charge à la baïonnette

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RN059
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Re: charge à la baïonnette

Message par RN059 »

Merci pour la mise au point Pierre
gutenberg94
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Re: charge à la baïonnette

Message par gutenberg94 »

Bonsoir,


Témoignage de Paul Le Rebourg du 336 RI à la page 105 de son journal.

Vendredi 28 août 1914, combat de Saint Aignan à Cheveuges à midi :

« Encore deux bonds et nous voici derrière le jardin de la 1ère maison de Cheveuges : A la baïonnette ! cri le Colonel

Par les rues, les sentiers, à travers les haies, nous nous ruons en avant : une force supérieure nous énerve et nous pousse : la fusillade ennemie nous accueille, mais moins fournie, car déjà beaucoup s’enfuient vers la sortie nord du village !
Encore un coup de collier : les derniers allemands retardataires sont là, qui ne s’enfuit plus assez vite : une vingtaine sont rapidement embrochés ou tués à coup de fusils : une cinquantaine des moins braves, parmi lesquels beaucoup d’éclopés se rendent en tombant à genoux : Les autres sont partis en une véritable débandade ! C’est un beau succès : je ne sais pas si cette fois j’en ai tué de ma main ; n’ayant pas fait usage de ma baïonnette pour la bonne raison que mon fusil s’étant trouvé changé aux faisceaux , je n’ai pu à mon grand regret fixer mon aiguille à tricoter sur le fusil que j’ai dans les mains : maintenant pour le tir, dans le tas je n’ai pu constater les mouches que j’ai pu faire.
»

Dans son journal, le mot baïonnette est mentionné six fois...

Cordialement,

Gutenberg94
gutenberg94
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Re: charge à la baïonnette

Message par gutenberg94 »

Bonsoir à Yves à qui je souhaite adresser ici un merci pour le document en MP mais impossible de répondre étant en "ignore list"... :cry:

Cordialement,

Gutenberg94
JJAM
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Re: charge à la baïonnette

Message par JJAM »

C'est ce jour là que les "jeunes turcs", jeunes officiers de l'école de Grandmaison et autres professeurs de l'offensiver à tout va, ont désobéi aux ordres de Lanrezac devant Guise le 28 août 1914 !
Le lendemain, malgré leur folie, Lanrezac a surpris les Allemands en sauvant la Ve armée d'être encerclée et en battant les Allemands à Guise !
Que serait devenue la France avec une armée de 290 000 hommes en moins, après les sévères pertes d'août 14, on parle de tout près de 300.000 hommes hors de combat en 3 semaines !
Lire Roger Fraenkel.
JJAM
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Re: charge à la baïonnette

Message par JJAM »

Au sujet de la baïonnette. Jean Norton-Cru dans "Du Témoignage" :

L’arme favorite du poilu est la baïonnette.

Or : Le poilu est convaincu qui si l’on avait laissé la baïonnette à la caserne, on n’en aurait pas moins gagné la guerre, et les morts et les infirmes seraient moins nombreux. La baïonnette a fait tuer beaucoup de monde, elle en a tué fort peu, moins que n’importe laquelle des variétés infinies d’armes dont on se servit.
Je déclare ne jamais avoir vu faire usage de la baïonnette, jamais vu de baïonnette souillée de sang, jamais connu de poilu qui en ait vu plus que moi, de médecin qui ait constaté de blessure par baïonnette. L’usage était de mettre baïonnette au canon au départ de l’attaque : ce n’est pas une raison pour l’appeler une attaque à la baïonnette, plutôt qu’une attaque en molletières. Consultez les récits de guerre : aucun des meilleurs ne fait mention de l’usage de la baïonnette ; en revanche tous les récits qui mentent par ailleurs nous régalent de boucheries truculentes à l’arme blanche. Delteil, qui n’a jamais mis les pieds au front, dit que l’outil du poilu « ce n’est plus la pelle-bêche, c’est la baïonnette », Le Goffic, un civil, montre un marin embrochant des Allemands : « Et d’un ! Et de deux ! Et de trois ! Et de quatre ! Ainsi jusqu’à vingt-deux. » E. M. Remarque, enfin, soldat de l’arrière comme Delteil, embroche des poilus avec tant de brio que ses lecteurs français sont éblouis de la probité de son témoignage. La légende de la baïonnette remonte haut et ses contradicteurs n’ont pas attendu 1914 pour protester. Un grand chef du XVIII e siècle, le prince de Ligne, confessait : « Je suis bien éloigné de croire aux baïonnettes, malgré tous les beaux traits qu’en racontent les Français dans toutes leurs guerres. » Le colonel Ardant du Picq qui, comme capitaine, fit l’assaut à la baïonnette, constate : « Les charges à la baïonnette (où l’on ne donne jamais un coup de baïonnette)… - Le maniement du sabre est une aussi bonne plaisanterie que l’escrime à la baïonnette, prise au point de vue d’une utilité, d’un usage quelconque dans le combat. Combien sont trompés par la phraséologie militaire et se figurent un enlèvement à la baïonnette comme une tuerie mutuelle. »
Un des poilus qui ont protesté, Gaulène, s’écrie : « Que le diable emporte la baïonnette, mon ami ! Elle a fait son temps comme les bateaux à roues. ».
Jean Norton-Cru est à lire aussi dans "Témoins".
JJAM
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Re: charge à la baïonnette

