Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

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cecmio
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Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par cecmio »

Bonjour à toutes et à tous,

Je souhaite porter à votre connaissance et soumettre à vos avis éclairés le cas du chasseur Jacques BOFFOCHER.
Ce soldat était le cousin germain de ma grand-mère maternelle et j'ai découvert il y a peu son parcours.
Issu d'une famille de quatre enfants, il a eu son aîné de deux ans,Pierre, prêtre, tué en septembre 1915. Tous deux étaient originaires de la commune de Marsac-en-Livradois dans le Puy de Dôme.
Voici la fiche de Jacques, établie par Maurice Cruchet dans son ouvrage « les morts marsacois de la Grande Guerre » ( Maurice avait toutefois fait le choix de ne pas faire figurer la partie en caractères gras et c'est en relisant, en vue d'une exposition pour le 11 novembre prochain, la totalité des fiches des soldats, MPLF ou survivants que j'en ai eu connaissance)
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BOFFOCHER Jacques Edouard

Cultivateur
BOFFOCHER Jacques.jpg
BOFFOCHER Jacques.jpg (128.62 Kio) Consulté 1708 fois
Né le 26 septembre 1886 à Marsac (Flaittes)
Fils d’Henri et de Marie-Hélène GIRODON

Recrutement de Clermont-Ferrand
Matricule 1057

Service militaire :
30ème bataillon de Chasseurs à pied
Incorporé le 8 octobre 1907
Envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1909
Certificat de bonne conduite

A la mobilisation
30ème bataillon de Chasseurs à pied
Arrive au corps le 4 août 1914

Condamné le 18 novembre 1916 par le conseil de guerre permanent de la 17ème division d’infanterie à 10 ans de travaux publics et aux dépens, reconnu coupable d’abandon de poste devant l’ennemi (A la majorité, il existe des circonstances atténuantes)
Jugement exécutoire le 24 novembre 1916 à compter du 28 septembre 1916.
Ecroué le 14 décembre 1916, à l’atelier public d’Orléanville.
Peine suspendue le 5 janvier 1918

Passe au 11ème bataillon de Chasseurs à pied le 13 février 1918
Tué à l’ennemi le 3 octobre 1918 au combat nord-ouest de Saint-Quentin
Réhabilité par la cour d’appel de Riom le 20 avril 1920 de la peine prononcée contre lui le 18 novembre 1916
Campagne contre l’Allemagne du 4 août 1914 au 3 octobre 1918

Cité à l’ordre du 11ème bataillon N° 35 du 31 juillet 1918

« Bon Chasseur, s’est particulièrement distingué pendant les combats du 18 au 25 juillet 1918 ».
Cité à l’ordre du bataillon N°106 du12 septembre 1918
« Superbe attitude pendant les combats devant Roye en août 1918 ».
Croix de Guerre avec Etoile de Bronze

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La transcription de décès précise qu'il a été tué à Chardon-Vert commune de Sequehard le 3 octobre 18 et inhumé le lendemain à proximité du bois quadrangulaire.
Jacques et son frère ont été inhumés après la guerre au cimetière de Marsac-en-Livradois.

Mort après quatre ans de guerre dont un passé à l'atelier de travaux publics d'Orléanville, quel étrange et triste parcours !

Évidemment, ce qui m'intrigue c'est cette condamnation de novembre 1916. J'aimerais en connaître les raisons. L'évocation de « circonstances atténuantes », la « peine suspendue » début 18 et la réhabilitation en 1920 m'interroge beaucoup.
Mais je ne sais pas trop par quel bout prendre les choses.

Je suis allée aux Archives Départementales la semaine dernière consulter le dossier des réhabilitations militaires de 1920 mais il est lacunaire ( il y a les dossiers 1,2,3,4 puis 13 à 17 ) rien au nom de Jacques...Je n'ai fait que survoler les dossiers restants, il concerne des délits de droit commun ( vol de vin, pillage en réunion…) Est-ce un hasard ? Les dossiers avec des délits plus proprement militaires ont-ils été écartés, classés ailleurs ?

