Un Prêtre admirable...

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jacques didier
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par jacques didier »

Bonjour à toutes et à tous,

C'est quand même curieux que dans les nombreux récits et témoignages sur les combats qui se sont déroulés à Bidestroff le 20 août 1914, aucune mention n'est faite sur la présence de l'abbé H. Federspiel curé du village. Au contraire, l'abbé Charpentier, curé de Vergaville, est cité pour sa bravoure et son comportement envers les blessés français.
Lors de l'inauguration du monument St Michel en présence de l'abbé Friang et du maire M. Bourcy, en 1936, Il n'apparait pas dans la liste des personnalités invitées. Était-il mort ou faisait-il partie des prêtres germanophiles dans cette Lorraine annexée ? Je vais approfondir le cas de ce curé!

Dans le petit opuscule " Bidestroff de 1915 à nos jours" écrit par Paul Marque et Jean-Emile Tollé, on lit :" Tous les civils valides, et même les femmes, durent ramasser et enterrer les morts français. On en trouva 1 204 sur le ban du village. On les inhuma un peu partout dans des tombes collectives en bordure des champs et des chemins. On peut encore voir dans le parc du château l'emplacement de deux grandes tombes. D'autres hommes des villages voisins ramassèrent les morts allemands et les rassemblèrent du côté de Volfert. Il y en avait 6 ou 700, dit Albert Ancel de Bassing qui avait 17 ans. Les Allemands les emmenèrent pour dissimuler leurs pertes..."

Que ce prêtre ait récupéré des objets sur les corps, comme les livrets militaires, c'est probable. Mais il avait obligation de les transmettre aux autorités militaires allemandes de Dieuze. L'a-t-il fait ?
Une partie des archives de l'évêché du diocèse de Metz a été transférée aux Archives départementales, Un gros travail de recherche.
Voir mon blog : jadier.canalblog.com pour les articles sur Bidestroff.

Cordialement.
J. Didier

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FAB1
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par FAB1 »

Bonjour
Le curé Paul Jules Friang fut également soldat. Classe 1905 matricule 802 Nancy, mobilisé le 15/05/17 au 1er groupe d'aviation et de janvier 18 à mars 19 au 2e groupe comme conducteur mécanicien. Sa fiche de personnel aéronautique est présente sur MDH.
Cordialement
FABRICE
Rutilius
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


Le Matin, n° 18.924, Dimanche 12 janvier 1936, p. 5.


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La Croix, n° 16.393, Dimanche 26, Lundi 27 juillet 1936, p. 7.


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La Croix, n° 16.412, Mardi 18 août 1936, p. 6.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par Rutilius »


Re,


Les cimetières militaires de Bidestroff, ainsi que ceux de Kerprich-lès-Dieuze, furent translatés dans le Cimetière national de Riche (Moselle) — aujourd’hui Nécropole nationale de Riche — dans le courant du mois de Juillet 1924 (Avis du Ministère des Pensions relatif à la constitution des cimetières nationaux. Programme des travaux qui seront effectués par le Service de l’état civil militaire dans la 1re quinzaine du mois de Juillet 1924 : J.O. 18 juin 1924, p. 5.472).

A noter que deux arrêtés du Ministre de la Guerre en date du 21 avril 1921 (J.O. 27 avr. 1921, p. 5.087 et 5.088) avaient auparavant déclarée d’utilité publique et urgente l’acquisition de parcelles de terrains sises sur le territoire de ces deux communes en vue d’y créer deux cimetières militaires. L'autorité militaire aurait-elle par la suite renoncé à ce projet ?
Bien amicalement à vous,
Daniel.
chanteloube
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par chanteloube »

Bonjour Jacques, bonjour à tous,

J'ai entre les mains un courrier d'une personne qui répond à une famille de Menton (celle qui m'a contactée), ayant assisté aux ré-inhumations ( tombe collective) qui donne des explications précises (y compris sur les dentitions) sur plusieurs corps retrouvés et identifiés. (tombe N° 850 du Cimetière Militaire Français de Bidestroff) et sur l'abbé Federspiel.

Au cours des exhumations sur le plateau de Bidestroff, il nous a été permis de retrouver, dans la tombe N° 30 (numérotage français) le corps de votre fils bien-aimé.

Il ne se trouvait donc pas dans la grande tombe de 260 hommes, qui se trouve au bas du village de Bidestroff et portant le N°30 allemand (soit N° 56 français).

