Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

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b sonneck
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par b sonneck »

Bonjour,

Pour les prénoms de Clémenceau, il n'y a aucun doute : c'est bien Georges (avec un S final) et Benjamin. J'ai remplacé, dans le fil où je l'avais placée, la photo tronquée de l'acte de naissance, par une version plus complète, avec les lignes où figurent les prénoms déclarés.

Lorsqu'il n'y a pas concordance entre l'orthographe dans le corps du texte et dans la marge de l'acte, c'est celle du texte qui fait foi et a force de loi, car c'est celle que les déclarants sont supposés avoir lue et approuvée avant d'apposer leur signature.
Les mentions dans la marge sont réputées avoir été inscrites a posteriori, dans le but de faciliter les recherches ultérieures dans le registre ; elles ne sont qu'indicatives, et heureusement ! Il m'a été donné de voir un individu normalement déclaré par son père, mais répertorié dans la marge (et, par suite, dans les tables alphabétiques), sous le patronyme de sa mère !

Cordialement
Bernard

lasserre
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par lasserre »

Bonjour,
Ayant pas mal remué les archives de la guerre 14-18 ces dernières années, je peux vous apporter les informations suivantes.
C’est bien le général de Castelnau qui a dit : « je n’écris pas mes mémoires, car je n’ai rien à me reprocher ». Il est effectivement le seul parmi les chefs militaires et politiques de cette période à n’avoir rien publié. De plus, il a mis un embargo sur ses archives personnelles (versées au SHD en 1999 seulement) et découragé les panégyristes. Ensuite, ce n’est pas Clemenceau qui s’est opposé à son élévation au Maréchalat. En 1919 et 1919, on ne voulait que trois maréchaux : Joffre, Foch et Pétain. Par contre, ce sont Aristide Briand et Léon Barthou qui ont intrigué pour qu’il ne fasse pas partie de la liste complémentaire de 1921 (Lyautey, Fayolle et Franchet d’Esperey) alors que Clemenceau écrivait dans son journal : « cela ne m’aurait ni surpris ni chagriné qu’il en fit partie ».
Ensuite, vous faites référence au journal du général Buat. Alors qu’il n’était encore que colonel, il était considéré au GQG comme l’archétype du « Jeune Turc ». Remarquable intelligence, polytechnicien, major de l’école de Guerre, sa carrière militaire très élitiste s’était passée loin des corps de troupe : officier d’ordonnance du Vice Président du CSG, enseignant à l’école de guerre, chef de cabinet du ministre de la Guerre, il n’avait jamais commandé au-delà d’un simple groupe d’artillerie. Sa première expérience avec la guerre, il ne la fera qu’en juin 1916. Considéré comme un pur dogmatique doublé d’un carriériste forcené, ses remarques et appréciations à propos des talents militaires des uns ou des autres sont donc à prendre avec beaucoup de réserve. Ses mémoires montrent qu’il a surtout beaucoup colporté de ragots infondés comme cette histoire de Castelnau voulant abandonner Nancy qui figure à p. 588. Ce n’est d’ailleurs pas le seul. Cette histoire est totalement démystifiée par les archives (cf. AFGG 6/2/A1 n° 751 et AFGG 6/2/A2 n° 881, 1130 et 1131 consultables sur Gallica) et le général Weygand, qui n’aime pourtant pas Castelnau, la contestera formellement (Correspondance Weygand/Tournès, SHD fonds Castelnau, 1K795/11 classeur 20.). Pour bien mesurer l’incompétence opérationnelle de Buat, il suffira de rappeler qu’en mai 1916 il écrivait : « Castelnau a peur de cette attaque sur la Somme, car il croit — au mépris de tous les enseignements de la guerre — que l’ennemi continuera à attaquer Verdun ». Or, le 23 juin 1916, les Allemands lançaient la plus violente, la plus massive et la plus meurtrière de toutes celles qu’ils avaient exécutées à Verdun. Cela fera dire au journaliste Jean de Pierrefeu qui était l’un de ses collègues au GQG à cette époque : « Que voilà de graves assertions et qui nous rendent inquiets sur la manière dont le colonel Buat conduirait la guerre s’il était le chef suprême⁠. » Quant à son carriérisme, il suffira de se rappeler qu’il était surnommé « la créature de Joffre » et qu’il devra ensuite sa nomination en tant que major général au GQG à l’été 1918 à Foch qui veut avoir un homme à lui pour contrôler Pétain.
Les mérites du général Buat, et on ne peut pas les nier, ne se situent pas au niveau de l’art militaire, mais dans des talents d’organisateur qui trouveront à s’exprimer lors de la création de la réserve générale d’artillerie lourde pendant la guerre puis en tant que major général après la guerre, donc en temps de paix où sa très grande intelligence et sa capacité de travail trouveront leur pleine mesure.
Si vous voulez plus d’information, je vous invite à lire l’ouvrage que je viens de publier : Castelnau, le quatrième maréchal. Cet ouvrage doit tout à la numérisation des quatre millions de documents constituant les archives de la guerre ce qui permet de trouver instantanément des documents d’époque précisément associés aux évènements. Cela m’a permis entre autres choses d’opposer aux dérapages bibliographiques d’un certain nombre d’auteurs tels que Buat, Joffre, Foch ou Dubail des pièces historiques en version intégrale qui infirment les propos non documentés qu’ils tiennent.
Cordialement
LASSERRE
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b sonneck
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par b sonneck »

