Re: Nonante... nonante neuvième anniversaire...
Publié : sam. sept. 07, 2013 4:28 pm
Bonjour,
Histoire de ne pas préparer "le centenaire" , célébrons le 99e... par un petit texte que j'avais fait pour ... le 90e ! Comme le temps passe... dirait Robert Brasillach...
POUR UN NONANTIÈME ANNIVERSAIRE
De village en village, en relai de clocher
En clocher, tout à coup, les bronzes ricochés !
A cette heure ce n'est ni Messe ni Salut
Et trop tôt ou trop tard pour dire l'Angélus...
Quel incendie s'annonce aux pailles de la Plaine ?
Aux vignes des coteaux ? Aux forêts sur la crête ?
Pour quel feu, vaste tant, qu'on sonne ainsi l'alarme,
Depuis la ville grande au plus petit écart ?
Voici le Grand Troupeau, moutons qu'on tond de laine !
On parque les chevaux; aussi: les jeunes hommes.
Sonnent le fer-sabot et le cliquetis d'armes !
Etrange, tout ce bruit, quel orage s'apprête ?
Le ciel même paraît prendre un accent de cuivre...
-Bague de feu, déjà, de l'Alsace à la Somme ?
Les garçons chantent fort. -Refrains au goût de vin !
Mais qui a jamais pu sans fin se garder ivre ?...-
Où s'en vont-ils ainsi? -Ils vont "faire l'Histoire" !
Le grand mot que voilà... Trompettes et pétoires !
Ne casseront-ils donc jamais ces jouets vains ?
Leurs chevaux chantent-ils, qu'on mène à l'abattoir ?
Moi, je suis là, trop vieux, sur le bord du trottoir,
Regardant ces enfants, je ne vois que les femmes
Qui pleurent; l'inquiétude en leurs yeux hagards
Se répand, elle aussi, avec sa triste flamme
Mouillée. – Ô tendres yeux, où toujours tant il plut !-
Elles savent trop bien, elles savent toujours:
CELA n'est jamais court ! La Mort est prompte plus
Que la guerre la plus courte... Il suffit bien d'un jour
Pour massacrer un peuple, en faire une hécatombe !
La Faucheuse a tôt fait ses Grands Jardins de tombes...
C'est l'Été, et pourtant, mes yeux sont pleins de brume:
Où est l'horizon clair de ma belle Champagne ?
Voici le gris brouillard qui monte en nos vergers.
Tous mes champs de regard, je les vois submergés,
Trombe épouvantable sur ma blonde campagne !
J'y sens, à lève-cœur, l'odeur des grands charniers...
J'en vacille debout. Vais-je perdre mon sens ?
C'est ma tête entière, à présent qui s'embrume !
J'ai la mémoire en peine, autant que l'espérance:
-Que dit la page au jour, sur le calendrier ?
-C'est: Dimanche 2 Août de 1914...
Bien à vous,
[:achache:1]
Histoire de ne pas préparer "le centenaire" , célébrons le 99e... par un petit texte que j'avais fait pour ... le 90e ! Comme le temps passe... dirait Robert Brasillach...
POUR UN NONANTIÈME ANNIVERSAIRE
De village en village, en relai de clocher
En clocher, tout à coup, les bronzes ricochés !
A cette heure ce n'est ni Messe ni Salut
Et trop tôt ou trop tard pour dire l'Angélus...
Quel incendie s'annonce aux pailles de la Plaine ?
Aux vignes des coteaux ? Aux forêts sur la crête ?
Pour quel feu, vaste tant, qu'on sonne ainsi l'alarme,
Depuis la ville grande au plus petit écart ?
Voici le Grand Troupeau, moutons qu'on tond de laine !
On parque les chevaux; aussi: les jeunes hommes.
Sonnent le fer-sabot et le cliquetis d'armes !
Etrange, tout ce bruit, quel orage s'apprête ?
Le ciel même paraît prendre un accent de cuivre...
-Bague de feu, déjà, de l'Alsace à la Somme ?
Les garçons chantent fort. -Refrains au goût de vin !
Mais qui a jamais pu sans fin se garder ivre ?...-
Où s'en vont-ils ainsi? -Ils vont "faire l'Histoire" !
Le grand mot que voilà... Trompettes et pétoires !
Ne casseront-ils donc jamais ces jouets vains ?
Leurs chevaux chantent-ils, qu'on mène à l'abattoir ?
Moi, je suis là, trop vieux, sur le bord du trottoir,
Regardant ces enfants, je ne vois que les femmes
Qui pleurent; l'inquiétude en leurs yeux hagards
Se répand, elle aussi, avec sa triste flamme
Mouillée. – Ô tendres yeux, où toujours tant il plut !-
Elles savent trop bien, elles savent toujours:
CELA n'est jamais court ! La Mort est prompte plus
Que la guerre la plus courte... Il suffit bien d'un jour
Pour massacrer un peuple, en faire une hécatombe !
La Faucheuse a tôt fait ses Grands Jardins de tombes...
C'est l'Été, et pourtant, mes yeux sont pleins de brume:
Où est l'horizon clair de ma belle Champagne ?
Voici le gris brouillard qui monte en nos vergers.
Tous mes champs de regard, je les vois submergés,
Trombe épouvantable sur ma blonde campagne !
J'y sens, à lève-cœur, l'odeur des grands charniers...
J'en vacille debout. Vais-je perdre mon sens ?
C'est ma tête entière, à présent qui s'embrume !
J'ai la mémoire en peine, autant que l'espérance:
-Que dit la page au jour, sur le calendrier ?
-C'est: Dimanche 2 Août de 1914...
Bien à vous,
[:achache:1]