Combats à la côte 285 - Fille morte

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Laurent59
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par Laurent59 »

Bonjour à tous, je recherche une personne pouvant traduire en français 14 pages format livre poche: texte en allemand gothique très lisible. le chapitre raconte les combats à la côte 285 en Argonne. Extrait du livre Der Krieg im Argonnerwald (1916).

Envoi du chapitre en PJ.

merci :hello: ;)

laurent :hello:
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FAB1
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par FAB1 »

Bonjour Laurent,
Je regrette de ne pas connaitre l'allemand et de ne pouvoir vous aider.
Par contre je suis très intéressé par ce texte une fois traduit.
Si vous pouviez me le transmettre, je vous en serai très reconnaissant.
Cordialement
FABRICE
Popol
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par Popol »

Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Laurent,

- Pour vous faire plaisir et pour les amis du forum, je veux bien tenter cette traduction, sur le présent fil, pour autant que le texte soit en bonne résolution et lisible. L'affichage d'une carte serait également fort utile pour une bonne localisation des lieux. Cela prendra un peu de temps ...!

- N'oubliez pas svp la petite récompense promise ... ( voir notre MP sur le 76e RI)! Merci d'avance!

- Une bonne soirée bien douce de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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h. chavanes
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par h. chavanes »

Bonjour Laurent

J'avais entrepris en son temps la traduction de cet ouvrage (si il s'agit bien du livre de Kellerman)
Je n'ai jamais achevé ce travail par manque de temps mais de mémoire j'ai du traduire une centaine de pages sur les 120 ou 130 du livre.
Quel chapitre vous intéresse ? Celui s'institulant "Cote 285 - Fille Morte" ?
Je propose de le publier dans ce fil. Attention c'est une traduction un peu brute...sans trop de reformulation
Je publierai le reste de la traduction sur mon site www.argonne1418.com que vous connaissez peut être. Voila une belle occasion de me remettre au travail et de terminer cette traduction.
J'en ai surtout retenu cette crainte qu'avaient les Allemands vis à vis de la forêt d'Argonne...une forêt sombre, habitée par un Géant qui frappe les arbres, une forêt qui engloutie ceux qui s'y aventurent...
Je n'ai pas beaucoup d'infos sur Kellerman. Il était journaliste/écrivain de mémoire mais je ne sais pas quel a été son parcours pendant la guerre. A t il combattu en Argonne ? Y est il juste passé en tant que journaliste ?

Bonne journée


Hervé
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Laurent59
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par Laurent59 »

Bonjour, le chapitre est en cours de traduction...je publierai prochainement

merci

Laurent :hello:
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h. chavanes
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par h. chavanes »

Ne perdez pas votre temps...il est déjà traduit de mon côté si c'est bien le chapitre "Cote 285 - Fille Morte"

Confirmez moi qu'il s'agit de celui-ci et je le publie

Bonne journée


Hervé
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Laurent59
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par Laurent59 »

Ne perdez pas votre temps...il est déjà traduit de mon côté si c'est bien le chapitre "Cote 285 - Fille Morte"

Confirmez moi qu'il s'agit de celui-ci et je le publie

Bonne journée


Hervé
c'est bien celui ci, je garderai donc les deux traductions...merci ;)

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h. chavanes
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par h. chavanes »

Voici la traduction que j'ai faite il y a maintenant quelques années...finalement elle n'est pas si "brut de fonderie" que cela
Et je retire ce que j'ai dit sur le faible intérêt historique de cet ouvrage...en fait il est très précis :pt1cable:
Ce sujet m'a finalement permis de me replonger dedans.
Je m'y recolle cet été et publierai la traduction complète sur mon site. Je vous tiendrai au courant dans ce fil.

Bonne journée

Hervé


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- COTE 285 - LA FILLE MORTE -

La grande opération n'était en aucun cas terminée. A l'ouest de la Forêt d'Argonne, le plus sanglant des travaux était fait. A l'est il était imminent.

