perplexité??????

[boivin]

Bonsoir à tous,
je viens de tout relire et je suis tombé sur ça...
"JE N'AI JAMAIS FAIT PLUS QUE SIX ET ENCORE SANS LE MAS 36. les 120 pas/minute pour moi.... pas possible mais avec la panique ....? "

Je me dois de vous rappeler,Monsieur Chanteloube,que le 120 pas minute est une vitesse de défilé..comme le 80 pas de la Légion..baser de hautes études historiques sur une vitesse de défilé est à mon avis un petit peu aléatoire.Ce qui peut rendre le reste de vos études lui aussi un peu aléatoire.Loin de moi l'idée et l'intention de les remettre en cause,je n'ai pas le niveau requis pour ça.
Pour votre information,un soldat chargé à 20 et jusqu'à 25 kgs peut faire ces 8 km en environ 45 minutes..si le terrain est favorable et si il est correctement formé physiquement....et surtout si il est bon. Par contre,je ne connais pas le facteur accélérant résultant de la trouille......

[Ben El Mehli]

Bonjour à tous.
Quand je faisais mon service militaire , il existait la " marche commando "; il fallait parcourir 8 km en tenue de combat avec casque, arme ( environ 4 kg ) et sac bergame chargé à 6-8 kg ( je ne me souviens plus au juste ) en moins d'une heure; les meilleurs ( jeunes gens de 20 ans en pleine forme physique et entraînés ) y parvenaient en une quarantaine de minutes, et ils couraient durant tout le trajet; je ne crois pas qu'avec la tenue de l'époque, de plus chargé à 20 kilos, la plupart des soldats d'août 14 soit capable de parcourir ces 8 km en moins d'une heure.
A bientôt;
Boutros Ben El Mehli

[stcypre]

Bonjour,
C'est lors de ces marches que je me suis rendu compte que les petits étaient plus performants que les grands... Vérifié lors des stages commandos... avec les différents parcours...
Mais bon j'avais vingt ans et toutes mes dents...
CDL
J.Claude

[p Lamy]

Bonjour,
pour ce qui est des vitesses de marche, n'oublions pas :
- la chaleur présente ce 20 août 1914, très pénible en Lorraine, comme le fait remarquer Uschen, imaginez la avec la capote et le pantalon en drap des soldats français !
- le poids du barda du piou-piou
- le manque de ravitaillement de ces mêmes soldats
- l'artillerie allemande qui a tué sans que les Français voient leur ennemi
- et pour certaines unités, la marche de 30 à 50 km la veille ou l'avant-veille pour rejoindre ce secteur du front, à cette époque tout les déplacements d'arrière-front se faisaient à pied
- enfin, les soldats participant à ces combats ont eu une nuit très courte car déjà en alerte en pleine nuit.

J'ai l'exemple d'un soldat du 146e de Toul, lesquels sont partis à pied de Toul vers ce secteur pour assurer la "couverture"
Je vous en passerai plus tard un récit, avec la façon dont ils ont retraité, bloqués par des" fils de ronce" qui limitaient les pâtures.

Dommage que le sujet parte en polémique, il aurait tant à dire de cette période méconnue.

Bien cordialement.
P. Lamy

[chanteloube]

Bonjour,

Si le sujet remonte..... voyons un peu.......

est-il correct de penser que même "aidés par une intense panique" des soldats puissent en terrain agité faire plus de 8 km en une heure?

Au revoir.
CC

[IM Louis Jean]

Bonjour à toutes et à tous,

<< à 10h30 les éléments du 55e, qui tenaient alors fortement le front 254-Guebestroff, se reporte en ordre et par ordre sur Kerprich. C'est au moment où ce mouvement commençait que se produisit un fait déplorable. Une fusillade plus intense encore éclata dans la forêt et en même temps une nuée d'hommes presque tous sans sac et sans fusil suivis bientôt d'autres ayant encore leurs armes et leurs équipements dévalaient de la forêt et se dirigeaient à toute vitesse sur Kerprich... >>
source 1914, 20 août, panique dans la forêt. par Maurice Mistre.

Selon le JMO du 55e RI, il occupe le 20 au matin les positions de la veille. Le 19, le régiment avait pris pour objectif une ferme située << entre la voie ferrée Dieuze-Vergaville et la corne nord-est d'un bois >> << le 3ème bataillon progresse jusqu'à la hauteur sud-ouest de Ghebling >>. Malheureusement, les diverses positions données par le JMO et les témoins sont assez contradictoires.

Une méprise est vraisemblablement à l'origine de cette panique. Le 55e RI et le 173e RI se sont rencontrés dans la forêt et, se croyant seuls devant l'ennemi, ont ouvert un feu fratricide.

Cordialement
Étienne

[chanteloube]

Bonjour Etienne,

Cette affaire bien connue est mal "sourcée", bien qu'évoquée dans d'autres JMO que celui du 55 °.
Mistre va un peu vite en besogne et commet l'erreur de ne pas vraiment croiser ses sources.
Il faudrait aussi comprendre les raisons d'une telle pagaille.

A bientôt

[p Lamy]

Bonjour,
voici du côté de Delme (bataille Morhange-Delme) à Frémery.
"20août 1914 réveil à 3h 1/2. Dès 4 h nous voyons qu'il va faire chaud aujourd'hui"....

A 5 heures du matin, les différents bataillons prennent position près d'un bois à 1.500 m du village et dans le village de Frémery et alentour.

"Nous prenons position le long du cimetière, laissant la première section dans le village."
"A 6 heures deux aéroplanes survolent le village au-dessus de nous....(le bombardement suit 1/2 h après) Pendant une heure, nous avons reçu plus de 300 obus. Nous avons bien derrière nous 3 batteries du 39e mais à peine en position elles doivent changer de lieu et elles ne peuvent répondre aux nombreuses batteries allemandes. La fusillade est terrible de tous côtés, bientôt arrivent de nombreux blessés. Il est 9h 1/2 et nos premières lignes ne peuvent plus tenir devant la masse qui avance et se replient jusqu'au village...."

"Le cimetière est pris, nous sommes forcés de battre en retraite. Heureusement pour nous, les avoines ne sont pas coupées car nous devons faire au moins 500mètres en rampant pour gagner la première crête que nous passons. Les balles sifflent de tous côtés et sur nous l'artillerie fait rage."

...
Nous retraversons Oron où les obus tombent sans arrêt....Il fait très chaud. Le terrain est constitué de prés entourés de fils de ronce. Nombreux sont ceux qui n'en peuvent plus et laissent leur sac."
"Après Oron...nous repassons un ruisseau (la Nied) avec de l'eau jusqu'au ventre. De tous côtés errent des soldats isolés er des blessés....C'est le désarroi complet..Les obus tombent au milieu des chevaux qui vont chercher des pièces ou des caissons de ravitaillement en obus. Et nous avons toujours au-dessus de nous plusieurs avions allemands."
"A midi nous entrons sous bois et reformons le régiment. Nous nous retrouvons à peine à quatre cents! des compagnies du premier bataillon sont revenues à dix ou douze hommes".

L'action a été très brève et très violente.

"...A 10 heures du soir nouvel ordre de repli. Le génie allume de grands feux derrière nous pour détourner les Allemands. La marche est très lente, à chaque arrêt tout le monde se couche sur la route et en moins de 5 minutes nous dormons tous..."

Carnets de Henri Husson originaire de Blainville sur l'Eau (Meurthe et Moselle), classe 1913, 146e RI de Toul

Petit témoignage pour éclairer par le bas les événements du 20 août près de Delme.

Bien cordialement.
P. Lamy