Bonjour à tous,
Les RIT, sujet vaste et passionnant, qui a concerné un nombre non négligeable de mobilisés tout au long du conflit. Parmi les formations composées de territoriaux, on trouve parfois mention des Compagnies de Mitrailleuses de Position (simplifié en CMP dans ce texte). Les quelques JMO disponibles sur le site Mémoire des Hommes donnent des pistes pour mieux comprendre la fonction et l'organisation de ces unités.
Le message d'Exulans sur le Forum Pages 14-18 ( pages1418/qui-cherche-quoi/500e-rit-sujet_9419_1.htm ) m'a poussé à dépoussiérer des notes prises il y a un peu plus de deux ans, vu la maigreur de ce qui est disponible sur le net.
Il ne s'agit pas d'une étude complète, mais d'une ébauche, d'hypothèses quant à l'organisation, les missions, les rattachements de ces unités.
- La création des CMP :
Tout au long du conflit, les RIT dissous ont donné naissance à des CMP. Par contre, je n'ai pas trouvé de documents établissant avec certitude la mise en place des premières compagnies, faute de texte officiel. La plus ancienne mention de CMP trouvée pour l'instant (je n'ai pas épluché tous les JMO des RIT) l'a été dans le JMO du 56e RIT (SHD, 26N786/11, vue 71/110 http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html , le 9 mars1916 :
[quotemsg]« Reçu ordre général n°61, formation des compagnies de mitrailleuses de position ; les sections 53 et 54 passent à la 2e compagnie de mitrailleuses de position, la section F. de place est passée au 340e territorial. Personnel et matériel passés à la date du 10 mars [19169]" »[/quotemsg]
- Composition d'une CMP :
Les effectifs donnés dans l'exemple ci-dessus sont variables, surtout en fonction du nombre de mitrailleuses par section. Hélas, dans le cas présenté ci-dessus, pas d'indication du modèle de mitrailleuses équipant la section. J'ai trouvé trace de la mention que des sections de mitrailleuses modèle 1907 T n'avaient que deux pièces remplacées par des d'Hotchkiss, mais avec trois pièces par section en octobre 1918 (26N805/3, 26N805/8¨et 26N805/09) pour des unités qui ne sont pas de CMP comme on le verra un peu plus tard. Ces cas peuvent-ils être généralisés aux CMP ? Il semble que ce fut le cas des mitrailleuses équipant les CMP du 26e BMP.
Si la composition des CMP varie par le nombre de pièces et ses effectifs, c'est surtout son rattachement au front et administrativement qui complique son étude.
- Des CMP isolées :
Administrativement, la CMP est rattachée au dépôt du RIT dont elle provient. De ce fait, ces hommes gardent leur numéro de régiment.
Au niveau tactique, la CMP reçoit ses ordres du Corps d'armée ou de la Division d'infanterie à laquelle le secteur est rattaché.
- Les Bataillons de Mitrailleuses de Position :
Ainsi, en mars 1918 sont constitués 4 bataillons dans la VIe Armée, les 25e, 26e, 27e et 28e BMP. Le 26e BMP est constitué des 11e, 162e, 220e, 313e, 321e et 322e CMP. Grâce à son JMO, il est possible de suivre en détails le parcours de ce bataillon.
Il semble qu'administrativement, les CMP restent rattachées à leur dépôt. Les BMP eux reçoivent leurs ordres du Corps d'armée pour tout ce qui concerne l'emploi, la discipline, la communication des ordres, l'avancement, les récompenses. C'est pour cette raison que certaines CMP du 26e BMP se retrouvèrent aux ordres de la 21e division anglaise (« DIW » dans le JMO) en avril 1918 ; ou à la 3e division italienne.
- Les Bataillons de Mitrailleuses de Corps d'Armée, ou Bataillon Territorial de mitrailleuses :
Les bataillons sont toujours rattachés administrativement à un RIT. Toutefois, la situation n'est pas aussi simple.
Prenons l'exemple du 7e BMCA, rattaché d'après son JMO au 54e RIT. Les fiches MDH de soldats tombés le 24 octobre 1918 montrent que leur situation posait problème pour les rédacteurs des fiches.
Certains, logiquement, sont notés comme hommes du 54e RIT.
D'autres, comme appartenant au 7e BTM, Bataillon de Territorial de Mitrailleuses. Autre appellation, peut-être même l'officielle, de ce que j'ai appelé BMCA. Avec ou sans mention du 54e RIT.
