9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

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thomas1
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par thomas1 »

Bonjour,

Je recherche des informations sur la composition de la 9ème D.I.C de janvier à juin 1915.
C'est à dire n° des brigades/ régiments/artillerie.
Peut-être qu'une personne possède ces informations dans le tome X des AFGG?

Je cherche également des informations, articles sur le secteur de LA CHALADE en mars et avril 1915?

Cordialement
Bonne année à tous
Yann
THOMAS
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Stephan @gosto
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par Stephan @gosto »

Bonsoir Yann,

A ma connaissance, (si par D.I.C. vous entendez Division d'Infanterie Coloniale) il n'y a pas eu de 9e D.I.C. mise sur pied durant la guerre...

Amicalement,

Stéphan
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martinez renaud
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par martinez renaud »

bonsoir Yann, bonsoir Stéphan et bonne année
je confirme (lu dans Historique des Troupes coloniales pendant la guerre 1914-1918) qu'il n'y a pas de 9ème DIC
cependant, en 1918 ?!?, le 33ème RIC (c'est le régiment qui t'intéresse, Yann) a été mis à la disposition de la 9ème DI. Peut-être veux-tu parler de cela ?
amicalement
Renaud
thomas1
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par thomas1 »

Bonjour Renaud et Stéphan,

En fait je cherche le rattachement du 33 RIC au cours de la période Mars-juin 1915.
Mon message porte la mention 9 DIC en fait, comme je travaille sur un sous-officier du 33 RIC, j'ai tapé instinctivement IC!! Milles excuses
Dans ces lettres, Jean BASCOU parle du secteur de La Chalade, le 33 RIC reléve le 6 RIC. Je cherche pour situer les choses les choses l'organigramme divisionnaire, je pense qu'il s'agit de la 9 DI (les enveloppes portent le cachet du SP 9).

BONNE ANNEE

Yann
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Stephan @gosto
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par Stephan @gosto »

Bonjour Yann,

A priori, à cette période, le 33e R.I.C. n'était pas endivisionné, mais affecté au 1er C.A.C. qu'il quittera en juin 1915 pour rejoindre la 10e D.I.C.

Le 33e R.I.C. se trouve bien dans les secteurs de La Chalade, du Plateau de Bolante et de la Haute-Chevauchée, du 23 janvier au 3 avril 1915, date à laquelle il est alors envoyé en Champagne.

Amicalement, et meilleurs voeux !

Stéphan
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thomas1
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par thomas1 »

Bonjour,

Merci Stéphan, il ne me reste plus qu'à éplucher les cartons concernant le 1 CAC au SHD pour avoir des CR d'opérations.

Amicalement
Yann
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benv
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par benv »

Bonjour,

Comme vous travaillez sur le 33ème RIC, je vous met ce liens vers des carnets de guerre, dont un du 33ème RIC.

http://www.association14-18.org/referen ... t_cont.htm

Bonne année et bonnes recherches

Cordialement.
Benoît VERGER
thomas1
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par thomas1 »

Bonjour,

Merci pour cette indication, je l'avais dans mes favoris. Je dois contacter l'ayant-droit pour lui demander l'autorisation de l'exploiter. Mon but mettre en // le témoignage de Jean BASCOU avec le récit du carnet pour la période juillet-septembre 1915.

Cordialement
Yann
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Stephan @gosto
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par Stephan @gosto »

Bonsoir,

Ce n'est pas grand chose, mais voici quelques lignes tirées des "Troupes Coloniales pendant la Guerre 1914-1918", Imprimerie Nationale, 1931.

Amicalement,

Stéphan

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thomas1
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Re: 9ème DIC, organigramme de Janvier à Juin 1915

Message par thomas1 »

Merci Stéphan,

Quelques lettres de l'Adj Jean BASCOU concernant la période 12/03 au 18/03.
Il écrit à sa femme. Jean BASCOU était vigneron à Caramany (66). Il avait deux enfants : Paulette et Henri. Il arrive au front le 5/03/1915.
Paul et Joseph ses deux fréres sont également mobilisés

