Vision d'épouvante, réponse à Norton-Cru

remi-bdx
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Re: Vision d'épouvante, réponse à Norton-Cru

Message par remi-bdx »

Bonjour,

Bien curieuse réponse et très étonnant procédé…

Je vous cite : Nous n'allons pas renouveler les critiques et les défenses de Norton Cru qui occupent des pages entières de ce Forum.

Vous auriez donc tout loisir de critiquer Norton Cru alors que toute défense serait interdite au prétexte qu’il y a déjà eu des débats autour de cet auteur ? Pourquoi lancer le sujet si vous considérez que celui est épuisé ? N’y a-t-il pas contradiction dans les propos ?

Sommes-nous sur un forum normalement destiné au débat ou bien le site n’est-il devenu qu’une tribune à l’usage exclusifs de spécialistes auto-proclamés sur tous les sujets dont le seul avis prévaudrait. Il existe sur ce forum des modérateurs dont c’est le rôle de décider si des propos deviennent injurieux ou si la polémique enfle de façon exagérée pour en stopper le cours. Je ne crois pas avoir été injurieux ou exagérément polémique pour mériter une telle censure. Tant que les avis publiés vont dans votre sens, les critiques de N.Cru sont légitimes. Un seul avis contradictoire et vous en appelez à la fin des débats.

Je vais donc malgré tout poursuivre et reprendre un par un les arguments dont vous vous servez pour établir votre jugement comme vous auriez pu le faire avec les miens si vos propos avaient été gouvernés par le respect de l’avis argumenté de chacun.

Les citations en préambules du paragraphe intitulé « monceaux de cadavres » sont-ils exagérés oui ou non ? Puisque vous êtes amateur d’archives, en avez-vous qui témoigne de champs de bataille à tel point jonchés de cadavres qu’on n’en verrait plus la terre sur 400 m de profondeur ? Avez-vous un exemple de bataille au cours de laquelle l’artillerie aurait couché plusieurs milliers d’hommes en 3 ou 4 minutes dans une même plaine ?

Pour ce qui concerne les calculs que vous qualifiez de farfelus voir plus ( ?), quel est l’objectif de Cru dans cette macabre comptabilité ? Vous y voyez la négation de l’existence de véritables charniers sur le front. Personnellement j’y vois une démonstration venant contrecarrer les tentatives de certains auteurs à faire croire que le front de 14/18 ne serait qu’un charnier continu de 800 km de long. Il y a bien eu des points chauds sur lesquels des cadavres se sont accumulés au cours des journées, des semaines et parfois des mois de bataille. L’auteur n’en disconvient pas et en donne même des exemples plus loin. Mais à côté de cela il y a bien eu aussi des secteurs réputés comme calmes dans lesquels les visions d’horreur comme observées aux Eparges n’ont jamais eu lieu.

Vous parlez ensuite des combats à la baïonnette (ce qui n’était pas le sujet de départ). Vous parlez donc surement du paragraphe 3 page 29 . Vous faites allusion à sa réfutation des combats à la baïonnette sur la période août-septembre 1914. Vous avez surement dû lire ce paragraphe en diagonale. L’auteur déclare lui-même qu’il n’était pas présent à cette époque de la guerre et que son témoignage se limite à la guerre de position qui a suivie. Peut on nier qu’effectivement, au cours de cette guerre les morts par coup de baïonnettes restent anecdotiques par rapport à la masse des blessures létales par effets d’artillerie, grenades et balles de mitrailleuses ? Là aussi l’auteur ne prétend pas que cela ne s’est jamais produit en aucun lieu ni en aucune période. Il dit juste que dans sa pratique du front il n’en a jamais vu faire l’usage de la façon dont certains auteurs et certaines presses de l’époque en parlaient notamment comme étant l’arme favorite des poilus. Il suffit pour s’en convaincre de lire comment la majorité des poilus a réagi négativement lors de la distribution des couteaux de tranchée.

