Les pertes françaises du 11 novembre 1918

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Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Régis,

Merci beaucoup pour ces recoupements.

De mon côté, j'ai poursuivi mes recherches sur ce fameux "dernier" combat (qui n'a bien entendu pas été le seul, comme en attestaient déjà Les Armées Françaises dans la Grande Guerre...), à savoir les pertes des 415e, 19e et 142e RI, les 10 et 11 novembre 1918.

Des divergences émergent quant aux dates de décès, mais peu nombreuses :

415e RI :

ACHILLE Julien : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
BACON Roger Gabriel : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
BALLARIN Blaise : fiche MdH : « tué à l’ennemi, antérieurement au 12 novembre 1918 à Dom-le-Mesnil » », biffé et remplacé par « 10 novembre 1918 à Nouvion-sur-Meuse »
BEAUFILS Narcisse : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 11 novembre 1918 » corrigé en « 10 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
BETHUIZEAU Alfred : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « décédé le 10 novembre 1918 »
BOURROUILH Jean Pascal : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 septembre 1918 » [sic]
CALLY Théodore : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
CARROY Léon : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
CHARRETON Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10.11. 1918 »
CLOUP Jean : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
CORS Henri : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
COSTE Roger : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
DELMAS Paul : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
DEVERTU Paul : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
DUBOIS Julien Ferdinand : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 »
DUCROCQ Julien Emile : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « décédé le 15 novembre 1918, ambulance 13/14, S.P. 48 »
DUPIN Charles Alexandre : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
DUPOUY Adrien : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
FABRE Léon : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10.11.18 »
MAINGUET Samuel : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
MARDUEL Jean Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
NICOLAI Sébastien : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
GACHET Jean : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 18 novembre 1918 » [sic] ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
GARREAU Julien : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « décédé le 10 novembre 1918 » [10 heures]
GIEZ Just : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
GRELIER André : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
GUEDON Ernest : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 » [8 heures]
HARNICHARD Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
d’HOKER Marius : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
HOUIS Emile : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
IMBAULT Raymond : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
JAMOT Emile : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
JOUVE Noël Henri : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « décédé le 10.10.1918 » [sic]
LACAPERE Gérard : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
LAURENT Auguste, aspirant : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 11 novembre 1918 au combat de la Meuse, à Vrignes sur Meuse, Ardennes » ; RM : « tué à l’ennemi le 10.11.1918 »
LEMAITRE Edouard Marcel : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
MICHELAND Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM vierge
MONTAGNE Adolphe : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « mort pour la France le 10 novembre 1918 »
PRORIOL Jean : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
RENARD François : fiche MdH : « tué à l’ennemi, antérieurement au 12 novembre 1918 à Dom-le-Mesnil, Ardennes », biffé et remplacé par « 10 novembre 1918 à Nouvion-sur-Meuse » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
REYNAUD Henri : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
RIBO Henri : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
SALUT Victor : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
SICARD Thomas : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
SOUCAZE Thomas : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 11 novembre 1918 »
TREBUCHON Augustin : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM inaccessible (« ce lot d’images comporte des erreurs »)
VIGROUX Camille : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM inaccessible (« ce lot d’images comporte des erreurs »)
WUILLAUME Henri : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 »

142e RI :

AUBERT Joseph Marcel : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
AUCLAIR Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
BIGEY Maurice Antoine : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
CORNU Alfred Constant : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué le 10 novembre 1918 »
GAVROY Lucien : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
MARTY Léon : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
ROLLAND Emeric Marc, sergent : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
SOYER Pierre : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
TRAULLE Albert Louis : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
VACHER Lucien Michel : fiche MdH : « tué à l’ennemi, 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »

GERBAUD Albert Constant : fiche MdH : « mort le 11 novembre 1918, suite de blessures de guerre » ; RM : « décédé des suites de blessures de guerre le 11 novembre 1918 »
NICOD Maurice Louis Fernand : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 11 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 […]. Rayé des contrôles le 11 novembre 1918. »

19e RI :

