22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

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Popol
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par Popol »

Bonsoir à Toutes & Tous

Je vous signale la parution récente d'un petit ouvrage intitulé " LES BATAILLES DE VIRTON ET ROSSIGNOL RACONTEES PAR LES COMBATTANTS" , témoignages réunis et commentés par Jean-Claude DELHEZ. Ce livre est édité par Jean-Claude DELHEZ 55 Grand-rue à F 55600 THONNE-LA-LONG (16€).

"Cet ouvrage de compilation rassemble et présente dix témoignages de soldats français de la première guerre mondiale. Ils ont participé, pour cinq d'entre eux, à la bataille de Rossignol, et pour les autres, à la bataille de Virton, le 22 août 1914. Trois de ces textes sont inédits - souvenirs de Raymond Ferré, Paul Humbert et P-H Détrie -, les autres devenus introuvables parce que publiés pour la plupart il y a près d'un siècle. Il était donc intéressant de réunir aujourd'hui ces témoignages pour les offrir au lecteur que ces batailles du début de la guerre 1914-1918 interpellent toujours":

- Raymond FERRE, soldat à la 9ème cie du 24ème RIC (2ème DIC);
- Emile PASSINGE, caporal à la 4ème cie du 7ème RIC;
- Jean CHARBONNEAU, lieutenant au 1er bataillon du 7ème RIC;
- Paul HUMBERT, lieutenant au 3ème escadron du 3ème RCA;
- Paul FAILIN, caporal-clairon au 1er bataillon du 3ème RIC;
- P.-H. DETRIE, capitaine au 117ème RI;
- Joseph HASSLER, lieutenant à la 2ème cie du 124ème RI;
- DE LA ROCHEFOUCAULD, 6ème escadron au 14ème hussards (8ème DI);
- Albert TANANT, commandant au 3ème bureau de l'EM de la IIIème armée (général RUFFEY);
- Alexandre MIGNON, chef supérieur du service de santé de la IIIème armée.

Bonne lecture ! Je profite de cette occasion pour vous présenter mes meilleurs voeux pour les fêtes à venir.

Bien cordialement
Paul Pastiels
Guitardiere
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par Guitardiere »

Bonjour Popol,
Pensez-vous que M. Delhez fera un livre semblable pour Ethe ?
Cordialement - Juliette
Guitardiere
Popol
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par Popol »

Bonsoir à Toutes & Tous,
Bonsoir Juliette,

- Avant tout, encore un grand merci pour le beau reportage sur les commémorations à Ethe, ce 22 août 2014:

pages1418/Pages-d-aujourd-hui-actualite ... 3380_1.htm

- Dans l'ouvrage de J-C DELHEZ précité en 2006, vous avez le témoignage du lieutenant de la ROCHEFOUCAULD du 6e escadron du 14e hussards ;

- Dans son ouvrage "La bataille des frontières racontée par les combattants", publié en 2007, vous avez trois témoignages sur le combat de Ethe:
> celui du commandant Pierre LEBAUD du 1er bataillon du 101e RI;
> celui de l'artilleur Paul LINTIER du 44e RAC;
> celui du cavaltier Jean BINET-VALMER du 27e dragons, escorte du général de TRENTINIAN;

- Dans son ouvrage "Le 22 août 1914 raconté par les combattants", publié en 2009, vous avez le témoignage du général Robert KOSCH commandant la 10e ID à Ethe;

- Dans son oeuvre monumentale "Le jour de deuil de l'armée française - tome 1", publié en 2011, l'auteur analyse le combat d'Ethe p.267 à 298.

- Nous sommes donc, pour l'instant, fort gâtés!!!

- Pour vous faire plaisir, je vous offre ma traduction, assez littérale et imparfaite, de l'historique du régiment des Uhlans (1. Würtemberg) n° 19 "Roi Charles", au sujet de sa rencontre, le 22 août 1914, avec le 14e Hussards :

" (...) Le régiment passa la nuit du 21/22 août sur la route du village de Saint-Léger à la sortie vers Ethe avec des sûretés contre cette localité, car il était devenu trop tard pour s’installer en cantonnement d’alerte. Les chevaux furent nourris des bissacs (Futterbeutel), les officiers et hommes de troupes cherchèrent dans les maisons et les fermes des moyens de subsistance, où ils étaient à trouver.

