Re: Conseil de guerre de la 13°RM dans la presse
Publié : dim. sept. 02, 2018 10:32 am
Bonjour,
Une audience de décembre non paru dans l'Avenir du Puy-de-Dôme mais dans le Moniteur du Puy-de-Dôme. Au cours de ce dernier mois de l'année 1914, il y a eu 5 audiences, le post de décembre ici
Audience du 22 décembre 1914
M. le colonel de gendarmerie Lanty préside.
Territorial déserteur :
François Vial, du 104° régiment territorial d’infanterie, est inculpé de désertion à l’intérieur en temps de guerre. Le 4 août dernier, il quitta la caserne de Roanne et ne revint que le 13 octobre, après avoir fait un petit vovage dans son pays natal. N’avant pu être habillé à mon entrée au régiment, explique Vial, le sergent-major m'a renvoyé chez moi en me disant d'attendre une convocation... Cette déclaration étant reconnue fausse, le déserteur Vial est condamné à deux ans de travaux publics.
Défenseur : M° Guy.
Où conduit l'ivresse :
Le 12 octobre dernier le territorial Vananty Joseph, du 139° d'infanterie, quitta Briançon avec un détachement de 500 hommes, se rendant au Bourget. Sur le parcours, Vananty s'enivra. En arrivant à la gare de Moulins, il descendit du wagon et, lorsque le lieutenant Domart lui demanda pourquoi il n'était pas avec ses camarades, Vananty répondit : « Je ne veux pas monter avec cette bande de v... ! » Le casier judiciaire du territorial est garni de 5 condamnations. Pour refus d ’obéissance, le Conseil condamne Vananty à cinq ans de travaux publics. Défenseur : M. le sous-lieutenant Fleys, du 139° d'infanterie.
Trop parler nuit :
Au moment de la mobilisation, Joseph Fœsser, né à Paris, âgé de 31 ans, se trouvait en Alsace, chez son oncle Müller, agé de 71 ans. Le 5 août, Fœsser réussit à passer en France et, aussitôt, il rejoignit son régiment, le 5° d’infanterie, à Falaise. Nommé caporal, il partit sur le front aussitôt. Blessé par un éclat d’obus, à l'avant-bras droit, le 15 septembre, à la bataille de la Marne, il fut évacué sur l’arrière. Le 16 novembre, ayant obtenu un congé de convalescence d’un mois, le blessé vint chez ses beaux-parents, pour se reposer, dans la petite commune de Chastreix. Comme le fait remarquer M. le colonel Lanty, qui préside avec beaucoup de tact, de finesse et d'impartialité, le Parisien, lorsqu'il est en province, aime bien par son éloquence « épater » les gens. C’est ce qui perdit Fœsser qui, souvent questionné par les habitants de Chastreix, donnait son opinion sur la guerre. Quelques paroles prononcées par l’accusé furent mal interprétées par des voisins qui, à l’audience, ne paraissent pas se souvenir des déclarations faites par eux à l’instruction. Mme veuve Gay-Brassier, aubergiste à Chastreix, « retranche » quelques phrases qui, dit-elle, lui ont échappé à l'instruction. Jean Gatignol ne s'explique pas très clairement non plus. Le Conseil, tenant compte des bons antécédents du caporal Fœsser, l’acquitta après une éloquente et spirituelle plaidoirie de M° Planche.
A la gare de Châteaucreux :
Le 2 décembre, Auguste Luguet, soldat au 38° régiment d’infanterie, était de garde à la gare de Châteaucreux. Rester au même endroit toute une journée et, comme distraction, regarder passer les trains, ce n’est pas gai! C’est pourquoi Luguet alla se promener jusqu’à Saint-Étienne; lorsqu’il revint, il fut arrêté et accusé d'abandon de poste. Le Conseil inflige à Luguet deux ans de prison. Défenseur : M° Guy.
Pour des allumettes :
Pardon, caporal au 104° territorial d ’infanterie, âgé de 42 ans, et le soldat Bourrat, du même régiment, également âgé de 42 ans, sont accusés d ’abandon de poste sur territoire en état de guerre. Le 27 novembre, à Saint-Symphorien, le maréchal des logis de gendarmerie Moussot, chargé de surveiller le barrage d'automobiles, constata vers 7 heures du matin que le caporal Pardon, chef de poste, était absent, ainsi que le soldat Bourrat. Leur absence ne dura que vingt minutes, ils n’en furent pas moins arrêtés. Originaire du pays. Pardon était allé prendre le café avec le garde champêtre, une vieille connaissance; Bourrat, lui, était allé chercher des allumettes au bureau de tabac. M. le président lui demande : Vous avez fait la causette avec le marchand. Un tout petit peu... répond le vieux territorial, avec des larmes dans la voix. La faute étant légère, et les accusés de bonne foi, le Conseil les acquitte tous les deux. Défenseur : M° Guy.