Un autre groupe est mentionné comme appartenant au 500e RIT (et même 54e RIT rayé puis 500e RIT).
Et pour finir, plus fantaisiste et qui montre la difficulté de s'y retrouver, cette fiche avec mention du 7e Bataillon de Tirailleurs Mitrailleurs qui me permet de dire à quel point il faut faire attention aux unités du fichier MDH, mais aussi aux listes disponibles sur MemGenWeb. Elles ont le mérite d'exister, mais sont incomplètes, mélangent tous les cas d'hommes pour les RIT. Où trouver les hommes tombés dans ces CMP ? Ici, dans la liste du 500e RIT, du 54e RIT. Pas de 7e BTM dans les unités listées. Prudence.
- Les 500e et 501e RIT :
Gestion administrative des compagnies, si l'on suit les indications données par le JMO du 500e RIT (en fait une liste des bataillons rattachés au 25 juin 1918 et le sort des compagnies rattachées au 500e RIT en 1919).
Aucun autre détail. Le peu de fiches MDH pouvant être reliées à un décès dans le cadre de combats de CMP semblent porter comme unité le 500e RIT et non l'unité d'où vient la compagnie. Le faible nombre de fiches, une poignée, c'est pas suffisante pour en tirer une conclusion assurée. D'autant plus que l'on trouve des hommes de BTM ayant une fiche du 500e RIT.
Sur le 501e RIT, la situation est encore plus obscure, à part quelques fiches MDH, rien ! Je pense qu'on peut imaginer une fonction identiques que le 500e RIT, pour les BTM (ils ne sont pas mentionnés dans la listes des unités suivies par le 500e RIT). Sans certitude vu que l'on retrouve des hommes des BTM notés comme pertes du 500e RIT dans leur fiche MDH.
Maintenant que l'organisation des CMP a été abordé, voyons quelles étaient leurs fonction.
- Les fonctions des CMP :
On trouve la participation de compagnies aux tirs de préparation à une attaque et au cours de l'attaque. Tirs indirects, tirs de DCA. L'imprécision du JMO à ce niveau, et vu qu'il n'y en a qu'un, limite les informations.
Les missions des CM appartenant à des BMCA semblent avoir été bien plus nombreuses et variées. Malgré le peu de JMO disponibles, la liste ne peut être exhaustive :
- DCA pour protéger des voies de communication, des ponts (52 000 cartouches brûlées en deux nuits, les 15 et 16 août 1918 pour le 7e BTM ! ) ou un ballon d'observation.
- Garde des chars touchés le 21 août 1918 à Nampcel.
- Garde de prisonniers ;
- Hommes mis à la disposition du génie belge ;
- Aide à l'aménagement d'un terrain atterrissage ;
- Assainissement du champ de bataille, récupération de munitions abandonnées ;
- Déchargement de matériels du génie ;
- Façonnage de bois de chauffage ;
- Entretien des routes ;
- Travail de moisson ;
- Service d'ordre et de police dans une gare ou dans un centre de ralliement des permissionnaires ;
- Garde de prisonniers ;
- Travaux de déblaiements.
- Qualités et lacunes des JMO :
- Celui du 7e BMCA donne le noms de tous les hommes des différentes compagnies à sa formation ! Ce même JMO donne des détails sur les combats d'octobre 1918 en Belgique dans le cadre d'une guerre qui n'est plus statique.
- Le JMO du 26e BMP donne une vision très intéressante des combats de mai 1918.
- Un avion abattu par une pièce du BMCA 10 à Bruyères le 28 octobre 1918 (26N805/3 http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html ).
La composition des unités à diverses dates, le procès verbal de formation et de dissolution sont aussi à lire dans un ou plusieurs JMO.
- Des questions en suspend :
Si vous avez des pistes, je ne dois pas être le seul à être curieux d'en savoir plus ! Je modifierai volontiers cette ébauche à l'aide de nouveaux documents.
Et dire que j'avais écrit dans mon dernier « Au détour... » que j'allais m"loigner un temps des sujets transversaux, c'est-à-dire faisant le point sur une thématique à l'aide de plusieurs JMO. Mais la curiosité est parfois plus forte...
Amicalement,
Arnaud
Sources :
JMO du 201e RIT : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
JMO des CMP, BMP et BMCA disponibles sur le site Mémoire des Hommes.
Liste des tués recensés par le site MemGenWeb