Comme dans l'ouest de l'Argonne, dans le Bois de la Gruerie, à l'est le Français s'était retranché sur les croupes des collines boisées. Là, la Forêt d'Argonne atteint son point le plus haut à la cote 285. Du haut de cette cote, que traverse l'ancienne voie romaine, on bénéficie d'un vaste panorama sur la Forêt d'Argonne, à l'est sur les chaînes de collines de Vauquois et Montfaucon, à l'ouest sur le pays accidenté de l'est de la Champagne.
Des patrouilles allemandes et de petits détachements d'Infanterie avaient, comme il a été relaté, foulé cette hauteur pendant la mémorable marche en avant. Le soir du 29 septembre (1914), ils avaient pourtant été contraints de se retirer devant les puissantes forces ennemies, et depuis ce jour, la cote 285 était aux mains de français. La cote 285 avait deux contreforts, au nord est la cote 263, à l'ouest la cote du nom de Fille Morte.

L'effrayante signification militaire qu'avait pour l'ennemi cette cote escarpée au nord, est évidente: une observation remarquable, un champ de tir dégagé contre nos positions et nos liaisons vers l'arrière ! Aux alentours, les collines boisées étaient déchirées par des ruisseaux, des ravins, une forêt vierge et des croupes boisées - la nature avait fortifié les hauteurs grâce à des ravins, des tranchées et des abattis d'arbres.
Les positions françaises étaient supputées être à 1000 mètres des crêtes, poussant vers le nord est, le nord et le nord ouest. Elles se trouvaient sur les croupes précédemment occupées du verrou de Bolante et du Saillant dans la vallée des Courtes Chausses. Pendant 9 mois, depuis octobre, on s'y agrippait et chaque mètre du sol forestier était disputé. Début janvier et à la mi-février, les combattants de l'Argonne avaient repoussé l'ennemi dans de sanglants combats sur tout le front depuis Bolante jusqu'à la cote 263. Sans relâche, l'adversaire mettait en place des contre-attaques désespérées afin de reconquérir ses tranchées perdues.
La Forêt buvait du sang, jours et nuits, de nombreux combattants de l'Argonne gisaient froids et raides dans la Forêt. A l'aide de sapes, de galeries de mines, de torpilles et de grenades, les hommes de l'Argonne grignotaient les positions ennemies dans des combats longs de plusieurs mois, à travers les buissons, la terre et les pierres. A présent, ils se trouvaient à 50 pas, 30 pas, à plusieurs endroits jusqu'à 20 pas de l'ennemi. Les grenades volaient d'une tranchée à l'autre, la mort était proche. Sur une étendue de 3 à 4 kilomètres, les positions ennemies se trouvaient en travers des nôtres, comme un haut mur imprenable crachant la mort. L'ennemi avait bâti cette forteresse naturelle avec tous les moyens imaginables.
Devant la cote 285, se trouvait le ravin d'Osson, devant la Fille Morte, le Ravin des Meurissons. A l'ouest de la Fille Morte une vallée transversale: la vallée des Courtes Chausses. Dans ces ravins et gorges se trouvaient des sous-bois impénétrables et des buissons d'épines. L'ennemi avait renforcé ces abattis naturels par des fils de fer barbelés tendus, des chevaux de frise et des rouleaux de fils de fer. Pas une fois un chat n'aurait pu s'y glisser. Devant la ligne de feu il avait commencé des barrages de fils de fer barbelés. Puis se trouvaient les tranchées ennemies elles-même. Elles étaient profondes de 2 à 3 mètres, étroites, sinueuses, un labyrinthe, des réseaux de tranchées, l'un derrière l'autre, reliées entre elles à la cote 285 et à la Fille Morte par un système de boyaux de liaison. Les tranchées étaient consolidées par des madriers, des murs, du ciment, des grillages, des fascines et des murs de sacs de sable. A plusieurs endroits elles étaient transformées en tunnels grâce à un ou deux mètres de couverture. Tous les 5 ou 6 pas elles étaient coupées par de puissants épaulements. Des blockhaus blindés absolument sûrs avec de nombreuses mitrailleuses l'un à côté de l'autre et l'une sur l'autre formaient une suite de forts. C'était des tranchées exemplaires. Derrière le premier réseau de tranchées se trouvaient à nouveau des barrages de fils de fer, des chevaux de frise, des grillages, puis venait le second labyrinthe de tranchées, construit de façon analogue à la première ligne de feu, des épaulements, des blockhaus. Derrière suivait le réseau de tranchées suivant. Ca et là, sur le terrain intermédiaire, se trouvaient encore des blockhaus avec des mitrailleuses comme point d'appui. Aussi bien dans les positions de l'avant qu'également dans celles de l'arrière, de vastes abris, des cavernes et des catacombes étaient creusées dans le sol et le roc pour les troupes d'occupation et les réserves. Plus loin encore, se trouvaient enterrés, les Minenwerfers lourds et légers, les mortiers de bronze et les canons revolver et derrière enfin, dans la Forêt, les batteries lourdes et légères, une infinité de bouches à feu.

