Re: 5ème RCA - (5e Régiment de Chasseurs d'Afrique)

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demonts
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Re: 5ème RCA

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Bonjour à tous!
Reprise du carnet de campagne de Clément ROBERT à la date du 26 août 1914.

- 26 août : Sommes désignés flanc gauche de la division - arrivés à LAROUILLIE - on commande en batterie - on apprend qu'une division de cavalerie Allemande avance sur la route - les immigrés nous encombrent - une batterie d'artillerie met en batterie derrière nous - elle tire - les femmes crient affolées, les gosses pleurent, tous les civils se sauvent. Renseignements parvenus - une brigade Allemande avec canons, mitrailleuses et cyclistes a été chargée parle 10e Hussards.
De notre côté peu de mal - du côté Allemand beaucoup - un capitaine a son shako enlevé par un obus - passons par LA CAPELLE - BUIRONFOSSE - apprenons que 4 corps d'armée Anglais sont partis sur la ligne de feu - partons à 6h du soir pour AUTREPPES - rencontrons dans la forêt un convoi d'au moins 6 kms de long - nuit très noire, pluie, embarras de voitures, caisson en panne - voiture dans le fossé. Arrivons enfin. Dormons dans une grange avec Immigrés Belges.
Chasseurs d'afrique dans les bpois de chatillons sur marne.jpg
Chasseurs d'afrique dans les bpois de chatillons sur marne.jpg (123.64 Kio) Consulté 1771 fois
- 27 août : Départ d'AUTREPPES à 1 h. D'après les tuyaux, là, doit s'arrêter la retraite - le pays est en état de défense - croisons des corps nouveaux. Continuons à LAIGNY - faisons repas avec invités, le major, le vétérinaire, l'aide vétérinaire. J'ai dressé une table avec une vieille porte sur des fagots.

- 28 août : Allons camper à MONTCEAU LE VIEIL - une maison - le régiment dans un champ - mise en batterie la nuit au carrefour des routes.
Poilus-Tranchée-Cavalerie-Plaine-de-Woëvre-Section-Chasseurs1.jpg
Poilus-Tranchée-Cavalerie-Plaine-de-Woëvre-Section-Chasseurs1.jpg (79.59 Kio) Consulté 1771 fois
- 29 août : Partons pour le Nord-Ouest après avoir mangé bifteck, poulet - pris un café - traversons l'Oise à RIBEMONT - assurons la liaison de la 38e Division. Vers 5h du soir l'artillerie Allemande entre en jeu - partons en fourrageurs dans leur direction. Arrêt dans un bois en angle mort à 5m des batteries ennemies. Le régiment décide de partir - il est arrosé d'obus - l'officier commandant la section de mitrailleuses décide d'attendre un peu - l'orage ne cesse pas - je prend une pièce et part au galop sur la droite. LEJEUNE prend la 2ème pièce puis part à gauche - au moment de rentrer dans le village de LISSY les obus me barrent la route.
Je tourne à droite sur un chemin. La 2ème pièce me rejoint - court repas - l'officier ne vient pas - les obus se rapprochent de nous - je décide de repartir, passe dans le village. Les Allemands sont à l'autre bout. Les routes sont encombrées, on ne peut revenir en arrière. Il ne me reste qu'une issue, le canal. Les Allemands sont, au dire d'un commandant d'infanterie, à l'extrémité du passage. J'envoie des éclaireurs et décidons avec LEJEUNE de vendre chèrement notre peau. Nous arrivons enfin au pont où nous retrouvons le régiment et l'officier très inquiet. Au régiment 1 mort et plusieurs blessés. Retournons bivouaquer à MONTCEAU LE VIEL. Avons transporté sur la voiture le corps d'un cavalier mort.
(Selon l'historique du régiment ce jour il y aura un officier blessé, le lieutenant de MAZIEUX et 7 blessés. Concernant le cavalier tué il s'agit de Lucien GRIVAUX).

- 30 août : Départ à midi - revoyons un train de combat sur la ligne de feu - le régiment va faire sauter les ponts de l'Oise - la section n'y prend pas part - cantonnons à ANGUILCOURT LE SART - on ne veut pas me vendre du tabac - au départ une demi-heure après les Allemands sont au pays, je ne plains pas la buraliste.

- 31 août : Couvrons un village pillé par l'infanterie Française - en réserve - partons pour FOURDRAIN - nous arrivons à 3h pour repartir à 5h - passons la nuit à CERNY LES BUSSY. Dormons sur la route la bride au bras.
CERNY LES BUSSY.jpg
CERNY LES BUSSY.jpg (79.44 Kio) Consulté 1770 fois
Fin pour aujourd'hui

Bonne journée

François
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demonts
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Re: 5ème RCA

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Bonjour à tous,

Reprise du carnet de campagne de ROBERT, Clément à la date du 1er septembre 1914.

- 1er septembre : Battons en retraite - marche forcée - gardons un pont sur l'Aisne pour protéger la retraite de la 38e division - y passons la nuit.
- 2 septembre : Continuons la retraite - passons la nuit en plein champ au Sud-Est de COHAN. BAZARD se détache et se perd bien ennuyé.

- 3 septembre : Protégeons l'arrière garde au pont de JOULGONNE. Un lieutenant à bicyclette arrive avant les hulans. Aussitôt surgit un peloton qui charge sur les 3e et 4e escadrons pied à terre. Les fantassins de garde au pont tuent 5 imprudents, le reste fuit. Je charge dans le vide, je ramène un sabre et une lance. Sur la crête se trouve un escadron ennemi au combat à pied. Nous les faisons taire avec la mitrailleuse. Pendant que le 1er escadron passe le pont tirons également avec succès sur les chevaux haut le pied (sans cavalier). Allons camper à MORSAIN.

- 4 septembre : Continuons notre mission. Mise en batterie sur une crête - voiture trop loin - colère des servants voyant un peloton à 800m - trop tard pour tirer. J'autorise DUMONT et CASTRES à aller chercher de l'eau. Au même moment les obus tombent dans notre direction. Nous partons - bonne allure impossible de les rappeler, ils sont perdus. Cantonnons à SAINT AIGNAN.

