Enigme n° 16 - solution

marpie
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par marpie »

Bonsoir à tous , bonsoir Monsieur Sesouvenir

C'est votre énigme qui m'intoxique ,
aux dernières nouvelles , les soldats de la Force Publique , troupes congolaises et
katangaises (dont une unité cycliste ) aurait débarqués au Havre pour rejoindre le front de l'Yser , les hydravions ( biplans ) rendus célèbres lors de l'opération du lac Tanganyka auraient suivis ?
Au début du conflit , ces troupes portaient un uniforme bleu et une coiffe rouge .
Pour les bateaux , je prend l'eau ....

Bten amicalement

Marpie
11Gen
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par 11Gen »

Bonjour,

Un vrai casse-tête, cette énigme ... Mais ce n'est pas pour me déplaire!

Après avoir survolé "Les Anges de Mons" tout en écoutant un air de "Led Zeppelin", j'ai décidé de battre en retraite et de me rabattre sur quelques photos qui pour moi illustrent bien la teneur informative de quelques indices. Evidemment, je vais forcer quelque peu le trait ! Evidemment, c'est pas si désagréable de tourner en dérision des indices quand ces derniers ne permettent pas de trouver la solution !

Entre ruse et réalité, de ces deux photos, laquelle photo doit-on retenir ?
a : Les vrais canons bien dissimulés :
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b : ou les faux canon à peine dissimulés :
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Ces soldats anglais ont-ils fini par recevoir l'ordre de battre en retraite ?
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Pourtant un officier avait bien fauché le terrain d'aviation
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Pourtant une mitrailleuse avait bien été installée sur un terrain d'aviation mais évidemment faute de combattants, il n'y avait pas eu de pertes humaines
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J'ai bien rencontré quelques cyclistes qui avaient pris un autre chemin pour rejoindre les 6 000 autres ...
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Toutes les photos proviennent de gallica

Mon message n'est pas vraiment sérieux. :lol: Mais il est à comprendre aussi comme un appel à la générosité de sesouvenir pour nous combler de quelques indices supplémentaires généreusement plus indicatifs.
Il est toujours permis de rêver un peu ! pas vrai !


Une autre "vraie" question : je brûle ou je refroidis ? :???:

Cordialement
Geneviève

Je n'arrive à éditer la dernière photo, mais je vais essayer encore.
Enfin j'ai réussi à éditer la dernière photos

Et encore j'ajoute :
- il est vrai que du Zeppelin sur Mons, je suis passée à Led Zeppelin. Juste pour éviter les diables et écouter la douceur des anges. Voici l'air: http://www.youtube.com/watch?v=w9TGj2jrJk8
- suis-je vraiment hors sujet ?
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IM Louis Jean
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Geneviève,
Un vrai casse-tête, cette énigme ... Mais ce n'est pas pour me déplaire!
.../...
Mon message n'est pas vraiment sérieux. :lol: Mais il est à comprendre aussi comme un appel à la générosité de sesouvenir pour nous combler de quelques indices supplémentaires généreusement plus indicatifs.
Il est toujours permis de rêver un peu ! pas vrai !
.../...
Une autre "vraie" question : je brûle ou je refroidis ? :???:

Cordialement
Geneviève

- suis-je vraiment hors sujet ?
Que de questions! Une réponse en tout cas : vous donnez une vie généreuse à cette "énigme" grâce à votre humour :jap: et vos photos!
Par contre :cry: je ne trouve pas d'indices supplémentaires sans donner la solution.
Je vais donc regrouper tous les indices pour aider les forumeurs ; la solution promise attendra encore un peu :kaola: mais c'est de la faute de (grâce à^^) Marpie et 11GEN et son humour ravageur.
En attendant relisez votre Churchill.