.......... la tombe N° 30 est bien située en plein terrain de combat du 27ème B.C.A. . Elle nous était signalée comme renfermant 60 soldats français.

L’exhumation de cette tombe, commencée vers 13 heures, nous avait déjà permis de relever une quinzaine de corps, lorsque, à 15 heures, le corps d’un chasseur alpin fut sorti (ce n’était, du reste, pas le premier chasseur alpin). Ce corps, en bon état de conservation, puisque encore tout le corps était constitué et quasi ferme, fut soumis aussitôt au minutieux examen de l’équipe d’identification.



Il est probable que ce qu'a fait l'abbé était illégal et qu'il n'est pas allé s'en vanter aux autorités allemandes. Son geste n'en est que plus remarquable.

Mounette et Rutilius ont répondu à l’importante question de la date qui confirme la présence l’abbé .
merci beaucoup.
Je leur demande ici, publiquement, l’autorisation d’utiliser, en les citant, évidemment, ce qu’ils ont a mis en ligne. (s'ils ont de meilleures définitions ce sera encore mieux)
Je remercie aussi chaleureusement tous les intervenants qui m'ont apporté de la documentation pour la nouvelle édition de " Joffre accuse..le 15° Ca..."

J'ai aussi étudié les tombes de Lagarde....

voir analyse "des documents d'exhumation" sur

http://www.provence14-18.org/lagarde/


c'est beaucoup plus compliqué! Aucun soin particulier n'ayant été pris des corps des soldats français assez souvent dévalisés y compris de leur médaille d'identification.
Mais les portaient-ils tous?

cordialement

CC
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marcus
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par marcus »

Bonsoir,
Aucun soin particulier n'ayant été pris des corps des soldats français assez souvent dévalisés y compris de leur médaille d'identification.
Mais les portaient-ils tous?
On peut penser que oui. L'absence de plaque résulte selon toute vraisemblance de 2 autres phénomènes:
1° certaines plaques d'identité étaient fabriquées en aluminium, matière qui se désagrège rapidement en terre, rendant toute identification postérieure impossible (ce matériau est abandonné pour cette raison en 1916).

2° les soldats ne portent qu'une seule plaque au début de la guerre et elle n'est pas sécable. A l'été 1914, de nombreux corps de soldats n'ont pu être récupérés après la bataille des frontières par une armée française en pleine retraite. Seules les plaques étaient ramassées comme preuve du décès. Mais l'identification postérieure des dépouilles devenait alors irréalisable. Quant aux Allemands, maîtres d'un champ de bataille couvert de cadavres en plein été caniculaire, leur préoccupation majeure était probablement d'éviter des épidémies en enfouissant rapidement les corps (qu'ils soient Français ou Allemands) dans des fosses communes.

Cordialement,
Marc
Sur les traces de mes ancêtres, recherche docs & photos sur 44e RIT, 13e RI et 16e BCP. Merci.
chanteloube
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par chanteloube »

Bonsoir Marc,

Merci de votre éclairage technique. Pour le peu de durée de vie de l'aluminium sous terre on a l'exemple des petits tubes d'aspirine enterrés

Suggérez-vous qu'en plein repli quelqu'un, ami ou ennemi prenait toujours la peine de récupérer les plaques d'identifications?

Mais.....??????.

merci
cordialement
CC
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marcus
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par marcus »

Bonsoir,
Suggérez-vous qu'en plein repli quelqu'un, ami ou ennemi prenait toujours la peine de récupérer les plaques d'identifications?
La récupération ne pouvait pas être systématique pendant les combats. De nombreuses plaques ont donc probablement été récupérées après les combats par les Allemands ou les civils chargés de relever les corps. Mais quelle était leur utilité puisque les morts étaient regroupés dans des fosses communes?

Comme je l'ai dit, en août - septembre 1914, les Allemands, trop occupés à marcher sur Paris, n'avaient pas le temps de faire des sépultures nominatives. Il fallait enterrer vite les (trop) nombreux cadavres. En parant au plus pressé, ils ne se sont pas préoccupés de l'identité précise de tous les corps (y compris ceux des leurs).

Bien sûr, il en ira autrement lorsque le front sera figé. Les morts pourront alors bénéficier d'une tombe le plus souvent individuelle et nominative.

Cordialement,
Marc
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jacques didier
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par jacques didier »

Bonjour à toutes et à tous,

Je profite de ce sujet pour évoquer le dévouement d’un Morhangeois francophile qui parcourt le champ de bataille après les combats.