- 5 septembre : Le convoi est divisé en trois colonnes. Protégeons la colonne du centre avec le 1er escadron. A VILLENEUVE LA LIONNE assistons à un duel d'artillerie. Aussitôt après passons à l'endroit où la batterie Française était établie. Recevons une grêle d'obus - avons 800m à parcourir en terrain découvert. Les obus qui tombent à droite et à gauche de la route ne nous atteignent pas. Un peloton d'arrière garde nous dépasse. Un obus casse la roue de la deuxième pièce. Les conducteurs JORDANY et NICAISE pied à terre réussissent à ramener la voiture à l'abri. J'appelle les servants. Aucun ne se fait prier. Tous reviennent. Nous chargeons la mitrailleuse et le trépied sur la 1ère pièce. L'officier (lieutenant GIGANDET) décide de faire sauter la voiture. Je commande à quelques hommes du 1er escadron de rester en surveillance pendant l'opération. Il se sauvent. Restons l'officier LEJEUNE et moi. Allumons, le coup ne réussit pas il faut revenir. L'artillerie Allemande s'avance sur nous. Je reste en surveillance. L'officier tient le cheval de LEJEUNE qui remet le feu à la mèche. La voiture vole en éclats. Cantonnons à LUGRAND. LEJEUNE et moi sommes invités à manger avec plusieurs officiers. Souper amical dans maison très malpropre.
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698_004.jpg (139 Kio) Consulté 1739 fois
- 6 septembre : Reprenons l'offensive. Joie de tout le monde à l'annonce de cette nouvelle. Campons à la ferme du Prasiaux au Nord-Est de Saint Genest.
- 7 septembre : continuons notre mission de liaison jusqu'à 2h de l'après-midi. Allons faire l'abreuvoir et nous nous préparons le déjeuner. Ordre de poursuite. Jetons le souper et sautons à cheval. Traversons MONTCEAU LES PROVINS. Les allemands ont fait une résistance acharnée. Beaucoup de cadavres des deux côtés. Plus loin trouvons blessés allemands. Tous les villages traversés sont pillés et saccagés. A LESCHEROLLES où nous cantonnons, les Allemands ont fusillé un habitant qui avait tiré sur eux et incendié sa maison.

- 8 septembre : Repos et ferrage des chevaux. Partons à 3 heures à MONTDAUPHIN, passons à SAINT BARTHELEMY, village pillé. A la sortie trouvons le reste d'un convoi du 3ème cuirassiers. Une quarantaine de chevaux morts, infection, cantine d'officiers, caisse de comptabilité, etc. Plus loin un convoi d'autobus qui amène l'infanterie sur les lieux. Très bien ! .

- 9 septembre : Continuons la marche en avant nous joignant à la pièce qui reste au 10e Hussards. Trouvons 4 mots français, 1 blessé Allemand, plaie affreuse au pied par éclat d'obus - rencontrons deux pièces de campagne allemande - 20 prisonniers - campons à SENS NANDEE !!-

- 10 septembre : Traversée de CHATEAU-THIERRY à 9 heures - trace d'un combat acharné surtout sur les bords de marne - balles nombreuses dans les arbres, sur les murs. Maisons défoncées par obus. Les Allemands ont précipité leur fuite. On apprend qu'ils sont en pleine déroute. Cantonnons à EPAUX-BEZU.
Quelle lenteur met l'infanterie. Nous risquons d'être accrochés et obligés de tenir jusqu'à son arrivée. Elle pendant ce temps cassait la croûte et faisait le repos.
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château thierry.jpg (100.01 Kio) Consulté 1742 fois
- 11 septembre : Départ à 4h. Trouvons à RONCOURT une grand auto Allemande abandonnée. Campons à MAREUIL que nous quittons à 5h. Dommage j'avais trouvé un lit - rencontrons 50 prisonniers de la garde par les cyclistes en attaquant le village - 50 autres sont dans l'église. Cantonnons à BOULEAU.

- 12 septembre : Grande bataille à FISMES. Recevons l'ordre d'aller faire l'abreuvoir à BREUIL au moment même ou un Commandant d'infanterie reçoit l'ordre de faire l'attaque. Village inoccupé - grêle d'obus - rien de nouveau - allons sous la pluie cantonner à LA VILLETTE.
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FISMES.jpg (82.07 Kio) Consulté 1742 fois
Fin pour aujourd'hui.
A demain.
François
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demonts
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Bonjour à tous,

Poursuite de l'écriture du carnet de campagne de ROBERT, Clément.

- 13 septembre : Le brigadier DUMAINS reçoit la médaille militaire. Partons en avant grade à BEAURIEUX. Profitons du pain qu'avait commandé les Allemands. Ils ne sont pas loin. Nous prenons position à la sortie du bois de Craonne - spectacle intéressant à la jumelle - sur la crête voisine les Allemands défilent nombreux. Une auto Allemande vient sur nous, s'arrête. Crie auto-mitrailleuse. Il n'en est rien. Prenons l'auto, les 3 individus peuvent se sauver. Le colonel partage. Je reçois une sacoche, un briquet, un cigare énorme, des fromages pour la section, un litre de curaçao. Les fromages et le pain nous permettent de casser la croûte sous les obus. Après l'arrivée de l'infanterie allons camper à BEAURIEUX.
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BEAURIEUX.jpg (71.1 Kio) Consulté 1717 fois
- 14 septembre : Sommes cantonnés chez Mr LECUYER docteur à BEAURIEUX - maison vide - nous nous servons - profitons de la cuisine. Je couche dans un lit. Je suis nommé MDL/Chef. Vais chercher à JUVINCOURT caisson embourbé, grands risques.
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ROBERT, Clément -31.jpg (192.44 Kio) Consulté 1700 fois
La photo de ROBERT, Clément a été certainement prise vers le 14 septembre 1914. Il vient d'être nommé MDL/Chef. Sous son bras gauche replié on devine la fameuse sacoche.
- 15 septembre / Repos à BEAURIEUX. Voyons beaucoup de blessés.

- 16 septembre : BEAURIEUX - LEJEUNE et moi allons voir les 75 Charlier - canonnade ininterrompue - vers 8 heures faisons une manille PENES - JEAMBOIS et moi.
Les obus éclatent sur la maison - entendons les éclats tombés dans la cour. JEAMBOIS part. Très bonne nuit, j'ai gagné la partie.

- 17 septembre : Même situation - promenade des chevaux - visitons le camp anglais - artillerie Allemande avance. Préparons à partir. La situation est meilleure.

