Le Pinard...

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croc-5962
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Re: Le Pinard...

Message par croc-5962 »

Bonjour à toutes et tous
Concernant "De 0,60 à 1,20 franc le litre en 10 jours. Quelle inflation!",
Les "mercantis" ont vite compris...

AAAhhhh!!! C'était le bon temps, pour eux :pfff:

Amicalement
Fernand
chanteloube
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Re: Le Pinard...

Message par chanteloube »

Bonjour,
un petit extrait d'une correspondance de N OLIVE soldat au 40 RI en date du 10 juin 15

[#71008d]c’est que au repos on n’y pense pas, pourvu qu’on pense à trouver du pinard c’est là tout notre souci. Quand nous partons des tranchées pour aller au repos nous disons qui sait où nous allons si nous allons trouver du pinard Quand il y en a on voit tout le monde joyeux, content, quand il n’y en a point tu ne vois personne avec le sourire.
A bientôt CC
HB 63
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Re: Le Pinard...

Message par HB 63 »

Bonjour,

Le pinard semble un sujet porteur....
Notre GO, cultivateur auvergnat n'ayant quitté son village que lors de sa mobilisation le 1 décembre 1914, n'utilisait pas le terme "pinard", mais bien celui de "vin".

Dans ses lettres qu'il envoyait presque tous les 2 jours à ses parents, nous pouvons relever ces extraits :

Riom, le 9 décembre 1914 :
"Chacun avait apporté un morceau de chez soi et on se groupe pour le manger avec quelques litres de vin qu’on achète"

Riom, le 10 décembre 1914 :
"il fait partie du groupe de huit qui nous cotisons pour le vin aux repas"

Camp de Bourg-Lastic, le 22 décembre 1914 :
"Le soir en arrivant, nous avons eu un bouillon, du vin, fromage et 3 couvertures"

Camp de Bourg-Lastic, le 27 décembre 1914 :
"Pour la nourriture l’on trouve ce que l’on veut, le matin les femmes portent du lait chaud au camp à 4 sous le litre et à dix heures du fromage, du vin, du chocolat. Nous n’avons pas le droit de sortir du camp pendant la journée mais le soir on va passer un moment et des fois l’on mange un bout pour changer".


Riom, le 25 janvier 1915 :
"Le vin a gelé dans les bidons en marchant et nous avons bu seulement un peu d’eau de vie qu’on avait apportée"

Lyon, le 19 février 1915, 9 heures : ( dans le train )
"A la pointe du jour nous avons déjeuné aux sardines et au vin blanc et à présent nous allons recommencer de croûter"

Bourg en Bresse, le 24 février 1915 :
"on a un quart de vin par jour"

Bourg, le 8 mars 1915 :
"vivres pour 2 jours avec bidon de vin."

Bourg, dimanche 14 mars 1915 :
"nous autres nous avons fait la manille à la chambre et nous avons trouvé le moyen de toucher 3 quarts de vin"

Bourg, le 19 avril 1915 :
"Voici notre menu pour ce soir soupe, bouilli et pommes de terre, sardines, confiture, vin et café."

Bourg, le 30 avril 1915 :
"hier j’étais de garde à la Charité, c’est ainsi qu’on appelle les casernes neuves qui servent de dépôt de convalescents et comme il y en a beaucoup de guère malades on les garde baïonnette au canon car ils s’y ennuient .... Comme on ne doit pas laisser entrer de vin c’est plutôt embêtant car il y en a toujours qui ont la pépie et il y a deux bistrots à côté."

Bourg, le 16 mai 1915 : (en ville pour l'Ascension)
"Nous avons mangé une omelette d’une douzaine d’œufs, du saucisson et du fromage, chacun notre litre de vin, et nous n’avons payé que chacun vingt sous. En rentrant en ville on a bu une cruche de bière"

Près de Paris, le 29 mai 1915 (en train) :
"Nous avions touché un litron de vin au départ mais comme on l’avait bu je l’ai rempli de nouveau et je vous assure qu’il valait les 12 sous qu’il m’a coûtés, j’en ai guère bu à Bourg comme ça."