J'imagine que ce sont ses parents qui ont demandé un recours. Les choses sont allées vite entre sa mort en octobre 18 et la réhabilitation en 1920...

La mémoire familiale n'a gardé aucune trace de cet épisode. Ma grand-mère avait un portrait du frère de Jacques ( parce que prêtre??) Les deux sœurs de Jacques n'ont plus de descendance et il n'y a donc actuellement aucun descendant direct.

En vous remerciant de la peine prise à lire ces lignes, je vous saurai gré par ailleurs de bien vouloir me faire part de vos avis et pistes éventuelles.

Bien cordialement

Cécile
CD9362
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par CD9362 »

Bonjour
Aux archives de la Défense ( Château de Vincennes) il y a les dossiers des condamnations, sous la cote GR 11...suivi de la référence du dossier précis.
Pour la 17 eme DI , il y a le dossier "783-"qui correspond aux Minutiers de la période 9 janvier-27 décembre 1916
et les Dossier de procédures qui correspondent aux périodes: "n° 787" 10 juillet-27 septembre
et n N° "788 " 10 octobre-27 décembre 1916
il faudrait trouver celui de la cour d'appel mais tout est peut-être dans le même dossier.

Voir les outils de recherches
http://www.servicehistorique.sga.defens ... C_2016.pdf
http://www.servicehistorique.sga.defens ... -recherche

Dans le Journal Marches Opérations du régiment on trouve parfois la trace des conseils de guerre, mais pas là.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... d5581cc00f
Ce qui est étonnant c'est que d'après ce que j'ai vu le 30e BC ne dépend pas de la 17 ème division mais à la 47e DI. D'ailleurs sur sa fiche matricule je vois que pour la condamnation il est inscrit une fois 17e DI, et plus loin 47e DI..?
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 449a910197

D'autres sauront peut-être mieux vous orienter.
lien vers sa fiche matricule, c'est toujours plus simple
http://www.archivesdepartementales.puyd ... tion=0.000

Cordialement
AD-Line

P.S dans un ouvrage ( téléchargeable sur le net) LIVRE D'OR.DU CLERGE ET DES CONGREGATIONS
on trouve bien le prêtre BOFFOCHER Pierre Joseph, de Clermont né en 1884 , vicaire à Augerolles, tué en sept 15 à Noirememont. Le frère donc de Jacques.
http://www.archivesdepartementales.puyd ... tion=0.000
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cecmio
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par cecmio »

Bonjour AD-Line,

Un grand merci à vous pour la promptitude de votre réponse!

Je lirai plus précisément les liens concernant Vincennes mais je ne pourrai pas me rendre sur place avant plusieurs mois, si tant est qu'une anonyme comme moi sans autre motif de recherches que des investigations familiales puisse y avoir accès...

Concernant le numéro de la DI, Patrice Lamy à qui j'avais soumis le cas en juin avait aussi noté l'erreur et confirmé que le 30 ème BCA dépendait bien de la 47 ème.

Merci à vous d'avoir mis en lien le JMO ( que j'avais parcouru sans rien y trouver ) ainsi que les fiches matricules des deux frères.

J'attends les retours éventuels d'autres forumeurs et vous remercie encore.

Bonne fin de journée

Bien cordialement

Cécile

PS : J'ajoute ici la photo de Pierre, frère de Jacques, mort trois ans avant lui.
Image
Pièces jointes
BOFFOCHER Pierre Joseph.jpg
BOFFOCHER Pierre Joseph.jpg (125.9 Kio) Consulté 1665 fois
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cecmio
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par cecmio »

Bonsoir à toutes et à tous,

Juste quelques mots pour faire remonter ce post à l'occasion du centenaire de la mort de Jacques Boffocher, aujourd'hui 3 octobre.
Après plus de 4 ans de guerre, ce chasseur alpin périt à Sequehart. Deux fois cité, il fut condamné en novembre 1916 à 7 ans de travaux publics. Il fut interné à Orléanville de décembre 1916 à janvier 1918 avant d'être réexpédié sur le front.

Malgré les conseils avisés d'AD-line que je salue et remercie ici au passage, je m'interroge toujours sur les motifs de cette condamnation.