- 18 septembre : Même situation. Allons cantonner à LERVAL - regrettons BEAURIEUX. Recevons chevaux et hommes venant de MARSEILLE.

- 19 septembre : Promenade des chevaux.

- 20 septembre : Allons à FISMES chercher renfort 4 et 8 tirailleurs, 125 chevaux pour 5e et 6e chasseurs d'Afrique. Apprenons que les Allemands commencent à reculer. Erreur.

- 22 septembre : Rien de nouveau. LEJEUNE part avec NIOGRET au dépôt des chevaux malades.

- 23 septembre : Promenade des chevaux.

- 24 septembre : Allons reconnaître cantonnement à SERVAL.
- 25 septembre : Cantonnement à SERVAL
- 26 - 27 - 28 septembre : rien de nouveau.

- 29 septembre : Quatre aéros Allemands viennent lancer des bombes sur le pays pour un résultat nul.

- 30 septembre : Vais à FISMES en voiture - commissions - sommes à côté d'un campement Anglais - achetons tabac, confiture, conserves de viande.
- 1er - 2 et 3 octobre : En batterie contre les aéros.

- 4 octobre : Je pars pour PARIS acheter effets chauds pour les officiers. CASTIES et PELLEGRIN m'accompagnent. Départ à 8H du soir pour FISMES - train à 2h du matin - voyage en 1ère.

- 5 octobre : Arrivons à NOGENT LE PERREUX à 5 heures le soir. Difficultés pour sortir de la gare. Curiosité des habitants. Prenons le train. Une dame me donne une colis - prenons le métro - une autre dame paye - prenons taxi auto - allons Boulevard Saint Germain chez Mr PENES, ensuite au Bon Marché voir le beau-frère CASTIES et enfin chez ses parents (Jean-Marie et Augustine) à VANVES. Pauvre vieux, ils étaient si heureux!. Les larmes me viennent aux yeux car je pensé à chez moi. Arrive sa jeune soeur charmante et gentille. Dîner familial. Arrive son autre soeur et son mari. Quelle joie dans cette famille. On me donne du linge propre et un bon lit bien blanc. Nuit trop bonne.
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VANVES.JPG (136.9 Kio) Consulté 1710 fois
(le 59 Bld du Lycée à VANVES où demeuraient les parents de CASTIES, Georges).

CASTIES, Georges - né le 12 mars 1892 à ISSY LES MOULINEAUX (Hauts de Seine) - employé - demeurant à VANVES au 59 bld du Lycée à VANVES.
Il s'engage le 23 mars 1913 pour 3 ans à la mairie de VANVES (Hauts de Seine) au titre du 5e RCA.
Il arrive à son corps le 4 avril 1913.
Nommé brigadier - section mitrailleuses du 5e RCA le 20 septembre 1916.
Passe au 6e régiment de tirailleurs le 28 mai 1918.
Nommé Sergent le 24 juin 1918.
Mis en congé illimité le 30 août 1918.
Cité à l'ordre du régiment le 26 juin 1918 - Caporal-chef de pièce calme et énergique, s'est particulièrement distingué au cours des affaires du 31 mai 1918 par son allant et son courage.

- 6 octobre : Commençons nos courses - Courons tout PARIS - Dînons chez Mr ROMAIN.
- 7 octobre : Continuons nos courses.
- 8 octobre : Reprenons le trains à minuit.
- 9 octobre : Arrivons à FISMES à 8 heures. Voyons LANSON. Le régiment est parti - continuons jusqu'à JONCHERY SUR VESLE- partons pour BRANSCOURT.
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JONCHERY.jpg (99.25 Kio) Consulté 1717 fois
- 10 octobre : Réserve d'armée - garde contre les aéros.
- 11 octobre : Sommes dérangés par l'infanterie qui nous fiche à la porte.
- du 12 au 22 octobre : manoeuvre - pile !! au 3ème escadron.

Fin pour aujourd'hui.
Bonne journée.
François
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demonts
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Re: 5ème RCA

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Bonjour à tous,

Reprise du carnet de campagne d MDL/Chef Clément ROBERT du 5e RCA.

- 23 octobre ; Partons pour FERE EN TARDENOIS. Je commande la section - l'officier et LEJEUNE sont au cantonnement - couchons dans un lit à l'hôtel THORIN - payons le chambre et le repas.
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fere en tardenois - Thorin.jpg (69.33 Kio) Consulté 1671 fois
Hôtel THORIN à gauche avant sa destruction durant la guerre.
- 24 octobre : Embarquons à 3h destination inconnue - garde des aéros qui ont survolé la gare. Je pars acheter des gâteaux et du champagne pour le voyage. Suis en 1ère avec les adjudants - pas de mauvais sang - histoires et chansons.

- 25 octobre : chemin de fer - passons CALAIS.

- 26 octobre : 2h du matin débarquons à CASSEL - pluie froide, gelés, allons cantonner à HARDIFORT.

- 27 octobre : Départ 6h - arrivons à ZUYDSCHOTE à 2h de l'après-midi. Partons dans les tranchées en 3ème ligne. Le 29e chasseurs est presque anéanti et les hommes du 3ème escadron ont été fait prisonniers dans Lille - Espère passer à !!!!!!!!
- 28 octobre : Matinée tranquille - café, soupe, quelques obus en avant ou en arrière - soupe. Après-midi vive fusillade en avant - soupe - soir - canonnade monstre qui ébranle le sol - drôle d'impression - me serre contre WEBER.

- 29 octobre : Impossible mettre le nez dehors - canonnade effrénée - la nuit vive fusillade.

- 30 octobre : Réveil par des salves d'artillerie - grosses marmites qui tuent un vache et ébranlent les tranchées. Je me demande si la fin est proche. A 8h notre artillerie entre dans la danse. Réponse Allemande à 10h - fusillade terrible - les balles sifflent - ça se rapproche - tuons un cochon sans bruit - jambon - vérifie les mitrailleuses - sommes prêts à défendre le pont. La fusillade se rapproche encore. La section du 41e revient avec une pièce et raconte une histoire invraisemblable - le 75 crache - la fusillade s'éloigne - deux obus tombent sur les tranchées, un au 3e escadron l'autre à quelques mètres de la tête de l'officier (Lt GIGANDET) - nuit relativement tranquille.