Des barrages de fils de fer, des tranchées, des blockhaus, des batteries de Minenwerfers et de canons, voilà à quoi ressemblait la forteresse, des retranchements qui formaient comme un barrage en travers de l'Argonne occidentale. Même le coeur des plus braves battait de plus en plus vite. Comme à l'ouest de l'Argonne, les fusils, les torpilles, les obus et les explosions avaient facilement fait disparaître le sous-bois et tout ce qui verdissait (à l'exception de ce qui se trouvait dans les ravins). La terre apparaissait nue et dégarnie, les arbres étaient brisés jusqu'aux racines. Même les croupes 285 et Fille Morte, étaient de gigantesques ruines, qui étaient déchirées par des marécages brumeux et de profondes gorges et ravins. Mais bien que tout soit dénudé, bien que les pentes et les hauteurs fussent nues devant nos yeux, il y avait tout de même quelque chose à voir des forts et des retranchements ennemis !
Ca et là, une étroite levée de terre jaune ocre, les poutres saillantes d'un blockhaus, des choses insignifiantes, un morceau de fil de fer barbelé que le soleil faisait briller, rien de plus. Cette hauteur dominante, qui permettait l'examen par l'ennemi de nos positions et de nos voies de communication vers l'arrière, ce barrage, qui se trouvait en travers de nous, menaçant et effroyable, devait tomber entre nos mains ! Peu importe si cela devait être par l'acier et le granit. Si elle nous appartenait, alors nous nous tiendrions dans l'Argonne occidentale à travers toute la Forêt d'Argonne, du nord de Vienne-le-Château jusqu'au delà de Boureuilles à l'est, dans des positions supérieures, un rempart de baïonnettes et de certitude qu'aucune puissance au monde ne pourrait briser.

Le combattant de l'Argonne n'hésite pas.

Pendant qu'à l'ouest de l'Argonne, les camarades s'emparent de Labordère, de Central, de Cimetière, de Bagatelle et de la "Tranchée verte", à l'est de l'Argonne, les courageux "Grauens" préparent l'attaque de la cote 285 et de la Fille Morte. Cela devrait être les plus durs combats de toute la vallée. L'ennemi avait senti se qui se préparait. L'activité renforcée de l'Artillerie et le tir de nouveaux Minenwerfers et de nouvelles batteries ainsi que d'autres signes l'avaient averti. Plus encore, il avait lui-même planifié depuis quelques temps d'attaquer le 11 juillet, mais par la suite, l'attaque fut repoussée au jour de la fête nationale française: le 14 juillet. En effet, les troupes françaises devaient progresser sur tout le front d'Argonne et sur les secteurs est et ouest, le 5ème et le 32ème Corps d'Armée réunis en plus de huit divisions !
Dans le bois de la Gruerie et à l'ouest de la Forêt d'Argonne cette attaque eu lieu comme prévue, mais fut repoussée avec d'importantes pertes pour l'ennemi. Dans l'Argonne orientale par contre, le plan fut totalement contrecarré. Le dispositif d'attaque de l'adversaire n'était, comme il le laissait penser, en aucun cas un obstacle pour l'offensive prévue des combattants de l'Argonne. L'adversaire était armé jusqu'aux dents. Il possédait des grenades et des munitions en abondance. Les dépôts de ses crapouillots et de ses batteries étaient pleins à ras bord. Troupes et Réserves en nombre croissant se tenaient prêts. La gloire et le butin étaient d'autant plus grands !
Le 13, avec le lever du jour, nos batteries et nos minenwerfers devaient commencer la préparation d'Artillerie. Une attaque parallèle d'une position ennemie avancée sur notre aile gauche dut faire commencer l'attaque à 8 heures, l'assaut sur tout le front était prévu pour 11h30.
Qui se porte volontaire pour les premières colonnes d'assaut ?
Tous sont volontaires ! On dut tirer au sort. Après une année de guerre, après une année des pires efforts et des pires dangers. Ils sont ainsi ! Si tu rencontres un combattant de l'Argonne, alors, ôte ton chapeau ! On doit leur vouer respect et admiration. Le fameux 13 juillet arriva et cela commença. Le jour commençait à poindre. Je relate, pour compléter les rapports officiels de ces glorieux jours de bataille.

