Lettre du Capitaine Picard

lemezenc
Messages : 1
Inscription : lun. janv. 05, 2015 1:00 am

Re: Lettre du Capitaine Picard

Message par lemezenc »

Voici la lettre que le capitaine Pierre Picard, mon grand-père, a adressé à son épouse le 7 novembre 1918.
Si quelqu'un pouvait me renseigner sur l'arme dans laquelle il était, ses décorations et peut-être une photo, d'avance je vous remercie; je suis preneuse..

Pierre Picard

Et la guerre de 1914/18
Lettre du 7 novembre 1918 à Geneviève son épouse.

Une lettre datée du 7 novembre 1918, envoyée d’Homblières (Aisne) à sa femme, pourrait constituer un témoignage historique important :


…. Nous avons changé de PC. Aujourd’hui, et depuis 11 heures, avons été dans l’attente d’un spectacle historique :
Un village aux trois quarts démoli et incendié. Quelques maisons retapées avec du carton bitumé où se trouve terré depuis ce matin mon Etat Major.
Une rue du village boueuse, un va et vient d’officiers en très petite tenue, un peu bigarrée, de plantons, de travailleurs, de prisonniers barbus. Une petite maison, avec le fanion du Général commandant l’armée, une église en ruines entourée de grillages de quatre mètres de haut, ayant servi à enfermer des prisonniers français.
En face l’église, le presbytère, humble maisonnette, précédée d’un petit jardin de curé, et se composant de quatre pièces au rez-de-chaussée.
Un lieutenant d’Etat Major s’illisible à tranporter là dedans quelques vieux meubles de campagne tout branlants, tables boiteuses, lits en bois de paysans ou lits en pin avec paillasse. Des ordonnances posent sur des bois, cuvettes en étain, pots de chambres cabossés ; on allume en hâte dans la pièce principale un poêle qui fume.

Dans cette humble maison vont arriver dans quelques heures en auto, les généraux et amiraux que l’Allemagne vaincue a chargé de venir demander la paix au Maréchal Foch.
Je crains de ne pas les voir, ils ont voulu venir la nuit après la tombée du jour, pour éviter sans doute les curiosités pénibles dans de pareilles circonstances (ajouts : ils arriveront à 1h 30 du matin).

Nous avons trop souffert matériellement et moralement, nos pertes et nos deuils sont trop nombreux, pour que nous puissions nous réjouir bruyamment. Et puis je pense aux Marcellot, à cette pauvre tante qui ne verra pas la victoire, qui la veille du triomphe aura donné sa vie pour défendre celle des soldats.

A bientôt ma chérie



En tant qu’officier de réserve, Pierre fit la guerre de 14/18. Il était cavalier.
Il participa à la bataille du « Chemin des Dames », et en gardait un souvenir très fort, de terribles souffrances, de froid, ainsi que de la mort d’un grand nombre de ses hommes.

Plusieurs fois, il dut monter en ballon dirigeable pour étudier les mouvements et la position de l’armée allemande. Il avait peur. Dans cette situation, il se sentait la cible facile de l’ennemi.
Il resta révolté du massacre des tirailleurs sénégalais montés à l’assaut des crêtes du chemin des Dames, fauchés par les mitrailleuses allemandes, et aussi… par le froid…
1500 sénégalais furent tués… le 16 avril 1917…
Répondre

Revenir à « Récits et témoignages »