- 31 octobre : Toujours réveillé par l'artillerie - assommant - pas moyen de faire la grasse matinée - croyons être oubliés dans les tranchées - l'officier et moi partons à l'arrière demander. Le régiment est relevé - partons. Passons la journée dans un camp - constitution de la section à 3 pièces. Le soir ordre de retourner aux tranchées. Allons en 1ère ligne - Drôle d'impression - à 800 des Allemands - tranchées ouvertes - coups de fusils toute la nuit.

- 1er novembre : Toussaint - Jour des morts - 1ère ligne - ballon de jus - distribution d'obus - suis avec intérêt les allées et venues des Allemands dans les tranchées - tire dessus. A 1h arrivent les dragons à pied pour soutenir une reconnaissance offensive des chasseurs à pied. Je prends une pièce et je vais en position avancée - pas d'abri - fusillade terrible - je mets ma tête derrière un poteau télégraphique qui est traversé à 5 centimètres au dessus de mon crâne. Je me couche, les chasseurs à pied avancent en rampant et font leurs trous - coup d'oeil épatant - BLONDEAU est blessé. A l'autre pièce la reconnaissance se replie, 2 morts quelques blessés - officier (Lt Gigandet) superbe, va les chercher sous un feu nourri - ramasse même les sacs et les fusils - les Allemands laissent leurs morts sur le terrain - il y en a des tas. Nous sommes à une cinquantaine mètres de BIKCSHOTE.
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BIKCSHOTE 1914.jpg (97.43 Kio) Consulté 1663 fois
(Généanet)
Les Allemands tirent d'une lucarne. A gauche il hissent le drapeau de la Croix rouge et tirent sur nous. 2 obus français, la maison tombe, une mitrailleuse Allemande était dans le clocher. Autre obus et le clocher est par terre. Le village est en feu tout cela avec des obus Allemands éclatant sur nos têtes - pas mangé, pas dormi, nerfs tendus pendant la fusillade. LANSON va chercher des munitions, se trompe de route et se retrouve entre les lignes Allemandes et Françaises.
BIKCSHOTE 1914 - c.png
BIKCSHOTE 1914 - c.png (211.88 Kio) Consulté 1660 fois
- 2 novembre : Lundi - réveil habituel - coups de fusils - l'artillerie Française bombarde les tranchées Allemandes, bon travail - joie de tout le monde. Réponse Allemande - les 75 tirent à outrance. à 8h25 ordre d'attaque sur toute la ligne, on attaque - restons en réserve - faisons les tranchées à 100m des lignes Allemandes. Les Allemands quittent les tranchées mais reviennent. Ils sont conduits par un homme que je suppose un officier et qui les secouent - tir trop court de l'artillerie sur les nôtres - tire plus long de l'artillerie, bons résultats. Ne pouvons tenir les tranchées, la gauche est bonne mais la droite (les Anglais) n'a pas progressé. Ravitaillement dans la nuit. Dévouement de CASTIES, jus, porc froid, nous sommes relevés par le 6e chasseurs d'Afrique.

- 3 novembre : Couché dans la paille, énervé, je n'ai pas pu dormir, vu le colonel pour nous faire relever. Il ne peut rien pour nous. Tombe d'un chasseur à pied bien faite, jolie inscription, les obus tombent sans discontinuer. Faisons concert dans les tranchées. Nouveaux obus Allemands éclatant rouges. Vers 5 heures on entend le clairon Allemand sonner la charge. Les Allemands chargent en masse, fusillade formidable française - mitrailleuses tirent en continue - bombardement terrible - devenons pensifs - avons peur d'un recul Français.

La suite pour demain!.

François
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Re: 5ème RCA

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Bonjour à tous,

Reprise du carnet de campagne de Clément ROBERT à la date du 4 novembre 1914.

- 4 novembre 1914 : Brouillard intense. Coups de fusils et de canons vers 7 heures. Le bombardement recommence. Les alentours des tranchées sont balayés. Le bombardement est formidable. Vers 15 heures on croit à une attaque prochaine Allemande. 75 en colère. Arrivée du 20e Corps, bon espoir. Apprenons que le Kaiser est en face. Vers 5 heures un escadron de Uhlans charge sur les tranchées anéantis. "7 échappés du 3 ou 4" !! - la section du 6e chasseurs d'Afrique écope - officier tué - sous-officier, 3 balles blessé, 1 brigadier tué, un autre se tue involontairement, pièce de sûreté. Les Allemands occupent les tranchées faites par les chasseurs à pied. Toute la nuit à nos pièces, fusillade, repos.
"J'ai regardé le JMO du 6e RCA à la date du 4 novembre 1914. Rien n'indique la mort d'un officier et d'un brigadier. Deux blessés sont signalés par ce régiment. Clément ROBERT a certainement confondu avec un autre régiment, chasseurs à pied, sur place également."
- 5 novembre : Brouillard - fusillade - A droite manque de cartouches - faites passer - demande de renfort - cavalerie à gauche - comment va la gauche Allemande dans les betteraves!! - gauche tire trop à droite (bruit de la matinée). Accompagné d'une pluie d'obus un bataillon Allemand à 800m de nous avance - obus éclatent au dessus de nous - figure brûlée - Deux fois tombés sur l'officier. Les Allemands changent de tranchées, avancent rapidement - sont à 150m de nous. J'observe un mitrailleur Allemand qui pointe sa pièce - un obus de 75 arrive - tué - suis content - mentalité bizarre - heureux de voir des morts. Recevons marmites - coups de fusils réciproques - vais regarder morts Allemands à 20 mètres de nos tranchées - 55 dans un espace restreint.
Essuie coup de feu - anxiété - vont-ils attaquer - le 75 va-t-il démolir l'audacieuse batterie - chasseurs à pied se replient momentanément. Les 75 envoient une salve mémorable sur les tranchées pendant 10mn - Bras, jambes, têtes, betteraves, planches, paille, sautent. Il ne reste que de la fumée. Tout le monde se lève pour voir. Il ne reste rien, merveilleux - grosses marmitent, genre métro, passent pas 4, tapent dans le tas - sommes heureux. C'est la première fois que j'entends les marmites françaises - bon espoir. Les Allemands mettent les baïonnettes aux canons, nous les font voir, nous narguent - Nuit fusillade - silhouette Allemande à 30m de nous - nous tirons dessus - touché - méfiance - craignons attaque - nerfs tendus - malade - gelé - cris du coq - vache - signal artillerie - personne ne dort - attaque probable vers 4h - coup de canon -de 75 trop court - 3 tués, 8 blessés - un dragon à la jambe emportée - plaie affreuse - spectacle inoubliable. Sommes relevés par le 1er dragons - avons fait ballon ( ne pas manger - se restreindre) - faim - allons être tranquille pour partir.

