Aubigny le 12 novembre 1915
Ma Chère Geneviève,
J'ai reçu hier soir ta carte du 7 et j'y réponds immédiatement ce matin.
D'après ce que tu me dis, je vois que la conduite de certaines femmes laisse beaucoup à désirer à Avant [NDR : Avant-les-Ramerupt]. Comme je te le disais un jour je crois, la guerre ne contribuera pas à élever le niveau moral en France.
Je pense bien que tu t'es abstenue d'aller à la messe dite en l'honneur des soldats tombés au champ d'honneur. Sûrement que des réflexions seront faites sur ton abstention. Tu pourras répondre qu'il n'est pas besoin d'aller à une messe pour honorer les morts au champ d'honneur.
Si tu ne veux pas m'envoyer mon capuchon en colis postal de façon à ce qu'il arrive vite, il serait je crois préférable que tu le gardes. Après ces 18 jours pendant lesquels nous allons être partis, nous aurons 18 jours de repos et ensuite je pense que mon tour de permission viendra; j'irai le chercher moi-même. Tu jugeras et tu feras comme tu voudras.
Demain dans la journée nous partons d'ici mais comme je te le disais nous allons encore 6 jours un peu plus loin en cantonnement d'alerte. Quel temps par ici, pluie torentielle avec vent toute la nuit et pour toute la journée sûrement. Nous allons avoir de l'eau jusqu'aux genoux aux tranchées. Quand donc la fin ! Que de crimes !
Rien de plus à te dire. Ma santé est bonne. Je pense que la votre est de même. Embrasse maman bien fort pour moi et toi ma Chérie les meilleurs baisers de ton Georges qui t'adore. Collat G.
Je n'ai encore rien reçu de M. Prévot. Que dis Pajot ? Vois-tu son épouse ? Envoie-moi de l'argent comme je te l'ai demandé.