M. Laurent Sauveur était avant guerre un des membres fondateurs du Souvenir Français en Moselle et le président de la section de Morhange.
Si les Morhangeois subissent avec résignation l’occupation allemande, il y a ceux qui maintiennent leur attachement à la France, sans extériorisation.
A peine la guerre commencée, l’occasion est donnée à M. Sauveur de pouvoir se mettre au service de la France. Durant les rudes et cruelles journées de la bataille de Morhange un afflux de blessés français est dirigé sur Morhange. La population qui n’a pas quitté la ville assiste à l’arrivée de charrettes chargées de tous ces blessés. La guerre dévoile son cortège d’horreur. Face à toute cette détresse, les femmes et les jeunes filles ne restent pas indifférentes. Malgré l’hostilité des militaires allemands, certains tentent de soulager leur souffrance et se rendent utiles. Tous les hôpitaux de la ville sont bondés. Ayant déjà à soigner ses propres blessés, le service sanitaire allemand est débordé. Faute de places, de nombreux blessés sont orientés vers les casernes où ils sont entassés dans les cours en attendant de recevoir des soins.
M. Sauveur met à disposition ses bâtiments attenants à son logement ; avec l’aide de son épouse ils prodiguent les premiers soins et apportent le réconfort moral de sa voix chaudement française. Dans les jours qui suivent, il fait en sorte que tous soient inhumés dignement pour leur dernier sommeil. Il recueille les objets que ceux qu’ils enterrent, les classent et les soustraient à l’autorité allemande en les cachant jusqu’à la fin des hostilités pour les remettre enfin aux familles.
Il partage la peine des toutes les familles qui ne peuvent venir récupérer les corps des braves pour les ensevelir dans leur cimetière.
Il participe avec d’autres personnes aux cérémonies religieuses du recueillement et du souvenir. Il veille à ce que les sépultures françaises disséminées sur cette partie de territoire en Lorraine annexée ne soient pas abandonnées ou profanées mais entretenues et fleuries.
La guerre terminée, heureux de voir les Allemands quitter la Lorraine, M. Laurent Sauveur poursuit sa tâche. Il se voit investi d’une mission d’informateur par l’état civil militaire dont il va s’acquitter avec un zèle et un soin particulier. Il contribue bénévolement à la mise en chantier des cimetières militaires, ce qui lui vaut une récompense, la Croix de guerre, épinglée par le général de Maud’huy.
Il est officiellement accrédité comme délégué des familles, le 3 octobre 1921. Il assiste aux opérations d’exhumations et de restitutions des corps aux familles dans 32 cimetières de ce secteur. Il accueille et renseigne les nombreux pèlerins qui viennent de l’intérieur se recueillir sur la tombe d’un des leurs. C’est lui qui identifie la tombe du fils du général de Castelnau.
Altruiste, de famille catholique, âgé de soixante-cinq ans, son dévouement ne s’arrête pas là. il répond à plus de 15 .000 lettres, convie à sa table de nombreux pèlerins venus de l’intérieur pour se recueillir sur une tombe. Les 25.000 rosiers qui fleurissent sur les tombes sont dus à son initiative comme la souscription et le monument du cimetière national de Riche.
Son dévouement au service de l’œuvre du Souvenir Français a été sans faille, Président du comité pour la ville de Morhange et délégué régional.
L’hommage au bon lorrain et au fidèle serviteur qui aura consacré toute sa vie à la cause de la France lui vaut la récompense suprême. Le 25 janvier 1933, en présence de sa famille, ses amis lui remettent chez lui pour raison de santé, la décoration de la Légion d’honneur au grade de chevalier. Il meurt le 7 avril 1933.

Cordialement.
J. Didier
chanteloube
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Re: Un Prêtre admirable...

Message par chanteloube »

Bonjour Marc, bonjour Jacques, bonjour à tous,

Merci pour vos réponses.

Merci Jacques de cet éclairage magnifique qui montre que partout ne se passait pas ce que certains JMO et certaines correspondances dévoilent.
Les jets de pierres contre les troupes françaises ne sont pas rares, surtout dans les villages où les Hussards et les Dragons prenaient des otages dans la population avant l'arrivée des troupes françaises. Je pense que les JMO de ces unités et des prévôtés rendent compte, en les minorant, de ces "mouvements d'humeur" tout à fait compréhensibles.
Imaginez , par exemple ce que les habitants de LAGARDE ont ressenti lorsque le 19°RA a bombardé la ville le 10 août au soir, avant d'attaquer!

Cordialement

CC
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