- 6 novembre : Somme relevés définitivement - officier félicité - partons - avons trouvé un chariot qui transporte munitions - un cycliste vient nous chercher - retournons dans les tranchées - écluse - la section reste - suis relevé avec une pièce, heureux, crois que je fais l'école buissonnière - abruti.

- 7 novembre : Je vais les ravitailler - calme plat - fait partie de canot avec LEJEUNE sur l'Yser - le soir à 8h le section est relevée - vais la chercher pendant un fort bombardement à WOESTEN.

- 8 novembre : Départ à 4h - cantonnons à HERZEELE - croisons 8 régiments de cavalerie.
- 9 novembre : Départ à 7h - division de cavalerie - travail éreintant pour les chevaux - traversons POPERINGUE - restons dans un champ - déjeunons avec officier - délicieux - voisinons avec anglais - cigarettes, tabac, confiture, retour à HERZEELE - sommes arrivés à 9 heures. Couché dans un lit (bon)

- 10 novembre : Même travail - j'ai acheté des souliers à des Anglais è le soir bon souper.

- 11 novembre : Partons à 7h - ELVERDINGE - vent formidable et froid - Voyons aéro Français, croisons mitrailleuses - partons a OOSTVLETEREN - croisons régiments avec chevaux de mains - hommes dans les tranchées - nous y allons triste mine - on nous oublie - retournons à HERZEELE par ROESSBRUGE - pluie, légers glaçons - nuit noire difficile - arrivons trempés.
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chasseurs d'afrique 1.jpg (127.16 Kio) Consulté 1619 fois
- Chasseurs d'Afrique en Belgique.
- 12 - 13 et 14 novembre : HERZEELE - mise en ordre du matériel.
- 15 novembre : Neige - Départ midi pour REXPOEDE - le régiment est toujours dans les tranchées mais à BIKSCHOTE - cantonnement superbe - maison charmante - accueil parfait.

- 16 novembre : Froid - repos.
- 17 novembre : Pluie - soleil - départ à midi - arrivons à QUAËDYPRE - chevaux bien - hommes dehors - couche dans un lit - inondation complète du pays.

- 18 novembre : Départ à midi - passons à WORMOUTH - autos, canons, convois - cantonnons à HARDIFORT. Chevaux dehors - froid intense - logis chez le maire dans la grange (Vive M. le Maire!)

Fin pour aujourd'hui.
Bonne journée.

François
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Re: 5ème RCA

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Bonjour,

Reprise du carnet de campagne de ROBERT, Clément à la date du :

- 19 novembre : Prairie - pas chaud - la neige tombe en abondance - jouons aux barres, boules de neige - fabriquons des écuries - changeons de cantonnement - sous la neige les paquetages sont enfouis. Etonnement des chevaux. Ils mangent la neige. On part - vent glacial - les chevaux ont l'air de marcher sur des oeufs. Cantonnement à LA TROMPE - gens très chic - cantonnement par pièce (bien).

- 20 novembre : Levé tard - il neige toujours - froid - repas glacial.

- 21 novembre : Réveil à _h - travail des chevaux dans la neige gelée - repos.

- 22 novembre : Promenade des chevaux - vais à STEENWOORD chercher du matériel (bandes et cartouches)

- 23 novembre : Promenade des chevaux dans la neige.

- 24 novembre : Sommes de corvée - verglas - crampons.

- 25 novembre : Promenade des chevaux - Revue de mitrailleuses.

- 26 novembre : Idem -Les cyclistes du 16e Dragons rejoignent leur régiment.

- 27 novembre - idem -route de WORMHOUT.

- 28 novembre : 5h - alerte - départ à 7h - vais prendre les ordres - départ à _h30 - partons en réserve du 32e Corps d'Armée.
Départ 9h - temps froid sec et beau. BEVEREN pas de place - STAVELE pas de place - campons près du cimetière - pas bien - allons plus loin dans un pré - le 3e RCA occupe la ferme - couchons dans la grange avec immigrés, hommes, femme et enfants.
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(La contemporaine)
- 29 novembre : Le 3e RCA part. Prenons leur place - bonne installation - mange avec CASTIES, GIRARD et PELLEGRIN ( côtelettes et frites, que c'est bon!)

- 30 novembre : Promenade des chevaux - visite à M. - écris - bois forte chope.

- 1er et 2 décembre : Froid
- 3 décembre - Froid - fait faire des souliers aux hommes.
- 4 et 5 décembre : idem

- 6 décembre : Grand courrier - beau soleil - vais à la messe - COUPOT y chante, le curé prêche en Flamand - réconfort.

- 7 décembre : promenade des chevaux.

- 8 décembre : Idem - préparatif de départ "on dit que nous allons en Alsace".

- 9 décembre : Pluie - départ à midi - routes défoncées - croisons le 5e Hussards - stationnons en avant de POPERINGHE - discussion avec FERRIERE - DELLA - CASTIES et BENNETEUX.
Allons cantonner à POPERINGHE - nuit difficile - mangeons jambon avec LEJEUNE.
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(La Contemporaine)
- 10 décembre : Grand passage de troupes (infanterie) pleines de boue - Elles sortent des tranchées. Classe 14.
Départ midi - passons à WATON - temps affreux - pluie fine et intense, voitures enlisées dans la boue - attendons cantonnement. ILASSERVINDE - installation pénible chez des gens qui ne comprennent pas le Français - mange du lapin avec l'équipe G.C.P. plus WEBER, NICAISE et GOURNEZ.

- 11 décembre : Repos - revue de mitrailleuses - perfectionnement de l'installation.

- 12 décembre : Promenade des chevaux - le soir ordre de départ probable - Vais à STEENVOORD acheter des souliers.

- 13 décembre : Repos. A 6h du soir ordre de départ pour le lendemain à 5h30.

Fin pour ce jour. A demain!

François.
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demonts
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Re: 5ème RCA

Message par demonts »

Bonjour à tous,

Reprise du journal de campagne de ROBERT, Clément MDL/chef au 5e RCA à la date du 14 décembre 1914.

