Une Bellangeoise francophile

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jacques didier
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Re: Une Bellangeoise francophile

Message par jacques didier »

Bonjour,

S’il est une femme qui fit l’admiration des médecins militaires et du personnel de l’ambulance n°4 de la 39e division installée à Bellange, c’est cette fervente patriote, nourrissant des sentiments à la cause française, Mademoiselle Ernestine About, descendante d’une vieille famille lorraine originaire de Bellange, dont le frère était médecin à Morhange.
Durant les combats des 19 et 20 août 1914 qui se déroulèrent autour de Morhange, elle mit, sans hésitation, les pièces disponibles de sa maison à disposition de la formation sanitaire française qui accueillit les blessés.
Elle se montra admirable de dévouement à prodiguer les soins qu’il fallait dispenser aux blessés paraissant les plus gravement atteints. Elle réconfortera tous ces êtres étendus, se tordant dans la douleur, gémissant et appelant leurs mères ou leurs épouses. Elle assistera les médecins dans leurs interventions, et notamment à l’agonie des deux officiers français gravement atteints, le sous-lieutenant Harang et le capitaine Tavard, en présence l’abbé Thiriot, curé de Dalhain, venu apporter les derniers secours de la religion.
Le 20 août, vers 6 heures du matin, les combats reprenaient avec intensité. L’ennemi progressant, entourait peu à peu le village de Bellange, puis s’emparait de l’ambulance avec une centaine de blessés, du personnel et de tout le matériel.
Dans le journal Saarbrücker Volkszeitung, daté du 9 septembre 1914, on peut lire sous la rubrique le champ de bataille lorrain, un récit bref des événements et le comportement de cette personne qui est restée auprès des blessés français :
Mercredi 19 août, après-midi, les Français s’avançaient jusqu’aux hauteurs de Morhange, mais bientôt étaient repoussés par l’artillerie allemande.
Blessés après blessés étaient maintenant apportés dans les localités du front, Bellange, Dalhain, Château-Salins.Dans la vaste maison de Mademoiselle About, à Bellange, se trouvait une centaine de blessés français et parmi eux plusieurs officiers dont l’un était mourant et des soldats.
La courageuse demoiselle raconte qu’aujourd’hui encore, à chaque pas, elle marche dans les traces profondes de sang qui imprégnèrent sa maison.
Au cours du passage des Allemands, un officier pénétra dans la maison, entra dans la chambre où plusieurs officiers et un capitaine français étaient couchés. Il s’approcha d’eux, leur donna la main et leur dit : « Mes camarades, je regrette de vous voir dans cette situation ». Camarade, ça me fait mal de vous voir.
Dans la magnifique roseraie de Mademoiselle About, il cueillit ensuite la plus belle rose et la fit porter au capitaine blessé.
Un adjudant qui faisait les cent pas avec plusieurs soldats, baïonnette au canon, devant les blessés, s'était étonné, l'air fâché, que seuls des blessés français se trouvaient dans la maison. Mademoiselle About lui fit cette remarque : "Des "Têtes de Français", c'est exact ; si on ne m'apporte pas de blessés allemands, je ne peux pas les soigner. Nous ne faisons aucune différence et ne regardons pas les uniformes. Pour nous, ce sont tous, sans distinction, des frères malheureux.

La France en signe de reconnaissance, a décerné à Mlle Ernestine About, Rentière à Bellange, la Croix de guerre et une citation qui lui sera remise par le général de Maud'huy, gouverneur de metz, en avril 1919.
Citation: Le 19 août 1914, à Bellange, a recueilli dans sa maison nos blessés, leur a prodigué ses soins, distribué ses provisions, se dépouillant de tout pour eux. N'a tremblé ni sous les obus qui atteignent à nouveau dans sa demeure les soldats qu'elle y avait recueillis, ni devant l'ennemi qui réclamait que ses blessés fussent soignés avant les Français.

Cordialement.
J. Didier

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