St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

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Charraud Jerome
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir

Maintenant que le calme revient, je me permet d'intervenir sur la consommation de vin.
Si les quantités sont énormes, il ne faut pas oublier le contexte. Le vin du début du XXe siècle n'est pas le vin que l'on connait maintenant. Les taux d'alcool ne sont pas du tout les mêmes.
A une période où l'eau était rarement potable, (Ah les fameux tas de fumiers pas loin du puit !!!), la boisson principale restait le vin, le cidre ou la bière suivant les régions.
J'ai souvenir étant enfant d'avoir bu de ces piquettes faites à la ferme. Le Charraud y risquait plus les aigreurs d'estomac que la crise éthylique.

Sur le sujet, je conseille très vivement la lecture de "Histoire de la vigne et du vin en France, des origines au XIXe siècle" de Roger Dion. (Flammarion, 1977, in-8, broché.). Bon ok, s'éloigne de 14-18, mais quel interressant ouvrage.

Je ne parle pas bien sûr de la gnôle, l'alcool pur reste de l'alcool pur quelque soit la période. Je ne parle pas non plus des boissons frelattées. Il parait qu'il y a de la pomme dedans ...
A revoir, histoire de se dérider: ICI

Cordialement
Jérôme Charraud
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."
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sly
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par sly »

Si je prends l'exemple de vos gamins, je suis donc en droit de déduire que la majorité des gosses boivent dans les musées.
Mais non , pourquoi en déduire que la majorité des gamins picollent dans les musées ?

Mais vous avez parfaitement raison, ne généralisons pas (heureusement que tous mes groupes scolaires ne sont pas bourrés!)

Sly
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Chasseur
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par Chasseur »

Bonsoir,
Mon grand-père ne parlait jamais de "beuveries" avant assaut, lui qui était au 35, puis au 407 et enfin au 260ème RI. Certes la consommation de vin était répandue (attention ne confondons pas alcool (supposé pur) avec vin !.
Boire de l'alcool pur est plus "hard" me semble-t-il.
Enfin l'alcool à brûler était sans doute de l'alcool frelaté; j'ai souvenir d'avoir bu dans les rations des années 70 dans une petite fiole de l'alcool pas vraiment de bonne qualité, alors pour les poilus !!...L'intendance de l'époque ne devait pas leur donner du CHAMBERTIN !...
Cordialement
L'alpin
erwann
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par erwann »

Bonsoir,

Il est évident qu'a cette époque la consommation de vin et d'alcool était très importante ceci dit le commandement pendant les 4 années de guerre s'est servi des vertus anxiolitique et des inhibitrice de l'alcool pour mieux faire se battre les soldats. Ceci va poser un grave problème d'alcoolisme après guerre ce qui se comprend aisément. Un alcoolique étant une personne qui est sous dépendance d l'alcool dont il se sert comme d'un médicament et pas forcément un vicieux ou un faible.

Erwann

ps Quant au gamin qui picole il serait intéressant de savoir pourquoi plutôt que de le condamner....
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Ferns
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par Ferns »

Bonsoir messieurs,
Après la lecture de nombreux carnets et témoignages, l'alcool et le vin demeurent omniprésents dans la vie du poilu, pas seulement le Français. Même Mussolini affirme que l'alcool protège du froid et permet de lutter contre le sommeil. Toutes les armées consomment. L'ivresse revient sans cesse. Barthas indique une consommation litre par litre. Certes les degrés sont moins élevés qu'aujourd'hui (de 5 à 8 °), m'enfin faut faire de la place pour les caser ! Je suis désolé mais l'alcool avait tout de même pour effet de "guérir la peur", avec la gnôle "aucun genre de courage ne nous manquait" écrivait Alain. Même Jünger trouve dans l'alcool un remède contre la peur. Bien sûr qu'avant les assauts les ravitailleurs amenaient le seau de gnôle. Les hommes de troupe comme les officiers ! Relisez ces témoignages, relisez l'excellent ouvrage de Frédéric Rousseau, la Guerre censurée. Clémenceau lui même s'inquiéta de cette situation en septembre 1918, mais il était un peu tard. Si Patrice veut des références en voici une au hasard
SHAT, 7 N 175, carton 38, dossier 3, "Débits de boissons, alcoolisme, péril vénérien". Dans les semaines qui suivent l'armistice, entre 800 000 et un million de bouteilles de champagne sont volées par les soldats stationnés à Reims et aux alentours . Voir aussi le fonds Clémenceau, dossier 2, GQG, Inspection générale des services, 20 décembre 1918.
Même les Américains piccolaient !