Bonjour,

N'étant arrivé qu'à la page 634 sur 1461 du Journal du général Buat, il m'est difficile de me prononcer sur l'intégralité de son contenu. Mais ce journal n'ayant été publié que 92 ans après la mort de son auteur, il me parait difficile de lui conférer un rôle majeur dans le colportage des ragots qu'on pourrait y trouver...

Pour ma part, n'ayant aucune attache affective particulière avec l'un ou l'autre des acteurs principaux de cette période, je me borne à citer, le cas échéant et source à l'appui, ce que l'un ou l'autre peut dire ou écrire, sans l'accompagner de prise personnelle de parti. A chacun de se faire son opinion, avec la liberté d'en faire part ou de la garder pour soi.

S'agissant des mérites éventuels du général Buat, je ne suis bien sûr pas en mesure d'apprécier ses talents de stratège ou de tacticien. je crois toutefois devoir lui reconnaître une qualité qui semble transpirer de la lecture de son Journal ; du moins si ce qu'il raconte est exact : lorsqu'il était en situation de commandement, il consacrait une part importante de son temps à vérifier sur le terrain, concrètement et jusqu'aux petits détails, la bonne compréhension et l'exécution de ses ordres.

D'expérience, je puis vraiment vous assurer que ce n'est pas aussi répandu que cela !

Pour le reste, oui, vous avez raison. Il ne faut pas tout prendre pour argent comptant (comme en tout d'ailleurs) et il n'avait pas toujours tous les éléments pour asseoir les jugements souvent sévères qu'il porte. Pour s'en tenir à celui de la page 588 sur de Castelnau, il ignorait que Pétain avait demandé à de Castelnau d'étudier le raccourcissement du front du GAE, pour économiser les divisions qui commençaient à lui manquer dans la 3e bataille de L'Aisne, fin mai 1918.

Je poursuivrai néanmoins la lecture de ce sulfureux Journal, que je trouve très instructif sur les us et coutumes de ceux qui dirigeaient le pays et son armée. Y voir quelque ressemblance avec les mœurs actuelles serait, bien entendu, de la pure malveillance...

Cordialement
Bernard

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Alain Dubois-Choulik
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par Alain Dubois-Choulik »

la numérisation des quatre millions de documents constituant les archives de la guerre ce qui permet de trouver instantanément des documents d’époque précisément associés aux évènements.
Bonjour,
Vous pouvez préciser ?
Cordialement
Alain
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par air339 »

Bonjour,


Bernard, vous avez plus de 100 pages d'avance sur moi...
A la page 518, beaucoup de noms ont déjà été sévèrement égratignés - plusieurs tirades contre de Castelnau - et si le sens critique de Buat est poussé, son talent d'organisateur ne fait aucun doute.

Concernant les archives de la guerre, Messimy, lors de la commission d'enquête dite de Briey, déclare : "les archives de la guerre actuelle constituent un amas formidable de documents entassés les uns sur les autres. Il y a environ 45 000 à 50 000 dossiers, chacun comprenant 500 ou 1 000 pièces, soit au total de 25 à 30 millions de pièces". S'il n'en reste plus que 4 millions, c'est inquiétant !

M. Chenu, je vais me procurer votre ouvrage.

A vous lire,


Régis
girodacle
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par girodacle »

Bonsoir Bernard,
pour ma part, je ne connais qu'une rue Général Buat: à Châlons-en-Champagne sa ville de naissance (Châlons-sur-Marne). Où y en a-t-il d'autres ?
Cordialement
Alain
Bonjour
Il me fait bien penser à Iznogoud, celui-là.
Il aurait tout fait mieux que son chef, comme presque tous les subalternes.
Mais il y a plus de rues "de Castelnau" que Buat en France.
Alain
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badon54
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par badon54 »

Bonsoir

J'avoue ne pas avoir cherché...

