Les supports de représentations dansées durant la guerre
Le principe de la photographie, reproduisant une image dans une chambre obscure (camera obscura) par un trou minuscule laissant entrer la lumière (sténopé) est connu dès l'antiquité. Il faudra attendre le XIXème siècle et Joseph Nicéphore Niépce pour réussir à fixer de façon durable, cette image sur un support.
Les progrès techniques de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle suivent trois directions :
- La simplification de l'utilisation des appareils, grâce à l'invention d'appareils de plus en plus légers, de moins en moins coûteux et de préparations stables évitant les manipulations chimiques.
Pour plus de détail consulter l'article suivant sur Wikipédia =>
http://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie
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En ce qui concerne les documents trouvés pour cette étude, le film photographique est présent sous forme de:
Un opérateur de la SCA (Section Cinématographique des Armées) sur le théâtre des opérations durant la première Guerre Mondiale.
Lors de la Première Guerre mondiale, on assiste à la fois à une explosion de la production artistique et à la montée en puissance de la photographie : photographie aérienne, photographie instantanée, photographie amateur, vues stéréoscopiques, cartes postales, services photographiques des armées...
Cependant, le matériel est lourd et encombrant et se prête mal au reportage de guerre. Photographes et cinéastes sont des cibles faciles dès qu'ils sortent des tranchées.
Pourtant, le public demande à voir ce qui se passe sur le front. À partir des années 1914-1916, la photographie devient majoritaire dans les magazines :
« Ce fut au contraire un véritable âge d’or pour les magazines, qui permirent de « voir » la guerre, une guerre sans cadavre français, où les ruines attestaient de la barbarie allemande. Cette vision de propagande fit beaucoup pour le succès du Miroir, de L’Illustration qui parvint à tirer 300 000 exemplaires en 1915, de J’ai Vu, fondé par Pierre Lafitte en juillet 1914, et qui dura jusqu’à juin 1920, ainsi que d’autres titres lancés pour « raconter » la guerre : Pays de France, Sur le vif, La Guerre aérienne, Le Flambeau. »
Source: Gilles Feyel , « Naissance, constitution progressive et épanouissement d'un genre de presse aux limites floues : le magazine », Réseaux, 2001/1 n°105.
Le Miroir lance un appel aux amateurs et des concours pour retrouver la guerre : Il paiera n’importe quel prix les documents photographiques, relatifs à la guerre, présentant un intérêt particulier. En mars 1915, il lance le concours de la plus saisissante photographie de la guerre qui sera récompensée d’un prix de 30 000 francs, somme considérable pour l'époque.
Extrait d'un article de Daniel Salles, intitulé "Photographier la guerre" paru sur le site de la
Bnf, à lire en entier ici =>
http://expositions.bnf.fr/presse/arret/10.htm
L'apparition de l'appareil de poche mis au point par Kodak va révolutionner la prise de vue photographique. Léger, précis, facilement réglable, peu encombrant, beaucoup de soldats réaliseront eux-mêmes leurs clichés.
Cependant, dans ce contexte, les photographies montrant des danses sont assez rares. Les danseurs y posent souvent. Les temps de pose permettent difficilement de prendre le sujet "sur le vif". Il s'agit souvent de clichés destinés à servir de support pour des articles paraissant dans la presse. Leur but est de montrer que le moral des troupes est bon ou de montrer des scènes "exotiques" (danses russes au Camp de Mailly-le-camp (10)- Aube le 01 avril 1916 / danseur sud-africains sur les plages de Dannes (62) - 24 juin 1917 / contingent Maoris effectuant un "Haka" à Bois-de-Warnimont (80), France, le 30 Juin 1918) cf le chapitre consacré aux "Danses de guerre (haka, danse des épées, danses guerrières").
Les films de cette époque sont muets. Là aussi, le matériel est lourd et encombrant et se prête peu au reportage de guerre. La prise de vue en première ligne est pratiquement impossible. Aussi, il arrive fréquemment que l'on utilise les décors de seconde ligne pour reconstituer, après coup, des simulacres de batailles ou de faits d'arme qui seront ensuite passés aux actualités dans les cinémas. D'autres sujets militaires, moins dangereux pour les cameramen sont aussi filmés : déplacement de prisonniers, vie dans les camps, déplacement de troupes, distractions militaires, entraînements, revue de troupes, etc.
Parmi les documents trouvés, concernant des
pratiques de danses citons ceux-ci:
- - Prisonniers russes dans un camp autrichien (Feldbach) - Extrait d'un film de propagande intitulé "Kriegsgefangenenlager und Betriebe der Bauleitung Feldbach" (trad. Camp de prisonniers de guerre et entreprises de la direction des travaux Feldbach ) - Film muet - Sous titres en allemand - année 1915 - durée:30'24"
A voir ici : =>
http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... Cw0w1.dpuf
Le passage montrant les soldats russes qui dansent se situe à 13' 10" du film.
Source : Film Archiv Austria
- - Extrait d'un film français muet de 8'09" intitulé à tort "Tirailleurs Algériens". Il s’agit, malgré le titre du film, du 4e régiment de tirailleurs marocains originaires de l'Amalat d’Oujda.
Vous pouvez visionner le film ici : =>
http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... tyPhoto/0/
(Source ECPAD -Copyrights: Free Access - Rights Reserved)
à 4'30" du film une séquence intitulée "Réjouissances en usage chez les tirailleurs" montre des danses symboliques et des danses d'adresse.
- l'
homme-cheval (1'30" ): un thème que l'on retrouve dans de nombreux pays, la confrontation dansée et symbolique entre un homme à pied et un autre déguisé en cheval ou un cavalier.
