Bonjour à tous,
Voilà un débat passionnant et fort peu documenté ; je partage le point de vue d’ALVF sans concessions.
Voici quelques remarques.
La nécessité du camouflage s’est exacerbée avec l’apparition de la guerre statique, en opposition à la guerre de mouvement du début de la campagne.
Concernant la baisse de la visibilité de l’uniforme, il semble que cela soit déjà une préoccupation bien avant le conflit. Mais il convient de rappeler, et cette remarque vaut également pour le camouflage des pièces d’artillerie (et autres), que cette volonté se heurtait alors à une impossibilité technique.
En France et avant le conflit, l’essentiel des colorants et des teintures sont de deux origines possibles : naturelle ou synthétique.
Les colorants d’origine naturelle sont peu onéreux, mais leur stabilité est limitée et la gamme des nuances fort peu étendue.
Reste les colorants synthétiques, dont la gamme de couleurs est déjà, elle, très étendue, et la stabilité bien plus grande… et qui ne sont produits qu ‘en Allemagne, ou en France dans des usines allemandes, avec des brevets allemands et du personnel allemand. Ces colorants sont très coûteux, ils ont fait la fortune et la grandeur de l’industrie chimique allemande, devenue la plus importante au monde.
Après le début des hostilités, les usines chimiques allemandes qui produisent des colorants sur le territoire français, seront mises sous séquestre, leurs stocks seront saisis et il sera tenté, souvent en vain, de les remettre en marche. Ces usines servaient essentiellement à transformer des produits de synthèse produits en Allemagne, en produits définitifs (et à contourner les taxes d’importations…).
Devant la faiblesse constatée de l’industrie chimique française et aux vues de la place stratégique de cette industrie dans le nouveau paysage de guerre, un gigantesque programme de mise sur pied de la nouvelle industrie chimique française va être lancé.
Et les premiers débouché de cette industrie en gestation sont déjà tout trouvés ! L’industrie de la chimie organique s’articule autour de plusieurs composés, nécessaires aux précieuses réactions, dont le chlore et le phosgène sous forme liquide. Ils seront bientôt utilisés massivement sous forme de gaz de combat sur le champs de bataille. Et qu’importe s’ils n’apportent pas les succès tactiques attendus, la conquête des marchés de l’après guerre est suffisamment motivante pour faire oublier ces « quelques points de détails »…
Vous trouverez le développement de cette page oubliée de l’histoire de la Première Guerre ici :
http://www.guerredesgaz.fr/Industrie/Industrie.htm
http://www.guerredesgaz.fr/Industrie/In ... ncaise.htm
Bien cordialement