Le Mutinerie a Etaples ( 1917 )

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Putine
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Re: Le Mutinerie a Etaples ( 1917 )

Message par Putine »

Bonjour a tous ! :hello:

J' essaye trouver l' information sur le mutinerie parmi les troupes britanniques en 1917 a Etaples. Ou on peut lire ( en Web et dans les travaux scientifiques ) de cet evenement ? :jap:

http://www.cheminsdememoire-nordpasdeca ... aples.html


Bien cordialement
Igor
zoe
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Re: Le Mutinerie a Etaples ( 1917 )

Message par zoe »

Putine
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Re: Le Mutinerie a Etaples ( 1917 )

Message par Putine »


Bonsoir zoe ! :hello:

Merci bien ! Je lirais obligatoirement ! :jap:

Bien cordialement
Igor

Ingouf
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Re: La Mutinerie à Etaples ( 1917 )

Message par Ingouf »

Bonjour,

9 septembre 1917. Mutinerie à Étaples.

Étaples (Pas-de-Calais, France) abritait un important camp d'entraînement de l'armée de terre britannique. Plus de 70 000 hommes en 1917. Il y régnait une discipline de fer. Entraînement intensif, témoignages de brimades, de recrues battues par les instructeurs, d'hommes punis attachés à une roue de canon (Field Punishment N°1 : homme puni entravé pendant une durée maximale de deux heures, renouvelable plusieurs jours de suite). Ce camp avait sinistre réputation, l'un de ses objectifs était que les soldats soient soulagés de rejoindre les tranchées.

Le dimanche 9 septembre 1917, le soldat néo-zélandais A.J. Healy est arrêté par la police militaire alors qu'il cherche à accéder au Touquet, en dehors du périmètre autorisé pendant sa permission. Le Touquet était réservé au personnel officier. Une échauffourée se produit en plein centre ville d'Étaples lorsque ses camarades cherchent à le libérer. L'incident vire à la confrontation entre soldats et police militaire ("Red Caps", casquettes rouges). Un policier tire sur les émeutiers, tue le caporal William Buchan Wood (4ème bataillon, Gordon Highlanders) et atteint une civile française, rue Huguet. La situation dégénère : on observe vers 19 heures une foule de soldats en colère qui poursuit en ville des policiers militaires. Les soldats néo-zélandais, australiens et écossais pactisent. Des centaines d'hommes du rang passent outre aux consignes et vont boire une bière au Touquet. Les jours suivants, l'agitation s'intensifie encore. L'indiscipline est générale. Le commandant de la base aurait été paradé à dos d'homme et jeté à l'eau dans la Canche. Le mercredi 12 septembre, des milliers de mutins défilent dans Étaples sous les yeux incrédules de la population locale.

Au soir du 12 septembre, la situation est reprise en main par un régiment anglais particulièrement sûr et fortement armé (Honorable Artillery Company, régiment d'artillerie de réserve, Londres, Angleterre, composé de 400 cadets, élèves officiers, issus de la meilleure société anglaise, stationnés à Montreuil-sur-Mer). On les a équipés de matraques en bois, on ne tire pas sur les mutins, on a fait savoir que l'on est renforcé par une section équipée de mitrailleuses Vickers.

Le 14 septembre, le calme est revenu, après six jours d'agitation.
300 mutins sont arrêtés. Trois meneurs sont condamnés à 10 ans de prison, une dizaine à un an de travaux forcés, sept sont rétrogradés. Les autres sont expédiés au front.
Seul le caporal Jesse Robert Short (Northumberland Fusiliers) est condamné à mort. Il est fusillé à Boulogne le 4 octobre 1917.
Le policier militaire à l'origine du tir mortel ayant déclenché la mutinerie, Harry Reeve, dans le civil boxeur professionnel champion britannique des poids lourds 1916, sera traduit en cour martiale et condamné à un an de travaux forcés.

