La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

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armand
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par armand »

Bonjour
Les fusils, au dessus des têtes, oscillent et penchent. Des souvenirs de caserne hantent ma mémoire, des vociférations de chien de quartier : Au temps, ça ne vaut rien !...Voir un éclair!...Péter les bretelles !...

Qu'est ce que c'est peter les bretelles ? remonter les bretelles, je sais.

Cdt
Armand
Je reviens sur ma question : Qu'est ce que c'est peter les bretelles ?
Le lebel avait il une bretelle ? ou il s'agit de la bretelle du poilu don il est question

Cdt
Armand
Sur les traces du 132ème RI " Un contre Huit " et du 294ème RI (le "29-4")
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Jean-Claude Poncet
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonjour,
Péter la sous-ventrière concerne le cheval évidemment mais aussi le bonhomme un peu rond qui est obligé de porter son ceinturon un peu bas après bien manger. Donc trop manger c'est se faire péter la sous-ventrière.
Par contre l'expression "Ceinturon en trousse-cou..." concerne un militaire qui n'a pas convenablement serré le-dit ceinturon. Celui-ci n'est pas ajusté. Enfin, vous avez compris.
Le fusil Lebel a bien une bretelle mais le militaire en a une paire (de bretelles). Donc se faire péter les bretelles s'applique au bonhomme dans ce cas ... Bomber le torse au présentez-armes. Ou bien sans armes sur le front des troupes pour recevoir une distinction.
Cette fois je pense avoir cerné le problème.
Bioen cordialement
Jean-Claude
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mibelius
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par mibelius »

Bonsoir,
Oui, c'est bien "Au temps pour moi" qu'il faut utiliser, retour en arrière à un temps antérieur.
Pour vous amuser voici une expression que j'ai entendue et quelquefois utilisée avec malice "Accélérateur à mule"...
Tout militaire en manoeuvres taille sa canne au moyen de son couteau de poche, il crée un bâton décoré.
A l'instruction cet accélérateur à mules était souvent désigné "aide-pédagogique n°1" soit "AP. n°1".
Cordialement,
Jean-Claude
bonsoir tout le monde,
Cette expression était aussi employée par les musiciens. Avec les boîtes à rythme évidemment, elle ne risque plus de servir longtemps encore . Toujours est-il qu'elle servait à dire aux autres qu'on est :pt1cable: largué dans la partition, lorsqu'on fait de la boulangerie en gros (des "pains en série)";on demande alors à reprendre "au temps" (mesure n° tant) en reconnaissant qu'on s'est planté (pour moi= pour me dépanner).


Mireille B [:gilles roland]
Mireille
Astrud
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par Astrud »

Bonjour à tous,

Merci beaucoup, Mireille, pour ces précisions.

Sur ce site, un livre sur des expressions ou mots argotiques croustillants:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214806.pagination

Sainean, Lazare (1859-1934). L'argot des tranchées : d'après les lettres des poilus et les journaux du front. 1973.

pages 1 à 61 : Argot des tranchées
pages 63 à 104 : Pièces documentaires : a) Lettres des poilus
page 105 : b) Journaux du front
pages 106 à 109 : 1) Le vocabulaire du front
pages 110 à 115 : 2) Le vocabulaire de la guerre
pages 115 à 117 : 3) Lettre d’un Pantruchard du front
pages 118 à 123 :4) Une France inconnue
pages 123 à 127 : Lexique poilu-français
pages 128 à 136 : Lexique-index

Bien cordialement,
Astrid
Astrud
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par Astrud »

Le lien qui fonctionne:
http://gallica.bnf.fr/
Astrud
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par Astrud »

cliquez sur recherche et dans sujet, tapez "1914-1918".
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mounette_girl
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par mounette_girl »

C'est par ignorance et surtout par trop de précipitation que je t'avais demandé du linge.
Depuis quelques jours sous terre j'ai trouvé là tout ce dont je pouvais avoir besoin.
Bonjour à tous

Je reviens sur le titre de ce fil "La vie sous terre" pour proposer trois petites lettres venues des tranchées et autres boyaux souterrains !

