Re: Armistice - Le périple du 8 Novembre du Cne von Helldorff
Publié : lun. déc. 15, 2008 12:41 am
Bonsoir,
Pour terminer le sujet sur le passage des plénipotentiaires allemands dans les lignes, lors de la signature de l'Armistice du 11 Novembre, voici la suite du périple du Cne Von Helldorff pour repasser, le 8 Novembre 1918, dans les lignes allemandes avec le texte de la convention d'Armistice qu'il devait rapporter à Spa.
Les montages d'itinéraires sur photo Sat. permettent de mieux mesurer les difficultés qu'ont représenté ce passage.
Ce récit est celui de l'historique de 19° BCP.
8 Novembre à 16 heures, nouvelle suspension d'armes pour permettre le passage d'un plénipotentiaire portant au G.Q.G. allemand nos conditions d'Armistice.
Première tentative :
A 19 h30, le commandant de Bourbon-Busset (chef du 2° Bureau de la 1° Armée - Responsable du Renseignement, il parlait probablement bien l'allemand), accompagnant en auto le capitaine Von Helldorf, se présente au PC Ducornez. Le lieutenant de Kérarmel et le Clairon Roux partent avec eux. Les voitures avancent phares allumés (deux allemandes et une française).
Au passage de la côte 232 Lhuillier prévient que malgré la suspension d'armes, une mitrailleuse boche tire toujours vers Haudroy.
Le clairon sonne, la voiture avance lentement, le clairon sonne toujours, mais toujours aussi la mitrailleuse tire.
A Haudroy un grand entonnoir barre la route, et des chasseurs préviennent de prendre garde au carrefour de Clairefontaine, battu par la mitrailleuse.
(L'entonnoir était avant Haudroy, et le carrefour de Clairefontaine est à l'entrée sud d'Haudroy)
Le commandant de Bourbon parait furieux, et Von Helldorff assez mal à l'aise.
De Bourbon, de Kérarmel et Von Helldorff, à pied devant les autos qui les ont rejoint, et éclairés par les phares, atteignent le carrefour où une rafale les salue. De Bourbon et de Kararmel passe, Von Helldorff s'arrête à l'abri d'une maison.
De Kérarmel retourne en arrière, prend le drapeau blanc parlementaire, et accompagné du clairon sonnant sans interruption, lui-même agitant son drapeau, se reporte en avant, suivi de Von Helldorff.
Au carrefour, nouvelle rafale, deux balles dans le drapeau. Et toujours le clairon qui sonne, et toujours la mitrailleuse tire.
Voici nos avant-postes, le lieutenant Chambon se présente pour guider le groupe jusqu'au Poste ennemi le plus proche, dont l'emplacement a été reconnu en fin de journée.
Du 8 Novembre à 6 heures au 8 Novembre à 18 heures la 166° DI avait repris son avance. Haudroy avait été occupé et les premiers postes allemands étaient à la sortie Nord du village. C'était le point ou les Allemands auraient du accueillir leur plénipotentiaire.
A Haudroy ce 8 Novembre, le 19° BCP a eu ses derniers tués (un lieutenant et cinq chasseurs)
C'est sur la route de Rocquigny, il n'y a plus de poste ! Une maison ! A l'appel, les habitants effrayés sortent de leur cave où les boches les ont fait descendre deux heures auparavant. Ils ne savant rien. La mitrailleuse tire toujours et se déplace.
Von Helldorff crie en Allemand : "Y a-t-il un soldat allemand ici ? Je suis un officier de la délégation d'armistice. Je demande une réponse."
Il renouvelle plusieurs fois son appel, seule la mitrailleuse répond.
Au carrefour de Bas-Bugny, de Kérarmel frappe à une porte, aussitôt une vingtaine de personnes, hommes, femmes et enfants, sortent. Explosion d'enthousiasme, cris : "Les français, voilà les Français, vive la France ! Embrassements.
Le commandant de Bourbon, qui s'impatiente veut prendre congé: " Au revoir, nous reviendrons"; les mains se tendent, et dans son désarroi Von Helldorf lui aussi serre les mains, répétant machinalement :" Oui ! au revoir ! Oui ! Je... je.... reviendrai."
Le clairon sonne, la mitrailleuse tire, partout de formidables explosions, le rouge des incendies ensanglante la nuit.
Tout à coup, à quelques centaines de mètres en avant du groupe, un obus, puis deux, puis trois; bientôt il n'y a plus de doute c'est sur la route un barrage en avant des autos phares allumés.
Les boches ne veulent donc plus de leur parlementaire, le commandant de Bourbon décide de rentrer dans nos lignes, il repasse La Capelle à 22 h30.
Deuxième tentative :
A minuit, coup de téléphone, il faut faire une nouvelle tentative.
A 00 h30 le commandant de Bourbon et Von Helldorff arrive au P.C. et de Kérarmel et le clairon Roux repartent avec eux.
A partir du point où ils s'étaient arrêtés la première fois (Bas-Bugny), le commandant de Bourbon, de Kérarmel et le clairon Roux descendent de voiture et continuent à pied. Toujours de fortes explosions, (il s'agit sans doute des ponts que les Allemands font sauter plus au Nord) mais plus de mitrailleuse ni d'artillerie. Le clairon sonne.
A Rocquigny, au premier coup de clairon tous les habitants sont sur la place et la scène émouvante de Bas-Bugny se renouvelle. Indifférent dans sa voiture Von Helldorff reçoit les injures de la foule.