Cette mutinerie semble relativement peu connue en France. À l'exception d'une lettre dans la presse néo-zélandaise (Otago Daily Times) en 1922 et d'un article du Guardian en Angleterre en 1930, le public anglophone ne saura rien sur la mutinerie d'Étaples pendant soixante ans. Pour le grand public, cette affaire apparaît en 1978 dans un livre à succès fortement romancé ("The monocled mutineer", par John Fairley et William Allison), ensuite adapté en série par la BBC. Cette mutinerie apparaît encore dans la bande dessinée iconique "Charley's war" (1979). Elle a fait depuis l'objet de quelques articles au Royaume-Uni, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en France ; elle est étudiée par les historiens de ces pays.
Un incident significatif, longtemps tu, qui ne relève pas du complotisme de bas étage, même si les réseaux sociaux australiens et néo-zélandais s'en donnent à cœur joie et rajoutent volontiers des détails croustillants à la gloire de leurs soldats révoltés.

Cet événement est aujourd'hui plus politisé qu'il ne l'était à l'époque et régulièrement exploité, par exemple par des nationalistes hostiles au Royaume-Uni en Écosse ou en Australie, ou des anti-militaristes.
Cette mutinerie intervient en 1917, dans un contexte de révolution bolchévique en Russie, de mutineries dans les armées françaises et italiennes, d'insurrection armée en Irlande.
La mutinerie d'Étaples a encore fait l'objet d'articles en 2017. Elle figure aujourd'hui dans les circuits mémoriels des tours opérateurs britanniques en France et en Belgique, visitée par de nombreux touristes (après la Somme, Ypres ...) sous la rubrique "les aspects moins connus de la Grande Guerre". L'incident a été étudié sur place par des stagiaires de la police militaire britannique au début de l'été 2023.

Témoignage d'un habitant d'Étaples en 1917 : "Les troupes britanniques firent irruption dans la ville comme de vrais sauvages, dérobant et saccageant tout sur leur passage. Ils occupèrent la place des jours durant. Elle était noire de soldats. Il y eut de sanglants incidents sur la place, des coups de feu, des rixes, des véhicules en feu. Les mutins capturèrent l'un des officiers du camp, l'enfermèrent dans une cage en bois et le promenèrent dans tout Étaples à bord d'un camion découvert."


TRADUCTION DES PIÈCES JOINTES CI-DESSOUS :

- " ... la foule de soldats massée devant le poste de la police militaire vers 4 heures et 5 heures de l'après-midi a été augmentée par des hommes sortant du cinéma. À environ 5h30, un soldat néo-zélandais s'est présenté au poste des policiers et a exigé la libération de son compatriote Healy. On l'a laissé rentrer pour lui montrer qu'Healy avait déjà été libéré. L'attitude de la foule était très menaçante, des pierres volaient, certains essayaient de rentrer en force dans le poste.
Pendant l'émeute, des coups de revolver ont été tirés, au nombre de deux ou trois, par le policier militaire Harry Reeve, matricule 204122. Le deuxième classe Reeve a déclaré ne pas avoir utilisé son revolver personnel, mais qu'un homme dans la foule (un Australien ou un Néo-zélandais) en avait un, dont lui, Reeve, s'est emparé pour tirer au-dessus des têtes. Ce revolver a aussitôt été retiré au policier Reeve.

(Le policier militaire Reeve a ensuite été traduit en justice pour homicide involontaire et condamné à un an de travaux forcés).

Un homme, le caporal WB Woods, 4e bataillon Gordon Highlanders, qui se tenait près de la foule en colère, a été touché à la tête, et est décédé après son admission à l'hôpital général N°24, à 8h05 ce même jour. Une civile française qui se trouvait rue Huguet a également été touchée par une balle.
La foule à cet instant, peu après 18 heures, à proximité du Pont des Trois Arches et du poste de police militaire, approchait trois à quatre mille soldats."

(Archives du camp d'Étaples, The National Archives, Royaume-Uni.)



