Concernant les pertes du 210e R.I. sur le front d'Orient, notamment les deux morts du 11 novembre évoqués dans les pages précédentes, il semble bien qu'il n'y ait pas eu de volonté de dissimulation.
Qu'on en juge tout d'abord par les journaux de marches. Celui du 210e livre un récit détaillé des journées du 10 et du 11 novembre, rapportant précisément le déroulement des opérations sans chercher à dissimuler l'importance de la résistance allemande.
Pour résumer les événements de ces deux journées, le 210e, appuyé par deux bataillons du 61e, franchit le Danube et pénètre en Roumanie dans les premières heures du 10, non loin de la ville de Giurgiu, avec pour objectif de pousser ensuite jusqu'à Bucarest. La faible garnison allemande installée sur la rive nord du fleuve se défend dans la matinée, avant d'abandonner Giurgiu. Le lendemain, le 11 novembre donc, le 210e reprend sa progression et s'empare d'une série de villages plus au nord. Le 4e bataillon rencontre notamment une vive résistance, essuyant plusieurs bombardements importants. La nouvelle de l'armistice ne parviendra au régiment que dans la nuit, le général Berthelot l'ayant lui-même appris dans le courant de la journée.
S'il ne fait état d'aucune perte pour le 10, le journal mentionne bien deux tués et huit blessés en date du 11, sans toutefois en donner les noms, à l'exception de deux officiers blessés.
On retrouve les mêmes informations dans le journal du 1er groupement de divisions d'infanterie, ce dernier relatant également les combats en mentionnant bien que le 210e aurait subi « quelques pertes » dès le 10, sans donner plus de détails. Pour le 11 novembre, le décompte indique bien deux tués et dix blessés.
Quant au journal de marche de la division, il évoque bien les combats du 10 novembre, rapportant en cette occasion que le 210e aurait eu quatre blessés, mais il n'est pas fait mention d'autres opérations pour le 11, ni de pertes pour cette journée. Plus qu'à un effort de dissimulation, cela tient sans doute à l'éloignement du théâtre d'opération, l'état-major de la 76e division se trouvant à cette date en Serbie, à Petrovac, c'est-à-dire à près de 500 kilomètres de Giurgiu.
Idem en ce qui concerne le journal de marche de l'infanterie divisionnaire, qui livre une vision partielle et très erronée des combats du 10 et du 11, sans mentionner les pertes quotidiennes. Cependant, là encore, il ne semble pas qu'il y ait volonté de dissimulation, puisque le journal rapporte bien le 14 novembre comment « les obsèques de 2 soldats du 210e R.I. ont provoqué une grande manifestation de la part de la population roumaine de Giurgiu. »
Concernant l'identité de ces deux soldats tombés le 11 novembre, leurs noms ne sont pas mentionnés dans les journaux de marche, mais ils nous sont fournis par le témoignage du sergent-brancardier Georges Bringer, et on en trouve confirmation dans la base de données du site Mémoire des hommes : il s'agit du caporal René Claudel et du 2e classe Émile Boucon.
Concernant le caporal René Claudel, sa fiche de décès indique bien qu'il a été tué le 11 novembre à Balanul, par des éclats d'obus. Ces informations sont confirmées par sa fiche matricule, quoique la citation à l'ordre du GDI indique à tort la date du 10 novembre. D'après le journal de marche du régiment, Balanul a été attaqué par le 4e bataillon au matin du 11, et capturé vers midi après trois heures de combat, ce qui situerait la mort du caporal Claudel dans la matinée.
Quant au 2e classe Émile Boucon, sa fiche de décès mentionne pareillement son décès au 11 novembre, à Balanoïa, touché par un éclat d'obus. La fiche matricule confirme tout cela, sans erreur dans la citation cette fois. Toujours à partir du journal du régiment, il est dit que le 4e bataillon a entamé sa progression sur Balanoïa vers 14 heures, le village étant nettoyé à 16 heures, ce qui situerait de façon certaine le décès du 2e classe Boucon après l'entrée en vigueur de l'armistice, des rumeurs circulent d'ailleurs dès le lendemain dans les autres bataillons à ce propos.
Voilà pour l'absence de dissimulation et la question du « dernier mort » en dehors du territoire national. En ce qui concerne les raisons de ces combats tardifs, alors que l'armistice était sur le point d'être conclu, il faut y voir plusieurs raisons. Tout d'abord, la volonté de lancer au plus vite l'Armée du Danube à la poursuite des troupes du général Mackensen, en pleine retraite en direction de la Haute-Silésie. Ensuite, le souhait de libérer Bucarest au plus vite afin de précipiter le rétablissement du gouvernement roumain, dans la perspective de déclencher immédiatement un soulèvement contre les Allemands puis de pouvoir ensuite mobiliser rapidement des troupes roumaines, ces dernières permettant un renforcement substantif des forces en ligne contre les Allemands, mais également face aux Bolcheviks. Car ces opérations sont également menées en tenant compte d'une poursuite du combat en Bessarabie et en Russie méridionale.