En ce temps là, il se manifestait déjà combien l’approvisionnement d’un régiment de cavalerie est difficile sans cuisines roulantes et la pensée (de l’époque) était considérée à se débrouiller jusqu’à l’arrivée de telles cuisines produites à cet effet.

Les officiers de l’état-major se trouvèrent contraints à coucher sur le sol d’une petite pièce d’une maison de cultivateur. A minuit, le lieutenant WERNER revint comme officier d’ordonnance avec les ordres et l’ordre du Kronprinz, qui appelait la Ve armée à l’attaque le jour suivant, fut lu à la lueur des bougies. Rapidement le temps de mise en marche fut évalué par les adjoints du régiment. Les escadrons furent commandés par la réception des ordres à 6h à la sortie ouest de Saint-Léger. Les consignes nécessaires furent données aux patrouilles à mener.

L’ordre à l’armée du Kronprinz allemand commençait par les mots suivants : « Je conduis demain pour la première fois l’armée contre l’ennemi. En d’autres endroits, des prodiges de bravoure et d’abnégation toujours courageuse se sont passés de la part des troupes allemandes. Je nourris la confiance que nous ne serons pas en reste avec nos frères. »

LE COMBAT PRES DE BLEID

« Morgenrot, Morgenrot « Aurore, aurore
Leuchtest mir zum frühen Tod Eclaire-moi la mort matinale
Bald wird die Trompete blasen Bientôt la trompette retentira
Dann muss ich mein Leben lassen Alors, je dois laisser ma vie
Ich und mancher Kamerad“ Moi et plus d’un camarade“

L’autre matin, on alla de grand matin plus loin en avant sur Ethe. L’ordre suivant était parvenu de la 53e IB : « Le régiment éclaire sur la ligne Virton et Latour et prend liaison avec la Ve AK. Le régiment escorte (accompagne) l’attaque sur l’aile droite de l’infanterie. »

Des patrouilles étaient envoyées à l’avant : le lieutenant comte (Graf) SCHAESBERG (2/19e ULR) sur Virton et le lieutenant comte (Graf) STAUFENBERG (3/19e ULR) sur Latour. Le lieutenant SCHAAL (4/19e ULR) était chargé avec sa patrouille de prendre la liaison avec le Ve AK échelonné fort en arrière avec la droite du XIIIe AK.

La journée avait commencé et il commençait à poindre: un épais brouillard enveloppait le pays dans un voile vaporeux. Pour une troupe progressant contre l’ennemi : aucune situation acceptable ! On ne voyait pas plus loin à 300 pas.

La marche en avant se fit pour cela lentement et avec la prudence souhaitable. Le lieutenant Frhr. LEOPRECHTING (4/19e ULR) conduisait la pointe, l’escadron WEYRAUCH (4/19e ULR) le suivait comme avant-garde avec de nombreux cavaliers de liaison.

Les bois se dirigeant vers les deux côtés de la route de la marche en avant et les prairies marécageuses rendaient extraordinairement pénible la chevauchée des flancs-gardes.

Le commandant du régiment et son état-major chevauchaient à côté du chef de l’avant-garde, les escadrons LANDBECK (2/19e ULR) et ZEIL (3/19e ULR) suivaient alors à distance.

Le 5e escadron (5/19e ULR) était commandé par la 54e IB (120e et 127e IR).

Lorsque l’avant-garde atteignit la sortie des bois à l’est d’Ethe, le lieutenant comte (Graf) SCHAESBERG (2/19e ULR) arriva au galop, revenant de cette localité, pour annoncer personnellement sa première rencontre avec l’ennemi.

Il s’était heurté dans Ethe avec sa patrouille à une patrouille de hussards français et l’avait attaqué sur-le-champ. Le chef, un officier sur un pur-sang magnifique, fut tiré sur la selle ; quelques hussards furent blessés par les lances et le reste fut chassé dans le village. Le comte SCHAESBERG avait fixé (contenu) ici la cavalerie ennemie, selon les apparences de faibles forces. L’infanterie n’avait pas été vue.