Le matin était frais et couvert. Alors qu'il ne faisait pas totalement jour, le premier obus lourd arriva mugissant et gargouillant, et tomba sur les positions ennemies. Il éclata en un vacarme tonitruant et répandit une longue et large mitraille d'explosifs, de mottes de glaises et de pierres. Cela fuse ! Dans les mêmes minutes qui suivent, c'est comme si l'enfer s'ouvrait. La Forêt se réveille, éclate et fulmine, les collines boisées tonnent. De tous côtés cela bourdonne, siffle et hurle, l'anéantissement et la mort fulminent dans les positions ennemies, qui sont vite enveloppées d'un brouillard gris-vert de poussières et d'épaisse fumée. Par curiosité, nos hommes lèvent la tête au-dessus du parapet. Ils veulent voir comment ils ont réprimandé, là, devant ! Mais ce plaisir est de courte durée, car maintenant batteries et crapouillots français ouvrent le feu à leur tour, et ce feu augmente d'heure en heure, jusqu'à la violence la plus folle. Cette attente passive des heures durant, sous une grêle d'obus, est plus usante et funeste que l'attaque proprement dite.
A 8h00 du matin, à l'aile gauche, à peu près à mi-chemin entre la cote 263 et la cote 285, le 5ème Chasseur Silésien et un bataillon d'Infanterie de Metz montèrent à l'attaque des points d'appui avancés français. En 7 minutes, les trois premières lignes de tranchées sont renversées. L'ouvrage avancé français est encerclé de tous côtés de sorte à empêcher l'ennemi de prendre par la suite la grande attaque en écharpe. Pendant ce temps, les feux de l'artillerie et des minenwerfers atteignent une efficacité de plus en plus grande. De nombreuses tranchées, aussi bien du côté ennemi que du côté allemand, furent nivelées au cours de la matinée. En un point du front, une mine frappa un dépôt de grenades français, qui vola dans les airs en un vacarme terrifiant. Derrière les premières lignes de feu, on trouva les jours d'après 105 tués français dans un abri bétonné conçu pour résister aux obus de mortiers lourds. Malgré le feu destructeur, nos observateurs d'Artillerie restent à leur poste et font les rapports nécessaires sur les effets et la situation du feu. En trois points différents, les Lieutenants Kayser et Fritsche et l'officier suppléant Bok persévèrent en tête de sape à quelques mètres des tranchées ennemies pendant toute la matinée et dirigent de là, sous le feu, leurs batteries. Juste avant l'assaut, deux Pionniers, le vice-sergent-major Bansamier et le sous-officier Tuttenuit, poussèrent en sape jusqu'aux positions françaises et y placèrent une double charge explosive sous une grêle de grenades et de bombes en tout genre. A exactement 11h30 du matin, la charge explosa. Une violente explosion ébranla le sol, et à l'instant d'après, les premiers soldats des deux premiers bataillons du régiment d'Infanterie et des Pionniers s'élançaient par l'entonnoir de mine sur les tranchées ennemies. L'attaque s'engage ! En un tournemain les pentes non encore endommagées du réseau de barbelés sont arrachées et découpées, de la gauche et de la droite, les grenades volent dans les tranchées françaises, et déjà la 1ère compagnie du 16ème bataillon de Pionniers se jette dans les tranchées ennemies en un assaut téméraire. Après environ deux minutes, la première vague d'assaut a déjà renversé les tranchées de l'avant et poursuit l'assaut contre les 2èmes et 3ème lignes. A la même seconde sur tout le front, de Bolante jusqu'à la voie romaine, les colonnes d'assaut sont brisées. En de nombreux points, au moment où ils sortirent des tranchées, accueillis pars des tirs rasant d'infanterie et de mitrailleuses. Tout dépendait de la réussite du franchissement du réseau de barbelés à toute vitesse. En un point particulièrement dangereux, un jeune officier, le Lieutenant Freiherr von Marschall, se précipita loin devant ses chasseurs. Avec un simple sac, il sauta le réseau de barbelés large de quatre enjambées. En Avant ! Ses hommes le suivaient. Devant eux se trouvait un blockhaus, d'où deux mitrailleuses crachaient la mort et la ruine. Les chasseurs se jetèrent dessus, lancèrent leurs grenades à travers les meurtrières et l'entrée arrière à l'intérieur du blockhaus et mirent les servants de la mitrailleuse hors d'état de nuire. Trois, quatre, cinq tranchées furent débordées, puis cela allait en descendant