En espérant que ces précisions soient de quelque utilité.
Qu'on en juge tout d'abord par les journaux de marches. Celui du 210e livre un récit détaillé des journées du 10 et du 11 novembre, rapportant précisément le déroulement des opérations sans chercher à dissimuler l'importance de la résistance allemande.
Pour résumer les événements de ces deux journées, le 210e, appuyé par deux bataillons du 61e, franchit le Danube et pénètre en Roumanie dans les premières heures du 10, non loin de la ville de Giurgiu, avec pour objectif de pousser ensuite jusqu'à Bucarest. La faible garnison allemande installée sur la rive nord du fleuve se défend dans la matinée, avant d'abandonner Giurgiu. Le lendemain, le 11 novembre donc, le 210e reprend sa progression et s'empare d'une série de villages plus au nord. Le 4e bataillon rencontre notamment une vive résistance, essuyant plusieurs bombardements importants. La nouvelle de l'armistice ne parviendra au régiment que dans la nuit, le général Berthelot l'ayant lui-même appris dans le courant de la journée.
S'il ne fait état d'aucune perte pour le 10, le journal mentionne bien deux tués et huit blessés en date du 11, sans toutefois en donner les noms, à l'exception de deux officiers blessés.
On retrouve les mêmes informations dans le journal du 1er groupement de divisions d'infanterie, ce dernier relatant également les combats en mentionnant bien que le 210e aurait subi « quelques pertes » dès le 10, sans donner plus de détails. Pour le 11 novembre, le décompte indique bien deux tués et dix blessés.
Quant au journal de marche de la division, il évoque bien les combats du 10 novembre, rapportant en cette occasion que le 210e aurait eu quatre blessés, mais il n'est pas fait mention d'autres opérations pour le 11, ni de pertes pour cette journée. Plus qu'à un effort de dissimulation, cela tient sans doute à l'éloignement du théâtre d'opération, l'état-major de la 76e division se trouvant à cette date en Serbie, à Petrovac, c'est-à-dire à près de 500 kilomètres de Giurgiu.
Idem en ce qui concerne le journal de marche de l'infanterie divisionnaire, qui livre une vision partielle et très erronée des combats du 10 et du 11, sans mentionner les pertes quotidiennes. Cependant, là encore, il ne semble pas qu'il y ait volonté de dissimulation, puisque le journal rapporte bien le 14 novembre comment « les obsèques de 2 soldats du 210e R.I. ont provoqué une grande manifestation de la part de la population roumaine de Giurgiu. »
Concernant l'identité de ces deux soldats tombés le 11 novembre, leurs noms ne sont pas mentionnés dans les journaux de marche, mais ils nous sont fournis par le témoignage du sergent-brancardier Georges Bringer, et on en trouve confirmation dans la base de données du site Mémoire des hommes : il s'agit du caporal René Claudel et du 2e classe Émile Boucon.
Concernant le caporal René Claudel, sa fiche de décès indique bien qu'il a été tué le 11 novembre à Balanul, par des éclats d'obus. Ces informations sont confirmées par sa fiche matricule, quoique la citation à l'ordre du GDI indique à tort la date du 10 novembre. D'après le journal de marche du régiment, Balanul a été attaqué par le 4e bataillon au matin du 11, et capturé vers midi après trois heures de combat, ce qui situerait la mort du caporal Claudel dans la matinée.
Quant au 2e classe Émile Boucon, sa fiche de décès mentionne pareillement son décès au 11 novembre, à Balanoïa, touché par un éclat d'obus. La fiche matricule confirme tout cela, sans erreur dans la citation cette fois. Toujours à partir du journal du régiment, il est dit que le 4e bataillon a entamé sa progression sur Balanoïa vers 14 heures, le village étant nettoyé à 16 heures, ce qui situerait de façon certaine le décès du 2e classe Boucon après l'entrée en vigueur de l'armistice, des rumeurs circulent d'ailleurs dès le lendemain dans les autres bataillons à ce propos.
Voilà pour l'absence de dissimulation et la question du « dernier mort » en dehors du territoire national. En ce qui concerne les raisons de ces combats tardifs, alors que l'armistice était sur le point d'être conclu, il faut y voir plusieurs raisons. Tout d'abord, la volonté de lancer au plus vite l'Armée du Danube à la poursuite des troupes du général Mackensen, en pleine retraite en direction de la Haute-Silésie. Ensuite, le souhait de libérer Bucarest au plus vite afin de précipiter le rétablissement du gouvernement roumain, dans la perspective de déclencher immédiatement un soulèvement contre les Allemands puis de pouvoir ensuite mobiliser rapidement des troupes roumaines, ces dernières permettant un renforcement substantif des forces en ligne contre les Allemands, mais également face aux Bolcheviks. Car ces opérations sont également menées en tenant compte d'une poursuite du combat en Bessarabie et en Russie méridionale.
En espérant que ces précisions soient de quelque utilité.
Bien cordialement,
Florent