Re: Le réveil des morts de R Dorgelès
Publié : lun. août 08, 2016 1:31 pm
Bonjour à tous,
ces derniers jours j'ai eu l'occasion de lire un roman intitulé "Le réveil des morts", de R Dorgelès, qui, à travers l'histoire d'un architecte chargé de la reconstruction des villages détruits par la guerre, aborde des sujets que je n'ai pas retrouvés dans les nombreux autres livres sur la grande Guerre.
Après avoir relaté les conditions difficiles de logement et d'approvisionnement des habitants revenus dans leurs villages détruits, l'auteur nous parle abondamment des "Chinois" chargés de déterrer et rassembler les corps des soldats inhumés durant le conflit.
Etaient-ce des Chinois ou des Indochinois provenant des nos colonies d'Extrême-Orient. Je me rappelle d'un panneau d'information près des nécropoles et de la chapelle de Cerny mais j'ai oublié ce détail.
Cette partie du livre laisse des doutes importants sur l'identification des corps qui reposent dans les tombes de nos nécropoles actuelles.
L'auteur relate ensuite les tractations et luttes d'influence liées à la reconstruction. Mais ces trafics sont devenus tellement banals de nos jours .......
Et enfin, je n'avais jamais lu les détails liés au transfert des corps des soldats de leur tombe provisoire jusqu'à la nécropole que nous connaissons aujourd'hui. Même romancé, c'est assez édifiant:
-le travail était fait par d'anciens soldats, des hommes d'affaires, des marchands de papier des charbonniers, des marbriers...Il faut manger, hein?
-quand l'officier de surveillance n'était pas là "le travail ne traînait guère", "on n'ouvrait les fosses qu'à moitié, tirant les corps comme on pouvait, et, au lieu de perdre son temps à rechercher des médailles et papiers dans cette putréfaction, on mettait vite les corps en bière et l'on inscrivait: soldat inconnus".
L'entrepreneur payait "six francs pour ouvrir une fosse, dix francs pour ouvrir une nouvelle, ajoutez quatre francs pour l'exhumation, le chef de chantier et les camions, tout le reste est du bénéfice, plus de trente francs par corps. Si nous en déterrons vingt-cinq mille dans le secteur, vous pouvez compter....Rien qu'avec les quarante cadavres réglementaires, chaque équipe rapporte plus de mille francs par jours".
D'autres détails macabres sont donnés comme les souliers, et les pieds qui s'y trouvent, que l'on laisse sur place lors des exhumations car trop lourds à transporter.
Le récit se déroule à Crécy, à l'ouest du Chemin des Dames et à une quinzaine de km au nord de Soisson.
Je ne sais pas si d'autres auteurs font mention de ces détails et l'importance que l'on peut accorder aux faits relatés dans ce roman. Mais Dorgelès donne ici des précisions, et des tarifs, qu'il me parait difficile d'imaginer.
J'espère que des amis forumeurs pourrons m'apporter plus de précisions sur ce "marché de la mort".
Bonne semaine ensoleillée.
Kénavo.
Louis.
ces derniers jours j'ai eu l'occasion de lire un roman intitulé "Le réveil des morts", de R Dorgelès, qui, à travers l'histoire d'un architecte chargé de la reconstruction des villages détruits par la guerre, aborde des sujets que je n'ai pas retrouvés dans les nombreux autres livres sur la grande Guerre.
Après avoir relaté les conditions difficiles de logement et d'approvisionnement des habitants revenus dans leurs villages détruits, l'auteur nous parle abondamment des "Chinois" chargés de déterrer et rassembler les corps des soldats inhumés durant le conflit.
Etaient-ce des Chinois ou des Indochinois provenant des nos colonies d'Extrême-Orient. Je me rappelle d'un panneau d'information près des nécropoles et de la chapelle de Cerny mais j'ai oublié ce détail.
Cette partie du livre laisse des doutes importants sur l'identification des corps qui reposent dans les tombes de nos nécropoles actuelles.
L'auteur relate ensuite les tractations et luttes d'influence liées à la reconstruction. Mais ces trafics sont devenus tellement banals de nos jours .......
Et enfin, je n'avais jamais lu les détails liés au transfert des corps des soldats de leur tombe provisoire jusqu'à la nécropole que nous connaissons aujourd'hui. Même romancé, c'est assez édifiant:
-le travail était fait par d'anciens soldats, des hommes d'affaires, des marchands de papier des charbonniers, des marbriers...Il faut manger, hein?
-quand l'officier de surveillance n'était pas là "le travail ne traînait guère", "on n'ouvrait les fosses qu'à moitié, tirant les corps comme on pouvait, et, au lieu de perdre son temps à rechercher des médailles et papiers dans cette putréfaction, on mettait vite les corps en bière et l'on inscrivait: soldat inconnus".
L'entrepreneur payait "six francs pour ouvrir une fosse, dix francs pour ouvrir une nouvelle, ajoutez quatre francs pour l'exhumation, le chef de chantier et les camions, tout le reste est du bénéfice, plus de trente francs par corps. Si nous en déterrons vingt-cinq mille dans le secteur, vous pouvez compter....Rien qu'avec les quarante cadavres réglementaires, chaque équipe rapporte plus de mille francs par jours".
D'autres détails macabres sont donnés comme les souliers, et les pieds qui s'y trouvent, que l'on laisse sur place lors des exhumations car trop lourds à transporter.
Le récit se déroule à Crécy, à l'ouest du Chemin des Dames et à une quinzaine de km au nord de Soisson.
Je ne sais pas si d'autres auteurs font mention de ces détails et l'importance que l'on peut accorder aux faits relatés dans ce roman. Mais Dorgelès donne ici des précisions, et des tarifs, qu'il me parait difficile d'imaginer.
J'espère que des amis forumeurs pourrons m'apporter plus de précisions sur ce "marché de la mort".
Bonne semaine ensoleillée.
Kénavo.
Louis.