- 14 décembre : Réveil 4h. Les hommes ne sont pas prêts. Colère de ma part - j'attends NOGRET et le caisson. Difficultés pour passer un convoi administratif. Je rattrape enfin le régiment à la sortie de POPERINGHE. On nous dit que l'offensive générale va enfin avoir lieu. En effet tout parait prêt - police des routes - régiments qui défilent, l'artillerie qui se porte en avant.
Passons VLAMERTINGE - voyons obusier de 220 français. Stationnons dans un champ - boue jusqu'aux genoux, mangeons repas froid - forte canonnade à droite. A 14h je vais prendre les ordres de l'officier (Lt GIGANDET) - nous allons paraît-il aider à l'attaque de la Cote 60. En avant au trot (matriculons abattis) - marmites pas loin - dépassons artillerie - route pavées et défoncées complètement par les obus, des tombes, des chevaux morts.
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Tournons à gauche direction YPRES -château en ruine - parc - terre labourée - barrière - amas de bois - les biffins s'abritent dans les fossés - ça sent mauvais par là - toujours au trot. Je marche à côté de l'officier qui me donne ses instructions au cas ou il viendrait à être tué, cela m'impressionne. Un petit pont à 5m de nous deux - un abus tombe dessus - nous passons - les pièces sont à 100m l'une de l'autre - Entre la première et la seconde un autre obus - enfin arrivons au trois rois (carrefour) - mettons la section à l'abri et allons avec l'officier à CASTIES aux ordres à la 79ème Brigade. Je vois Mr OLRY. Vais chercher la section - arrivons à la ferme. Déchargez, avancez, sans manteau par ordre, arrivés au passage à niveau - je vérifie les pièces. L'officier envoie chercher les manteaux et donne des ordres à LEJEUNE pour amener la section à VERBRANDE-MOLEN. Je pars avec l'officier - les balles sifflent de tous les côtés - une balle traverse le manteau de l'officier - arrivons au poste de commandement du secteur. Attendons la section avec anxiété. Les obus pleuvent sur la route. Enfin elle arrive. Les hommes essoufflés. MULLER est blessé - balle de shrapnels à la jambe - porté au poste de secours. Attendons la nuit au poste de commandement - les balles sifflent passent par la fenêtre - les obus passent pas dessus - on ramène des blessés - l'état major est dans une cave enfumée - nous touchons après maintes prières 4 boules de pain trempées pour 25 hommes. Vers 22 heures on part. Des tirailleurs nous aident à porter les munitions. Un sergent et 4 hommes du génie viennent nous aménager l'emplacement. Toutes les 2 minutes une fusée éclairante tirée par les boches. Ils en profitent pour tirer.
Couchez vous on entre dans un boyau de la boue jusqu'aux genoux. Je trouve le sous-officier zouave que je remplace - après maints arrêts et encombrements arrivons à l'emplacement désigné. Je cherche les hommes du génie. Ils sont partis - perdus sans doute - les tirailleurs ont fichu le camp. Je les fais rentrer à coup de crosse et de pied dans le cul. Je me trompe - me trouve entre les boches et nous - j'ai peur qu'on me tire dessus des deux côtés. Enfin je retrouve la section. Je l'installe - un blessé indigène est dans la boue. Il râle toute la nuit. Je couche dehors - pluie fine - suis gelé - monte la faction - soif.

- 15 décembre : Forte canonnade sur le fortin à gauche - les tranchées sont prêtes l'une de l'autre. Devant notre tranchée, à quelques mètres , beaucoup de morts Allemands. Dans une tranchée des pieds dépassent. C'est un mort. Journée sans incident notable. Fusillade terrible de temps à autre. Le 75 tape dur sur le fortin. Nourriture "ouallou"! - soif terrible - pas bu - 10 zouaves tués pendant la relève.
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- 16 décembre : Jus - eau de vie - un morceau de chocolat que me donne l'officier - nettoyage - je reçois l'ordre de tirer pour empêcher les tirs d'"enfilades - me pait pas utile - tire peu - je reçois l'ordre d'être plus actif - je tire toutes les 5 minutes une rafale d'une bande à 10 heures - les zouaves à 100m sur notre gauche prennent une tranchée Allemande. Tire sur les fuyards - fait des prisonniers - peu après je vois dans la tranchée Allemande du remue ménage. C'est la relève. Je tire moi-même - un lieutenant indigène rouspète.
J'arrête, je rage, je pointe la pièce de WEBER sur trois mitrailleuses boches que j'ai reconnues à leur blindage. Le reste de la journée tranquillité relative. A 20h relevés par les tirailleurs. L'officier refuse, enfin on s'en va. On leur laisse le matériel, le boyau a été nettoyé, on enfonce moins. Fusées - coups de feu - enfin on arrive à VERBRAUDEN-MULLEN. Quelle joie de pouvoir boire. Je fais boire le hommes par pièce puis je les fais partir. J'attends l'officier. Nous rencontrons des coloniaux. Deux hommes sont blessés, les balles sifflent.
Arrivons enfin aux Trois Rois. Les hommes se relèvent de temps en temps porter la pièce Gournard. On repart direction YPRES que nous traversons. Impression terrible. Sensation d'un tremblement de terre terrible - on trouve à boire - eau "maussade". Nous décidons d'aller jusqu'à WLAMERTINGHE retrouver CASTIES et le reste de la section. J'ai mal aux pieds - arrivons enfin - cherchons CASTIES - réveillons les gens d'un café - buvons le jus et eau de vie. On repart. Vraiment pénible de marcher encore. Enfin on trouve une grange, on s'affale, nous sommes exténués. L'officier recommande de ne pas se déchausser.
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(Lieutenant GIGANDET - La Contemporaine)
Fin pour aujourd'hui.
A demain!
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demonts
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Re: 5ème RCA

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Bonjour,

Reprise du carnet de campagne de ROBERT, Clément à la date du 17 décembre 1914.

- 17 décembre : Réveil à 9h - café au lait, tartines. Je vais à VLAMERTINGE . Achète journaux - trouve NOGRET qui me donne son cheval. Les chevaux arrivent, nous partons au cantonnement vannés. Vais à POPERINGHE avec CASTIES, mange frites - c'est bon - NOGRET est blessé par éclat d'obus.

