangs du 13e Régiment de Uhlan (13 Pułk Ułanów). Décoré de la croix d’or de l’Ordre Virtuti Militari. Après la défaite polonaise emigré en France. Marié avec une Française.
Arthur Christophe Richard Berecki (1843-1921). Il a terminé ses études au Lycée Bonaparte et à l’Ecole Polonaise des Batignolles. Secretaire à la mairie du 17e Arrondissement. Activiste des organisations polonaises à Paris. Membre du Comité de l’Associations des Anciens Elèves de l’Ecole polonaise et du Bulletin Polonais.
Son fils Richard Edouard Berecki a terminé l’Ecole Militaire de Saint–Cyr en 1896 – Promotion Alexandre III
http://www.saint-cyr.org/medias/editor/ ... re-iii.pdf
Alexandre III était le petit-fils du tzar Nicolas I, contre lequel s’était "rebellé" le grand-père de Richard Berecki !
En 1913 le capitaine Berecki du 7e Bataillon de l’Infanterie Coloniale a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.
Promu chef de bataillon en 1915 - il a pris le commandement du bataillon F du 2RM/2RE le 5 mars 1915.
Après il servait dans plusieurs régiments sur le front dans les Balkans
Le 3 avril 1918 le lieutenant-colonel Berecki a été nommé commandant du 2e Régiment de Chasseurs Polonais (2 Pułk Strzelców Polskich).
Promu Officier de la Légion d’Honneur. Nommé commandant de l’infanterie divisionnaire de la 1re Division de Chasseurs Polonais (1 Dywizja Strzelców Polskich). Il s’était distingué pendant les combats de la guerre polono-ukrainienne (1918-1919) et la guerre polono-sovietique (1919-1920). En 1920 il était membre de la Mission Militaire Française en Pologne. Cité à l’ordre de l’armée (ordre du général Józef Haller). Décoré de la Virtuti Militari 5 cl. et deux fois de la Krzyż Walecznych (Croix des Vaillants). Rentré en France en 1921. Promu colonel en 1922 (22e Régiment d’Infanterie Coloniale).
Commandeur de la Légion d’Honneur – 28 décembre 1928. Promu Général de brigade en 1929. Mis en retraite en 1934.
En 1945 condamné à cinq ans de dégradation nationnale "pour avoir soutenu la politique du maréchal Petain et adheré au groupe collaboration".
Amnistié
– Loi du 5 Janvier 1951 (5 citations, 2 blessures). Réintegré dans l’Ordre de la Légion d’Honneur – Décision du Président de la Republique Française – Décret du 29 mars 1952.
Le Général de brigade Richard Edouard Léon Berecki est mort à Nice en 1958.
Son dossier dans la base Léonore a 80 pages, mais presque rien sur les années 1914-1920.

Bien cordialement
Krzysztof
air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonjour Krzysztof,


Merci pour ces nouveaux éléments et leur traduction, qui montrent que les faits ne sont pas passés inaperçu auprès de la communauté polonaise.

Concernant le commandant du bataillon F, Berecki, curieusement son nom n'apparait pas directement dans cette affaire, bien qu'il s'agisse de ses hommes. Le bataillon F est disloqué le 12 juillet, le commandant Berecki n'est pas réaffecté au Régiment Etranger et passe au 148e RI le 13 juillet 1915. Que faut-il en comprendre ?


Et une question à propos des volontaires polonais : sont-ils considérés en 1915 comme "Polonais", ou comme ressortissants russes, allemands et autrichiens ? cette distinction à son importance sur leur devenir en juillet 1915 : Austro-Allemands ils peuvent être retirés du front et envoyés en Afrique, Russes ils peuvent prétendre rejoindre l'armée russe ?