BONNE LECTURE

Yann







Le 12 mars 1915

Ma chère Françoise

J’ai reçue aujourd’hui la carte de nos enfants du 25 février c’est la première correspondance qui ma été remise depuis mon départ de Marseille. Je compte maintenant en recevoir plus souvent. Paul m’a écrit une carte aussi sur laquelle il m’annonce sa blessure. Joseph et mon filleul Louis, en ont fait de même.
Hier matin 11 nous sommes montés occuper les tranchées de la 1ère ligne tout près des prussiens. C’est là qu’il faut ouvrir l’œil jour et nuit la nuit surtout, je suis resté avec ma ½ section de 6h du matin à midi, et puis le soir de 6h a 9h et de minuit à 3h du matin, car la nuit la relève est faite toute les 3 heures. Là on a une grande responsabilité car il faut toujours tenir les hommes en éveil, car la moindre distraction peut avoir les plus funestes conséquences, aujourd’hui c’est la 2ème section qui nous a remplacés, nous sommes en seconde ligne, là on peut dormir un peu mais sans se d’éséquiper, c’est à dire qu’on dort tout habillés prêt à partir au premier signal en 1ère ligne comme hier tout le monde veille. Et voilà, demain se sera de nouveau à notre tour, car chaque peloton, c’est à dire les deux moitiés de la Compagnie on chacun un secteur à surveiller et à défendre, pour arriver à la tranchée extrême, on passe par d’étroits couloirs pleins d’eau et de boue, et avec l’obscurité des nuits que nous avons, on cogne de tous les côtés car on marche en se baissant, et sans la moindre lumière. Pour la première fois je ne m’en suis pas trop mal tiré, mais j’entendais nuit et jour les balles siffler de près. Eh bien, je n’ai pas eu peur, que veux-tu il faut s’habituer à tout, tu le diras à Henri et à Paulette j’ai bien pensé à eux et à toi pendant ma veillée. Mes chers enfants ; vous tous que j’aime de toute mon âme, vous devez être très inquiets je voudrais vous rassurer en vous disant, que je serais prudent le plus possible, car je veux vous revoir, rester toujours, auprès de toi et d’eux quand cette triste, et longue guerre sera terminée. Je finis mon papier a lettre, et c’est ma dernière demi feuille, je n’ai plus que quelques cartes, comme je te l’ai demandé, tu en mettras toujours dans tes lettres, car tant que je le pourrais je t’écrirai chaque jour, et je voudrais que tu en fasses autant, car ici ma seule distraction sera de donner, et de recevoir des nouvelles de ceux que j’aime pas dessus tout.
Mes meilleurs baisers
Votre Jean
J’écris un peu mal - pardonnez moi, car je fais mes lettres sur mon genou.