En Artois, le 31 mai 1915 :
"hier soir on a touché chopine de vin."

Artois, le 3 juin 1915 :
"Après cinq heures on peut se promener un moment et boire un verre mais le vin est très cher, l’autre jour on l’a payé 20 sous, aujourd’hui on a pu en avoir pour 14, on trouve de la bière de ménage à 2 sous le verre, j’ai bu plusieurs fois du lait 2 sous le bol il est bien bon."

Le 5 juin 1915 :
"on transvase le vin cinq ou six fois, il y a un quart pour l’homme de corvée et finalement au lieu d’un demi-litre on en a guère qu’un quart."

Le 16 juin 1915 :
"Les boyaux se longent, se croisent de tous côtés en serpentant en zigzag, aux bifurcations des poteaux indicateurs avec les noms des rues, c’est presque une ville et il est pas rare de trouver des bouteilles de champagne qui ont été vidées ici. Mais quant à moi c’est probable que je n’en boirai pas souvent ici. On touche un peu de vin et pourvu qu’on puisse avoir de l’eau avec un peu de menthe ça fera comme ça pourra"

Le 28 juin 1915 :
"On trouve du vin un peu dans tous les villages mais il y a des soldats qui en abusent, c’est pourquoi les débits sont fermés à certaines heures mais ça me gêne guère cela."

Le 16 juillet 1915 (à Bayon)
"Ici on trouvera ce dont on aura besoin car c’est je crois un canton, il y a des magasins et le vin est pas si cher que dans l’Artois. Hier soir nous avons eu de la bière à six sous très bonne et du vin à huit sous, ce n’est pas vingt comme on le payait quelquefois."

Le 21 juillet 1915 :
"mais à présent on a du vin à volonté à 15 ou 20 sous."

Le 11 septembre 1915 :
"les villages sont loin, on y va pas souvent, le vin est plutôt rare mais on y trouve encore de l’épicerie...quant au vin on en touche un peu tous les jours. Ces temps on a aussi la niolle qu’on boit le matin avec le jus"

Il n'y aura plus le lettres, puisque notre GO décédera le 30 septembre 1915 à Beauséjour / Massiges.

Cordialement,
Christian
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mounette_girl
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Re: Le Pinard...

Message par mounette_girl »

Il n'y aura plus le lettres, puisque notre GO décédera le 30 septembre 1915 à Beauséjour / Massiges
Bonjour à tous ...et à vous, Christian :jap:

Vos citations m'émeuvent d'autant plus ...que mon grand-père est présumé avoir été tué au même endroit ...le 28 septembre 1915 (peut-être) !

MERCI.


Mounette
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"Tes yeux brillaient moins aujourd'hui /Dis-moi, dis-moi pourquoi chère âme /Dis-moi quel chagrin, quel ennui /Mettait un voile sur leur flamme." - Sergent Ducloux Désiré, dit Gaston - 146° RI
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stcypre
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Re: Le Pinard...

Message par stcypre »

Bonjour,

moi j'ai connu la vente de vin à la bouteille (enfin les clients venaient avec 6 bouteilles) à la "tireuse" jusque dans les années 70.
Le marchand avec un tablier bleu foncé noué à la taille, œuvrait dans son magasin que l'on appelait "la cave"...
Dans un coin 3 ou 4 tables autour desquelles quelques vieux de 14-18 jouaient à la belote ou à la "coinchée" et ils buvaient le "quinquina". Chaque perdant payait son coup... et comme disait mon GP heureusement que le vélo connaissait le chemin !!!!
J'étais dans un quartier populaire de Toulouse, pas très loin des abattoirs et le nombre des clients de la cave était conséquent. On y buvait des verres sur des barriques et le vin provenait du Minervois, de Gaillac et des Corbières.
Quelquefois le patron devait aider un client quelque peu éméché...
J.Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
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IM Louis Jean
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Re: Le Pinard...