Habitude fâcheuse :
En temps de paix, comme en temps de guerre, le soldat Gout Camille-Claude ne répond pas aux ordres
d’appel de l'armée. En 1913, le 14 mai, il devait faire une période d’instruction. Absent ! Le 3 août, Gout, d’après son fascicule de mobilisation, devait se rendre à la gare de Romeuf (Saône-et-Loire), pour rejoindre la caserne Duchesnes à Mâcon. Le train partit sans lui... Originaire de Saint-Étienne, demeurant à Lorme, près de Saint-Chamond, il fut arrêté et conduit à la prison militaire de Clermont. Trois ans de prison au soldat Gout pour insoumission. Défenseur : M° Guy.
Le vieux chemineau* :
Sans domicile fixe, s’occupant comme terrassier là où il trouva du travail, Antonin Geneste, âgé de 47 ans, était près de Paris au moment de la mobilisation.
Aussitôt, il revint à Clermont et se présenta au bureau de recrutement pour s’engager. — Allez-vous-en, vous êtes trop vieux!..lui répondit-on. Et le chemineau, cheminant, alla s'embaucher à Ennezat pour travailler, avant les prisonniers allemands, à l’assèchement des marais de la Limagne. Sa surprise fut grande lorsqu'on l'arrêta. . Geneste, qui ne sait ni lire ni écrire, est acquitté. Défenseur : Sous-lieutenant Fleys.
*Celui qui parcourt les chemins et qui vit de petites besognes, d'aumônes, de larcins.
Outrages envers un supérieur :
Masclaux Pierre-Marie, du 102° d'infanterie, passait avec deux civils, près de la gare, à Saint-Etienne. En croisant un adjudant d’administration, Masclaux cria : Et celui-là, qu'est-ce qu'il f... là ! sa place est sur le front... il pourrait bien porter le sac lui aussi.
L’adjudant fit arrêter MasClaux qui a déjà subi 24 jours de cellule, 83 de prison et 44 de salle de police! Le Conseil le condamne à 1 an de prison. Défenseur : Sous-lieutenant Fleys.
Insoumis :
Pimpard Jules, de la classe 1896, n’a pas rejoint le quartier Villars à Moulins, le 6eme jour de la mobilisation. Pimpard , qui a déjà sur son casier judiciaire 5 condamnations dont une à 2 ans de prison, pour désertion, est condamné par le Conseil à 4 ans de prison. Défenseur : M° Guy.
Cordialement
Jean-Pierre
Une audience de décembre non paru dans l'Avenir du Puy-de-Dôme mais dans le Moniteur du Puy-de-Dôme. Au cours de ce dernier mois de l'année 1914, il y a eu 5 audiences, le post de décembre ici
Audience du 22 décembre 1914
M. le colonel de gendarmerie Lanty préside.
Territorial déserteur :
François Vial, du 104° régiment territorial d’infanterie, est inculpé de désertion à l’intérieur en temps de guerre. Le 4 août dernier, il quitta la caserne de Roanne et ne revint que le 13 octobre, après avoir fait un petit vovage dans son pays natal. N’avant pu être habillé à mon entrée au régiment, explique Vial, le sergent-major m'a renvoyé chez moi en me disant d'attendre une convocation... Cette déclaration étant reconnue fausse, le déserteur Vial est condamné à deux ans de travaux publics.
Défenseur : M° Guy.
Où conduit l'ivresse :
Le 12 octobre dernier le territorial Vananty Joseph, du 139° d'infanterie, quitta Briançon avec un détachement de 500 hommes, se rendant au Bourget. Sur le parcours, Vananty s'enivra. En arrivant à la gare de Moulins, il descendit du wagon et, lorsque le lieutenant Domart lui demanda pourquoi il n'était pas avec ses camarades, Vananty répondit : « Je ne veux pas monter avec cette bande de v... ! » Le casier judiciaire du territorial est garni de 5 condamnations. Pour refus d ’obéissance, le Conseil condamne Vananty à cinq ans de travaux publics. Défenseur : M. le sous-lieutenant Fleys, du 139° d'infanterie.