- une
danse des fusils (1'20" ), à mi-chemin entre la danse et l'exercice d'adresse du maniement d'un fusil mais que j'ai quand même qualifié de "danse", vue la grande dextérité des danseurs et le caractère incontestablement artistique de l'exercice.
- - Tirailleurs sénégalais à Bourbach-Le-Haut - Haut-Rhin (68) Alsace - France Avril-Mai 1918
Légende: Le 44ème Bataillon de tirailleurs sénégalais danse dans son cantonnement à Bourbach-Le-Haut - Haut-Rhin (68) Alsace - France Avril-Mai 1918
Cette photo est extraite du film "
Les tirailleurs sénégalais en Alsace" film français muet de 1918 d'une durée de 15'40" et qui relate la vie des soldats dans ce cantonnement.
Vous pouvez le visionner ici : =>
http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... rettyPhoto
Source ECPAD -Copyrights: Free Access - Rights Reserved
La séquence de danse commence à 8'02" du film et se poursuit jusqu'à 11'13". Il s'agit de l'une des plus longues séquences cinématographiques sur ce thème que j'ai pu trouver pour cette époque. Bien que le film soit muet, on peut voir 2 fifres qui accompagnent les danseurs, ainsi que de nombreux spectateurs qui les encouragent en tapant le rythme dans leurs mains. La danse très animée semble laisser une grande part à l'improvisation.
- - Un film noir et blanc, muet, non daté, intitulé "New Zealand Maoris 'Haka' for deserving charity" d'une durée de 0'26" montre un groupe de Maoris en costume traditionnel effectuant cette danse pour les actualités Pathé.
A visionner ici =>
www.britishpathe.com/video/new-zealand- ... ng-charity
Réf. film id 1902.42
Commentaire: La scène semble se passer en hiver (arbres dénudés-vapeur de la respiration des danseurs) dans un paysage qui pourrait être celui de la Picardie ou du Nord de la France.
- - Démonstration d'un "Khattak", danse du sabre rituelle, dans un film d'actualité intitulé " With the Indians troops at the front. - Part I (Au front avec les troupes Indiennes - Partie I) - Sortie officielle 17 janvier 1916
A visionner ici =>
http://film.iwmcollections.org.uk/record/index/45134
Source:Impérial War Museun IWM 202-1
Film muet noir et blanc de 14'50", montrant les unités de l'ancien Corps indien, juste après sa dissolution, à l'arrière du front, avant leur départ de la France, novembre et décembre 1915.
A 2'30" du film, on peut voir la scène de la
danse du sabre (0'50").
- - Un film réalisé par Pathé UK dans un hôpital de Londres spécialisé pour les soldats blessés aux yeux, montrent quelques soldats assez valides pour danser avec le personnel féminin. Il s'agit de danses récréatives ou de fêtes organisées pour différentes circonstances.
Copyright: Cinéma Pathé British Source
http://www.britishpathe.com/workspaces/ ... collection puis effectuer une recherche avec "dance" et réduire les curseurs sur la période 1914-1918.
Le film se nomme "
A Day With Blinded Soldiers At St. Dunstan's (1914-1918)" (une journée avec les soldats aveugles à St Dunstan)
- - Une séquence intitulée "Le violoniste aveugle" montre une scène similaire dans ce film 35 mm en anglais intitulé: "TOPICAL BUDGET 248-2 [Main Title]" produit le 27 mai 1916. Durée 4' 42"
http://www.iwm.org.uk/collections/item/ ... ropeanaapi
© IWM (NTB 248-2)
La séquence des danseurs commence à 2'11" du film et dure 1 mn30s.
- - Sur ce document de British Pathe Cinema UK , une courte séquence montre des marins dansant entre eux. La qualité de l'image n'est pas très bonne.
http://www.britishpathe.com/video/sailo ... y/wildcard
Source : British Pathé Ref: 2462.06
la séquence commence à 0'20" du film et dure 17 secondes.
- - Sur cet autre film, toujours de British Pathé, ce sont des marins prisonniers qui dansent. Ils sont accompagnés par un accordéon et un concertina. Le lieu et la date ne sont pas précisés.
http://www.britishpathe.com/video/inter ... y/wildcard
Source : British Pathé Ref: 2326.07
Est-ce que quelqu'un pourrait identifier la nationalité de ces marins?
- - Le film suivant, intitulé "Home from Durance Vile" traite du retour des prisonniers de guerre britanniques. A 2'30" du film, un couple de soldats danse au son d'un joueur d'harmonica. La danse semble être un one-step (à confirmer).
http://www.britishpathe.com/video/home- ... POWs+dance
Source : British Pathé Ref: 1908.46
- - Sur ce film muet de 0'45", intitulé "United States soldiers and sailors ride a boat, dance and talk with Mr Solly Joel at Maidenhead" produit par les studios Gaumont, on peut voir la danse de marins et de soldats US, filmée en 1918 en Angleterre, sur un bateau, sur ce qui semble être un fleuve.
https://www.youtube.com/watch?v=HU-EdiizlHM
Source :Criticalpast
La notice du film explique que "
Les soldats US et les marins US sur le départ, durant la première guerre mondiale, sont encouragés par Mr Solomon (Solly) Barnato Joel à Maidenhead, en Angleterre. Soldats US et marins US de la Navy sont sur un bateau de croisière. Ils dansent par deux et discutent avec M. Joel. Les soldats et les marins sur le bateau posent en groupe et applaudissent."
Merci à
I.M Louis Jean qui m'a signalé ce film.
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