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
Coup de pub génial puisqu'à cette époque le vin ne faisait pas partie de l'ordinaire réglementaire du soldat. Le sous officier d'ordinaire en achetait seulement lorsque il avait des disponibilités pécuniaires et qu'il pouvaient s'en procurer localement. Millerand, ministre de la Guerre, décida d'en distribuer régulièrement aux soldats. Un quart de litre par jour, puis un demi litre en 1916. Les poilus venant de régions non productrices, habitués au cidre ou à la bière, firent l'apprentissage de cette boisson nouvelle pour eux. Ce fut une aubaine pour l'ensemble du vignoble français.
En 1914 peut-être pas, mais en 1794, si !

<< 6 prairial an II
.../...
A cette époque, la troupe recevait dans toute la République, une bouteille de vin par jour. >>
Source : Journal du capitaine François

Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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genialogiste
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Re: Le Pinard...

Message par genialogiste »

On ne saluera jamais assez le réconfort que le vin rouge a pu apporter aux poilus durant la Grande Guerre, et a procuré aussi aux combattants de bien d' autres conflits, quand leurs conditions de vie étaient devenues d'une dureté extrême.

Image

Origine de la chanson "le pinard".

Les paroles de cette chanson(l'une des plus populaires du front) sont de Louis Bousquet, auteur de la Madelon, et la musique de Georges Piquet. Cette chanson de marche a été créée vers 1916 au 140ème régiment de ligne, durant la guerre 1914 - 1918.
Chantée par Bach alias Charles-Joseph Pasquier, né le 9 novembre 1882 à Fontanil-Cornillon dans l'Isère, près de Grenoble. Il était incorporé au 140eme RI et on l'appelait le comique troupier du 140eme.
Bach ayant obtenu un engagement et l'autorisation d'aller chanter sur le front pour remonter le moral des troupes la chantera comme d'autres chansons dont "quand la Madelon" écrite aussi par Louis Bousquet en 1913 (musique de Camille Robert)

-------------

https://www.youtube.com/watch?v=axfM1sFqIK0

Refrain.
Le pinard c'est de la vinasse
Ca réchauffe par ousse que ça passe,
Vas y marsouin, 1, 2, remplis mon quart, 3, 4,
Vive le pinard, vive le pinard.

1. Sur les chemins de France et de Navarre,
Le soldat chante en portant son barda,
Une chanson aux paroles bizarres
Dont le refrain est "Vive le pinard !"

2. Dans la montagne culbute la bergère
De l'ennemi renverse le rempart,
Dans la tranchée fous-toi la gueule par terre
Mais nom de Dieu ne renverse pas le pinard.

3. Aime ton pays, aime ton étendard,
Aime ton sergent, aime ton capitaine,
Aime l'adjudant même s'il a une sale gueule
Mais qu'ça t'empêche pas d'aimer le pinard.

4. Dans le désert on dit que les dromadaires
Ne boivent pas, ça c'est des racontars.
S'ils ne boivent pas c'est qu'ils n'ont que de l'eau claire,
Ils boiraient bien s'ils avaient du pinard.

5. Petit bébé, tu bois le lait de ta mère
Tu trouves ça bon, mais tu verras plus tard, petit couillon
Cette boisson te semblera amère
Quand tu auras goutté au pinard.

6. Ne bois jamais d'eau, même la plus petite dose,
Ca c'est marqué dans tous les règlements!
Les soldats disent : "Danger l'eau bue explose"
Va donc chantant sur tous les continents.

7. Si dans la brousse, un jour tu rendais l'âme
Une dernière fois, pense donc au vieux pinard!
Si un giron a remplacé ta femme,
Jamais de l'eau n'a remplacé le pinard!