Le 13 mars 1915

Ma chère Françoise

J’ai repris aujourd’hui mon poste d’avant hier dans les tranchées de la 1ère ligne ; je préfère autant être ici car on risque moins de recevoir des coups de canon.
Hier je me suis un peu reposé, et malgré les bruits incessants de la fusillade, j’ai passé une nuit assez bonne, mon sommeil était entrecoupé d’insomnie tu sais que je suis nerveux, et que le moindre tapage suffit à me réveiller. Hier nous avons eu deux alertes, nous avons du au plus vite nous poster à notre poste de combat, car on craignait une attaque de nos ennemis, il n’en a heureusement été rien, mais a un moment donné les balles tombaient drû, un cuisinier d’un régiment qui se trouve à notre droite, a été atteint et grièvement blessé, dans ma compagnie personne n’a rien eu.
La température est toujours basse et très humide en ce moment j’entends des petits oiseaux chanter dans les branches, leurs cris, sont plus interessants que ceux des balles, eux au moins annoncent à la nature le retour à la vie, tandis que nous, nous poursuivons une œuvre de destruction et de mort quel retour en arrière, et quelle tristesse n’a-t-on pas sur le cœur, d’assister a de telles choses. Ici où l’on se bat depuis 6 mois, tout démontre l’action violente, qui se poursuit journellement, les routes sont défoncées, par le va et vient incessant des lourds véhicules, qui de l’arrière, apportent les vivres et les munitions, à ceux de l’avant. Automobiles, voitures de tous les systèmes, caissons artillerie, animaux de trait et de bât, car pour marcher dans les pays montagneux que nous occupons, on se sert de mulets qui portent à dos.
Les villages que nous avons traversés sont à peu prés désert, car les allemands étaient passés par là, les habitants ont du fuir, et abandonner leurs champs et leurs maisons, on voit partout dans la campagne, les trous béants,creusés par les obus.
Dans les bois, les arbres sont ébranchés, déchiquetés d’autres couchés lamentablement, ayant été coupés, comme avec une scie à ras de terre. Et en plus de cela, la terre creusée, fouillée dans tous les sens, et ceci a été fait pour se mettre à l’abri des projectiles, et c’est grace a cela qu’on peut tenir si prêt et si longtemps en face les uns des autres. Pensez donc si c’est bien facile d’aller s’emparer d’une tranchée, quand on a là dedans une cinquantaine de fusils prévenus, et qui vous attendent. Aussi pour avancer quelque peu ; il faut beaucoup de temps, et on perd beaucoup de monde. Il va sans dire que le danger est aussi grand pour eux, comme pour nous, et dans de telles conditions la guerre ne peut-être que longue, a moins de circonstances où de faits imprévus.
Ton père doit bien se rappeler, quand je lui disais quelque fois, que si c’était possible, si on avait la guerre notre plan le meilleur était de venir la faire chez nos ennemis, songez donc aux ruines qu’ils auront accumulés chez nous dans les provinces envahies, et aux multiples efforts que nous devrons donner pour les chasser de notre territoire national, si cette somme de travail avait été rendu chez eux, surement la guerre aurait été bien plus brêve, que voulez-vous nous payons maintenant onéreusement, le fruit de nos discordes, car dans une famille désunie rien ne va, et il en est de même d’un pays, si avant la guerre, nous avions eu l’union actuelle, il est probable que ce grand malheur nous aurait été épargné. Ah, ils étaient beaux et alléchants les rêves, développés, par tous les flatteurs du peuple, et qui pour obtenir leurs voix, cachaient la vérité, les mensonges n’ont jamais crées rien de durable, pour parer à un danger, on doit toujours dire la vérité.
profitera à tous les orgueilleux, qui ont jusqu’ici montré tant d’incapacité. Excusez-moi de vous avoir ainsi parlé car ce n’est pas dans mes habitudes, mais j’en avais gros sur le cœur, et je serais un peu allégé de vous avoir dit cela, car surement votre opinion est semblable à la mienne.
Faisons donc notre devoir, envers le pays et envers nos enfants, pauvres têtes innocentes qui ne se doutent pas de ce que nous faisons, qu’ils restent riants et gais, s’ils grandissent , ils auront bien le temps, de connaître, ce que nous n’aurions jamais cru voir.
Malgré le départ de Mr Marcerou que je trouve regretable, il faut que Henri étudie et fasse ses devoirs à la maison, j’y tiens beaucoup je veux aussi qu’il fasse sa première communion, comme nous l’avons faite nous-même ma chère Françoise, mais pour cela tu attendras mon retour, où bien se sera l’an prochain.
Plus tard, je voudrais aussi que tu fasses faire un agrandissement de ma photographie de chasseur alpin, tu n’auras qu’à te faire remettre celle que j’ai à la maison à Rasiguères je voudrais que mes enfants aient toujours devant les yeux l’image de leur papa qui les aime tant, et qui les veut toujours obeissants et sages envers leur maman et leur parrain, qu’ils doivent écouter comme, si moi-même je les commandais, quand tu m’enverras mes chaussettes tu pourrais y mettre quelques feuilles de papier à lettre cela t’évitera de m’en envoyer chaque jour, ne m’envoie pas de saucisson, ce sera pour plus tard, mets-y plutôt quelques friandises, que je puisse offrir à mes camarades, qui sont pour moi si gentils et si dévoués. Je termine en souhaitant à tous une santé parfaite, et en espérant de te lire bientôt. Pour ton père, Henri Paulette, et pour toi ma bien aimée, ma plus tendre embrassade.
Celui qui vous aime
J. Bascou


Le 15 mars 1915 (lettre datée du 16 mais des éléments permettent de la dater du 15 mars)

