les "Joyeux"

pierreth1
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Re: les "Joyeux"

Message par pierreth1 »

Bonjour,
Une annecdote : le chant para « en passant par la portiere est copie du chantdes Bat d’Af et se chante sur la même melodie.

« Y'avait là-bas en Algérie
Un régiment dont les soldats
Dont les soldats
A chaque instant risquaient leur vie.
Parachutiste nous voilà, oui nous voilà.
Pour faire partie de cette élite
Il faut bien être un peu cinglé, un peu cinglé
Il faut surtout pas s'faire de bile
Savoir bien boire et s'amuser et s'amuser.

Refrain

Et après tout qu'est-ce que ça fout
Et on s'en fout, la ,la, la
En passant par la portière
Parachutiste souviens-toi
Oui souviens-toi
Qu'un jour il pourrait se faire
Malgré toi, oui malgré toi la la la
Qu'après une chute libre
Tu auras cessé de vivre
Entorché dans l'atmosphère
Tu tomberas comme une pierre.

II

J'ai vu mourir un pauvre gosse
A peine âgé de 18 ans, de 18 ans
Son pépin s'était mis en torche.
Il est mort en criant maman, criant maman.
Je lui ai fermé les paupières,
Recueilli son dernier soupir, dernier soupir
Et j'ai écrit à sa pauvre mère
Comme un para savait mourir, savait mourir.

III

Et comme on n'a jamais eu d'veine
Un jour l'pépin s'ouvrira pas, s'ouvrira pas
Sur cette putain d'terre africaine
A cent à l'heure tu t'écraseras,
Tu t'écraseras.
On ramassera tes côtelettes,
Dans un grand sac à effets chauds,
A effets chauds.
On dira saperlipopette
Ce gazier-là n'a pas eu d'pot
N'a pas eu d'pot.

IV

On te mettras entre quat'planches
Entortillé dans ton pépin,
Dans ton pépin
Au cimetière de Maison Blanche
T'auras la gueule de tes copains,
De tes copains.
T'auras les honneurs militaires
Et l'on mettra sur ton tombeau,
Sur ton tombeau
La croix de guerre réglementaire,
Et ce jour sera le plus beau,
Oui le plus beau. »

Concernant les appelations à l’origine pour suppléer au manque de troupe en Afrique du nord une ordonnance royale crée deux bataillons d’infanterie légère d’afrique ils devaient être composés de militaires qui à leur sortie de compagnies de discipline devraient continuer leur service dans l’armée, de ceux qui condamnés correctionnellement auraient à l’issue de leur peine ou après pardon à continuer à servir, de volontaires c’est donc des corps d’épreuve . il est dit « ils revenaient des expéditions vêtus de capotes et de pantalons en lambeaux, et l’armée les voyant joyeux sous leur haillons qui laissaient voir la peau les proclama les zéphyrs à poils »

Poil apparaissant dans ce texte de 1887 terme à rapprocher de poilu…

A l’époque les commander était recherché


En 1887 il est écrit : « bien que la loi de recrutement actuelle admette comme soldats ceux que le service militaire répudiait jadis, à notre avis avec justice, les bataillons d’afrique sont toujours ce qu’ils étaient autrefois. Les 200 conscrits flétris par des condamnations antérieures, dont le nombre atteint parfois une proportion plus grande, ce rebut des villes, ces vagabonds, ces voleurs, qui ont tous les vices même ceux de sodome, sortant des maisons centrales non amendés mais plus corrompus que jamais ne sont pas parvenus à diminuer le sentiment de l’honneur militaire chez les chasseurs de bataillons d’afrique….. Mieux vaudrait puisque les législateurs pensent que la patrie ne peut se passer de leur service, les former en ateliers de pionniers où sans armes, vêtus de la casque de l’infamie, ils travailleraient pour gagner leur vie »
« Les joyeux- on n’appelle plus les zéphyrs les chasseurs des bataillons d’afrique- les joyeux, les vrais joyeux sont au contraire, le plus souvent des têtes à l’envers, des écervelés, mais ils comptent dans leur rang beaucoup de braves gens…. On a si bien compris la différence entre un condamné civil et un condamné militaire envoyé aux bataillons, que ce dernier après une année exempt de punitions graves , peut rentrer dans un régiment si il le demande »
In « types et uniformes l’ARMEE FRANCAISE par Edouars DETAILLE texte de Jules RICHARD

Lors de la loi de 1905 sur le service militaire il fut décidé :