---

J'ai trouvé aussi un superbe document complet sur le pinard , http://milguerres.unblog.fr/le-pinard-de-nos-poilus/
Mes Héros ??? Victor Joseph Marie Lelièvre et son cousin Jean Baptiste Lelièvre et Parageau Pierre Marie morts pour la France en 14-18...ces poilus là ,c'était des HEROS...
Rutilius
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Le Pinard...

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Le « supplément extraordinaire et gratuit » de vin alloué aux poilus à l’occasion du 1er janvier 1917 — et le menu fort peu extraordinaire du jour.

Le Morbihannais, n° 58, Vendredi 22 décembre 1916, p. 1.

Image
Dernière modification par Rutilius le ven. déc. 18, 2020 6:51 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
jeanba2
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Re: Le Pinard...

Message par jeanba2 »

Bonsoir

mon grand-oncle qui avait fait Verdun et toute la guerre m'avait raconté quand j'étais enfant que curieusement la guerre l'a sauvé de l'alcoolisme ; en effet, parti en consommant beaucoup de vin, il avait été rationné à deux litres par jour. Le connaissant je pense qu'il exagérait sans doute.
L'intendance fournissait du vin aux soldats qui remplissaient leur bidon. Certains avaient trouvé l'idée d'agrandir ce bidon métallique en tirant dedans avec une balle à blanc, le souffle faisait gonfler l'outre ; certains bidons pouvaient ainsi contenir un peu plus.

Jean
Rutilius
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Le Pinard...

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

La Vendée Républicaine, n° 1.714, Samedi 24 février 1917, p. 3.

LE PINARD

Comme un dieu, moi, je le vénère.
J’aime à le boire à mon réveil ;
Car il apporte en ma misère
Comme un rayon de beau soleil.
Moins triste paraît la tranchée,
Et j’accepte mieux le destin.
Par lui mon âme est mieux trempée :
L’pinard, c’est mon meilleur copain.

Je vois la terre un peu moins grise ;
Je vois le ciel un peu moins noir ;
Je vois les yeux de ma promise ;
C’est du courage jusqu’au soir.
C’est du sang qui coule en mes veines.
Du sang qui, peut-être demain,
A son tour rougira la plaine :
L’pinard, c’est mon meilleur copain.

J’ai moins froid au fond de mon âme,
Et je sens monter vers mon cœur
Une douce et ardente flamme
Qui apaise et sèche mes pleurs
Je sens couler en moi l’ivresse
Qui, joyeuse, noie mon chagrin ;
De l’amour je sens la caresse,
L’pinard, c’est mon meilleur copain.

Je suis contre les alcooliques,
Car l’ivrogne est plus bas qu’un chien ;
Mais, en guerre, au moment tragique,
Boire un coup, cela fait du bien :
Ça vous réchauffe les entrailles ;
On sent mieux son fusil en main ;
Pour braver sans peur la mitraille.
L’pinard, c’est mon meilleur copain.

Le pinard, c’est le chef suprême ;
C’est celui qui pousse en avant
Et qui crie à ceux qu’ont la flemme :
« Défends-toi ou soit Allemand !
» Sois vainqueur ; pour cela dégaine ;
» Frappe fort sur tous ces coquins !
» Tue la guerre ou traîne la chaîne ! »

L’pinard, c’est mon meilleur copain.

Pour les poilus videz vos caves.
Car voici le dernier assaut.
Versez à ceux qui sont si braves,
Versez le vin à pleins tonneaux.
Pour nos héros je fais la campagne,
Et je crie à tous les rupins :
« Ceux qui ont repris la Champagne
» Ont bien le droit d’avoir du vin ! »


MONTÉHUS.


[Gaston Mardochée BRUNSWICK, dit Montéhus, né le 9 juillet 1872 à Paris (Xe Arr) et décédé le 31 décembre 1952 à Paris (XVe Arr.). Chansonnier.]
Dernière modification par Rutilius le ven. déc. 18, 2020 6:39 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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