Bien cordialement,


Régis
pierreth1
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par pierreth1 »

Bonjour
Paradoxalement l'absence de "Bereki" n'est pas forcemment illogique, Mais il est nomément cité comme témoin des faits par le capitaine Peteau et le Lieutenant Sandre, mais ensuite il à a gérer son bataillon et c'est le rôle des commandants d'unité de faire le rapport et du chef de corps d'agir. Il aurait pu être cité comme témoin, mais dans la mesure où le commandement avait pris la précaution d'envoyer la maréchaussée, c'était inutile (Richard d'ailleurs n'est pas non plus cité comme témoin..)
Par contre il a forcemment transmis à l'échelon supérieur les informations concernant l'état d'esprit et le risque de rebellion, de même que le chef de corps du régiment a automatiquement prévenu ses supérieurs ce qui explique la présence du prévot du corps d'armée et de son adjoint

à noter aussi que les deux témoins le MDL Behal et le gendarme Mantoret de la prévoté du corps d'armee sont venus avec leur chef (si ils provenaient de la prévoté divisionnaire ce serait signale comme tel et non pas du CA) et que d'autre part il est mentionné (JMO du bataillon F) la remise des prevenus à la "force publique" or normalement et sauf erreur "force publique" et "DES" ne font pas partie de la prévoté des corps d'armées mais pour ce qui concerne la "force publique" correspondrait peu ou prou à une unite de ce que l'on appellerait gendarmerie mobile en charge du maintien de l'ordre, ceci amène a supposer (il faudrait retrouver le JMO de la Force publique presente dans cette zone pour voir si il n'est pas fait état de cet évènement) qu'il y avait du "monde" à Prouilly ce jour là, ce serait logique car peut être le commandement à t'il hésité à faire arrêter 27 mutins (au départ 44) par les légionnaires de l'unité vu le nombre de Russes qui y sont. Donc on peut envisager que les prévenus ont été emmenés par les gendarmes à Pevy
.
Donc rien n'a pu se faire au départ sans que Berecki n'y participe mais une fois les évènements déclenchés il n'a sans doute eu aucune influence

Je ne vois pas sa mutation comme une sanction mais tout simplement il n'y a plus de poste pour lui une fois le bataillon dissous, à noter d'ailleurs qu'un certain nombre de sous officiers et officiers de ce bataillon rejoignent eux aussi les régiments d'infanterie de la régulière (2 sous lieutenants, 1 adjudant chef et 2 adjudants, 18 sergents major et sergents).

En 1915 les polonais sont soit allemands, soit austro-hongrois soit russes. Concernnant les russes en 1915 ce sont nos alliès on ne peut donc pas considerer les polonais "russes" comme des polonais.. ce qui fait que lorsqu'ils obtiennent l'autorisation de quitter la légion ils peuvent soit rejoindre l'armée russe soit rejoindre une unité "régulière" française
Concernant les polonais ressortissants des puissances centrales ils sont ressortissants d'une puissance ennemie donc peuvent demander à voir leur contrat cassé et être internés, beaucoup l'ont il fait?? les reconnaitre comme polonais aurait posé problème vis à vis des russes, car la reconnaissance d'un "etat polonais" dans les limites de sterritoires des puissances centrales aurait pu être mal perçu par les russes (Varsovie appartient à l'époque à l'empire Russe)
la chute du Tsar changera la donne et le 4 juin 1917 une armée nationale polonaise est crée et une mission militaire franco-polonaise, dirigée par les généraux Archinard et Capdepon en est chargé. Tous les Polonais, civils ou militaires, de l'étranger ou de France, peuvent s'engager y compris les prisonniers en France, soldats de l'armée impériale allemande originaires des provinces de Silésie et de Posnanie, qui peuvent s'engager sous un nom d'emprunt (il n'y a sans doute pas d'austro hongrois polonais prisonniers en France ).

Cordialement

Pierre
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air339
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Re: 2 RMLE 8 fusillés le même jour? (Fusionné avec "Révolte juin 1915")

Message par air339 »

Bonsoir Pierre,


merci d'avoir éclairci ces points.

Dans les "acteurs" que je n'arrivais pas à localiser, le greffier sergent Drin est en fait indiqué comme étant du 2e RE, et comme il n'apparait pas dans les départs du bataillon F, il serait logique qu'il soit du D !

Les 3 interprètes sont indiqués du bataillon F.

Le médecin-major doit être celui du 43e RI, seule unité présente à Pévy.

Resterait à identifier le ss lt Boisjoux, unique défenseur des 27 prévenus, avec quelques courtes heures de préparation, si l'on tient compte de la note en marge d'un document du 2e RE : ordre reçu à 12h de constituer un CGS pour 15h.


Cordialement,

Régis
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