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bonjour à toutes et tous,
Mélanie Morin-Pelletier, doctorante en histoire (Université d'Ottawa) a soutenu une thèse sur
les infirmières canadiennes. Son analyse du travail et des représentations des infirmières militaires canadiennes lui a valu, en 2005, le Prix Vo-Van de la meilleure thèse de l’année remis par l’Université de Moncton. Elle est publiée aux éditions Athéna (collection histoire militaire) : « Briser les ailes de l’ange » (les infirmières canadiennes, 1914/1918)
vous pouvez lire l'ensemble du document à partir de ce lien :
https://www.bulletinhistoirepolitique.o ... 1915-1919/
Voici quelques extraits :
"les oiseaux bleus" / "Bluebirds" est le surnom qui a été attribué aux infirmières militaires canadiennes puisqu’elles portaient un uniforme bleu royal. Il s'agit des infirmières militaires des hôpitaux canadiens-français postés en France [...] [...] Près de 2 500 infirmières militaires canadiennes ont servi outre-mer, elles sont détentrices du grade et de la solde de lieutenant. Pourtant, chez l’ensemble des belligérants, la place occupée par l’infirmière militaire dans la mémoire collective de la guerre reste marginale.
un petit point sur les infirmières en général:
Pour ce qui concerne les infirmières françaises, l’historienne Margaret Darrow conclut, après examen des récits de guerre, qu’elles ont contribué à cette amnésie collective…Elles se sont dépeintes comme des personnages secondaires, s’agenouillant devant les soldats des tranchées, les véritables héros. (Margaret Darrow, French Women and the First World War, Oxford, Berg, 2000).
Quant aux infirmières australiennes, Katie Holmes considère qu’elles sont quasi absentes de la littérature officielle de la Première Guerre mondiale parce qu’elles ont été des figures ambiguës, voire controversées. Elles ont incarné à la fois l’ange blanc, la mère dévouée et le corps sur lequel les soldats pouvaient projeter leurs fantasmes sexuels (Katie Holmes, «Day Mothers and Night Sisters: World War I Nurses and Sexuality», dans Joy Damousi et Marilyn Lake, Gender and War. Australians at war in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.)
Pour Margaret Higonnet, les récits des infirmières militaires américaines reflètent leur difficulté à définir leur rôle au sein de cette machine de guerre. Leurs écrits présentent une séparation nette des soignantes en deux groupes. Les unes, professionnelles et compétentes, les autres, amateures et frivoles, mettent en danger le système militaire. (Margaret Higonnet, Nurses at the Front. Writing the Wounds of the Great War, Boston, Northeastern University Press, 2001
… Les infirmières sont troublées par le paradoxe que présente leur travail: tant d’efforts pour sauver les soldats, dans le but ultime de les renvoyer sous le feu, où ils finiront possiblement en chair à canon. Désillusionnement et culpabilité s’entremêlent lorsqu’elles racontent leur lutte quotidienne contre la mort.
L’historienne canadienne Susan Mann considère que le vide historiographique s’explique en partie par la volonté des infirmières militaires de réintégrer la société civile et d’oublier cette expérience traumatisante. (Susan Mann, «Where Have All the Bluebirds Gone?: On the Trails of Canada’s Military Nurses, 1914-1918», Atlantis, vol. 26, no. 1, 2001.)
Bonnes lectures, cordialement
Brigitte