Indice 1 : Après l'Orient, qui a déjà fait l'objet de deux énigmes 10 et 14 retournons en occident et remontons le temps.
Indice 2 : Churchill est dans le coup voire même à l'origine du coup. Quelle imagination fertile!
Indice 3 : Il n'est pas certain que cela ait mieux fonctionné que les Dardanelles, mais cela a été beaucoup moins coûteux puisqu'il n'y a eu aucune perte à la lecture des rares récits.
Indice 4 : La couleur bleu a joué un rôle dans l'imagination collective, et donc dans les inquiétudes des allemands. Mais c'était bien avant le "bleu horizon".
Indice 5 : Sortie de l'imagination fertile de Churchill cette affaire a concerné les anglais au premier chef, mais nos amis belges étaient aussi aux premières loges.
Indice 6 : L'intoxication faisait bien partie des intentions mais les uniformes n'étaient pas bidons.
Indice 7 : si les 500 bicyclettes demandées avaient été fournies le visage de la guerre n'en aurait pas été fondamentalement changé mais elle aurait commencé différemment peut-être.
Indice 8 : Il y a des Britanniques, des Belges, du Bleu, du Bluff, des Bicyclettes, un Bilan des pertes nul selon mes lectures, il y a aussi eu des Biplans ... enfin une escadrille d'avions et à cette époque il y a beaucoup de chances pour qu'ils soient biplans. Pourtant pas de B dans les initiales de la solution .
Inndice 9 : Bon sang de Bois, j'ai oublié les Bateaux! Et pourtant, sans bateaux, pas d'énigme.
Indice 10 : Image
S'il y a un piège il ne vient pas de moi! le nom de la photo est différent du nom du sous-titre....
Indice 11 : 6 000 soldats belges ont passé quelques jours là où l'énigme s'est déroulée, mais ils sont partis par un chemin différent de celui utilisé par les soldats de la photo de l'indice 10.
Indice 12 : les 6 000 soldats belges venaient du Havre.
Indice 13 : le lieutenant-général Tappen a cité l'énigme avec Anvers comme part prépondérante de "rapports alarmants"
Indice 14 : il n'y en a pas!!!! :o
Indice 15 : A la recherche désespérée d'un nouvel indice pour les deux forumeurs qui suivent et qui osent je suis tombé sur un site qui chamboule l'histoire telle qu'elle nous est enseignée, c'est vivifiant. Il est tout de même en rapport avec l'énigme puisque je l'ai trouvé en entrant l'expression exacte (selon la novlangue Gogole) de la solution -sans la date bien sûr-.
http://desencyclopedie.wikia.com/w [...] réfutables.
Indice 16 : Dans l'indice 8 apparait une escadrille .... et bien ce sont pourtant ses véhicules armés (dont une Rolls) qui ont laissé une petite trace dans l'histoire.


Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
marpie
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par marpie »

Bonsoir à tous , bonsoir Monsieur Sesouvenir ,

Si j'avais le temps et le courage , j'irais chercher une solution dans les ouvrages de Carlo d'Este , mais ce n'est que partie remise ...
Bien amicalement

Marpie
pat67
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par pat67 »

Bonsoir à tous,

Devrait s'agir de la défense d'Ostende en octobre 1914 par un détachement de Royals Marines équipé de véhicules disparates du Royal Navy Air Service. Celle-ci a bien été initiée par Churchill.

Cordialement
patrick
Patrick
Valerie Q
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par Valerie Q »

Bonsoir à tous,
Marc Bloch dans "Réflexions sur les fausses nouvelles" écrit : On se souvient de ce bruit qui, vers la fin août 1914, se répandit en Grande Bretagne, comme s'allume une traînée de poudre : les Russes, par dizaine de mille, débarquant selon les uns dans les ports écossais, selon les autres à Marseille, venaient grossir les rangs des Alliés." Mis à part les Russes y a-t-il un rapport ?
cordialement
Valérie
(qui cherche du côté du Havre sans succès...)
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IM Louis Jean
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Valérie et Patrick,


Merci de me permettre de donner des indices supplémentaires :love:

Patrick, votre réponse est toute proche de la solution, mais elle contient deux erreurs, dont une rédhibitoire : je ne peux déclarer l'énigme résolue :cry:
Valérie, il y a un rapport direct si l'on fait abstraction des approximations que contiennent toutes les rumeurs.


Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
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Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
marpie
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par marpie »

Bonsoir Monsieur Sesouvenir , Bonsoir à tous

Nous brûlons , mais pas encore bouillants ...
Dernière trouvaille : le Royal Naval Air Services a requisitionné tous les chassis de Rolls Royce disponibles ( peut-être une cinquantaine ) pour créer la section d'automitrailleuses Armoured Car Section .
Modèles Ghost , exclusivement réservés aux cours royales et impériales , dont un destiné au Tsar Nicolas II ?
Proposition à mettre au frigo ou au congélo ?

Bien amicalement

Marpie

pat67
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par pat67 »

Bonjour à tous, bonjour Se souvenir,

Histoire de tourner autour du pot et de faire avancer le schmillblick.

A noter que la garnison Belge de Namur a été débarquée à Ostende par les Anglais pour rejoindre l'armée Belge à Anvers. De 5 à 8000 allèrent à Anvers avec des autobus londoniens comme moyens de transport pour la logistique. Peut-être un lien avec notre énigme.

Sinon, le RNAS a fourni également une couverture mobile à l'aide de voitures automobiles blindées pendant la retraite de l'armée belge d'Anvers jusqu'à l'Yser. C'est à Gand (le 10/10) que des renforts Anglais (brigade navale anglaise Rawlinson, 7 div anglaise) ainsi que les 6000 fusillers marins de l'Amiral Ronarc'h sont venus renforcer la garnison de cette ville pour couvrir la retraite. Le gouvernement Belge a été invité par la France à se retirer près du Havre à St Adresse. Ses membres s'embarquèrent à partir du 12/10 à Ostende ainsi que de nombreux blessés. A noter que la Reine ne consentit à partir que lorqu'ils furent tous évacués et ce peu de temps avant l'arrivée des Allemands (le 15 matin).
A noter aussi que le Henry Rawlinson en 1919 a évacué les troupes Britaniques de Russie.

