Ce pourrait être un titre de roman. Direction le Pas-de-Calais, entre Alblain-Saint-Nazaire et Souchez.
- Sucrerie, Albain Saint-Nazaire, dans la nuit du 4 au 5 juin 1915.
Le 4 juin, le 360e RI est en première ligne. Après de couteux combats fin mai, le régiment relève le 279e RI à la sucrerie. Une maison au nord est toujours aux mains des Allemands. Une opération est organisée et à 16h00, une section (celle du sergent Esnault) de la 21e compagnie, prend ce dernier bâtiment. La section a aussi avancé d'une centaine de mètres dans la tranchée U qui se trouve au nord de la sucrerie et que les tirs français prenaient en enfilade. Arrêtés par les mitrailleuses au point V4 et par l'artillerie allemande, les soldats durent ensuite repousser plusieurs contre attaques allemandes venant de Souchez dans la nuit (à 21h30 et 23h30).
Bien sûr, les combats ont eu un prix : 8 morts et 7 blessés à la compagnie pour le seul 4 juin (ne sont pas comptabilisées les pertes du 5).
VASSE René, caporal (noté 2e classe sur le JMO)
LECLERC Alphonse Victor
HUCHARD Lucien
FARNAULT Marcel
RAMES Léon
ETERNOT Auguste
BOUCHE Benoît
ARDILEY Jean
Le résultat de ces combats fut aussi la capture de 19 soldats allemands (20 dans le JMO de la division).
- La mort du caporal Vasse.
« Le prisonnier allemand Boos Johann faisant partie du groupe de 19 prisonniers arrivés au château de Haie dans la nuit du 4 a été accusé par le soldat Doyen, du 360e comme ayant assassiné le caporal Vasse, dans la tranchée où il s'était rendus et faits prisonniers ».
Le problème est qu'il n'a pas été possible de recouper ces faits avec un autre document. Aucun des JMO consultés (360e RI, 279e RI, 70e DI, 139 et 140e brigades, Cie 14/5) ne font allusions à ces faits. Pas de JMO de prévôté pour la division. Aucune citation pour le caporal alors que le JMO du 360 les mentionne systématiquement et qu'elles sont très nombreuses dans les semaines qui suivent tous ces combats. Les causes de sa mort ont elles été étouffées pour ne pas ébruiter l'épilogue de cette affaire dont la propagande aurait pourtant été friande (le "Boche" qui se rend et qui par traitrise assassine le bon soldat français) ?
- Epilogue :
Source : JMO du 9e bataillon du 141e RI, pages 9 et 10 : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Voir carte : http://lt1.mcmaster.ca/ww1/wrz4mp.php?g ... d=211&view
En bleu : lieu des combats
En rouge : lieu de l'exécution, cantonnement du 9e bataillon jusqu'au 6 juin.
L'histoire s'arrête là, peut-être les réponses à nos questions existent-elles dans une annexe ou un autre dossier du SHD : a-t-il simplement été jugé ?
Il reste tout de même un dernier point à aborder :
- une coïncidence étonnante.
Avez vous d'autres exemples de meurtres de soldats français par des prisonniers ou d'exécutions de soldats allemands dans des circonstances identiques ?
A la semaine prochaine,
Arnaud