"Au front, 14 juin 1915
Me voici revenu moi aussi à l'âge des cavernes. Comme nos ancêtres, je me fais à la vie souterraine et j'ai déjà acquis une certaine habileté à la confection de mes passagères demeures. La nuit dernière, après avoir poussé nos sapes vers les lignes ennemies, nous sommes revenus deux kilomètres en arrière, nous reposer dans les longs boyaux qui donnent accès au village dont nous tenons la lisière nord. Ces boyaux ont été fabriqués par les Boches qui les ont baptisés : Canal de Suez, Canal de l'Oder etc.. Tu peux bien croire que ces boyaux sont repérés et que les Fritz nous arrosent de leurs marmites. Aussi au petit jour, avec mes deux chefs de demi-section, nous construisîmes-nous une superbe guitoune à flanc de boyau. Les charpentes des maisons démolies nous fournirent d'excellents étais et de solides chevrons. Des sacs remplis de terre servirent à la couverture, si bien que maintenant nous ne craignons plus les schrappnels. Un gros noir pourrait, il est vrai, venir nous déranger, mais il y a tant d'espace autour de nous que nous sommes tranquilles. Je viens donc de dormir de 8 heures à midi. Mon sommeil a bien été troublé par quelques détonations un peu fortes mais c'est un léger détail.

16 juin 1915
Nous sommes arrivés la nuit dernière à destination après une marche des plus mouvementées par les longs boyaux qui jalonnent notre secteur. Immédiatement nous avons pris possession de nos souterraines demeures. Cette fois nous voici dans l'action. Derrière nous, sans discontinuer, nos canons chantent leur chanson à laquelle on s'est vite réhabitué. Il est 16 heures ; c'est de ma cagna que je te griffonne cette carte. Je ne sais si j'aurai le bonheur de voir ce soir le vaguemestre pour la lui remettre.

28 juin 1915
C'est d'un vrai labyrinthe que je t'écris, au milieu d'un dédale de boyaux compliqués. Hier dimanche, comme je te l'ai dit, nous embarquâmes à 5h du soir. Deux heures de voyage et nous nous trouvions au même endroit qu'il y a un mois ; seulement le point de direction fut plus à droite quand, la nuit venue, nous nous engageâmes dans les boyaux. Nous sommes favorisés ; nous tenons les troisièmes lignes ; d'ailleurs ce coin est tranquille, c'est à dire qu'il a été expurgé depuis un mois de la présence des Boches ; maintenant ils restent terrés dans leurs trous et s'amusent la nuit à nous tirer le feu d'artifice. Seulement, nos 75 viennent ajouter le bouquet final. Les heures de sommeil sont donc plutôt troublées. Et maintenant, ce sont des pluies orageuses, après la poussière brûlante des semaines passées. Nous savons heureusement nous protéger avec nos toiles de tente et nos imperméables. Nous ne sommes donc pas trop à plaindre ; dans 3 jours nous irons passer 24 heures au plus prochain village et voici la vie à laquelle je m'essaie de t'intéresser le plus agréablement possible. Certainement le jour viendra, et je le souhaite le plus tôt possible, où, l'allemand repoussé, nous pourrons nous retrouver, tous, heureux, et oublier dans les jours à venir les petites misères des jours passés."

En ce jour de fête Nationale, j'ai pensé qu'il était bon d'évoquer ce passé vieux de 92 ans.
Mounette.

"Tes yeux brillaient moins aujourd'hui /Dis-moi, dis-moi pourquoi chère âme /Dis-moi quel chagrin, quel ennui /Mettait un voile sur leur flamme." - Sergent Ducloux Désiré, dit Gaston - 146° RI
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IM Louis Jean
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Re: La vie sous terre correspondance du 11/11/15 ( S.P.19)

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Je reviens sur le titre de ce fil "La vie sous terre" pour proposer trois petites lettres venues des tranchées et autres boyaux souterrains !

J'espère que Mounette ne m'en voudra pas de redévier du sujet initial (la modération pourra couper).

Comme explication à l'origine du "au temps" et du "au temps pour moi" j'ai toujours entendu dire que cela venait du chargement de l'arme qui se faisait au commandement et par "temps" à l'époque du chargement des fusils par la bouche du canon : "Au temps" quand l'instructeur voulait faire refaire un mouvement et "au temps pour moi" quand il avait sauté un temps. Compte tenu de la longueur du fusil et des baguettes, il fallait être coordonnés dans les rangs.

Image
source Réglement concernant l'exercice et les manoeuvres de l'infanterie - du premier août 1791 sur openlibrary (sur Gallica aussi mais moins joli)

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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