Message par JJAM »

à Mireille,
je cite Jean-Norton-Cru :
"Comme tous ceux qui inventent leurs souvenirs Péricard fait grand usage de la baïonnette : "Un seul sentiment en moi : l'impatience de bondir et de faire connaître à ma baïonnette le goût du sang. L'officier désigné pour diriger l'attaque passe dans nos rangs : mes amis, nous allons avoir l'honneur de charger". dans ces combats on massacre l'ennemi à plaisir : "Des couches superposées de cadavres boches nivelaient le sol le carrefour, qui la veille, s'enfonçait dans la terre à près de trois mètres".
Et, aussi Genevoix sur les hâbleurs de 1914 "Les bourreurs de crâne à l'héroïsme fabriqué, les collectionneurs de prouesses plus qu'humaines, les cuisiniers d'épopée à l'usage de l'arrière. Ah ! cette crédulité immense de l'arrière, et ce que ces gens lui jettent en pâture !"
En conclusion, la baïonnette a servi à tout, domestiquement, mais était plutôt une gêne pour le soldat, même au hasard de contact physique dans la tranchée elle ne pouvait pas être utilisée à cause de son encombrement.
JJAM
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Re: charge à la baïonnette

Message par JJAM »

Allons, allons ! il est évident que toutes les attaques et contre-attaques ont été faites à la baïonnette au canon, la baîonnette faisait partie de l'équipement ! Comme les moletières !
Si la baïonnette a augmenté la puissance de feu des armées de Louis XIV grâce au génie de Vauban - supprimant les lanciers et les reclassant en fusiliers, en 1914, les charges "à la baïonnette en terrain découvert ne pouvaient que livrer les soldats aux balles des mitrailleuses ou mousquets ennemis (hécatombes de 1914, 1915 !)
Quand bien même quelques baïonnettes se soient rendues maîtresse de quelques positions de tirs ennemis, combien de centaines de milliers n'ont-ils pas était victime de ces ordres débiles, des centaines de milliers ! ?
JJAM
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tumador
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Re: charge à la baïonnette

Message par tumador »

J'en rajoute des couches:
Image
Image
Image

Cdt,
51, 104, 100, 101 RIT

54 RAC Lyon

8, 16, 35, 75, 139, 166, 286, 135, 38, 86 RI

4, 5, 7, 15, 17 ETEM

12,13, 19,30 BCP
13 BCA

5 genie
5 colonial
1 regiment colonial de marche

12 Hussards

Pont et chaussée
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Yannickckck
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Re: charge à la baïonnette

Message par Yannickckck »

Bonsoir à tous,

Il y a sans doute une grande différence entre "charge à la baïonnette" et "combat au corps à corps".

Les statistiques semblent donner plutôt du crédit à la vision de Norton Cru : des statistiques chirurgicales publiées après guerre (rapports Marin) font apparaître sur une étude incomplète des blessés pris en charge par les services de santé français pendant tout le conflit, portant tout de même sur 2 754 724 blessés ne comporte "que" (bien que ce soit tout de même loin d'être négligeable) 6460 cas de blessés à l'arme blanche (dont 1 tiers dans la seule année 1914 selon précision apportée note 347 page 557 de "le service de santé aux armées pendant la première guerre mondiale - éditions LBM 2008) soit seulement 0,23 % du total contre 60% des blessures imputées à l'artillerie - voir cet article dans la partie en face des notes 19 à 21 http://www.cairn.info/revue-le-mouvemen ... 1.htm#no18

Cette partie de l'étude n'est pas tout à fait exhaustive concernant les blessés et elle ne concerne pas les hommes directement tués au combat, mais ça donne quand même une idée des tendances...

Déjà 50 ans avant la grande guerre, pendant la guerre de sécession selon une étude citée dans "battle in the civil war - de Paddy Griffith - page 50", les statistiques médicales de l'armée du Potomac pour la campagne du printemps 1864 - de la bataille du Wilderness à celle de Petersburg (déjà une bataille de tranchée) - sur environ 50.000 hommes touchés au combat seulement 25 l'ont été par sabre (0,05%) et 50 par baïonnette (0,1%), avec seulement 11% de ces blessures à l'arme blanche fatales contre une moyenne de 20% de blessures mortelles pour les autres types .

Et c'était tout de même 50 ans avant, avec une puissance de feu bien inférieure à celle de 1914 aussi bien dans l'infanterie que dans l'artillerie...

La majorité des "charges à la baïonnette" ont du être très vite stoppées sous le feu bien avant d'arriver au contact de l'ennemi, c'est tout de même un peu la leçon de l'été 1914, et l'une des causes de l'enlisement du conflit dans les tranchées.

Amicalement,
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Arnaud Carobbi
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Re: charge à la baïonnette

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour Tumador,
bonjour à tous,

Tumador, vous avez mis en ligne deux pages d'un ouvrage dont vous devriez au moins indiquer les références pour les personnes intéressées par ces témoignages et vis-à-vis de l'auteur.
Pour la carte postale, quelle couche ajoute-t-elle ? Qu'avant guerre on s'entraînait à la charge à la baïonnette et que des clichés d'avant guerre furent réutilisés re-légendés pendant la guerre, à part cela...

Cordialement,
Arnaud
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