Vous trouverez peut-être le titre audacieux et décalé. Pourtant, qui sait, peut-être quelqu'un se lancera-t-il dans une telle randonnée, pour le souvenir. Certes, le contexte ne sera pas le même. Ni le stress.
Précision importante pour les personnes qui connaissent les Vosges : il ne s'agit pas du Sudelkopf dont il est souvent question sur le forum. Il s'agit du Sudel, sommet qui se trouve exactement à la frontière franco-allemande en 1914, à proximité immédiate de Belfort.
- Contexte :
La mise en état de défense d'une place est quelque chose d'assez incroyable : lire le JMO de la place ainsi que celui du génie de la place montre une fois de plus que ce conflit revêt des formes auxquelles ont ne pense pas toujours. La lecture montre l'intensité des préparatifs, le travail réalisé.
Pendant que les unités et les hommes mis à la disposition de la place s'activent, des troupes sont avancées, en couverture. Le IIe bataillon du 171e dans le village de Roppe et alentours. Tout comme la compagnie 28/2 du génie qui travaille aux alentours à des déboisements et des abatis.
- Les ordres :
Source : géoportail 3D
Le lieutenant Careaux prend le commandement d'une section de la 8e compagnie. Il est secondé par le sergent-major Perrin qui dirige un groupe de 11 sapeurs de la 4e section de la 28/2. Il n'est pas certain que ce soit bien des hommes de la 4e section, les JMO étant muets sur leur provenance ; cependant, le rapport du sergent-major indique un départ depuis Vérigné où étaient les sapeurs de la 4e section.
Vers midi le groupe d'hommes part pour une longue randonnée.
- Le cheminement :
Le groupe ne se dirige pas par la route, mais prend des chemins détournés, probablement pour ménager un effet de surprise : forêt de Roppe, vallée de la Madeleine jusqu'à un moulin qui ne figure pas, hélas, sur les cartes. Puis franchissement, par les bois qui la couvrent, d'une ligne de crête pour arriver dans la vallée voisine, au pied du Sudel. Les sapins durent faciliter la progression à l'abri des regards : on peut facilement imaginer qu'à la difficulté physique de cette marche s'ajoutait le stress de s'avancer vers l'inconnu, sans savoir si l'observatoire était occupé voire défendu.
Source : géoportail 3D
Après une dernière ascension par la Rouge Montagne, le groupe arrive après 6 heures de marche, soit plus de 16 kilomètres, sans parler du dénivelé.
- L'observatoire du Sudel :
Elévation :
Plan :
Plan d'ensemble :
Une fois totalement détruit, vers 20h30, le groupe redescend. Cette fois-ci, il se dirige vers Rougemont pour y cantonner. Il y arrive vers 22h00 d'après le rapport du sergent-major (le résumé du JMO de la place de Belfort ne donne pas exactement les mêmes horaires). Une fois reposés, les hommes repartent, probablement par la route de Rougemont à Etueffont, sans détour par la vallée de la Madeleine : l'observatoire est détruit. Ils arrivent à leur point de départ probablement vers 8h30 (c'est l'heure que donne le sergent-major sur son rapport, mais le JMO de la compagnie indique 4h30 et celui de la place de Belfort une autre encore).
- Et après ?
Chef du détachement : sergent major Perrin
sapeur mineur Roy
Sapeur mineur Berthelot
Sapeur mineur Chateau
Sapeur mineur Zurcher
Sapeur mineur Pitard
Sapeur mineur Couchot
Sapeur mineur Roffet
Sapeur mineur Authenac
Sapeur mineur Bézine
Sapeur mineur J. Jeanmougin
Sapeur mineur Ballay
Et cette conclusion après cette première opération de guerre :
« Tenue des sapeurs : Comme toujours ! Irréprochable » avant d'indiquer que le lieutenant du détachement doit signaler cette tenue au commandant de secteur.
Bonnes recherches à tous,
Amitiés,
Arnaud
Sources :
Compagnie 28/2, 26N1312/7 :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
171e RI, 26N708/1 :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Place de Belfort, 26N63/1 :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Commandement du génie de la place de Belfort, 26N64/1 :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Géoportail :
http://www.geoportail.fr/