dans le ravin des Meurissons. Là se trouvait enfoui, dans une position couverte, un minenwerfer, qui jusqu'au dernier instant avait été servi par un courageux capitaine d'artillerie française. Ses hommes gisaient à côté de lui morts ou grièvement blessés. Il est justement sur le point de tirer l'une de ses redoutables mines, lorsqu'un fils de paysans de la frontière sileso-polonaise, le chasseur Kucznierz, s'élança sur lui et lui cria « Tu nous a envoyé des mines, voici ta récompense". L'officier lève son revolver, mais la crosse du silésien est plus rapide que la balle du Capitaine. Les hardis chasseurs donnèrent à nouveau l'assaut. Dans la chaleur, dans l'ivresse des combats, ils ne s'aperçurent pas que leur objectif, la Fille Morte, avait déjà été atteint, et ils progressèrent bien au delà, jusqu'au ravin des Courtes Chausses. Entre temps, sur les hauteurs, les officiers en parfaite connaissance de la situation, avaient retenu une grande partie de leurs compagnies et commencèrent aussitôt un repérage et la construction précaire d'une nouvelle position. Mais un petit détachement d'audacieux, qui ne s'était pas arrêté, poursuivait l'assaut, jusqu'au milieu des batteries et du camp français. A leur tête, le Lieutenant English de la 3ème compagnie du 6ème Bataillon de Chasseurs. Les chasseurs tentèrent de reprendre les canons conquis, il y en avait quatre léger et quatre lourds. Toujours subtiliser ce qui peut l'être ! Ils ne comprenaient aucune plaisanterie. De toutes leurs forces, ils essayaient d'arracher les monstres gris au sol de la Forêt. Mais cela est impossible. Ils sont trop lourds. Alors au minimum, il ne doit pas les laisser retomber intacts aux mains de l'ennemi ! A l'aide de piques, de pelles, avec ce qu'ils avaient dans la main, ils frappaient les mécanismes de direction, d'obturation et les châssis des canons. Au dernier moment, le chasseur Wistoba et le caporal Broll, bourrèrent rapidement par l'avant le fut de deux canons avec des grenades et démolirent de ce fait la chambre et d'autres parties. Broll lança ensuite deux grenades dans le dépôt de munitions qui se trouvait à proximité et qui vola dans les airs dans un bruyant fracas. Terminé ! Maintenant, en arrière. Plus une seconde à perdre. Déjà les réserves françaises approchent. Et en effet, les téméraires soldats réussirent par chance à rejoindre leur bataillon. En un autre point, les chasseurs en toute hâte mirent méthodiquement en pièces et détruisirent un puissant moteur qui servait au fonctionnement d'une foreuse à air comprimé dans les galeries de mines. Tout cela se déroula en à peine deux heures. Sur tout le front à l'est de la Forêt vallonnée, le combat faisait rage. Les obus des canons qui bombardaient les batteries et les communications arrières, mugissaient et hurlaient au dessus des combattants. Sur toutes les parties du front, l'offensive progressait vers l'avant avec succès. De glorieux faits d'armes furent accomplis. Tout particulièrement un bataillon du 135ème Régiment d'Infanterie sous les ordres du Capitaine Wegener se distingua dans l'assaut de la Fille Morte. Le bataillon, avait attaqué depuis la " Schwarze Kuppe " (la croupe noire), une des hauteurs boisées de la Fille Morte, et devait tout d'abord prendre d'assaut un point d'appui ennemi, le célèbre " Steinfestung " (forteresse de pierres), extraordinairement construite et que l'ennemi défendait désespérément. Le Lieutenant d.R. Breithaupt, de la 2ème Compagnie contourna la " Steinfestung " avec son peloton par le ravin des Meurissons et tomba sur l'ennemi par derrière, anéantissant les troupes d'occupation. On lui doit en premier lieu la conquête de ce puissant ouvrage avancé. Partout, l'ennemi se défendait avec une grande obstination et un courage désespéré. Plus particulièrement, des combats sanglants se produisirent à Bolante. Là, nos troupes devaient travailler pas à pas dans l'enchevêtrement de sapes et des boyaux de communication. A la sortie d'une de ces tranchées, un officier français avait installé un système qui abattait l'assaillant dès qu'il se trouvait à l'autre bout. A côté de lui, un soldat était à genoux avec un deuxième fusil, qu'il tendait rechargé à son Lieutenant après chaque tir. Seulement, après un long moment, à l'aide d'une grenade, un officier allemand réussit à mettre hors