- Pièce du procès en cour martiale du caporal Jesse Robert Short, à Étaples, France, le 12 septembre 1917.

ACCUSATION : "Tentative de persuader des personnels des forces armées de Sa Majesté de se joindre à une mutinerie. À Étaples, le 11 septembre 1917, a essayé de convaincre des sentinelles de ne pas obéir à leurs officiers, de déposer leurs armes et de le suivre. A dit aux soldats qu'ils devraient passer une corde au cou de leur officier, le lester d'une pierre, et le balancer dans la rivière, ou pire encore."

L'accusé plaide non coupable.

SENTENCE : coupable, condamné à mort par peloton d'exécution.

Sentence confirmée, signée HAIG, (commandant le corps expéditionnaire britannique en France), 30 septembre 1917.

(Document The National Archives, Royaume-Uni.)


Cette réponse tardive est un travail d'angliciste (synthèse de documents). Cette mutinerie intéresse beaucoup Outre-Manche et au-delà, l'intérêt semble grandir de ce côté de la Manche.

Bien cordialement.
Eric




Sources :

- BBC radio 4, "Etaples mutiny", 19 juillet 2017
https://www.bbc.co.uk/programmes/b08y167n

- Lettre au "Otago Daily Times", Nouvelle-Zélande, 24 février 1922
https://www.monocledmutineer.co.uk/otag ... s-etaples/

- Article du Guardian, Angleterre, 13 février 1930
https://www.monocledmutineer.co.uk/the- ... 13th-1930/

- Caporal Jesse Short, 24e bataillon, Northumberland Fusiliers, IWM
https://livesofthefirstworldwar.iwm.org.uk/story/34541

- Projet britannique mémoriel Grande Guerre
http://www.newmp.org.uk/article.php?cat ... yorder=227

- Stuff NZ, "The untold story of the man who started the Great War mutiny", 3 septembre 2017
https://i.stuff.co.nz/national/95883275 ... war-mutiny

- archives 62 Pas-de-Calais
https://www.archivespasdecalais.fr/Deco ... -d-Etaples

- Série "The Monocled Mutineer", BBC 1986. Lien vers l'épisode 2. Tous les épisodes sont disponibles sur la plate-forme Dailymotion au moment où j'écris cette réponse.

https://www.dailymotion.com/video/x7136pk

- "Tommy, the British soldier on the Western Front", par Richard Holmes, éditions Harper Collins, 2004.
Pièces jointes
Camp d'Étaples, partie néo-zélandaise. 9 novembre 1917. <br />Photo de Henry Armytage Sanders, the National Library of New Zealand.
Camp d'Étaples, partie néo-zélandaise. 9 novembre 1917.
Photo de Henry Armytage Sanders, the National Library of New Zealand.
Sunset_over_tents_at_the_WWI_NZ_reinforcement_camp,_Etaples,_France_(21655198862)-1.jpg (914.98 Kio) Consulté 388 fois
Plan du camp d'Étaples pendant la Grande Guerre.
Plan du camp d'Étaples pendant la Grande Guerre.
Etaples-base-camp-map-1919.jpg (867.64 Kio) Consulté 388 fois
Archives du camp d'Étaples, The National Archives, Royaume-Uni. <br />Traduction du document ci-dessus.
Archives du camp d'Étaples, The National Archives, Royaume-Uni.
Traduction du document ci-dessus.
camp-diary.jpg (97.89 Kio) Consulté 388 fois
Pièce du procès du caporal Jesse Robert Short, cour martiale du 12 septembre 1917. The National Archives, Royaume-Uni. <br />Traduction en français ci-dessus.
Pièce du procès du caporal Jesse Robert Short, cour martiale du 12 septembre 1917. The National Archives, Royaume-Uni.
Traduction en français ci-dessus.
Screenshot_20230903_162240_Chrome.jpg (181.32 Kio) Consulté 388 fois
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