Re: les "Joyeux"
Publié : lun. nov. 13, 2006 12:17 am
Bonsoir à tous.
Merci Jérôme pour la complainte des Joyeux .
Stéphane, j'ai vérifié : trajet effectivement en train de Tunis à Gabès, comme J.Dimier... mais pas de trace à priori du boucher nantais. Pour info, il y avait par ailleurs un convoi de ravitaillement vers Dehibat tous les 15 jours (dixit le GP).
Daghbagi : tout d'abord bienvenu sur le forum (et vu votre message en MP - j'y répondrai) ; pour confirmer le charmant caractère du coin : un court extrait de ce qu'écrit le GP sur ces conditions extrèmes :
"......Situé sur le 32e degré de latitude nord, le poste de DEHIBAT jouit d’une température tropicale d’Avril à Octobre. Le thermomètre du bordj marquait fréquemment 50 degrés à l’ombre, parfois 70 au soleil ; une telle chaleur dans nos régions tempérées ne serait pas supportable. A DEHIBAT, l’air est tellement sec que c’est à peine si l’on a la peau moite. L’active évaporation de la transpiration maintient facilement le corps à sa température normale. C’est pénible certes, mais on ne souffre pas plus de 50 degrés ici que de 35 à GABES où l’on cuit littéralement dans son jus. Plus de saisons de pluies, si courtes soient-elles : durant les sept mois que je passai à DEHIBAT, le sol ne reçut pas une seule goutte d’eau. C’est en un mot le domaine silencieux et désolé des dunes de sable, des plateaux pierreux, des vents brûlants, le Simoun, le Sirocco. Rien d’aussi subit qu’un coup de sirocco. Autour de vous c’est le calme absolu. Tout à coup vous entendez une rumeur sourde rouler au loin dans la dune. Le bruit grandit, se précise, c’est une rafale qui vient vers vous avec un train d’enfer. La vague d’air brutale, irrésistible, fait irruption avec un nuage de sable dans la cour du Bordj. En quelques instants le ciel est tout jaune. Le soleil s’estompe comme dans un brouillard, les murs disparaissent derrière le sable soulevé. Disparus également les quelques palmiers de l’oasis qui abritent le puits. C’est en hâte, suffoqué par l’haleine brûlante de ce vent, que l’on regagne sa rhorfa. Une heure après c’est le calme absolu....".
Cordialement.
Jean-Yves
(qui est en train de poursuivre au même moment le décryptage et la mise au net des mémoires du J-M Rio... enfin la seconde version la plus lisible, car la 1ère, le brouillon, est en pattes de mouches )
Et un petit rajout à propos des scorpions
(je m'éloigne de + en + de 14-18 - pardon pour cette digression . Pour me racheter je mettrai les qques éléments trouvés aussi sur la période entre 1915 et 1918)
"... La région frontière est par excellence la patrie des scorpions. On peut dire sans exagération que chaque pierre en abrite. Ils peuplent la toiture des bâtiments et il arrive fréquemment qu’ils se laissent choir, la nuit, sur les dormeurs. Il est recommandé, avant de chausser ses brodequins, de s’assurer que quelque insecte ne s’y soit pas aventuré au cours de la nuit. Cette mesure d’élémentaire prudence n’est pas inutile. A Dehibat l’on rencontre des scorpions noirs et des scorpions jaunes verdâtres. Les indigènes redoutent la piqûre des premiers qui, paraît-il, est mortelle. Les seconds sont moins venimeux, c’est pourquoi les chasseurs ont recours à ceux-ci.
Dans « La mort du scorpion », Alfred de Vigny nous décrit une scène dans laquelle un scorpion déposé au centre d’un cercle de chardons ardents, après avoir vainement tenté de se frayer un passage à travers ces charbons retourne contre lui-même son dard empoisonné.
Au cours de mon séjour à Dehibat, j’ai, à différentes reprises, tenté la dite expérience. Je dois vous avouer que parmi les scorpions que j’ai pris comme sujets, je n’ai pas découvert un seul partisan du suicide. Il est vrai qu’habitant une contrée soumises aux préceptes du Coran ces scorpions sont peut-être fatalistes !! et préfèrent le martyre au suicide..."