- 18 décembre : L'officier (Lieutenant GIGANDET), LEJEUNE et deux pièces retournent aux tranchées. Je ne peux plus marcher - je reste pour le ravitaillement et les chevaux - je les accompagne aux trois-Rois - nuit noire - installe la cuisine dans une cave - je repars - rentrons à 11 heures. Je me couche et dors peu - inquiet pour les camarades.
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(La contemporaine)
- 19 décembre : Ravitaillement 4e escadron - WEBER va au Trois Rois - j'apprends que LEJEUNE est légèrement blessé au pouce - reçu colis et envoyé une part aux tranchées.

- 20 décembre : Je n'y tiens plus. Je vais aux Trois-Rois voir ce qui se passe - vu YPRES en plein jour, terrible. L'artillerie se porte en avant. L'officier compte être relevé ce soir. J'enverrai un agent de liaison - beau temps - 6 aéros en l'air.

- 21 décembre : J'ai attrapé une angine à gauche qui me fait souffrir - partons à 3h30 sur la route. Nous sommes arrosés d'obus Allemands. Je passe au trot. RAS. J'attends 2 fois dans YPRES. Ont faut sauter des marmites de180 Allemandes qui n'ont pas éclaté. Arrivons sans trop d'encombres aux tranchées. Nuit assez tranquille. Les boches sont venus couper les fils de fer à 2m de nos lignes. Je m'inquiète - enfin ça passe.

- 23 décembre : Vive canonnade - de chez nous les boches se terrent - fusillade ordinaire - on rouspète pour être relevés - on y sera que demain soir. Les zouaves, nos voisins, sont remplacés, nuit calme, une reconnaissance est allée reconnaître les positions ennemies.

- 24 décembre : Depuis ce matin les boches nous envoient des bombes (bouteilles) qu'ils lancent avec un canon à ressort - quand elles tombent sur nos tranchées mais à gauche elles font un vacarme effroyable.
Ils nous tirent dessus avec des canons de 75 qu'ils nous ont pris les rosses. Enfin nous espérons sortir de cet enfer ce soir - nous sommes complètement gelés.
Vers 11 heures du soir les boches chantent et jouent de la musique dans les tranchées. Les zouaves venus la veilles sont relevés par le 94e de ligne.

- 25 décembre : La 38e Division est partie - nous laisse sans ravitaillement - lié connaissance avec le 94e classe 14 - bon esprit - bonne camaraderie - trouvons un braséro - bon café. Vers 6h un adjudant de coloniaux
vient reconnaître l'emplacement des mitrailleuse et promet de revenir dans 1 heure. Il n'arrive qu'à 2h du matin - on commençait à désespérer. Relève pénible - pies gelés - descendons jusqu'aux trois Rois à pied - mal aux pieds - partons à cheval jusqu'au cantonnement - route difficile, glissante. Arrivons à 5h du matin - me couche 1/4 d'heure.

- 26 décembre - Partons pour POPERINGE - nous sommes dans une saleté repoussante - reçois le colis de maman envoyé le 7 octobre.

-27 décembre - bonne douche. Le soir bien dîner avec CASTIES - PELLEGRIN - WEBER - GOURNEZ - GIRARD - et GENTIL - soupé - bien ri.

- 28 décembre : Repos - beaucoup d'hommes et moi souffrent de pieds gelés.

- 29 décembre : Repos - massage des pieds - On s'en va paraît-il demain pour CASSEL.

- 30 décembre : Parton de POPERINGE - traversons STENWORD - continuons à EECKE - LEJEUNE et moi couchons dans un lit. Bonne nuit.

- 31 décembre : Repos - journée triste - j'ai le cafard - je me sens bien seul - devons partir demain.

Fin pour aujourd'hui.
Bonne journée.

A demain.

François.
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demonts
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Re: 5ème RCA

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Bonjour,

Carnet de campagne de ROBERT, Clément - reprise à la date du 1er janvier 1915.

- 1er janvier 1915 : Bonne Année - souhaits et cris de joie sans échos - sonne creux - embarquons à 1h à la gare de STRAZELLE pour direction probable MONTDIDIER - laisse mon wagon de 2e classe pour aller avec les camarades - Avec LEJEUNE jouons aux cartes et dormons. Bonne nuit. A 5h débarquement à TRICOT.

- 2 janvier : Cantonnons à SEVENNES à 6 kms de MONTDIDIER - assez bien, boue mais content quand même d'être en France - cela ne ressemble en rien à l'uniformité des Flandres - petits bois de sapins, coteaux, etc. -

- 3 janvier : Vais à MONTDIDIER en bicyclette - promenade des chevaux - instruction.

- 4 - 5 - 6 et 7 janvier : idem

- 8 janvier : Vais à MONTDIDIER avec CASTIES et WEBER - étamage des brides - chocolat etc. pour la section.
J'écris à mon oncle Eugène - ai trouvé un lit à minuit - on me déloge pour y mettre un officier qui je n'en m'en suis aperçu le lendemain était un adjudant.

- 9 - 10 - 11 - 12 janvier : Rien

- 13 janvier : Promenade des chevaux - instruction - allons voir le village de SOMMEILLES absolument anéanti.
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- 14 janvier : Instruction des mitrailleuses - pensons partir demain - conversation agréable le soir avec les gens de mon cantonnement.

- 15 janvier : Départ de NETTANCOURT - allons à GIVRY - recevons une averse - toutefois je parle avec le Colonel très gentil. Il m'autorise a aller à VERDUN.

- 16 janvier : Pensions partir aujourd'hui. Restons nous partirons demain.

- 17 janvier : Allons à CHAUDEFONTAINE - cantonnons - ignoble.

- 18 janvier : CHAUDEFONTAINE - Instruction.

- 19 et 20 janvier : Instruction à cheval.

- 21 janvier : Départ de CHAUDEFONTAINE - étape pénible - temps affreux - cantonnons à VIEIL-DAMPIERRE.

- 22 janvier : Bien cantonné - maison neuve et vide. A minuit je reçois l'ordre de départ pour le lendemain à 7h.

- 23 janvier : Allons à NOIREMONT - nous sommes prêts à partir dans les tranchées - toute la journée dans un champ - froid terrible - nous ne partons pas dans les tranchées. Allons cantonner à LA GRANGE AUX BOIS.
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ROBERT, Clément 4.png (214.25 Kio) Consulté 1463 fois
Photo certainement prise à LA GRANGE AUX BOIS EN 1915. ROBERT, Clément est à gauche. Le cavalier du 5ème RCA à droite n'a pas été identifié. Il pourrait s'agir d'un de ses camarades de la section mitrailleuses. Il est titulaire de la médaille de la Campagne du Maroc. Il pourrait être de la classe entre 1900 et 1906.
- 24 janvier : Repos, nettoyage du casernement.
- 25 janvier : idem plus instruction.