d'état de nuire cet héroïque adversaire. Sur l'autre aile, à l'est de la voie romaine, l'attaque n'a pu conquérir le terrain que lentement et avec le plus grand effort. En cette partie du front, le Lieutenant Johanssen, l'un des courageux chasseurs silésiens, acquit un grand mérite en distinguant à l'instant décisif, la possibilité de se saisir par le flanc ouest de soldats épuisés du 130ème et en les prenant de cette manière par le flanc. A ce même moment, 500 mètres plus à l'est, le Lieutenant Michterlein avec la 1ère Compagnie du 130ème Régiment d'Infanterie, perça les lignes ennemies et pénétra dans des blockhaus, dans lesquels il prit de nombreux prisonniers, une mitrailleuse, deux canons à ânes et deux canons revolver. La cote 285 était prise ! Les Français déversaient de puissantes réserves dans la Forêt et firent dans le courant de l'après-midi une série de contre-attaques désespérées. Sans succès ! Le 144ème et les chasseurs les rejetèrent aussi souvent qu'ils avancèrent. Le feu de l'Artillerie lourde française persista sans une pause jusque tard dans la soirée. Le Français tambourinait. Il envoya une quantité monstrueuse de munitions dans la Forêt et sur les croupes, dont des obus à gaz. La nuit vint enfin. Cela devint calme. L'ennemi était battu, ses contre-attaques héroïques partout repoussées. Sur tout le front, les Français se trouvaient juste devant les nouvelles positions allemandes. Des deux côtés, toutes les forces étaient fébrilement occupées au travail des tranchées. De nouvelles sapes, de nouvelles tranchées étaient creusées. On devait être prêt dès que le jour se lèverait. Les fusées éclairantes s'élevaient dans le ciel au dessus de l'affreux chaos de décombres et de morts. L'émoi et l'effort des journées ensanglantées étaient devenus ineffable. La joie passionnée de la victoire régnait chez les combattants de l'Argonne. Les courageux Régiments avaient épinglés de nouvelles gloires à leurs étendards. Ils avaient conquis les retranchements ennemis des hauteurs sur une largeur de 3 kilomètres et une profondeur de 1000 mètres. 3688 hommes et 68 officiers étaient entre leurs mains auxquels s'ajoutaient 3 à 400 blessés. 2 canons de montagne, 2 revolvers, 6 mitrailleuses et une grande quantité de matériel furent saisis. Les audacieux chasseurs avaient brisé et rendu inutilisables 8 canons. Chaque homme avait fait tout son possible pendant ces journées. Dans le courant de la soirée et de la nuit, de nombreux blessés qui avaient reçus déjà tôt le matin une balle dans le bras ou la jambe ou qui avaient été blessés autrement, se rendirent au post d'infirmerie. Mais ceux-ci s'étaient malgré tout battu jusqu'au dernier instant, jusqu'au soir, afin d'être présent et de ne rien manquer - Les hauteurs sont à nous - Les hommes de l'Argonne avaient accomplis un miracle de par leur passage et leur vaillance. Sur tout le front de la Forêt, ils avaient pataugé dans le sang jusqu'aux chevilles, dans le sang des ennemis et hélas ! dans le sang des camarades, leur front était couvert de lauriers. Maintenant, ils sont en haut ! Les grandes opérations, qui commencèrent le 20 juin, s'achevèrent victorieusement les 13 et 14 Juillet. Un Hourra pour les officiers et les hommes ! 116 officiers et plus de 7000 hommes faits prisonniers ! Plus de 4000 ennemis tués et enterrés. En tout juste un mois, les hommes de l'Argonne ont infligé aux français des pertes que l'on peut au minimum estimer à 17000 hommes. Au service religieux qui eu lieu le 27 Juillet, le Kronprinz se présenta devant les troupes. " Camarades ", dit le Kronprinz, " Je profite de l'occasion de cette cérémonie religieuse pour vous transmettre les remerciements de ses majestés le Kaiser et le Roi, ainsi que les miens, pas seulement pour la dernière attaque qui exigea de grands sacrifices mais qui a abouti à un grand et magnifique résultat, mais également pour l'activité fidèle et dévouée de la totalité des 11 mois. Nous protégeons le dos de nos camarades à l'est et nous continuerons encore longtemps, si Dieu le veut, jusqu'à ce qu'il soit possible de régler énergiquement le compte de nos adversaires, les Français. Je sais que je peux compter sur vous à ce sujet, je le sais et je vous en remercie. Pour sa majesté l'empereur et le roi, notre généralissime, Hourra ! Hourra ! Hourra ! "

