Y a-t-il un passionné du 162° Régiment d'Infanterie de Verdun ?
Je viens de récupérer un carnet (7 cm x 12 cm) du Sergent Gaston Jungers couvrant la période 1° Août 14 au 9 Juillet 1915. Environ 90 pages.
Numérisation en cours.
Voici (en réduit) la première et la dernière.
Hola ! Cela m'avait échappé !
Je suis très intéressé par ce document, car comme je l'ai dit sur le forum Qui cherche quoi, je suis à la recherche d'informations pour un ami dont l'arrière-grand-père appartenait au 162e et a été tué le 10 novembre 14 près d'Ypres.
Avec lui, nous sommes à la recherche de tout ce qui peut concerner son unité et notamment ses derniers combats, pour en connaître le lieu avec un maximum de précision.
Avez-vous numérisé les pages de début novembre 14 ? Y trouve-t-on des indications sur le lieu précis où le régiment était en ligne ? Nous savons qu'il s'agissait des environs de Bikschote, mais toute précision supplémentaire nous intéresse.
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Je n'ai toujours pas fini la numérisation (je sais ce n'est pas bien . . . ).
je ferai signe dès que fait. Mon E-mail est sur mon profil.
Extrait sur le 9 et 10 Novembre :
"Le 9 sommes en tranchées pleines d'eau, fusillade.
Nous couchons dans une ferme deux jours sans nourritures.
Le 10 matin, nous attendons toujours la cuisine qui ne vient pas, inutiles de cherche à manger. C'est la campagne déserte, il fait froid, sommes trempés.
Les ordres nous sont donnés de nous porter en avant en renfort du 80° Infanterie et 20° Chasseurs à pied qui sont à Luzerne, petit village sur le canal de l'Yser.
Nous prenons positions dans les maisons qui ont déjà subit un bombardement terrible, du reste il n'en reste que les murs.
Je suis descendu dans une cave, il y a une vingtaine de fantassins tués, dans toutes les pièces il y a des morts.
Dans celle où je suis, il y a deux gros porcs et une chèvre qui mangent un mort, c'est répugnant.
nous avons un peu de pertes.
Le 12, je monte sur un toit pour découvrir un poste de mitrailleuse de l'autre côté du canal, j'aperçois ce dernier et le terrain en avant de nous est couvert de morts, nous les tenons là aussi . . . . / . . . . "
Quasiment aucun nom cité. Il a été blessé le 15 près de la maison du passeur.
Des pages ont été arrachées au début. Il ne donne pas le nom de son unité. Son frère était avec lui dans sa compagnie (ou section). Il est soigné par un curé (nom ou fonction ?) qui est apparemment de Longwy (Longovicien).
Son récit se continue avec son évacuation par Dunkerque et en bateau, et ses séjours en hopital.
Merci pour ces renseignements.
Il n'a pas noté le nom de l'endroit où prenait position, c'est dommage pour nous, mais on peut concevoir qu'il ait eu autre chose en tête !
La Maison du Passeur est située sur le canal, au droit de Bikschote.
Lizerne (et non Luzerne) est un poil au sud. L'historique du régiment indique que le 10, ils étaient "en avant de Steenstraat", c'est-à-dire juste au NE de Lizerne, mais sur la rive droite du canal.
En continuant ainsi, nous devrions arriver à délimiter les positions du 162e le jour fatidique.
Savez-vous quelle longueur de front approximative pouvait tenir un régiment ?
Peut-on conclure de sa mention "de l'autre côté du canal" du 12 que sous le choc de l'attaque du 10, le régiment avait dû se replier derrière le canal ?
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Difficile de dire s'il parle seulement de morts allemands quand il regarde du haut du toit.
Le "nous les tenons là aussi" semble bien montrer qu'ils avaient stoppé une attaque allemande.
Si Lizerne est situé des deux côtés de l'Yser, difficile de dire de quel côté du canal ils se trouvaient.
Un peu plus loin, à la maison du passeur, il situe leur tranchée à 80 m de celle des allemands (ils entendent les officiers allemands donner leurs ordres).
Pour ce qui est du front tenue par un régiment, entre le réglement, les contraintes du combat et du terrain, il est vraiment difficile d'affirmer quoique que soit.
Le texte est bien lisible et il a bien écrit Luzerne.
D'après les informations du musée d'Ypres, les Français ont quelque peu plié sous le choc et ont dû repasser le canal, puisque les Allemands ont même réussi à le traverser en un point.
Steenstraat est sur la rive droite et Bikschote aussi. Lizerne est sur la rive gauche en face de Steenstraat.
Quant au fait qu'il ait écrit Luzerne pour Lizerne, cela montre les soucis de transcription des noms locaux.
Pour la longueur de front tenue, je suis juste à la recherche d'un ordre de grandeur même très vague.
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Pour le front d'un régiment faut compter en gros 1500m voire au maximum 2000 mètres(1000 mètres par bataillon) pour généralement 2 bataillons en avant et 1 en réserve (2ème ligne). En 1915 la tendance est encore d'amasser les hommes en 1ère ligne. On arrive souvent à une densité de près d'un homme au mètre.
Cela explique bien souvent l'ampleur pertes.
Pour le gag et selon mon dictionnaire (bien connu ...), les communes avoisinantes de Boesinghe (orthographe d'époque) et de Zuydschoote ont chacunes une dépendance dénommée LIZERNE ...!!!
1) Boesinghe (2224 habitants / 1773 ha) comporte les hameaux et dépendances suivants:
- Pilckem, Les Ecluses, Bourg, Pont, Kooi, A la Campagne, Moortelje, Sas et ... Lizerne ;
2) Zuydschoote (559 habitants / 424 ha) comporte les hameaux et dépendances suivants:
- Bourg, Steenstraete, A la Campagne et ... Lizerne ;
> certains hameaux et dépendances seraient-ils communs ...?!? (c'est à devenir fou!)
> une bonne carte topographique du front serait la bienvenue ...
Une bonne carte topographique, même moderne; voilà ce après quoi nous courons !
Hélas, il n'y a pas encore en Belgique d'équivalent du Géoportail...
Par contre, le Géoportail français permet de visualiser, non au maximum de détail toutefois, un petit bout de Belgique. A le voir, je pense que votre hypothèse est bonne : certains lieux-dits sont ou du moins étaient communs ou à cheval sur les limites de communes.
Voici en effet la carte du secteur concerné :
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Il y a peut-ëtre un élément de réponse dans le passage du 5 au 9 Novembre
"Le 5, départ sous les obus pendant 5 Km, couchons à Loo, départ dans la nuit et passons à zuischootte, prenons position en deuxième ligne, le soir nous passons la nuit dans des abrits couverts de pailles et quelques branches, plein d'eau, nous restons accroupis toute la nuit car les balles arrivent jusqu'à nous.
Le 9, sommes en tranchées . . . / . . ."
Ils sont restés sur place du 5 au 9 avant de partir pour Lizerne. Ils étaient alors en seconde ligne et sont passés en première ligne le 10.
Le Lizerne cité pourrait être celui de Zuydschoote.
Re: Carnet 162° RI de Verdun (Août 14 - Juillet 1915)
Re: Carnet 162° RI de Verdun (Août 14 - Juillet 1915)