ARDOUIN Charles Célestin : fiche MdH « tué à l’ennemi le 12 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « mort pour la France. Inhumé le 12 novembre 1918 »
BOUREL Julien : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 [raturé] 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
BOURSAUD Roger : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10.11.18 »
CARLET Pierre Victor : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
DEUMIE Edouard Frédéric : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12.11.1918 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi et inhumé le 12 novembre 1918 cimetière de Flize (Ardennes) »
GUILLOU Jean Joseph : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
LAURENT Lucien : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 novembre 1918 » [sic] ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
LE DEROFF Jean François : fiche MdH : « mort le 10 novembre 1918, blessure de guerre » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
LE PAGE Jean Baptiste : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 » ; RM : inscription requise (Côtes d’Armor)
LOSSIGNOL Eugène César, sergent : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « mort pour la France le 10 novembre 1918 »
MOULLEC François Marie, sergent : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 12 [biffé] 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »
POINCON Charles Frédéric : fiche MdH : « mort le 10 novembre 1918, blessures de guerre » ; RM : « mort le 10 novembre 1918 »

MORGEAS Théodore Georges : fiche MdH : « mort le 11 novembre 1918, blessures de guerre » ; RM : « décédé des suites de ses blessures le 5 décembre 1918 »
THIBERGE Marcel : fiche MdH : « mort le 11 novembre 1918, blessures de guerre » ; RM : « décédé des suites de blessures le 11 novembre 1918 à zéro heure 15 »

-------------------------------------------------------------

Pour ma part, je me suis fait ces remarques :
- Documents en ligne à l'appui, rien ne prouve que les pertes du seul 11 novembre, dans les combats autour de Vrigne-Meuse et Dom-le-Mesnil, ont été si importantes que supposées : tout porte à croire que ce sont surtout les pertes du 10 qui l'ont été ; si les pertes du 11 ont été "masquées", comme un doute persiste à le faire croire, un recoupement - afin de confirmer ou d'infirmer - s'impose dans les transcriptions d'actes de décès, dont l'écrasante majorité est inaccessible en ligne ;
- depuis quand, et à la lecture de quelle source, Trébuchon a-t-il le triste privilège d'être si souvent présenté comme "LE" dernier tué français de la Grande Guerre ? Alain Fauveau, dans "Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918", écrivait : "Le soldat de 1re classe Augustin Trébuchon, estafette de la 9e compagnie, titulaire de la Croix de guerre, tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine, a été le dernier mort de la Première Guerre mondiale dans le secteur."
- en se référant une fois encore au tableau paru dans Les Armées Françaises dans la Grande Guerre, les pertes du 11 au 15 novembre 1918, auxquelles manquent le compte des 7e DI, 124e DI et régiment d'infanterie de la 61e DI, se montent à 88 tués, 437 blessés, 11 disparus. A la lecture des JMO de la seule infanterie, qui n'a bien entendu pas été seule à accuser des pertes (comme le prouvent les pertes de la cavalerie), tout laisse penser que les hommes tués dans la nuit du 10 au 11 ont été enregistrés dans les pertes du 10. Deux cas existent au 367e RI, avec une patrouille partie le 11 novembre 1918 après 2 heures du matin : ces deux tués sont comptés dans les morts du 10.

Il y a encore de quoi chercher et s'interroger, en effet.

Merci encore pour le coup de main !
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
Dernière modification par Eric Mansuy le ven. oct. 29, 2021 1:59 pm, modifié 1 fois.
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par air339 »

Bonjour Eric,


Puisque qu’il reste à s'interroger, interrogeons-nous!


A propos des sources relatant le décès d’A. Trébuchon

Rappelons que l’objet de cette recherche n’est pas de savoir si cet homme est le dernier tué, mais de déterminer si son acte de décès a été modifié pour le porter au 10. Ensuite de savoir si d’autres fiches du 11/11/18 ont été falsifiées, puis de savoir par qui, et selon quelles instructions.

