2 soldats du 8è zouaves

jean luc Pamart
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par jean luc Pamart »

bonjour, nous venons d'exhumer 2 corps de soldats français, dans les faubourgs de Soissons. Par chance, l'un portait sa plaque "sergent Chemier" du 8è Zouave, mort au combat le 30 mai 1918 en défendant la petite rivière" la Crise". A 5 m , un autre corps avec son casque colonial, nous pensons au même régiment.
Alors si certains ont le JMO du régiment ou des documents qui pourraent nous éclairer, cela est le bienvenu.

Autre corps retrouvé à Autrèches du 44RI, Couturon,mort le 16 sept 1914,que nous enterrerons avec les honneurs à Tracy le Mont le 7 Novembre
franck beauclerc
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par franck beauclerc »

bonjour, nous venons d'exhumer 2 corps de soldats français, dans les faubourgs de Soissons. Par chance, l'un portait sa plaque "sergent Chemier" du 8è Zouave, mort au combat le 30 mai 1918 en défendant la petite rivière" la Crise". A 5 m , un autre corps avec son casque colonial, nous pensons au même régiment.
Alors si certains ont le JMO du régiment ou des documents qui pourraent nous éclairer, cela est le bienvenu.

Autre corps retrouvé à Autrèches du 44RI, Couturon,mort le 16 sept 1914,que nous enterrerons avec les honneurs à Tracy le Mont le 7 Novembre


Bonjour,
D’après les sources militaires, le sergent Chemier, dont on a découvert récemment la dépouille, appartenait à la 11e Cie (Lieutenant Maigret) du 8e Zouaves (3e Bataillon). Il a trouvé la mort dans le contexte suivant : à la suite du déclenchement le 27 mai 1918 de la grande offensive allemande entre Soissons et Reims, la 1ère Division Marocaine, à laquelle appartient le 8e Zouaves, est engagée d’urgence pour arrêter l’avance allemande au sud de Soissons. Objectif : établir une ligne de résistance sur la Crise.
Le 8e Zouaves débarque en camions le 29 mai vers Domiers-La Croix de Fer et prend position face à l’Est entre le château de Chevreu et la station de Berzy-le-Sec (front d’environ 3,5 km). Au nord de ce dispositif, c’est la 11e Cie qui garde le débouché du Château ainsi que le Moulin situé 400 mètres au sud. La section du Lt Sériès, qui comprend la demi section du sergent Chemier et celle du sergent Glaive, est chargée de la défense du Château de Chevreu.
Voici un extrait du JMO du 8e Zouaves qui relate l’action de la 11e Cie le 30 mai 1918 :
« Le premier effort (allemand) porte sur la gauche du bataillon Servais (3e Bataillon), au Moulin de Chevreu. Le régiment de Légion (Russe) n’a porté qu’un poste avancé de faible effectif ne gardant pas sa gauche. Le Cdt du 8e Zouaves avait cependant signalé le fait la veille à 16h20 en demandant que Vauxbuin soit occupé par la 1ère Brigade et que la Crise, sinon la voie ferrée au nord de la route de Belleu soit tenue fortement par ladite Brigade.
Toujours est-il que le poste du Moulin de Chevreu est débordé, anéanti, malgré sa résistance. La porte que cherchait l’ennemi pour son infiltration est ouverte. Il s’empare de la Buerie puis de la Cote 121. C’est en vain que la section du lieutenant Sériès fait face autour du château de Chevreu à trois directions différentes, l’ennemi la cerne ; elle résiste, elle lutte corps à corps sans pouvoir éloigner l’essaim toujours plus nombreux qui l’entoure. Le lieutenant Sériès, mort ou gravement blessé, est resté aux mains de l’ennemi qui occupe le château de Chevreux.
Le Cne Servais (3e Bataillon) pare avec le reste de la 10e Cie à la menace que fait cette avancée boche sur le flanc gauche de son bataillon, mais par la brèche qu’il s’est ouvert en prenant le château, l’ennemi continue son infiltration, il arrive au village de Vauxbuin que la 1ère Brigade ne tient que faiblement, il l’occupe. Trois bataillons environ ont progressé dans la brèche ouverte et menacent le flanc gauche du régiment. »