Le lieutenant-colonel Frhr. von GÜLTLINGEN décida de prendre possession de cette localité avec le régiment et ordonna à la pointe d’approcher au galop, pour la sûreté du régiment en progression qui se trouvait encore dans le bois. Ainsi l’escadron d’avant-garde, près duquel chevauchait l’état-major du régiment, était encore attaché à la route car il n’était pas encore possible de la quitter jusqu’à nouvel ordre à cause des prairies marécageuses et des nombreux obstacles en fils de fer barbelé (clôtures).

A ce moment eut lieu un feu d’infanterie ennemi, selon les apparences du voisinage le plus proche. Pour gagner le plus vite possible la sortie du goulot, persuadé qu’il n’y avait autour que de faibles forces avancées de cavalerie, le commandant suivait au galop avec tout le régiment la pointe avançant à cheval.

Le fort brouillard gênait encore toujours chaque vue d’ensemble. (…) pouvait être établi dans une marche en avant qu’on était en dehors de la forêt. Des constatations ultérieures ont fourni que la route menait d’abord en descendant par un pont à travers un fond de prairie. A droite de la route, immédiatement à la lisière du bois, se trouve un parc bordé d’une haute haie ; à gauche une prairie. Au-delà du pont, la route s’incurve vers la gauche et suit parallèlement à droite un remblai de chemin de fer.

Lorsque la plus grande partie du régiment avait passé à présent le pont, une terrible fusillade éclata soudain devant la localité de front et du flanc droit du remblai ferroviaire. En un clin d’œil, de nombreux cavaliers et chevaux étaient touchés et précipités sur le sol : ils obstruèrent la route étroite. Une progression vers l’avant était exclue et le régiment avait été exposé sans défense au feu de l’ennemi ; également le brouillard épais empêchait encore toujours chaque vue d’ensemble. Le commandant donna résolument l’ordre rapide : « demi-tour – marche – retour dans le bois ! »

Le régiment fit demi-tour et retourna au galop dans le bois sous le feu violent de l’ennemi. En particulier, les nombreux ricochets étaient ressentis désagréablement, produits par les tirs sur la dure route (pavée).

Avant que le commandant et son état-major atteignirent la forêt, comme un des derniers cavaliers, il fut grièvement blessé à la jambe.

Le major d’état-major, le comte von MONTGELAS, reprit sur-le-champ le commandement du régiment et laissa donner le signal « au trot » et ensuite « au pas ».

Le sous-officier FRITZ et le uhlan SÜSSER du 4/19e ULR descendirent de cheval, faisant fi du propre danger, et portèrent leur commandant blessé à couvert au bord de la route. Entre-temps le capitaine WEYRAUCH, dont le cheval avait été tué sous le corps, s’en retournait également à pied avec le maréchal des logis REMLIGER. A l’aide d’une bride coupée, la jambe blessée fut ligaturée pour empêcher toute perte de sang. Le lieutenant PICHT, revenant d’une patrouille de flanc, arriva aussi et prit les premières dispositions pour le transport. Bientôt, le médecin du régiment, le Dr WERFER qui s’était donné de la peine avec les nombreux blessés d’une manière dévouée, arriva également. Il examina le commandant et lui fit les premiers soins (pansements d’urgence). Les blessés furent allongés sur une voiture, que l’on avait cherchée, et conduits au régiment en direction de Saint-Léger.

Au sud de cette localité, les escadrons s’étaient rassemblés sous l’ordre du major d’état-major. Lorsque la voiture avec le lieutenant-colonel Frhr. von GÜLTLINGEN approcha, le comte von MONTGELAS transmit au commandant ayant quitté ses fonctions les meilleurs souhaits du régiment pour un prompt rétablissement et lui porta un vivat (toast) enthousiaste. En remerciant chaleureusement, le blessé poursuivit son voyage vers Châtillon, où le capitaine EGGERS avait fait dénicher une automobile pour la poursuite du transport vers Arlon.

