Bonsoir,
dans les histoires régimentaires des unités bavaroises et allemandes, il est surtout souligné avec une sorte d'admiration que - contrairement à chez nous - la population rurale et surtout les femmes ne se plaignent jamais aux soldats allemands de la guerre et de ses fardeaux. Au lieu de se plaindre, les soldats entendaient toujours : « C'est la guerre ! »
En même temps, cependant, ils ont également constaté que malgré toute exactitude dans les relations personnelles les uns avec les autres, une distance «glaciale» était toujours maintenue entre la population et les troupes d'occupation.
Dans une histoire régimentaire, une jeune fille d'environ 18 ans est rapportée avec une admiration étonnamment honnête, qui n'a simplement « pas remarqué » les soldats allemands pendant les presque deux années d'occupation. « Alors que nous marchions vers l'église, elle nous a littéralement regardé à travers la tête haute et n'a pas changé de visage. »
Dans le régiment de mon grand-père [devant Arras], on essayait d'être particulièrement « intelligent » pour connaître l'attitude de la population. Le comédien et acteur Ferdinand Weiß [« Weiss-Ferdl »], qui devint plus tard très connu en Bavière, écrivit le « Sandsack-Lied », avec lequel il se produisit très souvent au « Hofbräuhaus » de Munich après la guerre.
Comme il ne restait presque plus de tissu, les soldats bavarois ont donné aux femmes une partie du tissu en coton abondant qui était en fait destiné aux sacs de sable. En allant à l'église le dimanche, on faisait très attention à quelle femme portait un jupon en toile de sac de sable sous la jupe du dimanche en traversant la rue. Ces familles étaient alors considérées comme « deutsch-freundlich » [favorables à l'Allemagne].
Cependant, il y avait toujours le danger de malentendus, comme le rapporte l'officier (et peintre) Alfons Schneider du même régiment :
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Monsieur [Schneider], qu’est-ce que ça veut dire « Mistviech » ? (en bavarois à peu près: « animal sur un fumier »)
- Tu es un « Mistviech ».
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Moi?
- Oui.
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Bien, une ordonnance est venue me demander des œufs. J’en n’ai pas ; alors il dit Mistviech.
Est-ce que c’est un bon mot ?
- Oui, mais pas très bon. Tout dépend comment il l'a dit.
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Il a ri.
Donc ça va.
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Il a aussi dit, « schwarzer Deifi »! (diable noir en bavarois).
C’est moi aussi ?
- Bien entendu, tu ressembles à un diable noir, tu comprends ?
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Oui, mais ce n’est pas bon.
- Alfons Schneider_travail des champs
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(Le journal de Schneider a également été publié en français par le « Cercle Archéologique Arrageois ». [A. Schneider, Dans la tranchée devant Arras, 1997].)
Cordialement
Joseph