Bonsoir à tous,
A quelques semaines du centième anniversaire de la mort de Jean BOUIN, force est de constater que les articles, les biographies, les hommages qui lui ont été – ou lui sont encore rendus aujourd’hui – sont nombreux et entretiennent toujours l’incertitude sur les conditions dans lesquelles il est tombé au Champ d’honneur, le 29 septembre 1914, à proximité du village de Xivray, dans le département de la Meuse.
Pour certains, il serait tombé en criant « Vive la France ! » et/ou « Vengez-moi ! ». Pour d’autres, il aurait été » tué accidentellement par des tirs… de l’artillerie française ». Il aurait alors été victime d’une mauvaise liaison entre l’infanterie et l’artillerie française qui, ignorant l’avance des premières lignes, aurait continué à tirer sur les positions précédemment occupées par l’ennemi.
Cette hypothèse qui est plausible n’a – à ma connaissance – jamais été validée. Elle est plausible car le JMO de l’Artillerie divisionnaire de la 76e D.I. (Côte 26 N 405/1 – Vue n° 5) fait état d’une préparation d’artillerie débutée le 29 septembre, en préalable à l’attaque française. Ce JMO précise que les tirs ont été arrêtés au bout de 10 minutes. Les raisons de cette suspension de tirs ordonnée par le Général commandant la 89e B.I.ne figurent pas dans le texte numérisé consultable sur le site du SGA. Il semble bien que 2 pages du JMO original n’aient pas été numérisées car en vue n° 6 le texte n’est plus cohérent avec celui de la vue n°5.
Pour tenter de valider cette hypothèse, et espérer lever en partie les incertitudes sur les conditions du décès de Jean Bouin, il faudrait avoir accès aux pages deJMO qui n’ont pas été numérisées et exploiter les archives suivantes détenues par le SHD de Vincennes :
- 76e D.I. : Côtes 24 N 1938 à 24 N 1941 : Ordres d’opérations ; ordres de batailles ; situations – rapports des 10 jours ; états des pertes – Période couverte : 1914 – 1918
Côte 24 N 1943 : fin septembre et en octobre, engagement dans la bataille de Flirey, puis secteur vers Saint-Aignan et le nord de Rambucourt - Période couverte : 15 septembre 1914 au 12 mars 1915
Côtes 24 N 1953 à 1955 : Opérations de la 89e Brigade dans le secteur Saint- Aignan-Rambucourt
Côte 24 N 1977 à 1980 : Opérations de l’artillerie divisionnaire.
- 1ère Armée : Côte 19 N 57 : Cartes et plans d’opérations – Période couverte 1914-1916
Côtes 19 N 115 à 117 : Bataille de Flirey du 21 septembre au 13 octobre 1914
Pièces annexes aux JMO précités qui n’ont pas été numérisées et ne sont donc pas en ligne sur internet .
Personnellement, je n’ai pas trouvé d’article de presse relatant précisément le décès de Jean BOUIN.
Par contre, au vu de sa fiche SGA/MDH, de sa fiche matricule, de l’historique du 163e RI et des JMO consultables sur internet, je pense qu’on peut affirmer que Jean BOUIN est mort pour la France le 29 septembre 1914 alors qu’il occupait une tranchée creusée- à la cote 242 - en lisière sud du bois de Géréchamps, bois situé à environ 2kms à l’ouest de la commune de Xivray (Meuse).
Le jugement déclaratif de décès transcrit à l’Etat-civil de Marseille est un document officiel à consulter pour confirmer ces éléments. (Acte n° 93/132 transcrit le 16 février 1915 à Marseille).
Cité au Journal Officiel de la République Française en date du 26 novembre 1920 page 19221), Jean Bouin s’est vu, à titre posthume :
- concéder la Médaille militaire,
- attribuer la Croix de Guerre avec étoile de bronze.
Décorations à titre posthume :
Deux témoignages particulièrement intéressants ont été publiés par l’hebdomadaire « Sporting » (Série de la Guerre n°1) en date du 22 octobre 1914 (page 13) :
Le même « Sporting » du 29octobre 1924, en page 26, a publié un très bel hommage à Jean Bouin :
Cordialement
Jean-Pierre LETANG