« sont incorporés dans les bataillons d'infanterie légère d'Afrique (Sauf décision contraire du Ministre de la Guerre, après enquête sur leur conduite depuis leur sortie de prison) :
• Les individus reconnus coupables de crimes et condamnés seulement à l'emprisonnement, par application des articles 67, 68 et 465 du Code Pénal
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à six mois d'emprisonnement au moins, soit pour blessures ou coups volontaires, par application des articles 509 et 511 du Code pénal, soit pour violences contre les enfants, prévues par l'article 3I2- & 6 et suivants du même Code
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à un mois d'emprisonnement au moins pour outrage public à la pudeur, pour délit de vol, escroquerie, abus de confiance ou attentat aux mœurs prévu par l'article 554 du Code pénal;
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement pour avoir fait métier de souteneur, délit prévu par l'article 2 de la Loi du 5 avril 1905, quelle que soit la durée de la peine
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour rébellion ( art. 209 à 221 du Code pénal) ou violences envers les dépositaires de l'autorité et de la force publique (art. 228 et 230 du Code pénal)
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 2 du présent article
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins pour l'un ou plusieurs des délits prévus par les articles 269 à 276 inclusivement du Code pénal
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour le délit de filouterie d'aliments prévu par l'article 401 du Code pénal
Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations, quelle qu'en soit la durée, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 5 du présent article »

Donc ces unités récupèrent bien une partie de la pègre mais pas de meurtriers ou d’assassins les peines étant nettement trop longues, mais beaucoup de proxénètes..

Durant la première guerre mondiale ces unités servir en partie de réserve de soldats pour les bataillons de marche d’infanterie légère d’Afrique mais a majorité resta en AFN notamment pour y assurer l’ordre.

Pour l’annecdote à la fin du service national dans les années 90 il nous était souvent demandé de nous rendre dans les prisons pour y faire passer la visite médicale des « 3 jours » à des détenus qui allant être libérés étaient astreints à effectuer leur service national, il nous était fortement suggéré de les mettre inapte, personnellement ayant toujours considéré que dans ce cas la le législateur n’avait qu’à prendre ses responsabilités et amender la loi sur le SN et les déclarer d’office inapte ce qui nous aurait évité de perdre notre temps, je les ai toujours déclaré apte (sauf cas médical réel)
Cordialement
Pierre
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pierreth1
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Re: les "Joyeux"

Message par pierreth1 »

Bonsoir, J'ai zappe une partie du texte:

Pour l’annecdote à la fin du service national dans les années 90 il nous était souvent demandé de nous rendre dans les prisons pour y faire passer la visite médicale des « 3 jours » à des détenus qui allant être libérés étaient astreints à effectuer leur service national, il nous était fortement suggéré de les mettre inapte, personnellement ayant toujours considéré que dans ce cas la le législateur n’avait qu’à prendre ses responsabilités et amender la loi sur le SN et les déclarer d’office inapte ce qui nous aurait évité de perdre notre temps, je les ai toujours déclaré apte (sauf cas médical réel) ce qui prouve que même à la fin du service national le cas des repris de justice n'était pas réglé: devaient ils servir et dans ce cas leur présence dans une unite alors que leur age était plu éleve, pouvait les transformér en entraineur de jeunes plus immatures et éventuellement subjugué par des mauvais garçons (cela se voit aussi chez des adultes plus matures...) ou faire fi de l'égalité chère à notre république et les dispenser des obligations militaires....

Dans les années 1880 la chanson des bat d'af est plutot: "v'lan du bataillon d'Afrique, v’lan les chasseurs…. joyeux zéphyr en avant" c’est cette chanson qui devait être celle des bataillons de marche de 1914

Concerrnant la chanson « il est sur la terre africaine etc.. » elle est hors du contexte de la premiere guerre car elle date de 1936 : Paroles de Jacques Séverac et musique de Maurice Naggiar et Lucien Viard sur la musique de film Les Réprouvés (1936), consacré aux bataillons d'Afrique.

Cordialement
Pierre
pierre
christian baroin
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Re: les "Joyeux"

Message par christian baroin »

Bonjour à tous,
En tapant exactement sur votre moteur de recherche favori "chanson 63e regiment, guerre 1914-1918", vous devriez trouver les paroles de la chanson du 63e RI en 1917. Site intéressant aussi.
Cordialement
(Sur l'air "des Petits Joyeux";)
Si quelqu'un peut insérer le lien, merci à lui)
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
pierreth1
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Re: les "Joyeux"

Message par pierreth1 »

Bonsoir,
amusant la melodie de cette chanson du 63 devait être un succés à l'époque car elle sert aussi de support à une des chansons de la "défunte Ecole de Santé navale" la fameuse: "cest nous les foetus les petits foetus" (foetus étant le surnom donné aux élève de premiere année de Santé navale)
Les paroles de cette oh combien célèbre chanson peuvent se trouver sur le site : http://www.leplaisirdesdieux.fr/LePlais ... _Brest.pdf
ce site présente la plaquette du bal de l'ecole de sante maritime de brest de 1914 (ce qui nous maintien dans la période)
Cordialement
Pierre
pierre
Allobroges
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Re: les "Joyeux"

Message par Allobroges »

Bonsoir Mireille.

Je peux vous envoyer un peu de doc générale sur le sujet (me donner votre adresse mail en MP), car le texte en question risque de tenir un peu de place ici, à moins qu'il n'y ait d'autres amateurs.