Merci Jérôme pour la complainte des Joyeux .
Stéphane, j'ai vérifié : trajet effectivement en train de Tunis à Gabès, comme J.Dimier... mais pas de trace à priori du boucher nantais. Pour info, il y avait par ailleurs un convoi de ravitaillement vers Dehibat tous les 15 jours (dixit le GP).
Daghbagi : tout d'abord bienvenu sur le forum (et vu votre message en MP - j'y répondrai) ; pour confirmer le charmant caractère du coin : un court extrait de ce qu'écrit le GP sur ces conditions extrèmes :
"......Situé sur le 32e degré de latitude nord, le poste de DEHIBAT jouit d’une température tropicale d’Avril à Octobre. Le thermomètre du bordj marquait fréquemment 50 degrés à l’ombre, parfois 70 au soleil ; une telle chaleur dans nos régions tempérées ne serait pas supportable. A DEHIBAT, l’air est tellement sec que c’est à peine si l’on a la peau moite. L’active évaporation de la transpiration maintient facilement le corps à sa température normale. C’est pénible certes, mais on ne souffre pas plus de 50 degrés ici que de 35 à GABES où l’on cuit littéralement dans son jus. Plus de saisons de pluies, si courtes soient-elles : durant les sept mois que je passai à DEHIBAT, le sol ne reçut pas une seule goutte d’eau. C’est en un mot le domaine silencieux et désolé des dunes de sable, des plateaux pierreux, des vents brûlants, le Simoun, le Sirocco. Rien d’aussi subit qu’un coup de sirocco. Autour de vous c’est le calme absolu. Tout à coup vous entendez une rumeur sourde rouler au loin dans la dune. Le bruit grandit, se précise, c’est une rafale qui vient vers vous avec un train d’enfer. La vague d’air brutale, irrésistible, fait irruption avec un nuage de sable dans la cour du Bordj. En quelques instants le ciel est tout jaune. Le soleil s’estompe comme dans un brouillard, les murs disparaissent derrière le sable soulevé. Disparus également les quelques palmiers de l’oasis qui abritent le puits. C’est en hâte, suffoqué par l’haleine brûlante de ce vent, que l’on regagne sa rhorfa. Une heure après c’est le calme absolu....".
Cordialement.
Jean-Yves
(qui est en train de poursuivre au même moment le décryptage et la mise au net des mémoires du J-M Rio... enfin la seconde version la plus lisible, car la 1ère, le brouillon, est en pattes de mouches )
Et un petit rajout à propos des scorpions
(je m'éloigne de + en + de 14-18 - pardon pour cette digression . Pour me racheter je mettrai les qques éléments trouvés aussi sur la période entre 1915 et 1918)
"... La région frontière est par excellence la patrie des scorpions. On peut dire sans exagération que chaque pierre en abrite. Ils peuplent la toiture des bâtiments et il arrive fréquemment qu’ils se laissent choir, la nuit, sur les dormeurs. Il est recommandé, avant de chausser ses brodequins, de s’assurer que quelque insecte ne s’y soit pas aventuré au cours de la nuit. Cette mesure d’élémentaire prudence n’est pas inutile. A Dehibat l’on rencontre des scorpions noirs et des scorpions jaunes verdâtres. Les indigènes redoutent la piqûre des premiers qui, paraît-il, est mortelle. Les seconds sont moins venimeux, c’est pourquoi les chasseurs ont recours à ceux-ci.
Dans « La mort du scorpion », Alfred de Vigny nous décrit une scène dans laquelle un scorpion déposé au centre d’un cercle de chardons ardents, après avoir vainement tenté de se frayer un passage à travers ces charbons retourne contre lui-même son dard empoisonné.
Au cours de mon séjour à Dehibat, j’ai, à différentes reprises, tenté la dite expérience. Je dois vous avouer que parmi les scorpions que j’ai pris comme sujets, je n’ai pas découvert un seul partisan du suicide. Il est vrai qu’habitant une contrée soumises aux préceptes du Coran ces scorpions sont peut-être fatalistes !! et préfèrent le martyre au suicide..."