Cordialement
patrick
Patrick
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IM Louis Jean
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Re: Enigme n° 16 - solution

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

Les circonstances de la vie m'ont empêché de répondre rapidement à Patrick et Marpie :jap: et la rédaction de la solution demandait un peu de temps.
Le texte qui suit est extrait des souvenirs du Général George Aston :

<<
LE RAID SUR OSTENDE EN 1914

Faire des feintes avec de petits corps de troupe et répan­dre des rumeurs inquiétantes sont des formes admises du service d'espionnage en temps de guerre. Ceci posé, j'en arrive maintenant à ce raid, « bluff » très réussi, dont l'ini­tiative fut prise par Mr Winston Churchill, premier Lord de l'Amirauté et membre du Conseil de guerre du Cabinet, alors que la situation paraissait très sombre pour l'armée britannique à la date du 25 août 1914. Ce n'est qu'une petite affaire, mais l'histoire vaut d'être racontée comme un exemple de ce qui aurait pu être accompli avec des forces « amphibies » plus mobiles et mieux équipées. Ce n'est pas le récit d'un secret bien gardé, mais des mesures prises pour que le dit secret parvienne sûrement à l'ennemi et l'induise en erreur ; le but étant de créer une diversion qui affectât favorablement la situation militaire. Le Corps Expéditionnaire anglais était en pleine retraite après l'en­gagement de Mons. C'était le jour précédant la belle résistance de Smith-Dorrien au Câteau qui contint l'avance de la première armée allemande de Kluck et du corps de cava­lerie de Marwitz et permit ainsi au gros de l'armée de Sir John French de continuer sa retraite sans être molesté. Tard dans la soirée du mardi 25 août 1914, j'étais dans tout le feu du travail en compagnie de feu Sir Henry Jakson, Amirallissime, dans un salon luxueux de l'Ami­rauté ayant vue sur le parc Saint-James. La journée avait été brûlante et, ayant travaillé pratiquement presque sans arrêt, sans même une nuit complète de repos, depuis le 3 août, j'étais à moitié endormi sur un sofa, attendant l'arrivée du prochain sac de dépêches, lorsque le regretté
Sir Daveton Sturdee, chef d'État-Major, entra à la hâte dans la pièce et me demanda à brûle-pourpoint si j'étais en possession d'un uniforme. J'étais colonel à cette époque, ayant récemment quitté (1) le rang de brigadier général à l'État-Major de l'Armée, lors de mon retour de l'Afrique du Sud. Je dis à l'amiral que je croyais qu'il y avait actuelle­ment chez: mon tailleur quelque uniforme bleu, plutôt « juste », qui m'appartenait, mais c'était un uniforme de général de brigade. « C'est parfait, dit-il, on va donc vous nommer général de brigade, nous n'avons pas le temps de vous faire faire un autre uniforme. Le Ministre a une mis­sion pour vous. Il vous dira tout ce qu'il en est dans son
bureau. »
Je trouvai Mr Churchill avec l'adjudant Général des Marines (mon chef de corps) et penché sur une carte de la situation militaire en Flandre, couverte de petits dra­peaux indiquant les positions des masses germaniques en Belgique. Il m'expliqua son plan qui, d'une façon générale, consistait à débarquer à Ostende une brigade de Marines hâtivement rassemblée.
L'expédition devait être sous mon commandement et il me demanda ce dont j'avais besoin pour exécuter ses ins­tructions dont il souligna le caractère de bluff et qui avaient pour but d'attirer le plus de troupes allemandes possible dans ma direction afin de soulager d'autant la situation de Sir John French.
Mr Churchill me pria alors d'étudier la carte et de lui donner ma réponse le plus rapidement possible.
Image
A en juger par ce que je voyais sur la carte, un cercueil commode me paraissait être la solution la plus appropriée à la situation, mais évidemment ce n'était pas la réponse qu'on attendait de moi.Au bout de trois minutes environ je répondis de la sorte : « II me faut un bon officier d'état-major, 500 car­touches par homme, 500 bicyclettes, des cartes de Belgique
(1) Dans l'armée anglaise, les grades sont fonction du commande­ment exercé. Un colonel chargé du commandement d'une brigade est nommé général de brigade pour le temps de son commandement et redevient colonel sa mission remplie, s'il n'a pas été régulièrement promu dans l'intervalle. (N. D. T.)