Seulement longtemps plus tard nous parvint, pendant la marche en avant, la triste nouvelle que notre commandant vénéré était décédé des suites de ses blessures le 23 août. Seulement trop tôt il nous était arraché. Sa mort était une lourde perte pour le régiment et l’affliction autour de lui était générale. La mémoire de cet officier éprouvé et cavalier particulièrement habile survécut dans nos rangs et dans toute la cavalerie allemande.

Une pensée particulière va également à son fidèle brosseur (de botte ?), le « Gefreiter » GLASER, qui s’était occupé de son maître jusqu’au dernier moment. Après sa mort, il dirigea tout à fait indépendamment – ce qui n’était pas une tâche facile – le rapatriement du corps dans le pays natal dans des conditions de transport alors très difficiles.

Outre son commandant, le régiment perdit (tués) le sergent DEEG ; les uhlans GRÖBER, HIRNER, WEIDMANN (Albert) et HERRMANN ainsi que le caporal FRIEDRICH du 4/19e ULR, que le sous-officier sanitaire DÄUBER avait encore pansé sous un feu le plus violent.

Blessés au cours de ces jours : le maréchal des logis chef TÄNZLER, les sergents HELLENSCHMIDT et BLEIFUSS, le caporal HINDERER (les deux derniers de la patrouille MAGIRUS 4/19e ULR), le sous-officier BANZHAF (patrouille HOZACKER), les uhlans Ernst BAUER, GESCHÖLL, GNEITING, GOLLMER, KRAUS, Georg KNOLL, Xaver KNOLL, KOCH, LANDENBERGER, LAU, Michael MAIER (patrouille SCHAAL), Paul MAYER, RAIZER, RIST, RUF et WIEDMANN.

L’escadron avait perdu environ vingt chevaux.

« Gestern noch auf stolzen Rossen, « Hier encore sur des chevaux fiers,
Heute durch die Brust geschossen Aujourd’hui tué à la poitrine,
Morgen in das kühle Grab.“ Demain dans la tombe froide.“

Combien de fois la belle chanson a été chantée au cours de marches de paix dans le pays natal, combien cela devait devenir bientôt l’amère vérité!

Malheureusement, il a été reconnu trop tard qu’une forte infanterie se trouvait également dans le village occupé, à côté de la cavalerie ennemie mentionnée (14e régiment de hussards). La tactique française - de maintenir leur cavalerie toujours tout près de l’infanterie - était alors encore nouvelle pour nous. En outre, la défaveur du terrain et le brouillard épais ont été une fatalité pour le régiment.

Sur le mode de combat des Français et sur la participation de la population civile aux actions hostiles, l’exposé d’un participant à la patrouille du comte SCHAESBERG donne un éclairage évident. Le sergent HELLENSCHMIDT (2/19e ULR) écrit :

Nous avons été envoyés de l’escadron le 22 août à 4h avec l’ordre de reconnaître si la localité d’Ethe était libre d’ennemi et jusqu’où l’ennemi s’était avancé. De la journée d’avant, il était établi que de fortes forces ennemies avaient été déchargées dans la région de Virton et devaient progresser en direction de cette localité.

Nous chevauchions prudemment vers Ethe où nous présumions (la présence) de troupes d’avant-garde. L’entrée du village était cependant libre et nous nous avançâmes ainsi dans la localité pour la reconnaître plus exactement. Devant nous circulait un civil à vélo. Quand il arriva à la prochaine rue de traverse, il bifurqua et nous vîmes en même temps comme une vieille femme se trouvant au coin qui donna des signes dans la rue latérale. Cela nous sembla suspect et nous chevauchâmes avec la ponte quelque peu plus lentement jusqu’à la rue latérale, pour nous laisser reprendre (rattraper) par la patrouille et d’aviser le chef de nos observations. Quand nous bifurquâmes dans la rue latérale (rue de la station?), nous vîmes arriver vers nous une patrouille ennemie de hussards que nous avons attaquée immédiatement. Nous perçâmes plusieurs cavaliers ennemis des chevaux, remarquâmes alors qu’un escadron entier chargeait sur nous dans la rue du village. Puisque nous n’étions pas assez nombreux à cette supériorité, nous fîmes demi-tour et retournâmes au galop à la sortie de la localité, poursuivis par les cavaliers ennemis.