Cordialement
Ferns
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
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francois noury
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par francois noury »

Bonjour,

ci-dessous, extraits de ma large bibliothèque :lol: , quelques témoignages sur le thème évoqué (Barthas, puis «paroles de poilus» :

Cordialement, François

PS: si quelques-uns avaient d'autres récits (sans pour objet, d'en faire généralité), ce serait bien (éventuellement avec transfert à la rubrique "santé"?)

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Stephan @gosto
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par Stephan @gosto »

Bonjour,

Plongée dans la lecture de la correspondance de guerre de Jean Norton Cru, je relève, dans une de ses lettres, que les allemands qui enfoncèrent le front, à Malancourt en février 1915, étaient ronds comme des queues de pelles ! :lol: :lol: :lol:

Alors, non seulement le 15e CA a laché pied, mais en plus devant des bataillons d'ivrognes... :lol: :lol: :lol:

Bon, je laisse à nos amis du 15e C.A. le soin de tordre le cou à ces "on-dit" colportés par le témoignage de l'illustre pourfendeur de légendes !

Trêve de plaisanterie, il n'en reste pas moins que ces quelques lignes sur ces combats de Malancourt sont intéressantes pour qui travaille sur ce combat, et pour qui s'amuse de voir Norton Cru évoquer, dans une même lettre, un blessé pendu par les allemands, des prisonniers achevés par les français et à l'arme blanche, la "barbarie" des méthodes de combat employées par les allemands, l'ivrognerie de ces même allemands lancés complètement saouls à l'assaut des tranchées françaises, etc. ;)

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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Guilhem LAURENT
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Re: St Pinard: "les poilus étaient bourrés"

Message par Guilhem LAURENT »

Bonsoir à toutes et à tous,
Salut Stéphan,

Bon, Stéphan, cela suffit... ;) et non, je rigole... je veux juste apporter ma pierre à l'édifice avec ce témoignage. Ouf ! :lol:

Contexte : Alsace, front des Vosges, secteur du Violu, 4 juin 1916, compte-rendu de l'adjudant-chef Ruffi, chef de la 2e section de la compagnie Z 33/1 à son supérieur le capitaine Franceschi sur l'émission de gaz faite par cette unité deux jours auparavant. Petite précision d'importance je crois : il s'agit de la première mission en situation réelle (stress) pour cette compagnie, et donc de la première utilisation de bouteilles de chlore emmenées en terrain difficile dans les premières lignes... je vous laisse imaginer...


46e Division d'infanterie
Cei 33/1 du 1er génie

Aux Armées le 4 juin 1916

Compte rendu de l'adjudant chef Ruffi à Monsieur le capitaine commandant la cie

J'ai l'honneur de vous rendre compte qu'au reçu de l'ordre d'opération arrivé à mon PC à 1h15 j'ai prévenu tous les gradés que l'émission aurait lieu à 1h30. Je n'ai pas eu le temps personnellement de vérifier si tous les masques étaient bien placés mais chaque gradé devait s'en assurer.
A ma visite de 23h j'ai pu m'assurer que les tubes étaient tous bien placés. Si un ou deux sont revenus dans la tranchée ça ne peut être que par suite de la maladresse d'un homme qui a pu l'accrocher au passage en raison de la profonde obscurité qui régnait au moment de l'opération.
Les hommes de la 2e section n'ont été prévenu qu'au dernier moment que l'opération devait avoir lieu dans la nuit. Aussitôt alertés ils ont été conduits aux emplacements qu'ils devaient occupés et n'ont pu s'approvisionner de liquide. De mon côté la section a passée toute entière par 3 fois devant moi dans une sape éclairée, à l'acétylène et je n'ai vu aucun homme en état d'ébriété.

Ruffi



Si on en parle dans des rapports adressés à la hiérarchie militaire, c'est que cela devait poser problème non ? et donc exister... Ces hommes ont-ils été prévenu au dernier moment pour ne pas accroître de façon brutale le stress du combattant et donc lui donner l'occasion de boire pour lutter contre sa peur ou tout simplement pour garder au maximum le secret de l'opération ? A mon avis, la première solution est la bonne, même si la deuxième pouvait se justifier.

Bien cordialement

Guilhem LAURENT
On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont.
L'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le coeur consolé de ceux qui l'aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
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