Tout comme les 2e et 10e Cie du 8e Zouaves, la 11e Cie du sergent Chemier est pratiquement anéantie sur place. Cependant, on dispose du témoignage inespéré d’un survivant : celui de son chef de section. Le Lt Sériès, porté « disparu », a été fait prisonnier avec une poignée d’hommes. De retour de captivité, il rédige un compte rendu sur les circonstances de la destruction de la demi section du sergent Chemier lors de la défense du moulin de Chevreu. Le Lt Sériès sous entend que l’adjudant Gonthier, qui fait partie des rescapés de la 11e Cie, se serait replié avec sa demi section sans ordres et sans en rendre compte, laissant ainsi les Allemands déboucher sur la gauche du restant de la compagnie et provoquant sa perte.
Vous trouverez là certainement des détails topographiques précieux, à comparer avec la configuration du site de fouille où les corps ont été découverts.
« Rapport du Lieutenant Sériès :
Dispositif avant l’attaque : une demi section (sergent Chemier) en avant du Moulin, une demi section (sergent Glaive) en arrière de la Crise, sur la ligne de résistance, avec le chef de section.
Le 30 mai 1918, de 9h30 jusque vers 10h, l’artillerie ennemie tire sur le Moulin et près des emplacements de combat de la demi section Glaive ; son tire semble réglé par des avions. La section entière est aussitôt alertée, car ce tir de l’artillerie, coïncidant avec les mouvements de troupes que j’avais remarqués la veille dans la soirée et qui ont fait l’objet d’un compte rendu écrit au lieutenant Maigret, commandant la Cie, me laissent entrevoir une attaque imminente. En effet, vers 10h, ma demi section avancée (Sgt Chemier) ouvre le feu ; elle me fait prévenir de la marche de petites colonnes ennemies près du chemin conduisant à la grande route de Soissons. N’ayant pas de fusées à trois feux pour demander le tir de l’artillerie, j’envoie l’une après l’autre trois fusées éclairantes dont je disposais.
Quelques minutes après, la demi section Chemier, serrée de près, se replie par le Moulin, conformément au plan de défense soumis au commandant de Cie et vient occuper l’emplacement que je lui avais assigné la veille. Son mouvement est à peine terminé que des tirailleurs boches apparaissent déjà le long du mur d’enceinte du château ; un par un ils se dirigent vers le Moulin. Le feu est ouvert sur eux mais une dizaine réussissent quand même à passer. Ils ont dû se joindre aux colonnes venues le long du chemin, car après ma capture, j’ai pu en repassant devant le moulin compter de 25 à 30 boches. Nous essuyons déjà des coups de fusil venant de la direction du moulin. Pendant la progression sur ce point, d’autres fractions ennemies ayant franchi le Parc, débouchaient déjà dans la vallée, sur ma gauche : l’une d’elle avait atteint le chemin qui se trouve à flanc de coteau, parallèlement à la Crise et qui, d’un côté, rejoint Courmelles.
Je me suis très bien rendu compte à ce moment, de ce nouveau danger, mais j’ai toujours espéré que le feu des sections de soutien ou une contre attaque me dégagerait. Il m’était impossible de parer moi-même à ce danger pour les raisons suivantes : 1) le terrain cultivé ne me permettait pas d’atteindre les assaillants sans m’exposer aux feux provenant du Moulin. 2) L’effectif dont je disposais était trop faible, diminué d’instant en instant par de nouvelles pertes. 3) Cet effectif était déjà très occupé par ce qui se passait dans sa zone de tir.
Vers 10h30, pendant que s’exerçait cette surveillance de l’avant et que le débouché sur la Crise, par le pont du Moulin était interdit à l’ennemi par un feu intense, je fus surpris, avec les hommes qui se trouvaient à mes côtés, par une dizaine de boches qui avaient pu s’approcher de nous, à moins de trois (souligné) mètres, sans être vus : l’itinéraire qu’ils ont dû suivre pour nous atteindre est vraisemblablement celui porté sur le croquis, leur progression aurait été facilitée : 1) par la mise hors de combat des quelques hommes qui tenaient encore à ma gauche et dont le tir devenait de plus en plus espacé, 2) par la nature du terrain (herbes et broussailles).
Telles sont les circonstances de ma capture. La véracité de ces déclarations peut être établie par les hommes qui ont été capturés avec moi et dont les noms sont indiqués ci-dessous.
Ce que je puis affirmer sur mon honneur d’officier, c’est que la 1ère section de la 11e Cie, que je commandais et qui a livré le combat sous mes ordres jusqu’au moment de ma capture, n’a pas abandonné ses positions, quoique débordée, et qu’elle a soutenu la lutte tant que l’ennemi, plus nombreux, s’est trouvé sous le feu de nos fusils ; du reste, les pertes subies parlent mieux : tous les gradés sont tombés ainsi que de nombreux zouaves, j’avais quatre cadavres à mes côtés.
Remarque : pendant tout le cours de l’action, il n’a pas été entendu de fusillade du côté de la section Gonthier qui défendait, à ma gauche, le château et ses abords ; cependant, l’ennemi a surtout débouché de cette direction.
Zouaves capturés avec le Lieutenant Sériès : Patouillot, Pichon, Guihot, Vergnais, Bouchard, Portra, Escribe, Perrin, Peillon, Jeannin, Tallone (blessé).
Le 24 janvier 1919. Signé : le Lt Sériès.
Transmis au Cne Demelin, commandant le 3e bataillon, qui est prié de faire une enquête sur l’attitude de l’adjudant Gonthier lors de l’affaire du 30 mai et lors de ses évacuations pour intoxication.
Le 30 janvier 1919. Signé : le colonel. »