1 - Sur Gallica je ne trouve aucune relation de son décès avant 1998, dans l’ouvrage « 1918 – Les chemins de l’Armistice », de François Debergh & André Gaillard, éd. France Empire. Un court extrait visible en ligne indique qu’il est tué d’une balle de fusil-mitrailleur au front. Ce genre de détail me laisse perplexe, car rien ne distingue la balle du fusil Mauser de celle de la MG 07/15 ou de la MG 08. Pour affirmer qu’il s’agit d’un fusil-mitrailleur, il faut un témoignage. Est-ce mentionné dans l’acte de décès ???
(Je viens de commander ce livre pour avoir plus de détails.)

2 - L’article d’Alain Fauveau parait en 2008 : Alain Fauveau, « Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918 », Revue historique des armées [En ligne], 251 | 2008, mis en ligne le 09 juin 2008, consulté le 25 octobre 2018. https://rechercheisidore.fr/search/reso ... 0/1.8gf11q
L'auteur écrit :
« Les combats ont effectivement continué jusqu’au dernier moment. Le soldat de 1re classe Augustin Trébuchon 5, estafette de la 9e compagnie, titulaire de la Croix de guerre, tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine, a été le dernier mort de la Première Guerre mondiale dans le secteur ».
L’auteur ne cite pas de source ; et il ne s’agit pas d’un extrait du carnet du commandant de Menditte.

Le commandant Menditte note qu’il y a eu 45 tués dans la journée du 10.

Selon Alain Fauveau, les corps de Trébuchon et Coste sont retrouvés le 13 en fin de matinée.


3 - Ce renseignement (corps trouvés le 13) n’apparaît pas dans le JMO du Service de santé du 415e RI.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... em_zoom=35

Par contre celui-ci note au 11 novembre :
« le dernier obus est tiré à 11h-5, à proximité du PSC, et tue un homme ».

Sur ce croquis issu de ce JMO, on situe le PSC (encadré bleu). Le dernier mort serait donc par les effet d’un projectile d’artillerie.
PSC 415 RI 11 11 1918.jpg

Toujours dans ce JMO, le nombre de tués des 10 et 11 s’élève à 47 (souligné orange). La relève des corps s’effectue à partir de midi : pourquoi le corps de Trébuchon ne serait relevé que le 13 ?

jmo ss415 11 au 13.jpg
Enfin, une anomalie dans ce JMO : on passe du 11 au 13 (encadré vert). La date du 12 n’est même pas notée.


4 - L’Historique du 415 donne la liste des tués du régiment au cours de la guerre, mais le comporte de nombreuses coquilles, par exemple :
  • les soldats Dupin et Dupouy sont notés tués à Moncourt (le 10/11/18)
  • le soldat Marduel est noté tué à Perthes (le 10/11/18)
  • le soldat Ballarin est noté tué le 12/10/1915 (à Dom-le-Mesnil)
http://tableaudhonneur.free.fr/415eRI.pdf

La liste de l’Historique comporte 4 noms de moins que celle établie par Eric Mansuy (Ducrocq, Micheland, Montagne, Salut).


5 - Un autre livre, « Le passage de la Meuse par la 163e DI », du colonel Grasset, 1938, évoque-t-il les pertes du 415e RI le 11/11/18 ? et le décès d’Augustin Trébuchon ?



6 - Sur cette capture d’écran du site mémoiredeshommes, on note qu’une modification a été portée sur le lieu de décès, pas sur la date qui reste au 10, avec précision de l’heure :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... em_zoom=30


(voir message suivant - la pièce jointe ne passe pas ici)



De ces éléments, il semble que la première indication du décès d’Augustin Trébuchon le 11 novembre 1918 soit dans un livre de 1998, alors que tous les documents officiels indiquent le 10 (acte d’état-civil, Historique, fiche du ministère des Pensions (MdH).



Bien cordialement,

Régis
Dernière modification par air339 le ven. oct. 26, 2018 9:40 am, modifié 1 fois.
air339
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par air339 »

La fiche MdH du ministère des Pensions :

mdh A Trebuchon.jpg

A noter que, comme dans toutes les recherches, on est confronté à des erreurs cumulatives : JMO incomplets, fiches mdh erronées avant et après indexation collaborative, FM erronées, Historiques truffés de coquilles, témoignages non sourcés.
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Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Régis,

Trébuchon tué "à 10 heures 50 d'une balle dans la tête", qui serait le même homme que celui tué par un obus "tiré à 11 h. - 5" ? Avec un minimum de curiosité, doublée d'honnêteté intellectuelle, il y a de quoi s'interroger, pour une énième fois, en effet.

