«Nous ne connaissons pas tous ces détails à Paris. Le bruit des batailles de Belgique nous y arrive indistinct et confus.
Les informations militaires que nous recevons sont vagues et contradictoires ».
Dès le 9 août 1914, le président de la République décerne la médaille militaire au roi Albert. Cette distinction est la plus haute qui peut être attribuée à un général victorieux… Le maréchal French (Anglais) ne l’a reçue qu’en février 1915 et le général Pershing (Américain), manifestement vainqueur ( !), ne l’a reçue qu’en septembre 1920. Dans le cas du roi des Belges, il y a un empressement incompréhensible. Le président Poincaré espère sans-doute, par cet honneur, renforcer la coopération militaire franco-belge et voir se réaliser le souhait du général Joffre émis deux jours plus tôt (voir supra) : que l’armée belge défende le passage la Meuse, puis, si la pression ennemie devenait trop importante, qu’elle fasse retraite vers Namur pour venir prendre sa place à la gauche du dispositif franco-anglais.
Commentaires sur le texte de la citation :
« La vaillante armée belge »
C’était la 3e division et non toute l’armée qui se trouvait à Liège les 5 et 6 août.
« Après avoir victorieusement (…) de troupes très supérieures en nombre »
Victorieusement, oui. Supérieures en nombre, non (50.000, avec l’appui des forts, contre 55.000).
L’armée provisoire du général von Emmich est composée de régiments empruntés à 6 Corps d’Armée allemands. Les Belges concluent, non sans apparence de raison, « que sept corps d’armée, 300.000 hommes environ, se groupaient sur les voies d’invasion que barrait la position fortifiée de Liège. » (L’action de l’armée belge, Rapport du commandement de l’armée (en 1914), librairie Chapelot, 1915)
« S’apprête à soutenir aux côtés des troupes franco-anglaises »
Un résultat qu’on espère obtenir par une flatterie.
« Brillantes qualités militaires du souverain »
Ce n’était pas Albert Ier qui dirigeait les opérations de Liège mais le général Leman.
Le roi n’a de « militaire » que son uniforme et sa volonté de bien faire, même s’il a obtenu des grades d’officier ce qui est peu compliqué pour un prince héritier…