et mes ordres par écrit. » « C'est fort bien », répondit le ministre, « il vous faut maintenant attraper le dernier train à la gare de Chatham où le commandant en chef (Sir Ri­chard Poore) vous expédiera en vitesse à Sheerness pour vous embarquer sur l'Euryalus ». Tandis que je m'assurais de mon uniforme, d'un paquet de tablettes Maggi et d'un supplément de fonds en souverains anglais, mon vieil ami et collègue des vieux jours au Service de Renseignements, Sir Graham Greene, Secrétaire de l'Amirauté, écrivait à la hâte mes instructions. Elles étaient ainsi conçues :
« 1° Au point du jour demain 26 août, si les circonstances le permettent (ces italiques sont de moi, je me rappelai plus tard ces mots lorsque j'appris le message adressé par le Cabinet à Sir Douglas Haig au sujet de l'envoi des renforts britanniques au maréchal Foch et la réponse de Sir Douglas) vous débarquerez telles unités de votre brigade qui seront arrivées à Ostende et vous occuperez la ville. Une recon­naissance par cyclistes sera poussée jusqu'à Bruges, Thourout et Dixmude. Vous vous établirez vous-même à Ostende, organisant autour de la ville une ligne de petits postes retranchés de façon à vous permettre le débarque­ment d'une division d'armée. Une escadrille d'aéroplanes vous rejoindra avant midi, ayant au préalable fait une reconnaissance aérienne du pays dans un rayon de trente milles autour d'Ostende. Ces aéroplanes seront sous vos ordres.
« 2° L'objet de ce raid est de créer une diversion en faveur des Belges arrivant d'Anvers et de menacer le flanc droit des Allemands dans leur avance vers le Sud. Il doit donc en conséquence être « ostentatoire ». Vous ne devrez pas quitter Ostende pour pénétrer à l'intérieur sans ordres nouveaux, mais quelque initiative peut être toutefois permise à vos patrouilleurs. Les renseignements nécessaires sur l'ennemi vous seront adressés personnellement à l'Amirauté (aucun autre renseignement ne me parvint par la suite).
« 3° L'objet de cette mission serait pleinement atteint si l'ennemi était attiré à la côte en nombre considérable.
Vous serez réembarqués aussitôt que ceci sera un fait accompli.
« Vous êtes temporairement élevé au grade de général de brigade. »
Ces ordres étaient donnés sous la responsabilité de « Leurs Seigneuries » (les Lords de l'Amirauté), signés et datés du 25 août 1914. Mr Churchill ajouta verbalement (à tenir secret) qu'il pensait que je pourrais être de retour dans une semaine.
Sir Doveton Sturdee mit en appendice une note établis­sant que la brigade devrait se tenir à proximité de la côte et serait équipée de manière à pouvoir opérer un débarque­ment et un réembarquement rapides. Les vaisseaux servi­raient de bases d'opération et de ravitaillement. Tandis que je quittais, dans un taxi, la cour de l'Amirauté, en route pour la gare de Victoria, un officier du Ministère me jeta à la hâte ce papier dans les mains :
« Pour information.
« Par téléphone du Daily Mail (M. H.-W. Wilson). Des reporters du Daily Mail venant d'arriver à Ostende ont téléphoné ce qui suit à l'Amirauté à 8 h. 30 du soir. Ils ont quitté aujourd'hui Ostende, des troupes allemandes étant en marche sur la ville. »
« La garnison entière d'Ostende, forte de quatre mille hommes, a été envoyée à Anvers vendredi, laissant la ville sans autre défense qu'une poignée de gendarmes (deux cents environ).
« Ces gendarmes ont eu un engagement avec trois cents ulhans qui venaient de Thielt. Les gendarmes ont perdu environ quarante-cinq hommes et, ayant ainsi sauvegardé l'honneur de la ville, ils ont actuellement l'intention de se rendre lorsque des forces allemandes plus considérables seront en vue. »
Ce message portait la mention « le premier Lord a reçu l'information et décidé de ne faire aucun changement aux ordres donnés. Lord Kitchener va être informé. Ce rensei­gnement a été transmis aussi au premier lord-amiral ».
Au bas se trouvaient les initiales du chef d'État-Major. J'arrivai à Chatham dans le courant de la nuit et après quelques minutes d'entretien avec Sir Richard Poore, le Commandant en chef, je montai dans la propre vedette de l'amiral pour descendre la Medway et rejoindre l'Euryalus, vaisseau amiral, battant pavillon du regretté contre-amiral Arthur Christian. Là on me donna une cabine libre où je pus m'installer confortablement pour les quelques heures de nuit qui restaient à passer.Image Ensuite arriva le bataillon de Chatham, de l'infanterie de marine, avec une quantité immense de bagages et de matériel. Il ne fut pas question d'arriver en vue d'Ostende à la « pointe du jour ». L'Euryalus ne quitta le Nore (1) que beaucoup plus tard dans la journée. Dans la soirée nous reçûmes par T. S. F., en langage chiffré, un intéressant message de l'Amirauté. Il contenait une suggestion que nous attribuâmes au Ministre : « Si nous trouvions l'armée allemande installée dans Ostende nous pourrions débarquer quelque part ailleurs et l'en déloger. » Le message était adressé de l'Ami­rauté à l'Euryalus, daté du 26 août {jour de l'engagement du Cateau et du sac de Louvain), 6 heures du soir, et il fut reçu par l'Euryalus à 7 h. 05. Il s'exprimait ainsi :
« Pour l'officier le plus ancien présent et le général Aston. Si, à votre arrivée, vous trouvez Ostende occupée par l'ennemi, vous devez agir selon les circonstances et d'après la force du dit ennemi. Évitez en tous cas d'attirer un désastre sur la ville par le fait d'opérations d'importance secondaire. Si cela est faisable, débarquez sur quelque autre point à proximité et jetez les occupants dehors. Ceci est laissé entièrement à votre jugement. Accusez réception par télégramme. »
L'amiral et moi nous prîmes conseil. Le vent fraîchissait et la mer était houleuse, il était hors de question de débar­quer sur la grève sur cette côte plate à hauts fonds où les "navires ne pouvaient mouiller qu'à plusieurs milles du rivage. Nous convînmes que le mieux serait d'attendre
(1) Estuaires de la Medway et de la Tamise réunis.