Bonne fin de soirée.
Salutations
Bernard
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yvo35
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par yvo35 »

Bonsoir,

À Nantes, dans le prolongement de la rue Maréchal Joffre où se trouve l'IUT où j'ai fait mes études.
Cordialement
Yvonnick
lasserre
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par lasserre »

Bonjour,
J’ai eu l’occasion de lire en détail le journal du général Buat, car il contient des informations passionnantes ainsi que de nombreux inédits. Buat étant l’un des meilleurs cerveaux de l’armée, il n’est pas étonnant qu’on y trouve également des remarques très pertinentes. Je m’en suis servi pour la rédaction de mon livre. Au-delà de la qualité indéniable de ce journal et de ce qu’il contient, on ne peut qu’être frappé par l’antagonisme quasi maladif que Buat manifeste à l’égard de Castelnau. Il ne se contente pas de rapporter ce qui se trouve p. 588. Il colporte également au GQG une histoire que Foch raconte à propos de Castelnau, histoire invérifiable, car faisant référence à un entretien « à portes fermées » lors de la bataille d’Arras en 1914. Or, le général Weygand et l’historien militaire, le général Tournès, étaient dans la pièce à côté au moment des faits tomberont d’accord pour reconnaitre le caractère totalement erroné de ce récit⁠ (cf. Correspondance Tournès/Weygand - SHD, fonds Castelnau, 1K795/11 classeur 20). Ensuite, il se fait l’écho d’une autre « défaillance » de Castelnau : « Il faut entendre Claudel parler du “Défenseur du Grand Couronné”, du “Sauveur de Nancy”, qui au début de la guerre, aurait filé dare-dare en arrière de la Moselle si Dubail ne l’avait avisé que pour le sauver, il allait faire, par sa gauche, dans le flanc de la poche allemande creusée dans la 2e armée, une contre-attaque qui remettrait tout en place et exigé qu’il ne quittât pas les avancées de Nancy ». Cette fiction sera reprise par le général Dubail dans Quatre années de commandement, 1914-1918, vol1. ce qui lui vaut une violente réaction de la part de Castelnau lui-même dans un article de l’Écho de Paris du 17 juin 1920, article préalablement soumis au ministre de la Guerre de l’époque, qui, devant les pièces historiques irréfutables qu’a pu rassembler Castelnau, doit à son grand regret en autoriser la publication alors que Dubail est le grand chancelier de la Légion d’honneur en titre. Dans cet article, Castelnau le ridiculise pour avoir osé colporter de telles affabulations. Dubail ne s’en remettra pas.
Pourquoi Buat a-t-il pris Castelnau en grippe à ce point ? Tout simplement parce que, poussé par une ambition souvent déraisonnable, pendant son séjour au GQG, Buat a tenté de se faire attribuer une grande partie de fonctions occupées par Castelnau. Il a failli y arriver en se faisant nommer premier aide-major général avant de se faire pousser dehors par Castelnau qui a mis sa démission en balance dans le bureau de Joffre. Avant d’en arriver là, Castelnau avait déjà plusieurs fois remis vertement Buat à sa place en public ce qui avait profondément mortifié cet homme à l’égo fort développé.
Il n’a rien de surprenant à tout cela. Ce type de comportement se retrouve à l’identique chez de jeunes et brillants énarques qui pensent tout savoir et qui passent une grande partie de leur temps à « clabauder » contre les uns ou les autres et à se livrer en permanence à des manœuvres politiques pour mieux arriver à leurs fins. Concernant Buat, ce type de reproche lui est fait par de nombreux témoins.
Quoiqu’il arrive, Son intelligence, les services qu’il a rendus au pays ne le dispensaient pas d’un minimum d’objectivité vis-à-vis d’un homme qui le dépassait en tous points par son expérience militaire et ses faits d’armes.
Cordialement
LASSERRE
lasserre
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Re: Qui a dit qu'il ne voyait pas l'intérêt d'écrire ses mémoires vu qu'il

Message par lasserre »

Bonjour,

Concernant la numérisation des archives de la Grande Guerre, les 4 millions de pages ne représentent que les journaux d'opération des armées, corps d'armée, divisions, régiments et bataillons ainsi que la collection des 120 volumes des Armées Françaises dans la Grande Guerre comprenant notamment tous les ordres, rapports, notes, synthèses d'entretiens téléphoniques échangés par les unités et les états-majors. En plus ce travail, il faut ajouter à cela, toute la presse de l'époque (plusieurs millions de page) y compris la presse militaire spécialisée numérisé par les pouvoirs publics et disponible sur le site Gallica.
Bien à vous


Bernard, vous avez plus de 100 pages d'avance sur moi...
A la page 518, beaucoup de noms ont déjà été sévèrement égratignés - plusieurs tirades contre de Castelnau - et si le sens critique de Buat est poussé, son talent d'organisateur ne fait aucun doute.

Concernant les archives de la guerre, Messimy, lors de la commission d'enquête dite de Briey, déclare : "les archives de la guerre actuelle constituent un amas formidable de documents entassés les uns sur les autres. Il y a environ 45 000 à 50 000 dossiers, chacun comprenant 500 ou 1 000 pièces, soit au total de 25 à 30 millions de pièces". S'il n'en reste plus que 4 millions, c'est inquiétant !

M. Chenu, je vais me procurer votre ouvrage.

A vous lire,


Régis
LASSERRE
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