Depuis une heure tous les ponts sont sautés, il faut encore faire demi-tour. Retour à La Capelle à 3 heures.
Pour terminer le sujet sur le passage des plénipotentiaires allemands dans les lignes, lors de la signature de l'Armistice du 11 Novembre, voici la suite du périple du Cne Von Helldorff pour repasser, le 8 Novembre 1918, dans les lignes allemandes avec le texte de la convention d'Armistice qu'il devait rapporter à Spa.
Les montages d'itinéraires sur photo Sat. permettent de mieux mesurer les difficultés qu'ont représenté ce passage.
Ce récit est celui de l'historique de 19° BCP.
8 Novembre à 16 heures, nouvelle suspension d'armes pour permettre le passage d'un plénipotentiaire portant au G.Q.G. allemand nos conditions d'Armistice.
Première tentative :
A 19 h30, le commandant de Bourbon-Busset (chef du 2° Bureau de la 1° Armée - Responsable du Renseignement, il parlait probablement bien l'allemand), accompagnant en auto le capitaine Von Helldorf, se présente au PC Ducornez. Le lieutenant de Kérarmel et le Clairon Roux partent avec eux. Les voitures avancent phares allumés (deux allemandes et une française).
Au passage de la côte 232 Lhuillier prévient que malgré la suspension d'armes, une mitrailleuse boche tire toujours vers Haudroy.
Le clairon sonne, la voiture avance lentement, le clairon sonne toujours, mais toujours aussi la mitrailleuse tire.
A Haudroy un grand entonnoir barre la route, et des chasseurs préviennent de prendre garde au carrefour de Clairefontaine, battu par la mitrailleuse.
(L'entonnoir était avant Haudroy, et le carrefour de Clairefontaine est à l'entrée sud d'Haudroy)
Le commandant de Bourbon parait furieux, et Von Helldorff assez mal à l'aise.
De Bourbon, de Kérarmel et Von Helldorff, à pied devant les autos qui les ont rejoint, et éclairés par les phares, atteignent le carrefour où une rafale les salue. De Bourbon et de Kararmel passe, Von Helldorff s'arrête à l'abri d'une maison.
De Kérarmel retourne en arrière, prend le drapeau blanc parlementaire, et accompagné du clairon sonnant sans interruption, lui-même agitant son drapeau, se reporte en avant, suivi de Von Helldorff.
Au carrefour, nouvelle rafale, deux balles dans le drapeau. Et toujours le clairon qui sonne, et toujours la mitrailleuse tire.
Voici nos avant-postes, le lieutenant Chambon se présente pour guider le groupe jusqu'au Poste ennemi le plus proche, dont l'emplacement a été reconnu en fin de journée.
Du 8 Novembre à 6 heures au 8 Novembre à 18 heures la 166° DI avait repris son avance. Haudroy avait été occupé et les premiers postes allemands étaient à la sortie Nord du village. C'était le point ou les Allemands auraient du accueillir leur plénipotentiaire.
A Haudroy ce 8 Novembre, le 19° BCP a eu ses derniers tués (un lieutenant et cinq chasseurs)
C'est sur la route de Rocquigny, il n'y a plus de poste ! Une maison ! A l'appel, les habitants effrayés sortent de leur cave où les boches les ont fait descendre deux heures auparavant. Ils ne savant rien. La mitrailleuse tire toujours et se déplace.
Von Helldorff crie en Allemand : "Y a-t-il un soldat allemand ici ? Je suis un officier de la délégation d'armistice. Je demande une réponse."
Il renouvelle plusieurs fois son appel, seule la mitrailleuse répond.
Au carrefour de Bas-Bugny, de Kérarmel frappe à une porte, aussitôt une vingtaine de personnes, hommes, femmes et enfants, sortent. Explosion d'enthousiasme, cris : "Les français, voilà les Français, vive la France ! Embrassements.
Le commandant de Bourbon, qui s'impatiente veut prendre congé: " Au revoir, nous reviendrons"; les mains se tendent, et dans son désarroi Von Helldorf lui aussi serre les mains, répétant machinalement :" Oui ! au revoir ! Oui ! Je... je.... reviendrai."
Le clairon sonne, la mitrailleuse tire, partout de formidables explosions, le rouge des incendies ensanglante la nuit.
Tout à coup, à quelques centaines de mètres en avant du groupe, un obus, puis deux, puis trois; bientôt il n'y a plus de doute c'est sur la route un barrage en avant des autos phares allumés.
Les boches ne veulent donc plus de leur parlementaire, le commandant de Bourbon décide de rentrer dans nos lignes, il repasse La Capelle à 22 h30.
Deuxième tentative :
A minuit, coup de téléphone, il faut faire une nouvelle tentative.
A 00 h30 le commandant de Bourbon et Von Helldorff arrive au P.C. et de Kérarmel et le clairon Roux repartent avec eux.
A partir du point où ils s'étaient arrêtés la première fois (Bas-Bugny), le commandant de Bourbon, de Kérarmel et le clairon Roux descendent de voiture et continuent à pied. Toujours de fortes explosions, (il s'agit sans doute des ponts que les Allemands font sauter plus au Nord) mais plus de mitrailleuse ni d'artillerie. Le clairon sonne.
A Rocquigny, au premier coup de clairon tous les habitants sont sur la place et la scène émouvante de Bas-Bugny se renouvelle. Indifférent dans sa voiture Von Helldorff reçoit les injures de la foule.
Depuis une heure tous les ponts sont sautés, il faut encore faire demi-tour. Retour à La Capelle à 3 heures.