Mais en dédaignant ce genre de questionnement, il est plus simple pour les politiques de gagner un symbole...
https://www.midilibre.fr/2018/10/25/le- ... 745367.php

... et pour la presse d'y gagner des accents lyriques :
http://www.leparisien.fr/politique/augu ... 928478.php

Sans oublier les focalisations locales :
https://www.lci.fr/france/centenaire-de ... 02553.html

J'ai beau déployer des efforts pour dénicher une quelconque contextualisation de cette affaire, je n'y arrive jamais. Nulle part n'est mentionnée cette - double - question : combien de Français sont morts au front le 11 novembre 1918 (combien, d'ailleurs, ont été engagés ?) ? Où se battaient-ils ?

Les quelques dinosaures passéistes du forum que nous sommes ont encore de quoi s'occuper. Sans doute seront-ils d'ailleurs plus isolés encore une fois passé le 11 novembre 2018, quand ces questions, traitées avec tant de légèreté, auront regagné les oubliettes du battage médiatique.

A suivre, à n'en point douter,
Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par air339 »

Bonjour Eric,


En faisant une étude serrée entre le récit du JMO et ce qui s'écrit sur A. Trébuchon, il ne peut s'agir du même événement :
  • les horaires diffèrent de plus de 10 mn : 10/55 au PS / 10h45 heure à laquelle le corps "encore chaud" d'A. Trébuchon serait découvert par Gazareth.
  • le lieu diffère : poste de secours / talus de la voie ferrée
  • La cause de la mort : balle / obus (pas forcément un éclat : la commotion, un projectile secondaire, un effondrement...) le tué peut être d'ailleurs un blessé en soin au PS !
Mais alors, qui est cette ultime victime au Poste de Secours ?? parmi les tué du 415e RI au 11 novembre, il faudrait avoir les actes de décès (d'ailleurs, rien ne dit dans le JMO que cet homme appartenait au 415e...).



Combien de morts au combat le 11 Novembre 1918 ? pour tenter de répondre à cette question il faudra éclaircir cette histoire d'actes de décès "falsifiés".


Bien cordialement,


Régis
Dernière modification par air339 le sam. oct. 27, 2018 2:26 pm, modifié 1 fois.
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
      Personnellement (comme ça c'est mon avis et je le partage), j'aime bien l'idée qu'on ne sache pas qui est le dernier mort, et pas seulement parce que si ce n'est pas celui-ci le premier ministre se déplace au mauvais endroit, mais parce que ça n'a aucune importance, il est mort comme les autres, dont aucun de ce point de vue n'a démérité.
S'il fallait faire un mémorial en référence à l'heure de l'Armistice, j'aimerais mieux connaitre ceux qui, vivants à 11h00 le sont restés assez longtemps pour nous transmettre leurs souvenirs, à commencer par le premier si ça vous amuse, mais comme "vingt ans après" une autre période de barbarie commence, pas de quoi être fier.
Maintenant bien sur, on peut décider que c'est untel et à tel endroit, pour le symbole, à condition de de pas duper les foules. Comme quand Dali a énoncé "La gare de Perpignan est le centre du monde" même s'il se voulait convainquant.
Cordialement
Alain
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Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,
Bonsoir Alain,

Tout à fait d'accord, et ce d'autant plus au moment où la sphère politique s'intéresse à ce point à Trébuchon. Cette obsession de la recherche du dernier mort au front me fait penser à la réplique de Philippe Noiret dans le rôle du Dellaplane de La Vie et rien d'autre, alors que se fait le choix du soldat inconnu : "ça me désole, mais eux, ça les rassure. Ils en ont fait tuer un million et demi et on ne va plus penser qu'à un seul."