Le lieutenant Comte von SCHAESBERG et moi chevauchions derrière nos uhlans et continuions à tirer avec nos revolvers sur nos poursuivants, avec apparemment pour résultat qu’un grand nombre de chevaux français délestés de leur cavalier galopaient derrière nous. Quand nous remarquâmes alors qu’ils n’y avaient plus qu’une trentaine de hussards nous poursuivant, nous fîmes à nouveau demi-tour et chargions sur eux. Ils se retirèrent immédiatement, ils ne pouvaient cependant pas être attaqués par nous car ils rejoignirent l’escadron des hussards. La même circonstance se répéta encore une deuxième fois, sur laquelle nous dûmes renoncer aux Français et regagner le régiment, en marche de Saint-Léger sur Ethe qui venait à notre rencontre. Le commandant décida sur notre rapport d’occuper le village.

De ces actions de combat, les premiers chevaux-butins échurent au régiment, parmi lesquels un très noble cheval d’un officier français dont les fontes étaient richement remplies de chocolats.

La patrouille du sergent BACHMANN ramena le premier prisonnier, un fantassin français qui était content d’échapper désormais aux dangers de la guerre. Avec l’allusion sur sa nouvelle alliance et par les mots : « jeune marié » (ndlr : en français dans le texte), il cherchait à nous faire comprendre son manque compréhensible d’ambition militaire.


Le lieutenant HAAG détaché de l’état-major de la 53e IB reçut l’ordre de se rendre au Ve AK, dont l’artillerie tirait sur notre infanterie de manière déplorable. Il traversa en une chevauchée hardie les bois occupés par l’adversaire et contribua ainsi à rectifier l’erreur.

Sur ordre de la division, le régiment s’organisa en défense en bordure ouest de Saint-Léger, pour pouvoir arrêter ici une avancée éventuelle de l’adversaire d’Ethe.

Le même jour, le 22 août, la 27e ID avait à soutenir plus loin au sud de Bleid un combat extraordinairement violent qui s’acheva avec une défaite des Français. Tard en soirée, le régiment reçut l’ordre de suivre l’adversaire reculant, par Hamawé-Gevimont-Bleid sur Gomery.

Le régiment chevaucha en avant dans la direction ordonnée à travers le champ de bataille parsemé de morts et de blessés. La localité de Bleid était illuminée par les flammes, bien que la nuit fut opaque et qu’en suite de cela la progression du régiment était extrêmement difficile. Finalement, vers minuit, Gomery fut atteint qui était occupé par l’ennemi. La pointe (3/19e ULR) subit un fort feu, également des mouvements étaient audibles dans les bois s’en allant au nord de la route Bleid – Gomery. Une nouvelle arrivée disait que l’infanterie ennemie s’était à nouveau établie là. Maintenant, il s’agissait d’abord d’établir de quelle nature était l’occupation de Gomery.

Le lieutenant PICHT alla à pied avec 10 uhlans vers Gomery et alors lentement en avant vers la place du marché. L’obscurité parfaite ne permettait aucuns repérages irréprochables. Un poste ennemi s’avança et s’en retourna aussitôt lorsqu’il fut visé. Peu après, la patrouille entendit de la cavalerie s’éloignant au trot, apparemment un escadron. Dans la localité comme aussi dans les morceaux de bois avoisinants se trouvaient sans aucuns doutes des arrière-gardes françaises. Deux médecins français, lesquels par leur manière d’être frappante sont soupçonnés d’être des officiers déguisés, furent arrêtés et remis à la gendarmerie de campagne.

Le régiment retourna maintenant vers Bleid, sous retour (zurückfassung) (la couverture) d’une forte patrouille conduite par le lieutenant KLETT (3/19e ULR) tout près à l’est de Gomery, et s’installa là en bivouac local à 01h30.

