Travailleurs tunisiens de l'A L V F

eschois
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Re: Travailleurs tunisiens de l'A L V F

Message par eschois »

Le 8 novembre 1917, une section de travailleurs coloniaux (tunisiens) du service de L’A. L. V. F commandée par le Lieutenant Becker prend possession de l’école Mercier, 17 rue Gambetta à Meulan. La mission de ce détachement de l’A.L.V.F., dont le commandement est basé au Mureaux, est de déposer, et récupérer les rails des lignes du chemin de fer d’intérêt local (Tram), inutilisées depuis le 21 aout 1914, par manque de personnel. Ils sont restés à Meulan jusqu’au 24 aout 1918.
Sur un acte de décès d’un de ces travailleurs, Ahmed ben Sassi ben Ali Loumy, daté du 21/4/1918, il est écrit qu’il faisait partie du groupement des travailleurs coloniaux de l’Artillerie Lourde sur voies ferrées, domicilié 24 rue Abdelouab à Tunis, engagé le 1er mai 1914 pour un an.
Avez-vous des détails sur ce genre de mission, je crois qu’un autre détachement de travailleur coloniaux de l’A.L.V.F. a travaillé à Mantes à la même époque.
Eschois
ALVF
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Re: Travailleurs tunisiens de l'A L V F

Message par ALVF »

Bonjour,

Il est très difficile de retracer l'histoire des unités de travailleurs employées par l'A.L.V.F car la plupart des unités n'ont tenu aucun JMO.
Quelques pistes:
-les personnels tunisiens de l'A.L.V.F en service dans des batteries de combat ou dans des unités des services de l'A.L.V.F sont gérés depuis 1915 jusqu'au 31 juillet 1917 par le 7e Groupe d'Artillerie à Pied d'Afrique (G.A.P.A) et dépendent donc du dépôt de ce groupe formant Corps et implanté à Bizerte. Je ne connais pas la gestion après le 1er août 1917, date de la grande réorganisation de l'A.L.G.P et de l'A.L.VF mais il est probable que ces personnels ont continué d'être gérés depuis un dépôt tunisien, peut-être aux batteries territoriales du 7e G.A.P.A car les batteries actives de ce Groupe n'existent plus après la réorganisation précitée.
-il a existé de 1915 à fin 1917, un Parc annexe de l'A.L.V.F à Wissous (ancienne Seine-et-Oise) dépendant du Parc A.L.V.F de La Varenne-Saint-Hilaire (ancien département de la Seine). Le Parc annexe de Wissous était chargé de l'approvisionnement en rails de chemin de fer des unités de construction de l'A.L.V.F. Ce Parc annexe a été progressivement transféré ensuite dans le grand établissement de Saint-Eulien (Marne). Les unités sont désormis gérées par le 70e R.A.L.G.P qui constitue le régiment des services de l'A.L.V.F à partir du 1er août 1917. Malheureusement, les archives de Saint-Eulien semblent perdues. Les travailleurs de Parc de l'A.L.V.F constituent des batteries du 70e R.A.L.G.P à très fort effectif (batteries de plus de 1.000 hommes employant de surcroît en plus des personnels détachés). Les personnels appartiennent aux classes anciennes avec appoint de travailleurs venus d'Afrique noire et d'A.F.N et l'encadrement des batteries est très faible en officiers, provenant tous des classes anciennes, souvent ingénieurs civils de toute spécialité.
-je ne trouve aucun officier du nom de Becker dans des unités d'A.L.V.F sur des annuaires spécialisés de l'A.L.V.F datant de 1917 et de 1918.
-il n'y a que deux officiers d'artillerie du nom de Becker sur les annuaires généraux d'officiers, l'un est un officier de réserve de l'artillerie de campagne en 1914 et dans l'artillerie lourde en 1921 (à exclure a priori), l'autre est un officier de réserve du 11e R.A.P sur l'annuaire de 1914 et ne figurant plus sur celui de 1921 (peut-être trop vieux à cette date), ce dernier peut être l'officier encadrant des travailleurs tunisiens car le 11e R.A.P a fourni beaucoup de cadres anciens à l'A.L.G.P à partir de 1915.
En l'absence de précisions supplémentaires, il sera difficile d'avancer dans votre recherche.
Cordialement,
Guy François.
eschois
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Re: Travailleurs tunisiens de l'A L V F

Message par eschois »

Cher monsieur, un grand merci pour votre réponse.
J’ai regardé les quelques pièces concernant cette affaire dans mon dossier.
Je maintien que l’officier commandant ce groupe était le Lieutenant Becker (il apparait sur divers documents officiels). Dans un courrier de M. le Maire au Commandant Mercier, major de la zone de cantonnement, à Enghien daté du 21 mai 1919, il est cité pour avoir occupé illégalement l’école Mercier, précédemment réquisitionnée par l’autorité militaire pour héberger des télégraphistes de la 8e D. O. avant l'arrivée de ces derniers.
Il semble que le Lt Becker commandait ce groupe mais que le chef de corps était basé aux Mureaux en face de la Ville.
L’histoire de la récupération des rails commence à Meulan par l’information donnée par le maire, lors du conseil municipal du 23 juin 1917, que l’autorité militaire a réquisitionné les voies Decauville publiques et aussi celles appartenant à plusieurs personnes de la localité.
Le 8 novembre arrive le détachement d’ouvriers qui s’installe dans les locaux de l’école. Ils ont mission de démonter les rails du Tram inutilisés ainsi que les rails réquisitionnés et chez les carriers de la ville. Le comportement turbulent de ces travailleurs pendant leur temps libre leur mettra la population à dos. Ils seront vite appelés les "sidis" ou les "Kabyles". Le maire devra demander au Commandant de ce groupement de limiter leurs heures de sorties pour limiter les incidents avec la population. Ils ne seront pas regrettés à leur départ en aout 1918.
Le groupement de l’A. L. V. F. était aussi couramment appelé dans les textes officiels "travailleurs tunisiens" ce qui peut indiquer qu’ils ont été recrutés en Tunisie.
Quand au décès d’Ahmed ben Sassi ben Ali Loumy, daté du 21/4/1918, il faisait donc partie du groupement des travailleurs coloniaux de l’Artillerie Lourde sur Voies Ferrées, originaire de Tunis, et engagé le 1er mai 1917 (et non 1914 pour un an.) Il est décédé à l’âge de 20 ans à l’hospice civil de la ville, surement de la grippe espagnole, et sera déclaré M P F.
Quel était son statut ? militaire ou civil sous contrat avec l’A.L.V.F. ?
Les rails déposés étaient- ils réutilisés en l’état ou étaient-ils refondus ?
Voila c’est tout ce que je sais de cette affaire ; désolé de ne pouvoir vous en dire plus
Patrick
Eschois
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