Les combats terribles livrés en octobre, et dans la première semaine de novembre 1918 ? Aucun intérêt. Où ils ont eu lieu et pourquoi ? Aucun intérêt. Combien d'hommes tués, blessés, disparus, durant ces combats ? Aucun intérêt. Il y aurait pourtant tant - eu - à dire sur le sujet... Je ne suis pas certain que quoi que ce soit émerge à ce propos dans la presse et / ou chez les historiens dans les jours qui nous séparent du 11 novembre, mais j'aimerais me tromper.

Que le "dernier" tué ait été untel, ou untel, ou un autre encore, n'apportera pas de réponse aux questions que je posais, et ne nous dira rien de la manière dont la conduite de la guerre a été menée, des ordres contradictoires ou contraires donnés sur le terrain, des directives exprimées les 8, 9, 10 novembre, etc. La quête de ce "dernier" tué est une diversion qui évite ou empêche - c'est selon - de faire de l'histoire, au sens noble du terme.

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par air339 »

Bonjour Alain,


Je fais mienne ton opinion tienne, et je fais chorus avec Eric. Le sujet n'est pas de traquer l'authentique dernier, tous les décès ont apporté un égal lot de larmes aux familles quelles que soient les dates, heures, minutes du drame.

Dans ma famille, on a autant pleuré Léon tué le 29 août 1918 que Georges, tué le 9 septembre 1918, que Louis, mort à l'hôpital complémentaire 50 de la grippe le 30 octobre 1918.

Dans le sujet ouvert par Eric, il est également intéressant de mettre en lumière comment s'écrit l'Histoire. Les combats ont-ils continué avec pertes jusqu'à la dernière seconde ? Y a-t-il eu volonté de cacher ces pertes en falsifiant les actes d'état-civil ?

Le décès d'Augustin Trébuchon est au coeur de ces questions : acte de décès fixé au 10, récits le fixant au 11, il est alors facile de créer une légende noire de massacres cachés par d'obscures tripatouillages scripturaux.

Bien cordialement,


Régis
Dernière modification par air339 le sam. nov. 03, 2018 9:09 pm, modifié 1 fois.
air339
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par air339 »

Une suite de la recherche :

Décès au 11/11/1918 dans le département des Ardennes qui voit l'offensive de la 163e DI

requête mdh : MPF/11-11-1918/Ardennes

MPF Ardennes au 11 11 1918.jpg
TAE "tué à l'ennemi", EO "éclat d'obus"




Total = 24 décès, dont :
  • 8 décès au combat
  • 1 disparu du 2 novembre
  • 14 décès en formations sanitaires

Pour les 8 décès au combat, croisons avec les Historiques concernés :


8e Cuir = 2 décès par noyade, 2 tués
Historique : « Pour gagner les premières lignes qui sont établies le long de la voie ferrée, à l’Est de la citadelle, les trois Bataillons doivent franchir La MEUSE sur un étroit barrage, sur lequel éclatent les obus, puis passer les bras de la rivière sur de mauvaises passerelles improvisées. Ces mouvements s'exécutent avec peine, plusieurs hommes tombent dans La MEUSE et se noient ».

142e RI = 1 tué
Historique : « Toute la journée du 10 les 2e et 3e bataillons sont soumis à des feux de mitrailleuses ».
JMO :
Nicod Maurice.jpg
L'état des pertes du 11/11/1918 est la toute dernière page du JMO.

94e RI = 1 tué
Historique : Au repos à Poix et Somme-Vesle.

161e RI = 1 tué
Historique : Au repos à Chéhéry et Connage.

415e RI = 1 tué
Historique : « Dans la matinée du 10, le Régiment passe en entier sur la rive droite de la Meuse, pousse rapidement en avant ses éléments avancés et réussit à prendre pied sur la Côte 249, capturant une cinquantaine de prisonniers de trois régiments différents. Mais les régiments de droite et de gauche n'ont pu progresser sur la rive droite de la Meuse de telle sorte que le 415e s'y trouve seul et très en flèche. Aussi, dès 11 heures, les Allemands commencent sur nos lignes une violente préparation et prononcent presque simultanément une contre-attaque sur notre front et nos deux flancs. Malgré la belle résistance offerte par les compagnies en ligne, les pertes sont telles que les éléments avancés sont obligés de se replier sur la voie ferrée qu'ils tiennent toute la journée en dépit du bombardement et des attaques répétées de l'ennemi qui y emploie des troupes d'élite ».


