Les frères Lecoeur du 28e RI

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vincent le calvez
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Re: Les frères Lecoeur du 28e RI

Message par vincent le calvez »

Bonjour à tous,

Il y a 93 ans, le 28e RI attaquait les Allemands à Guise pour aider le 228e RI. Au 28e RI, on compta ce jour plus de 700 hommes mis hors de combat.

Pour illustrer ce moment assez tragique, voici un article tiré du bulletin de l'amicale des anciens du 28e RI :

Les frères Lecoeur
Portrait

Pour donner une suite à cette rubrique (Cf Bulletin n°97) nous avons retenu le nom d’un camarade peu connu à l’Amicale (nous ne l’avons jamais rencontré à nos réunions) bien qu’il figure parmi les premiers adhérents de notre association.
André Lecoeur, classe 12, caporal à la 11e compagnie, dont la famille résidait à Evreux au 72bis rue de Pannette, puis, plus tard 42, rue Emile-Landrin à Paris 7e et, depuis quelques années notre camarade s’est installé à Saint-Etienne-du-Vauvray 27400 Saint-Pierre-du-Vauvray.
Notre ami avait un frère, Jacques, de la classe 09, également caporal ; il fut affecté comme réserviste au 28e RI et, à la mobilisation, versé dans une autre compagnie.
Tous les deux sont partis d’Evreux au début d’août 14 pour débarquer à Rethel avec le 3e bataillon avant de rejoindre le régiment à Amagne dans les Ardennes.
Les « anciens » se souviennent de ce que fut leur sort au cours de ces premières semaines, l’entraînement à la marche qui devait faire de ces jeunes fantassins des hommes déjà aguerris.
Le 21 août, après une longue marche de nuit, le régiment prend position en avant de Fontaine-L’Evêque Belgique, pour couvrir le repli de la Division de Cavalerie qui nous précédait. Ce n’est pas encore le contact, mais on le sent proche.
Le 22 au matin, nouvelles missions : défendre un front sur la Sambre et, après une nouvelle longue étape, le régiment prend position en avant de Leernes ; l’ennemi est signalé et c’est là que nos deux frères recevront le baptême du feu avec le 3e bataillon seul engagé et ce premier combat fait apparaître la puissance de feu et l’importance des effectifs de l’ennemi.
Malgré des pertes sévères nos deux frères sont épargnés et vont connaître le calvaire de la retraite, véritable chemin de croix du fantassin, avec ses longues marches de jour, de nuit, les combats d’arrière garde, sans repos, sans ravitaillement et toujours reculer.
Le 28 août le régiment change de direction, il fait partie du groupe d’armées du général Lanrezac et prend part au combat de Guise, très discuté par la suite mais où, pour la première fois l’allemand doit reculer.
Le choc a été terrible de part et d’autre ; notre camarade est sauf mais son frère est porté disparu.
Et la retraite continue, impitoyable ; notre ami Raymond Moulin, classe 12, qui appartenait à la 6e, nous a conté ce que furent ces étapes et l’arrêt avant la Seine, l’ordre du général Joffre et la remontée vers le Nord.
La victoire de la Marne devait s’arrêter sur l’Aisne ; le 13 septembre, le régiment, avant-garde de la division, arrive à Loivre, le bataillon de pointe a franchi le canal de l’Aisne et progresse vers Bermericourt, mais il doit se replier en toute hâte pour organiser la défense de Loivre où, pendant cinq jours, il est écrasé par l’artillerie allemande avant de recevoir l’ordre de se replier dans la plaine en avant de Villers-Franqueux ; nos amis Chenaud et Rosier nous ont conté leurs aventures personnelles.

Notre camarade Lecoeur qui a participé à toutes ces opérations est gravement blessé par éclats d’obus dans le bois de Chauffour le 28 septembre, il a pu rejoindre un autre blessé et tous deux atteignent la route 44 ; il a bien voulu nous conter la suite :
"Je suis resté sur la route 44 pendant six jours, avec la petite visite d’une patrouille allemande qui s’est contentée de casser nos fusils sur les arbres.
Avec ce camarade blessé dont je n’ai jamais connu le nom, nous avons pu gagner une maisonnette de cantonnier.
Le cinquième jour mon camarade est mort ; presque inconscient, j’ai entendu un beau matin parler français, c’était les brancardiers ; je n’étais pas sauvé pour autant.

Après bien des transferts, point de chute Périgueux, avec une gangrène gazeuse, 42° sous le bras. Résultat : amputation du col du fémur, quatorze centimètres de raccourcissement, ankylose de la hanche et du genou, scoliose, etc.
Je suis resté neuf mois en traitement avant de rentrer à Evreux dans ma famille ; mariage en 1919. Si Dieu le veut on arrosera l’année prochaine nos soixante années de mariage.
Résultat : six arrières petits enfants."

Merci cher ami et compliments ; c’est un beau résultat pour un fantassin dont, comme tu le dis toi-même, la « peau » fin septembre 1914, ne valait pas cher.




Voici la fiche "Mort pour la France" du frère disparu à Guise le 28e août 1914 :

Image

Bonne soirée

Vincent
Site Internet : Adolphe Orange du 28e RI http://vlecalvez.free.fr
En ce moment : le 28e RI à Sissonne en octobre 1918 http://vlecalvez.free.fr/nouveaute.html
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