Ma chère Françoise

J’ai reçu hier dimanche la lettre de Joseph, par laquelle il m’annonce, qu’il s’est rendu chez vous, ce qui a été pour vous tous une bonne occasion de vous entretenir affectueusement de ma personne et des évènements actuels. Il me parle de toi, de mes enfants, et de ton père dans des termes qui me prouvent qu’il a pour vous, comme pour moi, une affection plus que fraternelle, je l’avais constaté a plusieurs reprises, il m’en a donné des preuves multiples, et dernièrement encore, j’en avais une nouvelle certitude, lors de mon départ d’Albi, j’ai l’intime conviction que mes enfants auraient en lui un second père et vois-tu cela me rassure, car je t’ai toujours dit que s’y je craignais ce n’était pas pour moi, mais pour eux et pour toi ma Françoise, pour toi ma chérie, dont l’amour m’est aussi nécessaire a l’âme comme le pain à mon corps. Mais je connais les trésors d’amour que renferme ton cœur, car tu sais aimer comme il le faut pieusement, et saintement. Tu as été dans ton jeune âge élevée dignement, par notre regrettée grand-mère. Elle t’a inculqué, toutes les vertus qui font la dignité d’une épouse, et d’une vraie mère de famille, c’est toutes ces qualités réunies en toi, qui font, que je suis heureux, de ne former avec toi qu’un seul et même cœur, moi aussi dans mon jeune âge j’ai eu une bonne mère qui te ressemblait et dont Dieu nous priva malheureusement trop tot, mais j’avais tout de même assez de souvenance pour me la rappeller, et dans les rudes épreuves qui m’attendent je n’oublie pas les enseignements quelle m’inculqua, et je l’en remercie du fond de mon cœur.
Mon âme a été rudement trempé, par suite des souffrances, que sa mort nous occassionna a moi et a Paul. Aussi dans mes nuits éveillées passées en face du danger, mes pensées vont vers elles, en même temps que vers toi, car je suis certain que du haut du ciel, elle aussi veille sur moi. A part la carte d’Henri, je n’ai rien reçu de toi depuis mon départ de Marseille j’en suis très étonné, mais je ne te fais pas de reproche, car je suis certain que tu m’écris régulièrement. Je suis encore aujourd’hui dans les tranchées de 1ère ligne, hier Dimanche un Régiment d’à côté le 5ème a fait une attaque, il s’est emparé de deux tranchés boches le bombardement fut terrible depuis 8 heure du matin jusqu'à 7 heures du soir, un coup n’attendait pas l’autre, c’était un bruit d’enfer, et avec ça les balles qui venaient de partout, heureusement, ma Compagnie, était en réserve, et nous n’avons eu que quelques blessés. Aujourd’hui nous aurons sans doute une mauvaise journée encore.
Je te quitte ma chérie, en vous embrassant de tout mon cœur.
Ton Jean


Le 16 mars 1915

Ma Françoise

On nous avait promis de nous relever des tranchées aujourd’hui car c’est le sixième jours, et il nous tarderait de revenir en arrière prendre un peu de repos, mais comme cet ordre ne nous est pas parvenu force nous est de rester là, il est vrai de dire que la Compagnie qui nous avait précédée était restée ici dix jours pleins. Il peut bien se faire que nous resterons aussi le même nombre de journées on ne doit pas trop se fier a ce qui se raconte ici, car ce sont plutôt les évènements qui détiennent le (illisible) de la direction.
Je t’écris ma lettre dans le poste le plus avancé, car ma section s’y trouve et doit y rester jusqu’à midi, nous sommes à environ 80 mètres des prussiens, leurs balles viennent s’écraser avec un bruit sec sur le rebord de terre qui se trouve sur le devant du fossé que nous occupons. Mais nous avons pour nous protéger en plus de nos fusils, une mitrailleuse sur notre droite, et une sur notre gauche, et s’y les allemands tentait une attaque contre nous, tous tomberaient à terre avant de nous tomber dessus.
En plus de cela, notre artillerie se trouve en arrière, et nous protége de ses feux, tu vois donc par ce rapide exposé que nous sommes en complète sécurité, le principal c’est de ne pas se laisser surprendre et pour cela surtout la nuit de ne pas dormir, en un mot d’ouvrir l’œil.
Jusqu’ici dans ma section, nous n’avons eu aucun blessé, ni tué par contre sur les 6 catalans affectés à ma Compagnie et qui se trouvent au 2ème peloton, il y en a deux de blessés déjà. L’un est (de) Cerdau un nommé Blazy l’autre de Catllan appelé Salvat. Ils étaient l’un et l’autre de très bons soldats, quand je l’ai su cela ma fait beaucoup de peine.
J’ai écrit hier à Joseph, pour le remercier, de s’être rendu à la maison, pour vous apporter un peu de réconfort, il me dit que tu es courageuse, et je t’en félicite ma Françoise chérie, pour toi et pour les enfants. De te savoir forte, ils seront eux aussi moins inquiets, et partant moins faibles. Soigne les biens, mes chers petits qui sont si sages, et qui prient si bien, tous les jours, avant de fermer leurs paupières, pour leur papa qui de son côté, a toujours sa pensée tournée vers vous, et qui les retrouvera après la guerre grandis, et pleins de santé et d’affection pour leur parrain pour leur maman et pour moi.
Paulette doit être bien contente que l’oncle (illisible) lui ait apporté un cartable pour aller à l’école ainsi elle aura cela pour ses livres, et ses images, et le panier de Toulouse pour y mettre son goûter, je lui recommande de ne pas parler à l’école et de bien écouter Madame Vaysse si elle fait ainsi elle apprendra plus vite, et elle pourra bientôt toute seule faire une lettre à son papa.
A Henri je lui recommanderai de se rappeller de mes observations, que je lui fis dernièrement, il faut lui dire de s’appliquer a mieux écrire il ne faut pas s’y vous restez quelques jours sans instituteur, qu’il laisse ses cahiers, et ses livres fermés il doit se considérer comme en vacances, et ayant des devoirs a faire chaque jour, cela ne l’empêchera pas d’écouter sa maman quand elle aura besoin de lui, et de s’amuser. Il pourra aussi aller de temps a autre à la vigne avec son parrain. As-tu des nouvelles de Rasiguères il y a fort longtemps que je n’ai rien reçu de chez eux, j’espère que papa, et Elisabeth vont toujours bien, et qu’il en est de même de vous tous, pour moi jusqu’ici je vais assez bien.
Affectueusement à ton papa mes meilleurs baisers à Henri, Paulette et a toi
Celui qui t’aime
Jean