On peut exclure des tués au combat ceux des unités au repos (94e RI, 161e RI).

Restent 6 tués au combat :

4 tués au 8e Cuir, lors de la traversée de la Meuse, dans la nuit du 10 au 11, sous un bombardement.

2 tués aux 415e et 142e RI, sur leurs positions d'attente après les violents combats de la veille.



Une première conclusion, qui demande encore a être croisée avec d'autres sources : il n'y a pas de combat offensif le 11 novembre en Ardennes - et donc pas de liste de décès à falsifier.

Cordialement,

Régis
Dernière modification par air339 le lun. déc. 24, 2018 12:08 pm, modifié 1 fois.
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Eric Mansuy
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Re: Les pertes françaises du 11 novembre 1918

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Régis,

Egalement engagé dans les Ardennes le 11, mais dans un autre secteur, le 404e RI. Il offre deux cas dignes d'intérêt. Le JMO du régiment porte la mention "pertes : néant" pour les 8, 9 et 10 novembre 1918, et le 11 novembre, "pertes : 2 tués, 3 blessés". A cette période, deux fiches MdH émergent : celles de CARADEC Pierre Marie et HAUGUEL Emile Stanislas. La rédaction de ces fiches, puis des registres matricules, pose question :
CARADEC Pierre Marie : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 9 [corrigé en :] 10 novembre 1918 »
HAUGUEL Emile Stanislas : fiche MdH : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 » ; RM : « tué à l’ennemi le 10 novembre 1918 »

Alors, où est l'erreur ? Dans le JMO, dont le rédacteur a "oublié" deux tués le 10 ? Une "retouche" a-t-elle eu lieu sur la fiche de décès, ou le registre matricule, ou les deux ? Une nouvelle fois, il faudrait pouvoir accéder à la transcription du décès, en mairie.

Dernière remarque, pour la seule infanterie (mais le travail, qui prend bien du temps, reste à faire pour les autres corps de troupe), seuls les JMO suivants sont concernés :
6e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
33e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : dans les journées des 10 et 11, le régiment a perdu 8 tués, 8 blessés. »
36e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : néant. »
53e régiment d’infanterie : engagé ; 3 blessés : ALEXANDRE Marcel (5e compagnie), BRUNET Alphonse (10e compagnie), URVOIS François (11e compagnie).
58e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes (Balkans).
61e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes (Balkans).
67e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 1 tué, 1 blessé. »
73e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 1 blessé (CORNETTE Louis (CM1)). »
74e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 6 blessés. »
82e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : néant. »
115e régiment d’infanterie : engagé puis stoppé ; « Pertes : ... »
117e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
142e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
143e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 1 officier blessé (lieutenant Dommanget), 4 blessés. »
150e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes du 1er au 11 novembre : 12 tués, 50 blessés, 2 disparus. »
155e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
210e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : tués : 2 soldats ; blessés : 2 officiers, 6 soldats. » (Balkans)
224e régiment d’infanterie : engagé puis stoppé ; pas de mention de pertes.
251e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 1 tué, 1 blessé. »
279e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
325e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
329e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
338e régiment d’infanterie : engagé puis stoppé ; « Pertes du 3 au 11 novembre : 11 tués, 38 blessés. »
350e régiment d’infanterie : engagé puis stoppé ; pas de mention de pertes.
367e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
401e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
404e régiment d’infanterie : engagé ; « Pertes : 2 tués, 3 blessés. »
412e régiment d’infanterie : engagé ; pas de mention de pertes.
415e régiment d’infanterie : JMO « service de santé » seul ; « Pertes : 10 et 11 novembre, 47 blessés par éclats d’obus, 56 par balle. »

Voilà qui dégage un peu la voie, mais ajoute également des zones d'ombre...

A suivre...
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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