d'avoir atteint Ostende pour prendre une décision. L'amiral, à ce qu'il paraît, avait une mission pressée ailleurs, dans la baie de Héligoland (voir dans les annales de la guerre l'engagement au large d'Héligoland, le 28 août). Il faisait presque nuit lorsque l'expédition jeta l'ancre à quelques six ou huit milles en vue d'Ostende. L'amiral décida qu'il n'était pas possible de débarquer les hommes avec leur équipement pesant, au moyen des embarcations du bord, par une nuit noire et une mer agitée. Un officier envoyé à la découverte dans une vedette revint disant qu'il n'y avait point de troupes allemandes à Ostende. Je décidai alors de passer la nuit sur un bâtiment de plus petit tonnage, mouillé plus près de la ville, et de débarquer moi-même, avant les troupes, vers 3 h. 30 du matin.
En conséquence je débarquai dans l'obscurité par un matin plutôt froid, n'étant muni que de ce que je portais sur moi-même; dans mon havresac se trouvaient l'or anglais et les tablettes de potage Maggi. Je n'avais aucun état-major ni rien du personnel et du matériel nécessaires pour communiquer avec mes troupes, rien par conséquent du « Quartier Général de Brigade » tel qu'on le comprend dans l'armée. Pas même une carte de cette contrée peu familière. Le manque d'État-Major fut suppléé par le concours empressé d'un officier de marine, le capitaine de frégate Clarke-Hall, de la marine royale (aujourd'hui maréchal de l'air dans l'armée de l'air), qui fit un excellent chef d'État-Major. Au dernier moment je me souvins qu'il me fallait à tout prix un drapeau national : mon adjoint en em­prunta un à bord et le porta sur son bras jusqu'au rivage. Dans l'immense gare de chemin de fer, retentissante d'échos, qui avoisine le quai d'Ostende, nous trouvâmes alors le bourgmestre et quantité de fonctionnaires belges qui m'avaient attendu, ainsi que je l'appris», pendant plusieurs heures dans ce lieu glacial.
Il me semblait être la grenouille de la fable qui essaye de se faire plus grosse que le bœuf, tandis que je leur expli­quais que mes troupes allaient débarquer bientôt et les protéger contre l'armée allemande attendue.
Pour raccourcir un peu ce long récit, les Chatham Marines débarquèrent donc et l'Euryalus partit pour la baie d'Héligoland. Pendant la journée un autre navire arriva ayant à bord un officier de marine plus ancien. II me fit des signaux faisant connaître qu'il avait besoin de bateaux de pêche pour débarquer des troupes qui étaient au large et disparut ensuite. Alors débarquèrent les Ports-mouth Marines et aussi l'artillerie de marine d'Eastney. A la tombée de la nuit, un troisième amiral, « l'hono­rable Sir A.-E. Bethell », fit également son apparition sur les lieux.
A une heure du matin, le 27, j'envoie à l'Amirauté le message suivant :
« Avons pris fermement position aujourd'hui vers midi. Bruges et Dixmude sont déclarées libres de troupes enne­mies dont les colonnes principales prennent la route Braxel-les-Renaix-Tournai (la droite de l'armée Kluck). Cavalerie signalée à Menin et Ypres hier dans la journée. »
La nuit venue, j'entourai la ville d'une ligne de petits postes d'environ sept milles de longueur, utilisant une carte d'Ostende que j'avais réussi à soustraire à l'un des magnats qui accompagnaient le maire. Je n'avais pas le temps de reconnaître le terrain moi-même, mais les chefs de bataillon se montrèrent à la hauteur de leur tâche.
Tout à coup une panique se déclare dans la ville. Une nouvelle reçue annonce l'approche d'un avion allemand. Pensant que cela peut bien être un des appareils qui m'ont été promis, je sors aussitôt avec une auto réquisitionnée pour avertir les avant-postes. Mais trop tard. Ils ont accueilli l'avion de tête (celui du commandant Samson) par une fusillade heureusement inoffensive et l'avion a pu atterrir sur le champ de courses, suivi de plusieurs autres appareils et, le jour suivant, d'un certain nombre d'autres encore. (Il y en eut neuf en tout, et un petit dirigeable.)
Les Plymouth Marines arrivèrent également et nous nous mîmes à l'œuvre pour nous déployer et nous retrancher. Mon but principal était de « bluffer » les Allemands et d'attirer quelques-unes de leurs lourdes colonnes dans ma direction, sur la route de Bruxelles-Tournai, mais les événements commencèrent alors à nous jouer des tours.
Quelques mécomptes d'abord d'importance moindre. Au lieu des cinq cents bicyclettes que j'avais réclamées, seulement une douzaine ou environ avaient été envoyées. Les cinq cents cartouches par homme avaient bien été fournies, à en juger par le travail difficile du débarquement, mais elles ne comportaient pas de « chargeurs », ce qui voulait dire que nous aurions à nous servir de nos fusils à magasins comme de fusils à un seul coup. En ce qui concer­nait mes autres requêtes, on ne m'avait expédié aucun État-Major de brigade et point de cartes de Belgique.
En considérant mes ordres spéciaux d'être « équipé de manière à pouvoir embarquer rapidement », il paraissait embarrassant de se trouver à la tête de 300 tonnes de matériel et approvisionnements divers qui avaient été envoyés au rivage ; presque tout ce que l'on pouvait conce­voir, sauf ce qui m'était le plus nécessaire, c'est-à-dire un certain nombre de mitrailleuses, des appareils de signali­sation et par-dessus tout les bicyclettes manquantes. J'avais appris qu'il y avait une division allemande à proxi­mité et des cyclistes auraient pu lui donner la tentation de venir de notre côté.
J'avais laissé des instructions à bord de l'Euryalus pour que les hommes débarquant fussent aussi peu chargés que possible, avec une liste de ce qu'ils devaient avoir sur eux, mais comme il était survenu sur les lieux, dans les 24 heures, trois officiers généraux plus anciens que moi, mes ordres avaient été négligés. On m'envoya quelques canons de campagne et des munitions, mais aucun moyen de trans­port. Aussi bien je refusai de les recevoir. Je n'avais pas envie de laisser derrière moi des canons pour permettre à l'ennemi de chanter victoire quand le temps serait venu de la retraite précipitée qui semblait probable. Pendant ce temps les hommes remuaient la terre de toutes leurs forces, établissant des positions qui couvraient toutes les approches de la ville.

