Bonsoir, et bienvenue Marc,
Bonsoir à tous,
• Le Figaro, n° 173, Samedi 22 juin 1918,
p. 3, en rubrique « Gazette des tribunaux ».
« CONSEIL DE GUERRE DE LA 3e RÉGION : Un prisonnier boche assassin.
On télégraphie de Rouen :
L’émotion fut considérable dans la région cauchoise lorsque, le 6 mars dernier, on découvrit, massacrés, un riche fermier et sa femme, M. et Mme Demarest, cultivateurs à Aucretiéville-Saint-Victor. L'assassin était un prisonnier de guerre allemand, Otto Hepp, âgé de vingt-deux ans, employé chez eux comme ouvrier agricole.
Se présentant, le 5 mars, à huit heures du soir, à la ferme, Otto Hepp avait demandé à parler au patron. Sans défiance aucune, celui-ci, qui allait se mettre au lit, était descendu de sa chambre. A peine arrivait-il dans le vestibule que le Boche se jetait sur lui et le tuait d’un coup de serpe. Au bruit de la lutte, Mme Demarest, qui couchait ses deux petits enfants, accourait au secours de son mari. Hepp, en deux coups de son couperet, lui faisait sauter la tête. Puis s’emparant des papiers de M. Demarest, et endossant ses effets, il prenait la fuite, après avoir eu soin de fouiller les armoires où il trouva quelque argent.
Comme on avait trouvé la servante Marie Masse ligotée sur son lit, on crut tout d’abord (pas longtemps) qu’elle aussi avait été victime des mauvais traitements du Boche ; mais bien vite on découvrit la vérité. Courtisée par Otto, dont elle était la maîtresse, Marie Masse s’était prêtée à cette mise en scène, dans le but de dégager sa responsabilité. Inculpée tout d’abord de complicité, elle bénéficia néanmoins d’une ordonnance de non-lieu, sa culpabilité n’ayant pu être démontrée. C’est seulement comme coupable d’avoir favorisé la fuite d'un prisonnier de guerre qu’elle comparaissait hier, vendredi, aux côtés d’Otto Hepp. L’assassin réussit à gagner le front anglais sans être inquiété. Il allait traverser les lignes de nos alliés britanniques, lorsque le 3 avril, les gendarmes lui mirent la main au collet non loin de Mont-Saint-Eloi (Pas-de-Calais). Il était temps ; un peu plus, Otto Hepp rejoignait les tranchées allemandes.
A l'audience, Otto Hepp prétend que M. Demarest lui ayant reproché de courtiser Marie Masse, une querelle s’en est suivie, qui a dégénéré en rixe. Les constatations matérielles démentent cette version. »
• Le Figaro, n° 174, Dimanche 23 juin 1918,
p. 4, en rubrique « Gazette des tribunaux ».
« CONSEIL DE GUERRE DE LA 3e RÉGION : Le prisonnier boche assassin.
Otto Hepp, le prisonnier de guerre allemand, assassin de M. et Mme Demarest, cultivateurs à Aucretiéville-Saint-Victor, dont nous avons annoncé hier la comparution devant le Conseil de guerre de Rouen, a été condamné à la dégradation militaire et à la peine de mort.
La servante Marie Masse, reconnue coupable d'avoir favorisé la fuite du criminel, est condamnée à dix ans de travaux forcés. »
• Le Petit Parisien – éd. de Paris –, n° 15.111, Dimanche 23 juin 1918,
p. 3, en rubrique « Chronique judiciaire ».
« PRISONNIER ALLEMAND ASSASSIN CONDAMNÉ A MORT.
Le conseil de guerre a condamné à la peine de mort Otto Hopp (sic), prisonnier allemand qui, le 5 mars, tua coups de serpe les époux Desmarets, chez qui il travaillait, à Ancretiéville-Saint-Victor. La bonne des victimes, Marie Masse, poursuivie pour complicité de vol et pour avoir facilité l’évasion de l’assassin, a été condamnée à dix ans de travaux forcés. »
• La Croix, n° 10.829, Dimanche 23, Lundi 24 juin 1918,
p. 4, en rubrique « Dernières nouvelles ».
« PRISONNIER ALLEMAND CONDAMNÉ A MORT.
Le Conseil de guerre de Rouen a condamné à la peine de mort et à la dégradation militaire le prisonnier allemand Otto Heppe, qui, au commencement de mars dernier, assassina à coup de serpe les époux Demarest, agriculteurs à Ancretiéville-Saint-Victor, où il était employé. Otto Heppe a commis son crime dans le but de s’emparer de vêtements et de papiers afin de s’évader. Il a été arrêté quinze jours plus tard dans les lignes anglaises.
La nommée Marie Masse, domestique des cultivateurs, inculpée de complicité de vol commis la nuit de l’évasion, a été condamnée, à l’unanimité, au maximum de la peine, soit dix ans de travaux forcés. »
• Le Temps, n° 20.806, Lundi 24 juin 1918,
p. 4, en rubrique « Tribunaux ».
« Prisonnier allemand condamné à mort. — Le conseil de guerre de Rouen a condamné à la peine de mort et à la dégradation militaire le prisonnier allemand Otto Heppe qui, au commencement de mars dernier, assassina à coups de serpe les époux Demarest, agriculteurs à Ancretiéville-Saint-Victor, où il était employé. Otto Heppe a commis son crime dans le but de s’emparer de vêtements et de papiers afin de s’évader. Il a été arrêté quinze jours plus tard dans les lignes anglaises. La nommée Marie Masse, domestique des cultivateurs, inculpée de complicité de vol commis la nuit de l’évasion, a été condamnée à l’unanimité au maximum de la peine, soit dix ans de travaux forcés. »