Bonsoir,
Pour rompre votre monologue...
J.M.O. du 74e R.I. - 25 décembre 1914.
Dans la matinée, un certain nombre d'allemands sont sortis de leurs tranchées sans arme et en levant les bras. Quelques-uns d'entre aux portaient des petits sapins comme arbre de Noël. Quelques-uns de nos hommes, voyant cela, sont également sortis de leurs tranchées.
Dans le même secteur (le long de la route 44, au nord immédiat de Reimns), un peu plus au sud, devant le 274e R.I., Mercel Dupont[Béchu], du 7e chasseurs, note ["en campagne", Plon], dans la nuit du 24 au 25 :
- Eh bien, les voilà qui illuminent maintenant.
Je saute sur la banquette en terre. Effectivement, en trois endroits différents, loin de nous, des lumières brillent. En regardant attentivement, je devine le motif de cet éclairage tout à fait inusité en arrière des tranchées. Ce sont d'immenses sapins amenés là-bas à la faveur de la nuit et qui sont illuminés merveil-leusement. A la jumelle je les distingue parfaitement, je distingue même des ombres qui s'agitent en dan-sant tout autour. Des murmures de voix, des cris de joie lointains arrivent jusqu'à nous. Comme tout cela est bien prévu et agencé ! Ils ont poussé le raffinement jusqu'à amener l'éclairage électrique dans les branches de leurs arbres de Noël, afin d'éviter que nos artilleurs s'en servent comme d'un facile point de mire. En effet, de temps à autre, brusquement, toutes les lumières du même sapin s'éteignent et ne se rallument que quelques minutes après.
Du côté des allemands, dans le même secteur toujours, il est également question de sapins :
En décembre 1914, le 78e est en secteur en avant de Courcy, face aux hauteurs de Saint-Thierry. L’auteur de l’historique relate, le jour de Noël, un incident d’un genre tout particulier survenu sur le front du régiment voisin, le 15e d’infanterie de réserve.
Au cours de la matinée – « une belle et claire matinée d’hiver » – un soldat allemand, porteur d’une branche de sapin enrubannée, sort de la tranchée et tend cet « arbre de Noël » aux fantassins française postés en face. Un « poilu » [dans le texte] courageux – sinon discipliné, ajouterons-nous – vient au devant de lui, accepte le présent, serre la main de son adversaire auquel, pour ne pas être en reste, il offre une rasade de son bidon.
Toujours du côté des allemands, à propos des sapins illuminés :
"Le 23 décembre au soir, on a envoyé de façon inattendue notre 2ème bataillon en première ligne car un ordre du général JOFFRE avait été trouvé cinq jours auparavant, faisant craindre une attaque ennemie pour Noël. Depuis des semaines déjà, un ingénieur de chez nous avait collecté des ampoules de lampes-poche hors d’usage, ainsi qu’une douzaine de piles électriques. Il avait relié entre elles les ampoules et en avait décoré un sapin."
(Source, bulletin de Bretagne 14-18)
Bonne fin de soirée.
Stéphan