Après Maissin, Lenharrée et ses quatre années de captivité en Allemagne, mon GP paternel fut "invité" à aller finir son service militaire, commencé en 1913 (!), au fin fond du Sud Tunisien, de février à aout 1919. C'était à la frontière Tripolitaine comme l'on disait alors, au fort de Déhibat. Il n'y a pas plus bas. Il faisait partie des sous-officiers et officiers encadrant, au sein du 5e Bataillion de Marche d'Afrique (ou 5e BILA) ces drôles de "Joyeux". Ses mémoires (mise au propre toujours pas achevée - car il a eu la bonne idée d'en faire 2 versions qui s'enchevêtrent !) sont édifiantes sur les moeurs de ces personnages.... peu fréquentables.

Cordialement :hello:
Jean-Yves

Nota : Jean a été plus rapide que moi.... :D
christian baroin
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Re: les "Joyeux"

Message par christian baroin »

Bonjour à tous,

Plusieurs textes disponibles sur Gallica concernant les Bat'daf :

1°. Biribi, discipine militaire, de Georges Darien.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... IEN.langFR

[La "fiche" de Georges Darien sur Wicki]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Darien


2°. Ministère de la Justice. Les pupilles de l'Administration pénitentiaire (de 1914 à 1919), 4 volumes :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3281 ... ION.langFR

La première page du premier volume :

Image

Cordialement,
Christian
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
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alexandre
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Re: les "Joyeux"

Message par alexandre »

Bonjour,
Le premier soldat français à atteindre le sommet de l'Hartmannswillerkopf fut Auguste Auberger du 152e RI .
Dans le T1 de la "Chronique de l'Hartmann " , en page 37 , on trouve l'extrait ci-après sur Auberger .




Image

Dans son livre " Hartmannswillerkopf 1915-1916 - Souvenirs d'un poilu du 15-2" Auguste Chapatte parle du courage d'Auberger .

Cordialement
Alexandre
noon
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Re: les

Message par noon »

Bonjour,

je remonte ce fil passionnant afin de poser une simple question aux spécialistes :

L'armée a t-elle pu intégrer dans des BILA ou des BMILA, parmi les personnes "associables" ou "inadaptées", au regard de la société française de 1914, des "politiques" ?

Je pensais par exemple à des sympathisants anarchistes voire socialistes jugés par un tribunal hexagonal pour troubles à l'ordre public par exemple.

Merci par avance pour votre réponse.

Amicalement,

Nicolas.
noon
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Re: les

Message par noon »

PS : la chanson des "Joyeux" se retrouve intégralement sur plusieurs JMO des bataillons d'Afrique.

Je ne sais pas sur un post cela a déjà été précisé.

Amicalement,

Nicolas.
cowboy38
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Re: les

Message par cowboy38 »

noon a écrit : ven. oct. 26, 2018 9:57 pm Bonjour,
je remonte ce fil passionnant afin de poser une simple question aux spécialistes :
L'armée a t-elle pu intégrer dans des BILA ou des BMILA, parmi les personnes "associables" ou "inadaptées", au regard de la société française de 1914, des "politiques" ?
Je pensais par exemple à des sympathisants anarchistes voire socialistes jugés par un tribunal hexagonal pour troubles à l'ordre public par exemple.
Merci par avance pour votre réponse.
Amicalement,
Nicolas.
Bonjour
Noon, votre question est un peu fourre-tout, car elle regroupe en un seul paquet plusieurs cas justiciables du début du XXe siècle : «associables», «inadaptés», «politiques», «sympathisants anarchistes, voire socialistes», mais je pense, sans toutefois être spécialiste, que l’on peut répondre sans trop d’hésitation à votre question : oui, assurément, même si, légalement (Art.5/21.3.1905), les individus condamnés pour faits politiques ou connexes ne devaient pas être dirigés vers ce corps spécial.
Un cas paroxysmique connu, parmi bien d’autres moins médiatisés, vient aussitôt à l’esprit car il regroupe à peu près tous vos épithètes cités précédemment, celui d’Emile ROUSSET (1883-1961), soldat des Bila, qui fut, bien avant la mobilisation de 1914, un témoin capital durant la tragique affaire AERNOULT et fut même condamné(x2) pour cette immixtion judiciaire qui ne fut pas apprécié des autorités militaires.
Intégré en 1914 dans les GS (réserve des Bila) opérant au Maroc, il subira à nouveau durant le conflit 14/18 de graves injustices militaires (quoique ne faisant pas toujours preuve d'une totale honnêteté dans ses actes ou dans les faits dénoncés), mais réussira malgré les chausses-trapes à réintégrer, grâce à des appuis politiques, syndicalistes et associatifs, un Bila, puis un BMila.

Un lien succinct parmi d’autres consultables sur le Net :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/ ... icle154686
Cordialement
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