Si d'autres membres du forum ont des pistes et des suggestions...

Bonne soirée

Cordialement

Cécile
CD9362
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par CD9362 »

HELP!
Bonjour
J'ai recherché sans succès pour Cécile au SHD le dossier de son aïeul .
Comme je ne trouvais pas Conseil de Guerre 47e DI , ni 30e BCPA on est parti sur la psiet des Conseils de Guerre de la 7eme Armée ( à priori 30e BCA et 47e DI en dépendait) donc j'ai consulté un carton quasiment vide regroupant 6e,7e,8e,9e armée et division territoriale (GR 11 J carton 183) et GR11J carton 3195 qui était antérieur à l’événement recherché ;
Personne peut donner un coup de main ? ceux qui sont sur ce forum et sur le prisme 14-18 qui étudiez tant de cas de condamnation, vous n'avez pas d'idée ou puisse se trouver les dossiers de ce régiment, DI ... ? https://prisme1418.blogspot.com/
La fiche de J. BOFFOCHER, condamné le 16 nov 1916 ( pour des faits en septembre 16?), Travaux forcés à Bougie ( Algérie), et peine suspendue en janvier 1918.
http://www.archivesdepartementales.puyd ... tion=0.000

Merci de votre aide
AD-Line
Dernière modification par CD9362 le mer. nov. 21, 2018 3:08 pm, modifié 2 fois.
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Achache
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par Achache »

Bonjour,

Pour info:
30e BC
Août - Octobre 1914 : 27e DI
Octobre 14 - Janvier 15: 66e DI
ensuite 47e DI jusqu'en Novembre 1918

Bien à vous,
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
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cecmio
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par cecmio »

Bonjour,

Après une semaine très chargée, je découvre aujourd'hui seulement les réponses d'AD-Line et Achache que je remercie.
Je tiens à souligner l'extrême pugnacité et le grand dévouement d'AD-Line qui m'est d'une aide plus que précieuse dans ces recherches.
Comme elle l'explique, elle est allée jusqu'à Vincennes ( trop loin de mon Auvergne pour moi ) pour tenter d'élucider le cas Jacques Boffocher.

Merci à tous ceux qui pourraient nous apporter des renseignements complémentaires.

Bon dimanche

Bien cordialement

Cécile
garigliano1
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par garigliano1 »

Bonjour

Comme mes collègues, je n’avais pas vu ce sujet, je vous réponds suite à la question posée directement sur le blog du Prisme.

Les indications présentes sur la fiche de matricule présentent des erreurs ce qui est assez courant. Les conseils de guerre de la « 17e division » sont des conseils de guerre « temporaires » et non pas « permanents », mais le 30e BCA est rattaché à la 47e division.

Évidemment, ce qui m'intrigue c'est cette condamnation de novembre 1916. J'aimerais en connaître les raisons. L'évocation de « circonstances atténuantes », la « peine suspendue » début 18 et la réhabilitation en 1920 m'interroge beaucoup.

La condamnation de ce militaire a eu lieu en novembre 1916, cette condamnation n’a pas pu être prononcée par un conseil de guerre spécial, les CDGS ayant été supprimés en avril 1916.

Les circonstances atténuantes pour les « crimes militaires» au sens judiciaire existaient en temps de paix mais pas en temps de guerre, le décret du 27 avril 1916 les a instaurées pour les crimes militaires car ces circonstances ont toujours été « actives » pour des crimes de « droit-commun ».

La « peine suspendue » est une mesure extrêmement courante dans les procédures militaires. Juste après une condamnation, on la retrouve très fréquemment lors d’une première condamnation. L’officier qui a ordonné la mise en jugement, a considéré que le militaire avait commis une faute mais qu’il pouvait se « racheter ». La peine est seulement suspendue jusqu’à la fin de la guerre, elle peut être révoquée en cas de récidive. Il faut également se souvenir que la hiérarchie a besoin de tous ces hommes dans cette guerre qui en « consomme » beaucoup.

La réhabilitation est une mesure du pouvoir politique qui a bénéficié à beaucoup de condamnés après-guerre. Il y a eu plusieurs lois de réhabilitation qui ont permis à beaucoup de militaires condamnés à des peines plus ou moins lourdes de retrouver la liberté ou de voir les condamnations rayées sur les dossiers militaires.

