Pantalon rouge

julienf67
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Re: Pantalon rouge

Message par julienf67 »

Bonjour

Je trouve que ce sujet a été bien introduit, la question est en effet de savoir si un pantalon/uniforme de couleur différente aurait eu un impact sur la mortalité.

Toutefois je ne suis pas d'accord sur le fait que les soldats étaient plus visibles à cause de ces couleurs. Principalement parce qu'il ne faut pas envisager les combats à l'échelle de l'individu, mais de masses de milliers d'hommes.
Ces masses sont repérées par l'ennemi qui utilise l'artillerie et les mitrailleuses pour des tirs sur zone. On ne vise pas un soldat, on vise une zone où des soldats se trouvent.

Voici un article que j'ai écrit sur le sujet

https://histoireguerres.wordpress.com/2 ... rouge-vif/
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Yv'
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Re: Pantalon rouge

Message par Yv' »

Bonjour à tous,

Je ne souhaite pas relancer ce sujet qui a déjà été longuement débattu (encore que... J'ai envie de réagir un peu tout de même quand je lis qu'il faut envisager les combats à l'échelle de « masses de milliers d'hommes », ce qui me semble loin d'être une généralité en 1914).

Je viens de tomber par hasard sur un article qui m'a surpris, car je ne pensais pas que le débat sur le pantalon rouge existait déjà depuis longtemps en 1890.
En voici la transcription :

LE PANTALON ROUGE
Pour la centième fois, voici que s’agite la question du pantalon rouge de l’armée française. Des manœuvres qui ont eu lieu récemment à Champigny ont appelé l’attention publique sur le danger que la poudre sans fumée va faire courir à l’infanterie dont les pantalons rouges risquent de servir de cibles à l’ennemi.
Mais aussitôt la discussion s’est ouverte, les uns tenant pour le danger, les autres en riant.
Les premiers font valoir, et ils nous paraissent avoir quelque raison, que le rouge est, sous le soleil, la plus voyante de toutes les couleurs. C’est là, disent-ils, une question de gros bon sens que tous les ergoteurs ne parviendront pas à déguiser. Dans un chantier, sur une voie de chemin de fer, toutes les fois qu'on veut arborer un signal visible de tous, n’est-ce pas du rouge qu’on se sert ? Sur un champ de manœuvre,
pendant une revue, quand des soldats passent au loin, n’est-ce pas la couleur des culottes et des képis qui
frappe d’abord le regard ? Des tirailleurs vêtus de rouge, tapis dans les broussailles, ne sont-ils pas plus
facilement aperçus que des chasseurs alpins vêtus de couleurs sombres ? Enfin, le rouge n’est-il pas plus
salissant que les couleurs grise, brune ou verte ?
Tels sont les arguments des partisans de la suppression du pantalon rouge.
Ceux qui en demandent le maintien, et ils sont nombreux aussi, soutiennent que le pantalon rouge a toute
une tradition d’honneur et de gloire et qu’on ne saurait, sans un déni de justice, le supprimer brutalement. Ils font valoir que le rouge est une couleur gaie, qu’elle ait aussi la couleur du sang et qu’elle a, dès lors, l'avantage d'en dissimuler l’horreur aux blessés. Ils affirment, et le savent probablement, que ce n’est qu’à 600 mètres — d’après le règlement — qu’un ennemi commence à apercevoir les diverses parties de l’uniforme des troupes qu’il a devant lui et qu’il n’en résulte aucune supériorité pour lui parce qu’il pourra plus ou moins bien distinguer la couleur du pantalon. Ils accompagnent tous ces raisonnements de détails techniques : il ne faut pas connaître, disent-ils, les conditions du tir dans une bataille pour attacher de l’importance au danger du pantalon rouge ; le règlement, en effet, recommande d’apprécier les distances sans tenir compte de la partie inférieure des hommes, presque toujours cachée ou invisible ;
dans le tir, on prend pour base une longueur de 200 mètres qu’on apprend à bien graver dans l’œil du soldat et qu’on ajoute tant de fois qu’il est nécessaire pour bien apprécier la distance, etc., etc.; nous vous faisons grâce du reste des détails techniques invoqués par les partisans du pantalon rouge.
Mais comme il faut bien rejeter le danger sur quelque chose, ce sont les boutons, les plaques de ceinturon, les galons d'or, les gamelles qui sont dénoncés à la vindicte des commissions chargées d’étudier notre équipement militaire.
Ce sont alors d'autres théoriciens qui se rejimbent et plaident la cause des objets brillants. L’équipement étincelant, disent-ils, qu’on admire sur les champs de manœuvres, n’existe plus en campagne ; les plaques de ceinturon, les boutons, les gamelles se brunissent rapidement ; du reste, raison aussi valable que celle qu’on oppose à la suppression du pantalon rouge, on ne verra jamais un ceinturon avant d’avoir vu un homme.
Il faudrait conclure cependant autrement que par le mot de Shakespeare : beaucoup de bruit pour rien !
Les uns affirment que le pantalon rouge, que l'équipement étincelant constituent un véritable danger ; les autres le nient.
Mais les premiers au moins font valoir des motifs à l’appui de leurs réclamations, tandis que les seconds n’y opposent que des raisons de sentiment, toujours les plus dangereuses.
Entre les deux opinions, on ne saurait donc hésiter. Il existe des motifs pour supprimer le pantalon rouge ;
il n’en est pas pour le maintenir. Qu’on le supprime !
X...

(Le Petit Champenois, 9 avril 1890, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8229245q/f1)

Cordialement,
Yves
Uschen
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Re: Pantalon rouge

Message par Uschen »

bonjour au forum
En 1912 quand l'armée allemande passa de la tenue bleu de Prusse au Feldgrau, Guillaume II à Berlin posa la question à un diplomate ou (militaire français) pourquoi l'armée française maintient-elle une tenue aussi voyante. Il est intéressant de comparer les deux uniformes en début de conflit pour se faire une idée du "Fomec" d'alors en ce qui concerne l'infanterie du moins.
La couleur "bleu horizon" ne fut d'ailleurs pas un mauvais choix. Récemment encore j'ai pu observer que ma petite fille en veste et pantalon jeans était difficilement discernable à 300m en lisière de forêt.
Je porte des lunettes et mon opticien qualifie ma vue comme "bonne". :)
Uschen du 67
garance.
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Re: Pantalon rouge

Message par garance. »

Uschen a écrit : lun. mai 09, 2022 3:19 pmEn 1912 quand l'armée allemande passa de la tenue bleu de Prusse au Feldgrau, Guillaume II à Berlin posa la question à un diplomate ou (militaire français) pourquoi l'armée française maintient-elle une tenue aussi voyante
oui, et ce fin connaisseur des uniformes précisait à son interlocuteur que le bleu était la couleur traditionnelle de l'armée Française
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
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