- 26 janvier : les escadrons partent dans les tranchées. Nous restons au repos - c'est bien notre tour.

- du 27 au 30 janvier : les hommes vont faire du pansage dans les escadrons.
- 31 janvier : On nous dit de nous tenir prêt à aller chercher les escadrons - Finalement nous n'y allons pas.

- 1er février : Les hommes vont chercher les escadrons dans les tranchées. Ils arrivent à 11 heures.

- du 2 au 21 février : Rien de nouveau ( tir le 10 et 11) ( 16 au 18 en réserve à NOIREMONT sous la pluie)

- Fin du carnet de ROBERT, Clément. Les autres carnets n'ont pas été retrouvés.

Un grand merci à la famille de ROBERT, Clément de m'avoir autorisé à publier les pages de ce carnet de campagne.

Bonne journée.

François
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demonts
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Re: 5ème RCA

Message par demonts »

Bonjour,

Erreur de ma part, j'ai oublié de retranscrire une partie du carnet de campagne de ROBERT, Clément à la date du 1er août 1915 au 18 octobre 1915. Donc je poursuis!

- Du 21 février 1915 au 31 juillet 1915 carnets non retrouvés.

- 1er août 1915 : Le MDL/chef ROBERT rentre de 8 jours de détente.
J'arrive à SAINTE MENEHOULD à 7h du matin. J'apprends que le régiment est aux tranchées, que la section est à la Carderie pour assurer la garde d'un ballon captif contre les aéroplanes.
J'apprends également la mort que l'Adjudant-chef BACQUE, de LACASSIE et de Mr. MURAT (sous-lieutenant).
A 10h je pars en voiture pour la carderie. Je trouve mon officier, bon accueil, des hommes aussi. Le soir je vais avec Mr. GIGANDET au ballon voir WEBER qui est de garde. Nuit mauvaise dans la paille.

- 2 août : Je me présente au Colonel - bon accueil - me demande si j'ai rempli mes devoirs, certificats!...
Le soir vers 4h je vais relever WEBER. 7H14 obus trop long pour nous - Moiremont - on parle d'un prochain départ.

- 3 août - Mauvais temps - Faisons des frites, de la comporte de pommes pour nous occuper - cafard. WEBER est partir en permission - LEJEUNE vient me relever.
Il y a eu discussion à mon départ. On voulait me faire passer dans mon escadron. Le capitaine L (Le MDL/Chef ne cite pas le nom - il s'agit du Capitaine LUYA ) n'a pas voulu en parlant d'adjudant. Le Colonel a mis mon nom en avant. Les capitaines pour faire valoir leurs candidats mon assommé - explications pas propres pour des officiers. Je m'en moque, j'ai tout le temps, je suis chef et j'embête tout le monde.

- 5 août : Le colonel décide de faire rentrer dans les escadrons la troisième pièce qui n'est pas réglementaire. Je suis heureux, on se débarrasse de 8 hommes et 9 chevaux très embêtants.

- 6 août - Les mutations se font. J'expédie sur BOLOGNE le 3ème voiture - fort travail - j'arrive juste.
Mr. GIGANDET part en permission - A la GRANGE AUX BOIS - Le Colonel m'avertit que l'on part le lendemain.
Je fais relever la section le soir à 8 heures - faible effectif - tout le monde est content.

- 7 août : Je reçois l'ordre de partir à 2h du soir pour aller à DOMMARTIN SUR YERRE. J'expédie MESSAOUD XIX au dépôt des chevaux malades - le départ s'effectue bien - étape au pas, gentille. Nous sommes bien cantonnés. SAINTE MENEHOULD - ELISE - DAMPIERRE LE CHATEAU - DOMMARTIN SUR YERRE.

- 8 août - Nous restons à DOMMARTIN. Hommes gris... Pas beau. L'ordres est donné de ne plus envoyer de lettres fermées - toutes les correspondances doivent être lues par un officier. C'est très embêtant, plus moyen de parler librement à ma femme.

- 9 août : DOMMARTIN. Nous partons le lendemain pour aller cantonner à CHEPY et SAINT GERMAIN LA VILLE.
Le colonel me charge du T.D.C. (train de combat) - suis pas très content - enfin c'est l'ordre! - tout est prêt.
DOMMARTIN, VARIMONT, SOMME sur YERRE, MOIVRE, LA FRESNE, COUPEVILLE, SAINT JEAN SUR MOIVRE, MARSON, CHEPY, SAINT GERMAIN LA VILLE.
Vu Mr MONTAIGU, beau-frère de Mr. GIGANDET à COUPEVILLE.
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[Recueil_Commandement_du_général_Mangin_[...]France_Section_btv1b8432805b_302.jpeg (147.73 Kio) Consulté 1423 fois
Section mitrailleuses en cours de transfert.
- 10 août - Départ du convoi, laborieux dans la nuit - 3 voitures s'égarent. J'envoie ROFFO - il se casse la figure - elles rejoignent enfin à MARSON. Croisé 3ème chasseurs d'Afrique. Viens de repos - désordre - Suis heureux de sentir la différence avec le notre (régiment) qui vient du feu.
SAINT GERMAIN LA VILLE, mal cantonné, couche dans un lit, draps sales, du sang.

- 11 août : Départ à 5h toujours en convoi. Allons à POCANCY. Bonne étape, bonne route. Sommes très bien cantonnés dans une petite cour. Je suis heureux de voir avec quel bon coeur les hommes travaillent. Couche avec LEJEUNE, lit plein de puces - nuit atroce - suis chez Mr Robert ROLLET.
MAIRY SUR MARNE, COOLUS, POCANCY.

- 12 août : Restons à POCANCY quelques jours - il n'y a pas de courrier hier, aujourd'hui non plus, cafard - cafard. Pourrais-je dormir cette nuit?. Il devait y avoir revue par le Colonel. Il n'est pas venu, c'est dommage, Il eut été content, c'était propre.
Tout le monde dit que nous allons au repos. Je ne suis pas sûr.

Fin pour aujourd'hui.
A demain!
François.
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