Des événements heureux vinrent faire oublier ces diffi­cultés de petite importance. Les aviateurs de l'escadrille Samson, une fois-arrivés, montrèrent une grande initiative et firent du bon travail dans l'air. Samson lui-même, partit dans une auto armée Image pour Thourout, via Bruges, et un de mes officiers, le lieutenant-colonel Osmaston, se rendit également en auto avec quelques officiers belges et une petite troupe armée jusqu'aux abords de Menin, que des événements postérieurs devaient rendre à jamais mémo­rable. Nous réussîmes à louer environ cinquante bicyclettes et je poussai des patrouilles de cyclistes dans tout le pays, afin d'attirer l'attention le plus possible.
Les circonstances se présentaient favorablement : il y avait d'une part la « rumeur des troupes russes » (il s'agis­sait de Russes mystérieux débarqués dans des ports écos­sais et faisant route en hâte pendant la nuit vers le Sud) et d'autre part la nouvelle que la division belge, repoussée de Namur, avait embarqué au Havre et ralliait Ostende. La rumeur des troupes russes, répandue par le correspon­dant du Times, nous fut très avantageuse. Mes Marines étaient habillés d'uniformes bleus et coiffés de casquettes rondes sans aucune pointe. Des espions alle­mands pouvaient aisément la confondre avec des troupes russes. Il y avait par ailleurs des quantités de « civils » qui passaient par Ostende pour gagner le Sud et l'espionnage était des plus aisés. J'arborai sur la gare du chemin de fer mon immense drapeau bien en vue et je pris soin que la rumeur des troupes russes fût confiée comme un secret absolu au plus grand nombre de personnes possible. C'était le meilleur moyen de m'assurer une large publicité ; mais bien que j'aie appris après coup qu'un grand nombre de gens, en Angleterre, avaient ajouté foi à cette rumeur, je pensais à l'époque que c'était peut-être beaucoup demander de la voir acceptée bénévolement par les experts de l'État-Major Général allemand.
En ce qui concerne les troupes belges, voici les messages que je reçus : le premier était adressé par l'Amirauté à l'amiral Bethell, commandant la 7e division cuirassée, au large d'Ostende. Il avait été dépêché à 1 h. 45 du matin, le 29 août :
« 4.000 hommes de troupes belges sont actuellement embarqués au Havre pour Ostende. Dimanche et lundi (30 et 31 août) un surplus de 12.000 hommes sera envoyé du Havre. Les autorités françaises suggèrent Zeebrugge comme lieu de débarquement à cause du tirant d'eau des transports. Pour information au général Aston. »
Le message se terminait par la nouvelle de la bataille d'Héligoland à laquelle l'Euryalus avait pris part.
Je dis à l'amiral que j'étais d'accord avec l'opinion des Français sur Zeebrugge, solution qui supprimait la difficulté de protéger l'importante population de la ville d'Ostende, mais il fallait se renseigner auprès des autorités militaires belges sur la possibilité d'établir à Zeebrugge un camp con­venable et de se ravitailler en eau. Mon idée personnelle était que ce serait une manœuvre avantageuse de mettre en mouvement nos troupes sur Zeebrugge, de renforcer la place avec quantité de canons et de soldats du génie, d'établir là un camp retranché et de tenir bon sur ce lieu même. De toute manière, il y aurait tout profit à utiliser, pour débar­quer, le plus grand nombre possible de ports si l'on avait en vue un « bluff » d'envergure.
C'est alors que vint me trouver le chef d'État-Major du Gouverneur français de Dunkerque. Il me fit remarquer, avec beaucoup d'insistance, que Dunkerque était un fort préférable à Ostende, Dunkerque possédant un réseau d'inondations de défense, une garnison de 20.000 hommes et un port bien supérieur à celui d'Ostende.
A 6 h. 15, j'avais envoyé à l'amiral Bethel un message secret par signaux, pour l'Amirauté, dans lequel j'exposais mes vues, message que l'amiral, comme je l'appris à 10 h. 30 du matin, transmit avec son approbation. Dans l'intervalle l'Amirauté semblait avoir été peu à peu gagnée par l'in­quiétude au sujet de ma petite expédition, comme me le prouva à 10 h. 30 du matin une dépêche qui « m'enjoignait de me retrancher fortement et de tenir le périmètre d'Ostende (environ 8 milles avec 3.000 hommes) contre toute attaque afin de protéger le débarquement à Ostende de 1.600 hommes arrivant de Namur par la Hollande (sic) ».
Je fis crédit aux déchiffreurs d'un zéro qu'ils avaient, dans leur hâte, omis au nombre des arrivants ; je mis également à leur compte l'erreur de la violation de terri­toire neutre qu'aurait impliquée une retraite par la Hol­lande. A 9 h. 10 du soir, j'envoyai à l'Amirauté un télé­gramme rassurant sur l'état de mes défenses; j'ajoutais que j'espérais recevoir quelques informations concernant l'heure d'arrivée des Belges. De deux communications signalétiques de l'Amirauté et d'un message annonçant que 3.000 Belges devaient arriver par la voie ferrée, je concluais que leur total devait s'élever à 20.600. (Le message avait été envoyé chiffré, mais j'espérais bien que le « secret » transpirerait.) Je terminais en disant que j'étais en train de rechercher si les Belges possédaient des munitions. Il me semblait, en tous cas, que le bluff de Winston Churchill s'annonçait bien.
Je ne dois pas oublier de mentionner le rapport élogieux, paru dans la presse, sur nos soldats de marine à Ostende. Il émanait d'un officier de marine français.
« Je les ai vus débarquer à Ostende. Personne ne s'ima­ginerait jamais qu'ils sont en guerre. Ils ne semblent voir que le côté humoristique des choses. Ils rient et font assaut de bons mots et se livrent à des farces assez grosses ; leur rire est homérique, contagieux. Les foules qui les observent ne peuvent que faire chorus avec eux. Néanmoins sur leurs visages se lit une résolution farouche. Au moindre obstacle, paraît dans leurs yeux tout le sérieux de la mission qu'ils accomplissent. »
Avant de terminer ce récit nous devons faire connaître l'effet de l'expédition d'Ostende, conçue par Mr Churchill, sur l'État-Major Général allemand. Nous sommes ici très bien renseignés, grâce à l'excellente histoire officielle de Sir G. Edmond. Voici ce que le lieutenant-général Tappen (allemand) a écrit à ce sujet :
« A cette époque (août 1914) il ne manquait pas de rapports alarmants arrivant au G. Q. G. (1).
« Ostende et Anvers y tenaient une place prépondérante. Un jour on racontait que d'innombrables troupes anglaises avaient débarqué à Ostende et étaient en marche sur Anvers ; un autre jour que de grandes sorties se prépa­raient à Anvers. On mentionnait même que 80.000 hommes de troupes russes avaient pris terre à Ostende. Dans cette même ville, un grand camp retranché pour les Anglais était en préparation. La sécurité des arrières et du flanc droit de l'année réclamait une attention toujours en éveil. »
Liddell Hart nous a récemment remis en mémoire dans son livre Histoire critique de la Guerre Mondiale (2) que le colonel Hentsch, lors de sa visite au quartier général de Kluck durant la période critique de la bataille de la Marne, avait dit : « Les Anglais débarquent sans arrêt de nouvelles troupes sur la côte belge. On signale également un corps expéditionnaire russe dans les mêmes parages. Une retraite paraît s'imposer ».
Liddell Hart ajoute : « Nous savons d'un autre côté que les 3.000 Marines s'étaient prodigieusement accrus, dans l'imagination du commandement allemand, jusqu'au chiffre de 40.000 et que les Russes étaient comptés pour 80.000. » Liddell attache beaucoup de valeur à ce surprenant mythe russe qui se répandit « si mystérieusement (3) ».
En réfléchissant à ces événements, quinze années plus tard, je me demande s'il eût été possible de faire davantage et ce que l'État-Major allemand aurait pu croire si l'on m'avait fourni les 500 bicyclettes que j'avais réclamées et que j'en eusse fait un intelligent usage. Dans le cas qui nous concerne, 6.000 hommes de troupes venant de Namur, via le Havre, furent débarqués à Ostende le 30 août sous la protection de mes ouvrages de défense. J'entrai en rela­tions très amicales avec un général belge qui se trouvait
(1) Allemand .(N. D, T.)
(2) Édition française, Payot, Paris.
(3) Entre guillemets dans le texte.

