Les 3 frères JOBARD

[delmi83]

Bonjour,

Jeanne JOBARD a échangé de nombreux courriers avec ma grand-mère durant la guerre de 14, je vous livre ici quelques extraits où elle parle de ses trois frères. Elle avait également une soeur, Marguerite, et vivait sur Paris. Voici le témoignage qu'elle nous laisse, de savoir ses trois frères sur le front ou presque, c'est parfois poignant. A consulter MDH, il ne semblerait pas qu'un JOBARD soit décédé durant cette guerre. Peut-être avez-vous croisé l'un ou l'autre au travers de vos recherches... Je lui laisse maintenant la parole :

28 sept 14 : Vous verrez que mon frère prêtre n’est pas bien malheureux quoique très fatigué et assez exposé car il ramasse les blessés sur les champs de bataille. Mon frère aîné est à Dijon, il est en sûreté mais il a beaucoup à faire car il est dans un hôpital; il assiste à des opérations affreuses et voit beaucoup de misères. C’est dans cet hôpital que mes sœurs aînées ont le bonheur d’aller chaque jour, porter quelque consolation à ces braves soldats. Depuis 3 semaines nous n’avions pas de nouvelles de mon 3ème frère qui est à Langres. Il nous a écrit hier et va bien; pas de détails.

30 sept 14 : Mes 3 frères vont assez bien. Ils sont très fatigués mais dorment (sur le foin) et mangent assez bien. Quant à l’eau, elle est très difficile à trouver de sorte qu’ils n’ont pas beaucoup à boire.

26 nov 14 :Nous avons toujours de bonnes nouvelles de mes frères. L’aîné nous a envoyé sa photo ambulancier. On dirait un charcutier, il est affreux!...

15 dec 14 : Mon frère aîné qui était dans une ambulance à Dijon est maintenant à Langres où il s’apprête à partir au feu. Je vous demande de bien vouloir prier pour lui car il va sur le front, il pourrait bien ne pas revenir. Il n’a pas peur, rien ne le fera reculer et il sera le premier à se mettre à l’avant. Il nous écrivait, avant son départ, qu’il préparait des boîtes et des caisses pour y mettre ses bras, ses jambes ou tout autre membre qui pourrait être coupé. Il était content de partir pour aller zigouiller!!! les Boches (expression d’apache mais textuelle que vous me pardonnerez d’écrire). Mais nous espérons que Dieu nous le ramènera ainsi que mes 2 autres frères. Je ne sais pas si je vous ai dit que mon frère prêtre a failli être tué. Un obus est tombé à côté de lui, qui heureusement n’a pas éclaté. Sans cela, lui toute sa compagnie et les blessés devaient être tués.

13 jan 15 : Mes frères continuent toujours de nous écrire très souvent. L’aîné est au fort de Paigney, près de Langres, où il s’attend bientôt à partir pour le front. Il fait l’exercice, beaucoup de marches, creuse des tranchées. Cela ne l’amuse pas toujours et il a hâte d’être au front. Dans son fort il ne voit pas clair du tout. C’est une cave et pour atteindre son lit il est obligé de monter sur une échelle. Enfin, il ne se plaint pas et pour le moment nous ne craignons pour lui que le froid et l’humidité car il est très délicat. Le prêtre n’est plus à Triconville. Après avoir fait un peu de tous les métiers, brancardier, infirmier, cantonnier, gardien de prison, il est à Commercy où il soigne de pauvres soldats atteints par la fièvre typhoïde. Hier il nous écrivait une lettre dans laquelle il nous dit qu’au dedans de l’ambulance il entend les plaintes, les gémissements et les râles de ces malheureux tandis qu’au dehors il entend le canon gronder et la fusillade crépiter. C’est triste, très triste, et au milieu de toutes ces misères, il n’a même pas la consolation de dire sa messe ou d’y assister car il travaille de 7h du matin à 6h du soir. Dimanche il n’a pas pu aller à l’église et ce sacrifice renouvelé chaque jour est très dur pour lui, prêtre. Quant au 3ème, il est toujours à Langres où il fonde chaque jour de nouveaux hôpitaux. Il paraît qu’il va passer caporal... Bientôt lui aussi va partir pour le front.

4 mai 1915 : Nous avons eu une grande joie de voir un de mes frères hier. Il était brancardier, puis infirmier; maintenant il va reprendre ses fonctions de brancardier et avant de partir sur le front, il a pu obtenir une permission de 24 heures. Jugez de notre joie. Il a vu notre frère aîné à Langres, tout équipé pour partir lui aussi sur le front. Nous n’avons pas de nouvelles de lui depuis 8 jours et nous sommes bien ennuyés car d’habitude il nous écrivait tous les jours. Mon autre frère est toujours à Commercy. Il nous écrit ce matin qu’il va changer aussi et se rapprocher du front... On a tant besoin d’hommes en ce moment! Pourvu qu’ils nous reviennent tous.

17 mai 15 : A quand la fin de la guerre? J’ai grand espoir pour le mois de septembre ou octobre.

8 mai 17 : Notre frère aîné est arrivé dimanche. Jo aurait voulu ajouter sa griffe mais elle est obligée de lui recoudre des boutons, car il est dans un état lamentable.

14 oct 17 : Mon frère aîné qui était en permission vient de partir ce matin. Parrain donne toujours de ses bonnes nouvelles. Quant au troisième, nous sommes bien inquiètes car il a eu le paludisme à Salonique et a été très souffrant. Pendant plus d’un mois nous n’avons pas eu de ses nouvelles et il vient de nous apprendre cela. Sa pauvre femme est désolée. Il doit être hors de danger maintenant mais que de souffrances morales et physiques il a endurées. Il n’a aucune nouvelle de nous depuis le mois de juillet et pourtant nous lui écrivons!

[FAB1]

Bonjour
Il y a un Jobard dans le Livre d'Or du Clergé, peut être celui dont il est question.

Cordialement
FABRICE

[delmi83]

Bonjour Fabrice,

effectivement, cela semblerait coller. Il est prêtre, on parle souvent de Dijon (où il serait né). Il ne reste encore à "raccrcrocher" une généalogie qui permettrait d'en savoir plus.

Bonne journée

Michel

[delmi83]

Et si je ne me trompe pas, voici son acte de naissance :

[FAB1]

Bonjour Michel
L'état civil en ligne de Dijon permet de dire que les 2 autres frères étaient :
Louis Jean Baptiste Pierre né le 12/05/1879 et Jean Louis né le 14/09/1883
Cordialement
FABRICE

[kerlouhan]

Bonsoir ,
le site est tellement vaste ,mais s'il y avait une suite a cette épopé.....
je ne suis qu'un petit apprenti de l'Histoire
Philippe