Trop parler nuit :
Au moment de la mobilisation, Joseph Fœsser, né à Paris, âgé de 31 ans, se trouvait en Alsace, chez son oncle Müller, agé de 71 ans. Le 5 août, Fœsser réussit à passer en France et, aussitôt, il rejoignit son régiment, le 5° d’infanterie, à Falaise. Nommé caporal, il partit sur le front aussitôt. Blessé par un éclat d’obus, à l'avant-bras droit, le 15 septembre, à la bataille de la Marne, il fut évacué sur l’arrière. Le 16 novembre, ayant obtenu un congé de convalescence d’un mois, le blessé vint chez ses beaux-parents, pour se reposer, dans la petite commune de Chastreix. Comme le fait remarquer M. le colonel Lanty, qui préside avec beaucoup de tact, de finesse et d'impartialité, le Parisien, lorsqu'il est en province, aime bien par son éloquence « épater » les gens. C’est ce qui perdit Fœsser qui, souvent questionné par les habitants de Chastreix, donnait son opinion sur la guerre. Quelques paroles prononcées par l’accusé furent mal interprétées par des voisins qui, à l’audience, ne paraissent pas se souvenir des déclarations faites par eux à l’instruction. Mme veuve Gay-Brassier, aubergiste à Chastreix, « retranche » quelques phrases qui, dit-elle, lui ont échappé à l'instruction. Jean Gatignol ne s'explique pas très clairement non plus. Le Conseil, tenant compte des bons antécédents du caporal Fœsser, l’acquitta après une éloquente et spirituelle plaidoirie de M° Planche.
A la gare de Châteaucreux :
Le 2 décembre, Auguste Luguet, soldat au 38° régiment d’infanterie, était de garde à la gare de Châteaucreux. Rester au même endroit toute une journée et, comme distraction, regarder passer les trains, ce n’est pas gai! C’est pourquoi Luguet alla se promener jusqu’à Saint-Étienne; lorsqu’il revint, il fut arrêté et accusé d'abandon de poste. Le Conseil inflige à Luguet deux ans de prison. Défenseur : M° Guy.
Pour des allumettes :
Pardon, caporal au 104° territorial d ’infanterie, âgé de 42 ans, et le soldat Bourrat, du même régiment, également âgé de 42 ans, sont accusés d ’abandon de poste sur territoire en état de guerre. Le 27 novembre, à Saint-Symphorien, le maréchal des logis de gendarmerie Moussot, chargé de surveiller le barrage d'automobiles, constata vers 7 heures du matin que le caporal Pardon, chef de poste, était absent, ainsi que le soldat Bourrat. Leur absence ne dura que vingt minutes, ils n’en furent pas moins arrêtés. Originaire du pays. Pardon était allé prendre le café avec le garde champêtre, une vieille connaissance; Bourrat, lui, était allé chercher des allumettes au bureau de tabac. M. le président lui demande : Vous avez fait la causette avec le marchand. Un tout petit peu... répond le vieux territorial, avec des larmes dans la voix. La faute étant légère, et les accusés de bonne foi, le Conseil les acquitte tous les deux. Défenseur : M° Guy.
Habitude fâcheuse :
En temps de paix, comme en temps de guerre, le soldat Gout Camille-Claude ne répond pas aux ordres
d’appel de l'armée. En 1913, le 14 mai, il devait faire une période d’instruction. Absent ! Le 3 août, Gout, d’après son fascicule de mobilisation, devait se rendre à la gare de Romeuf (Saône-et-Loire), pour rejoindre la caserne Duchesnes à Mâcon. Le train partit sans lui... Originaire de Saint-Étienne, demeurant à Lorme, près de Saint-Chamond, il fut arrêté et conduit à la prison militaire de Clermont. Trois ans de prison au soldat Gout pour insoumission. Défenseur : M° Guy.
Le vieux chemineau* :
Sans domicile fixe, s’occupant comme terrassier là où il trouva du travail, Antonin Geneste, âgé de 47 ans, était près de Paris au moment de la mobilisation.
Aussitôt, il revint à Clermont et se présenta au bureau de recrutement pour s’engager. — Allez-vous-en, vous êtes trop vieux!..lui répondit-on. Et le chemineau, cheminant, alla s'embaucher à Ennezat pour travailler, avant les prisonniers allemands, à l’assèchement des marais de la Limagne. Sa surprise fut grande lorsqu'on l'arrêta. . Geneste, qui ne sait ni lire ni écrire, est acquitté. Défenseur : Sous-lieutenant Fleys.
*Celui qui parcourt les chemins et qui vit de petites besognes, d'aumônes, de larcins.
Outrages envers un supérieur :
Masclaux Pierre-Marie, du 102° d'infanterie, passait avec deux civils, près de la gare, à Saint-Etienne. En croisant un adjudant d’administration, Masclaux cria : Et celui-là, qu'est-ce qu'il f... là ! sa place est sur le front... il pourrait bien porter le sac lui aussi.
L’adjudant fit arrêter MasClaux qui a déjà subi 24 jours de cellule, 83 de prison et 44 de salle de police! Le Conseil le condamne à 1 an de prison. Défenseur : Sous-lieutenant Fleys.
Insoumis :
Pimpard Jules, de la classe 1896, n’a pas rejoint le quartier Villars à Moulins, le 6eme jour de la mobilisation. Pimpard , qui a déjà sur son casier judiciaire 5 condamnations dont une à 2 ans de prison, pour désertion, est condamné par le Conseil à 4 ans de prison. Défenseur : M° Guy.
Cordialement
Jean-Pierre