Mais le combat là haut dans la Forêt se poursuit. Les canons cognent et font du vacarme, et les obus abattent les arbres. Les mines volantes cinglent l'air et cherchent à découvrir leurs proies. Les mitrailleuses martèlent. Les Pionniers creusent sous terre. Il n'y a pas de pauses. Là où cela est nécessaire, les lignes sont améliorées. L'adversaire veut reprendre ses tranchées et sera rejeté dans le sang. Des blockhaus ennemis volent dans l'air.

Du 20 Juin au 20 Juillet, 52 mitrailleuse furent prises.

Le 2 Août, les " Grauen " progressèrent inopinément à la baïonnette dans l'Ouest de l'Argonne et prirent de nouvelles tranchées ennemies. 4 officiers et 163 hommes tombèrent entre leurs mains. Ainsi que 2 mitrailleuses. Le 12 Août, un ouvrage ennemi au nord de Vienne-le-Château, le célèbre ouvrage Martin, fut conquis et 4 officiers et 240 hommes furent faits prisonniers. 350 ennemis furent enterrés, ils prétendaient défendre l'ouvrage conquis contre des attaques acharnées. De nouveau, les combats lancèrent des lueurs, et la musique de la Forêt d'Argonne ne se tue aucun jour et aucune nuit. L'ennemi se cramponnait aux bordures des hauteurs et des croupes, inébranlables, trimant et creusant. En revanche, il s'était niché dans un solide ouvrage qui devait empêcher la progression de l'Armée d'Argonne. L'ouvrage Marie Thérèse. Le 8 septembre il devait nous le céder.

Comme les 20 et 30 juin, et les 2 et 13 juillet, le 8 septembre fut pour l'ennemi un jour noir. Ce combat, j'y ai assisté d'on ne peut plus près, et ce qui suit est ce que j'ai vécu.


Source : Der Krieg im Argonnerwald - Bernhard Kellerman
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Laurent59
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par Laurent59 »

Un grand merci, vas tu publier le reste traduit ???

Laurent :hello:
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h. chavanes
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Re: Combats à la côte 285 - Fille morte

Message par h. chavanes »

Sur mon site oui ;)
Le forum n'est pas forcément le lieu pour publier du texte au kilomètre...et puis cela me fera quelques visiteurs en plus :pt1cable:
Allez...disons que c'est mon petit job du mois de juillet

A suivre. Je te préviens en MP dès que c'est fait et t'enverrai le doc en pdf si tu veux

Hervé
www.argonne1418.com :
Un site dédié aux combattants de l'Argonne de toutes nationalités : jmo, photos, cartes postales, témoignages, dossiers thématiques, témoignages de combattants et de civils, revue de presse...
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