parmi eux. Nous fîmes un déjeuner ensemble au restaurant de la gare et je lui fis des confidences. Il ne me posa qu'une question : « Avez-vous beaucoup de bicyclettes ? » Sur ma réponse que j'en avais trouvé seulement un petit nombre à Ostende, le reste ayant probablement été réquisitionné pour l'armée, son seul commentaire fut : « Bonne chance (1) ».
Mes amis à l'Amirauté semblaient devenir de plus en plus préoccupés au sujet de ma sûreté et l'amiral me pré­vint qu'il recevait des messages lui enjoignant de me fournir à l'occasion l'appui de ses canons, éventualité qu'il désirait éviter. Mon plan secret pour me retirer avec le moins de pertes possible était de concentrer mes faibles troupes de manière à attaquer les têtes de colonnes des Allemands (s'ils venaient) dans les défilés que formaient les chaussées des routes, au-dessus de la contrée engagée à moitié sous les eaux. Je laisserais ensuite derrière moi de faibles arrière-gardes et, évitant d'occasionner des embarras à la popula­tion civile en traversant la ville, je marcherais sur Dunkerque, par la plage s'il le fallait, à l'abri des dunes de sable. Les vaisseaux de l'amiral Bethell étaient loin à l'horizon et une ligne de dunes élevées dérobait aux canonniers à bord la plaine de l'arrière-pays. J'avais été moi-même canonnier dans la flotte pendant douze ans et je connaissais les réserves à faire à l'égard de cibles qu'on ne pouvait voir. Je ne savais d'ailleurs pas en quel endroit mes hommes pourraient se trouver, cela dépendrait des mouvements de l'ennemi. Dans ces circonstances, avoir à faire face aux Allemands sur mon front me paraissait suffisant sans être en outre obligé de craindre sur mes arrières les gros obus venant des navires amis. Finalement l'amiral me déclara que, lorsqu'après de longs signaux, l'Amirauté lui avait demandé pourquoi il ne voulait pas appuyer mes hommes par le feu de ses canons, il avait répondu simplement : « Parce que le général ne le désire pas. »
Quelques jours après arriva, à 4 h. 30 du matin, un avis signalétique de l'Amirauté d'embarquer mes troupes.
(1) En français dans le texte.
Puis un message de l'amiral que des signaux par T. S. F. allemands se rapprochaient de ses vaisseaux et qu'il nous désirait tous à bord à la tombée de la nuit. Peu après les navires étant hors de vue du rivage, on me remit un mes­sage annonçant qu'ils avaient pris le large. Fort heureuse­ment ce message se trouva faux.
Les hommes se conduisirent magnifiquement, quoique déprimés par l'ordre de retraite. Eux et tout le matériel (environ 200 à 300 tonnes) étaient embarqués dans ce petit port médiocre avec une seule grue de faible tonnage à 5 heures du soir environ, heure à laquelle j'embarquai moi-même avec le drapeau national qui ne devait plus retourner à Ostende pendant plus de quatre années.>>
La carte provient du site http://chtimiste.com/batailles1418/marne.htm