La localité se trouvait en flamme, quelques petites parties restaient seulement épargnées de l’humeur des éléments. Le crépitement des flammes et la rupture des chevrons s’écroulant se mélangeaient avec les mugissements du bétail tirant avec violence leurs liens dans les étables. Les uhlans intervinrent pour ce qui était encore à aider. Une ambulance était établie dans un vieux château entouré d’un grand parc. Il était archi-bourré d’Allemands et de Français. Tous les couloirs, les cages d’escaliers, les espaces du sol étaient remplis de blessés couchés. Une mise à l’abri de tout l’escadron était impossible par manque de place. Partiellement, les gens morts de fatigue passèrent la nuit à la rue. Des impressions inoubliables, affreuses, sont restées en nous de ce premier bivouac local sur le champ de bataille sanglant. Un seul exemple relatif à cela : le capitaine LANDBECK (2/19e UHL), lorsqu’il voulut placer son cheval dans une grange, se heurta à deux Français, qui semblaient être assis endormis sur le sol avec leur équipement complet de combat et le sac sur le dos. Dès qu’ils furent appuyés au mur pour être réveillés en les secouant, on remarqua avec frayeur, qu’ils étaient déjà morts apparemment d’une hémorragie.

Le ravitaillement des escadrons, qui – comme on l’a déjà mentionné plus haut – ne disposaient pas de cuisines de campagne, causa de grandes difficultés et la troupe reçut seulement très tard dans la nuit à manger si elle n’était pas d’avance endormie d’épuisement.

La sécurité de la localité a été transmise à l’escadron ZEIL (3/19e ULR), lequel occupa les sorties se trouvant en direction de l’ennemi et avança un petit poste (Feldwache : poste de surveillance) en direction de l’ouest qui fut attaqué par les Français durant la nuit ; mais l’assaillant fut rejeté. Quelques chevaux s’échappèrent du petit poste et se perdirent. Les animaux galopèrent sans maître par les rues nocturnes du village et provoquèrent l’impression d’une attaque, avec le vif échange de coups de feu, à l’entrée de la localité, si bien que les autres escadrons se préparèrent au combat. Bientôt la situation se clarifia donc et le sommeil revint dans ses droits pour un court moment. (...)"

- Bonne lecture et une bonne soirée (bien douce et agréable...) de Bruxelles !

Bien cordialement
Paul Pastiels
Guitardiere
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par Guitardiere »

Merci Paul pour cette version allemande des faits.
Je travaille essentiellement sur des soldats de la 7e Division et plus particulièrement sur la 14e brigade.
La présence de Dragons est très contestée, il semble qu'il n'y en avait pas à Ethe et alentours, mais sur ce sujet je ne suis pas experte et incapable d'en discuter.
Par contre, le nom de von Stauffenberg me renvoie au complot contre Hitler de la DGM. S'agit-il de la même personne ?
Encore merci Paul pour cette longue traduction.
L'ouvrage d'E. de Trentinian sur Ethe (édition 1937 + dernières notes du Général) va être rééditer très prochainement.
Cordialement - Juliette
Guitardiere
garance.
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par garance. »

Par contre, le nom de von Stauffenberg me renvoie au complot contre Hitler de la DGM. S'agit-il de la même personne ?
Bonjour,
non, il y a forcément un petit décalage de génération, c'est sûrement un de ses ascendants, direct ou pas.
cdt garance
garance.
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par garance. »

doublon merci de corriger
cdt garance
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
Guitardiere
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Re: 22/08/1914 - Combats de Rossignol et de Virton

Message par Guitardiere »

Bonjour Garance,
Rommel a été vu à Bleid près de Ethe en Belgique le 22 août 1914. Il était alors lieutenant.
Rommel et von Stauffenberg faisaient partie du même complot contre Hitler, c'est ce qui m'a fait penser qu'il était possible qu'il s'agisse de la même personne. Mais vous avez raison le Comte von Stauffenberg de la DGM est né en 1907. Il s'agit bien d'un ascendant.
Cordialement - Juliette
Guitardiere
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