Peut-être pourrez-vous déterminer si les corps ont fait l’objet d’une inhumation, même sommaire, par les Allemands, ou bien s’ils ont été « oubliés » sur place ? Seront-ils enterrés à Vauxbuin ? Merci de me tenir au courant.
Vous avez eu la chance de retrouver la plaque du sergent Chemier, en revanche, il paraît peu probable d’identifier le second corps sans l’apport d’un indice tangible ; le 8e zouaves a en effet perdu près de 900 hommes (en comptant la Légion Russe) le 30 mai 1918, dont 421 « tués ou blessés laissés sur le champ de bataille ». Toutefois, dans la mesure où le second corps porte le même insigne de casque que le sergent Chemier et qu’il se trouve à cinq mètres de lui, dans une zone où l’on s’est battu uniquement dans la matinée du 30 mai et où, parmi les troupes de la DI Marocaine, seule la section Sériès a opéré, par conséquent, on peut considérer qu’il s’agit sûrement d’un camarade du sergent Chemier ; ce qui permettrait d’inscrire au moins sur sa croix, à côté du mot « inconnu » : « 11e Cie, 8e Zouaves, Mort pour la France le 30 mai 1918
jean luc Pamart
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par jean luc Pamart »

Incroyable réponse. Comment vous remercier. Les corps ont été retrouvés au bord de la Crise, à environ 150m du moulin. Ce qui signifie qu'ils ont été enterrés sur place. Nous sommes en cours de recherche sur le relevé des tombes individuelles au service des sépultures de Laon.
Une nouvelle route 4 voies vient d'être percée au sud du chateau de Chevreux, le long de la Crise. Le sergent Chemier a été retrouvé par le service de déminage car près de 300 obus étaient ensevelis contre les restes de Chemier. Ils ont procédé à une fouille sommaire puis nous avons inhumé le corps au cimetière d'Ambleny, heureusement dans une tombe individuelle.
La propriétaire des lieux m'a signalé qu'il restait des ossements. Et c'est ainsi que l'on retrouve sa plaque d'identification au bout de son bras. Mais plus incroyable encore, à moins de 5 m, dans le lit de la Crise, dans un arbre, un casque français et un crane. Nous avons ressorti un 2ème Zouave. Combien de disparu de cette section?
La semaine prochaine, nous dessouchons l'arbre qui poussait dans le corp du 2ème zouave. Peut être une plaque. Je vous tiens au courant.
Sachez que mon association, Soissonnais 14-18, sortira un ouvrage sur un brancardier du 8 ème Zouave, toute ses notes et sa correspondance . Si vous voulez y participer pour une relecture ou des compléments, n'hésitez pas.

Chaque année, nous sortons un ouvrage. Cette année "Je t'écris de Vingré" correspondance de Jean Blanchard à sa femme avant d'être exécuté à Vingré.
Salutations de Confrécourt et Vingré
franck beauclerc
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par franck beauclerc »

Bonjour,
En effet, c’est un témoignage formidable, comme s’il avait été écrit pour éclairer notre lanterne près de 90 plus tard !
Je constate que c’est la présence du dépôt de munitions qui a révélé le corps, sinon, on ne l’aurait probablement pas décelé au milieu des mètres cubes remués. Mais je m’explique mal que le sergent Chemier soit inhumé seul, et à côté d’obus ! Où sont donc les autres victimes de la section qui défendait le château, puisque seuls 11 zouaves ont été capturés avec le Lt Seriès ? Il y a fort à parier que le site réserve d’autres découvertes …
Pour répondre à votre question, j’ignore le nombre de disparus de la section Sériès : je n’ai pas retrouvé de liste nominative des pertes, et encore moins par compagnie ou section. Les sources militaires indiquent seulement que la 11e Cie a été presque anéantie.
En ce qui concerne le deuxième corps, dont vous n’avez pour l’instant découvert que la tête, j’ai bon espoir que vous puissiez l’identifier. Pourquoi n’aurait-il pas, tout comme le sergent Chemier, lui aussi conservé sa plaque ? Bien entendu, tenez nous, s’il vous plaît, au courant de vos découvertes.
En tout cas, félicitations à tous les intervenants, depuis l’ouvrier qui a stoppé les travaux jusqu’au propriétaire qui a permis d’identifier Chemier en deux temps, et bien entendu à votre association qui œuvre pour la sauvegarde de notre mémoire.
Comment me remercier ? Très simple : accordez moi le privilège d’une petite visite guidée des lieux avant que l’urbanisme ne les condamne définitivement.
Bien amicalement.
jean luc Pamart
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par jean luc Pamart »

Logiquement, nous continuons de dégager le terrain cette semaine. Pas de problème pour se rendre sur le site. Habitez vous loin de Soissons? Cordiale salutation
Bruno de Givry
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Re: 2 soldats du 8è zouaves

Message par Bruno de Givry »

Logiquement, nous continuons de dégager le terrain cette semaine. Pas de problème pour se rendre sur le site. Habitez vous loin de Soissons? Cordiale salutation
J'ai eu la chance de venir assister à la cérémonie d'enterrement du Sergent Chemier: beaucoup d'émotion! Avez vous pu obtenir des renseignements sur les soldats qui ont été faits prisoniers en même temps que le Lieutenant. Et ce même lieutenant qu'est-il devenu ?

Comment faire pour trouver ces informations ?

Amicalement
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