Le général Von Tappen confirme l'efficacité de ce coup de bluff :

<<On peut s'imaginer facilement que les nouvelles alarmantes ne manquaient pas non plus à cette époque au G. Q. G.. Ostende et Anvers y jouaient le principal rôle. Tantôt c'étaient de nombreuses troupes anglaises qui avaient débarqué à Ostende et marchaient sur Anvers; tantôt c'était la garnison de cette place qui était sur le point de tenter de grandes sorties en même temps que le peuple belge se soulèverait tout entier. Il fut également question du débarquement de troupes russes à Ostende (80.000 hommes).

On disait en outre qu'on était, en train de construire autour de ce port une grande place d'armes fortifiée pour les Anglais; mais lorsque nous entrâmes dans la ville, le 15 octobre, nous n'y trouvâmes absolument rien en fait de fortifications terminées ou seulement ébauchées, pas même une tranchée. La seule chose qui y avait été laissée par les Anglais était un train rempli de chevaux abattus qu'ils n'avaient pas eu le temps de sauver en les embarquant sur leurs navires. Bien que, comme cela va sans dire, la sécurité des arrières et du flanc droit de nos armées en marche méritât une attention continue, des renseignements de ce genre et même de plus mauvais encore ne purent arrêter leur avance. Il fut naturellement beaucoup plus facile pour nos ennemis de répandre des fausses nouvelles au G. Q. G. de Luxembourg que cela ne leur avait été possible au G. Q. G. de Coblence.>>
http://20072008.free.fr/site2004/gltappen.htm


Cordialement
IM Louis Jean
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<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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