Le 18 mars 1915

Ma chère Françoise

Malgré mon vif désir, je n’ai pas pu hier t’écrire comme j’ai l’habitude de le faire journellement. Le matin j’avais conduit les malades de la Compagnie à la visite du major et comme les lettres sont ramassées à 10h, j’ai du renvoyer ma lettre a aujourd’hui. Je ne sais si tu les reçois régulièrement, tu voudras bien me le dire. Depuis mon départ de Marseille le 1er Mars, j’ai a peine reçue une carte d’Henri, je ne crois pas qu’il y est de ta faute mais tu comprendras que obligé de rester 18 jours sans une lettre de toi, dans la situation où je me trouve, ce n’est pas agréable, j’en reste peiné, malheureux aussi chaque soir j’attends l’arrivée du courrier avec impatience, pour avoir quelques lignes écrites de ta main, et c’est toujours pareil, il n’y a rien pour moi. Pourtant tu dois connaître mon adresse depuis que je te l’ai envoyée, j’ai pourtant bien reçue celle de Joseph, qu’il ma adressée de Caramany, si tu en avais fait autant, il est fort probable que les tiennes me seraient aussi parvenues. Je sais bien que tu es très occupée, et que tu ne dispose pas de beaucoup de temps, mais tu peux tout de même faire un petit effort pour m’écrire au moins 1 fois tout les deux jours, si tu savais ce qu’est la souffrance morale, jointe aux dangers physiques, qui nous entourent, et la joie que me procurent la lecture de tes lettres, c’est pour mon âme un réconfort, un baume précieux, un fortifiant infaillible et moralement et physiquement on se porte mieux, on est plus fort.
Ici nous sommes tous pareils, nous devenons de grands enfants et dans les épreuves on cherche toujours à se préserver, en s’accrochant à la moindre branche. Eh bien pour moi, ma branche préservatrice c’est toi, mes enfants bien-aimés et ton père, et le mien, pour qui j’ai une égale tendresse, si vous me manquiez, je n’aurais plus aucune ambition. Et voilà ; j’en ai assez dit sur ce sujet, et je suis sur que tu m’auras compris, car si je ne vous écrivais pas moi aussi, tu serais surement aussi malheureux que moi sinon plus. Voici le 9ème jour de tranchée, et il serait temps que l’on vienne nous remplacer, car franchement on ne s’amuse pas, d’entendre nuit et jour le bruit du canon, et des coups de fusil, nous aurons bien gagné, quelques jours de repos, d’ailleurs nous en avons besoin ne serait ce que pour nous changer de linge , car ici, il ne faut pas songer à se d’éshabiller, ni a enlever ses chaussures, pendant la nuit. Hier la journée a été très belle, les oiseaux gazouillait sur les arbres, aujourd’hui, le brouillard est très épais, il fait un froid humide, et sourd, il faut espérer que le beau temps, reviendra sous peu. Est ce que vous avez pu labourer quelque peu, dit à ton père de faire ce qu’il pourra, qu’il ne dépense pas trop d’argent, car l’année prochaine ne s’annonce pas trop favorable, et d’après les opérations, qui ont lieu ici, il est a prévoir que la guerre sera très pénible, et très longue, car il faut gagner le terrain pied à pied et ce n’est pas commode.
Bonne santé et embrassade à tous de celui qui t’adore et qui t’aime.
Ton Jean



THOMAS
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