Après ces quelques précisions, je crains que votre recherche s’arrête là. En effet, les archives de la 47e DI ont quasiment disparu. Dans la série 11 J, la série la plus intéressante pour accéder aux détails d’une affaire survenue dans la zone des armées à cette période, il reste très peu de choses, quelques jugements en 11 J 1629. Une seule cote partagée avec la 46e DI, alors que les archives d’une division comporte une vingtaine de cotes en général. Statistiquement, retrouver le jugement de novembre 1916 est fort peu probable mais pas impossible. A titre de comparaison, j’ai relevé les 952 jugements de la 15e DI dans 27 cotes (ou cartons). La 47e DI est organiquement isolée. Même si cela n’avait pas été cas, étant rattaché à la 4ème armée par exemple, on pourrait simplement connaitre le motif. Ici, la quasi-totalité des jugements, les minutiers, les registres, le cahier des jugements (qui détaille les cas) n’existent plus. Hormis un éventuel carnet de campagne, aucun moyen d’en savoir plus. Si cette division avait été rattachée, on arrive à trouver, parfois, des courriers qui résument un cas mais cela concernent principalement les condamnés à mort. Dans la série 24 N, rien sur cette division.

Ce militaire a été jugé et condamné pour un 213 (abandon de poste en présence de l’ennemi, crime sanctionné par la peine de mort) à l’unanimité donc la faute n’a été jugée comme contestable par les 5 juges. C’est un article très utilisé (c’est le cas de 60% des fusillés) probablement un alinéa 1 que les circonstances atténuantes ont permis de transformer en 10 ans de travaux publics. Un transfert à Orléansville, où suite à une bonne conduite, sa peine a été suspendue avant son retour au front. C’est un cas assez classique, dommage de ne pas trouver l’arrêt de la cour de Riom qui aurait permis d’en savoir plus. Car dans plusieurs cas de fusillés sans dossier ou d’exécutés sommaires, c’est cet arrêt qui a permis d’en savoir plus. Y a-t-il eu un recours en révision du jugement de novembre 1916(le recours en révision avait été réinstauré en juin 1916), à priori, non. Ce recours était demandé par le condamné ou son défenseur. Dans ce cas, pas de recours en grâce demandé par un ou plusieurs juges, ces derniers ayant admis les circonstances atténuantes ce qui a évité le peloton d’exécution mais on peut penser que si ce n’avait pas été le cas (unanimité des circonstances atténuantes), un juge aurait demandé la grâce puisque tous ont admis les circonstances atténuantes, le dossier aurait été alors automatiquement transmis au Président de la République.

A Vincennes, dans la série 13J, il existe des informations sur les internés dans les ateliers de travaux publics en Algérie.(http://www.servicehistorique.sga.defens ... NV_13J.pdf )

En résumé, hormis la cote 11J 1629 et l’arrêt de la cour de Riom, peu de chance d’en savoir plus. Désolé.

Cordialement

Yves
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Dernière modification par garigliano1 le dim. nov. 25, 2018 6:02 pm, modifié 3 fois.
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cecmio
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Re: Jacques BOFFOCHER chasseur au 30ème, condamné en 16, MPLF en 18

Message par cecmio »

Bonsoir Yves,

Je vous remercie pour votre réactivité et pour cette longue réponse d'une impressionnante précision.

Vos explications sur les termes "circonstances atténuantes" "peine suspendue" et "réhabilitation" m'apprennent beaucoup car jusqu'alors je ne leur attachais pas le sens précis lié au contexte particulier de l'époque que vous explicitez au mieux.

Évidemment, je suis désolée d'apprendre que l'ensemble des documents liés à la 47 DI a disparu mais néanmoins la suite de vos explications me laisse entrevoir le déroulé du probable "scénario" vécu par Jacques Boffocher.
J'en déduis aussi que son cas était loin d'être rare, hélas...

Je vous remercie aussi pour le lien en fin de post.

Bonne soirée

Cordialement

Cécile
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