L’épisode que vous citez sur cette attaque de nuit à la seule baïonnette, culasse dans la poche est surement vraie. Mais si son efficacité s’était avérée, sa pratique se serait multipliée, la distribution des balles aurait cessé, et les soldats réarmés dans les 2 camps de piques et de sabres.

Pour les 2 sujets l’unique but de N.Cru est de mettre à mal les exagérations. Comme il l’écrit plus loin il considère les exagérations et les caricatures comme insultantes pour les poilus dont le quotidien était suffisamment peuplé d’horreurs pour en rajouter encore uniquement à des fins littéraires, patriotiques ou politiques.

Le sujet du témoignage est autrement plus complexe que les polémiques sur la profondeur des rayures du canon de 75, la couleur des têtes de delco des Berliet ou l’évolution du boutonnage des boutons de guêtre au cours de la guerre. Pour ces sujets les passionnés ont des éléments objectifs pour trancher : plans, dessins, photos.

Le témoignage, lui, est toujours emprunt de subjectivité, aussi bien pour celui qui l’écrit que pour celui qui le lit. C’est donc une matière nécessitant de nombreuses lectures et surtout du débat, qui, mené avec intelligence, rigueur et honnêteté ne nuit jamais au sujet.

Bien cordialement,

Rémi
Rémi
garigliano1
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Re: Vision d'épouvante, réponse à Norton-Cru

Message par garigliano1 »

Bonjour à tous

Pour ceux qui ne fréquentaient pas le forum à l'époque des discussions sur ce sujet, voici une présentation de Jean Norton CRU. http://www.crid1418.org/temoins/2008/02 ... 1879-1949/

Au sujet de la digression sur les baïonnettes , le journal "le Monde" publiait en novembre 2013 sous la plume d'un historien, ces propos :

La Grande Guerre est un événement si immense qu'il suscite sans cesse interprétations et réinterprétations. Son fort impact sur la société française alimente également la circulation d'images et de clichés qui ne correspondent pas à l'état du savoir des historiens. Le point sur dix idées reçues.

Les combats à la baïonnette marquent la guerre des tranchées :

La baïonnette est en vérité d'un usage rare dans les combats, même si elle équipe les soldats de différentes armées. Les deux tiers des pertes sont en fait causées par l'artillerie. Les combats rapprochés sont assez limités dans l'expérience de guerre des soldats qui, pour l'essentiel, ne voient pas leurs adversaires. Lorsque des assauts ou des patrouilles mettent cependant en contact, ou rapprochent, les combattants d'armées adverses, chacun préfère utiliser des armes de distance, plus protectrices, comme les grenades, les pistolets ou les lance-flammes.
Les grandes évocations du combat à la baïonnette que l'on trouve abondamment dans les publications de l'arrière reproduisent une représentation traditionnelle de la guerre d'avant 1914, et participent d'une héroïsation des soldats qui ne correspond pas à l'ordinaire de la guerre. Comme l'écrit l'ancien sous-lieutenant Raymond Jubert dans Verdun : mars-avril-mai 1916 (Presses universitaires de Nancy, 1989), le fantassin « meurt sans gloire, sans un élan du coeur, au fond d'un trou ».


Cordialement
yves
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rohmer
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Re: Vision d'épouvante, réponse à Norton-Cru

Message par rohmer »

Bonjour à tous,

Pour revenir à la vidéo tragique, _ correspondant aux dires du G-P (168° RI, Brigade des Loups) _
et sans pour autant m'interposer dans vos échanges, toujours emprunts de passion, je suis restée attendrie par la fillette aux longs cheveux blonds, qui voyant les troupes passer dans le village pour monter au front (je suppose), se précipite pour se réfugier où elle peut.
On y voit d'autres enfants un peu plus loin.

Tous les villages n'avaient donc pas été évacués...? mais c'est un autre sujet !
La scène se situe dans le village de Jézainville.

Bien cordialement et bonne suite dans votre discussion.
E. R.
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