Bonsoir à tous,
bonsoir Geneviève
Que de questions et d'interrogations auxquelles je vais essayer de répondre.
Les groupes de chasseurs cyclistes mis sur pied par des bataillons de chasseurs en sont effectivement issus et vraisemblablement ils ont le même dépôt (à confirmer par Bruno), mais ils ont chacun leur parcours. Ainsi les 1er, 3e et 5e GCC, sur lesquels je reviendrai plus loin, sont engagés dans la bataille de l'Ourcq au sein de leur division respective tandis que :
- le 18e BCP (4e DI) se bat aux confins de la Marne et de la Meuse entre Sermaize-les-Bains et Pargny-sur-Saulx (au sud-ouest de Revigny-sur-Ornain) ;
- les 26e et 29e BCP (40e DI) sont engagés plus à l'est, en Meuse, dans la région de Courcelles-sur-Aire, Neuville-en-Verdunois (entre Bar-le-Duc et Souilly).
La division provisoire de cavalerie Cornulier-Lucinière, comme vous le savez a été constituée le 29 août 1914 avec 18 escadrons (un de chacun des 18 régiments de cavalerie du Corps de cavalerie Sordet) répartis en 3 groupes venant des trois division de cavalerie.
Du 29 août au 2 septembre soir, elle retraite en combattant des rives de l'Avre au sud de la forêt d'Ermenonville (sud de Senlis) ; elle est ensuite regroupée d'abord au sud de la Marne vers Torcy, puis le 5 septembre soir au nord de la Marne vers Fresnes. Le 6 septembre AM, elle est engagée à droite de la brigade marocaine au sud de Penchard. Le 7 septembre, elle rejoint le Corps de cavalerie Sordet à Nanteuil-le-Haudouin où elle est disloquée, les escadrons rejoignant leur régiment respectif.
Cette division, envisagée initialement pour permettre la mise au vert quelque temps du corps de cavalerie, ne comportait pas de cyclistes. Par ailleurs, le 7 septembre lorsqu'elle rejoint le CC, elle laisse 8 escadrons à la 6e armée : les 4 escadrons provenant des deux brigades légères des 3e et 5e DC, et les 4 escadrons de dragons provenant de la 1ère DC.
Donc, la division provisoire de cavalerie n'existait plus au moment des faits du 9 septembre qui nous intéressent.
Le corps de cavalerie Sordet (devenu Bridoux le 8 septembre), moins la DCP, est regroupé dans la région de Versailles le 5 septembre soir.
Voici de manière schématique son action entre le 6 et le 9 septembre inclus.
Le 6, il fait mouvement : les 1ère et 3e DC par voie de terre jusqu'à respectivement Gonesse et Aulnay-sous-Bois (nord-est de Paris) ; la 5e DC par voie ferrée jusqu'à Nanteuil-le-Haudouin (chaque division a avec elle son GCC).
Le 7, il reçoit pour mission d'envelopper la droite ennemie à hauteur de Betz, tandis que la 61e DR (renforcée de deux escadrons de la 7e brigade de dragons de la 5e DC) doit prendre pied sur le plateau d'Etavigny au sud. La 5e DC, en tête de CC, fait mouvement le matin sur Macquelines via Villers-Saint-Genest et lorsqu'elle veut déboucher sur le plateau à l'est de la ligne Bargny, Betz, elle est pris violemment à partie par l'artillerie adverse et se retire à l'ouest de Macquelines. Derrière elle, la 1ère DC se porte à Villers-Saint-Genest et détache en avant, entre Betz et le bois de Montrolle au sud, un régiment de la 5e brigade de dragons avec le GCC. La 3e DC est en fin de matinée à Sennevières.
Dans l'après-midi, le CC tente à nouveau de prendre pied sur le plateau au sud-est de Bargny mais les effets de l'artillerie ennemie et l'avance de l'infanterie allemande jusque dans Betz vouent cette tentative à l'échec.
Le soir, protégé par une ligne d'avant-postes à hauteur de Macquelines, Levignen et Ormoy-Villers, le CC va bivouaquer dans la région de Nanteuil-le-Haudouin.
Le 8, la mission étant identique, la 3e DC part en tête suivie de la 1ère DC. Comme le 7, les divisions ne peuvent déboucher sur le plateau et restent toute la journée face à l'ennemi entre Betz et le nord de Levignen.
A 11h00, le général Bridoux prend le commandement du corps de cavalerie et le général de Cornulier-Lucinière celui de la 5e DC. Face à cette impossibilité de déboucher, le général Bridoux donne mission à la 5e DC d'effectuer un raid sur la rive gauche de l'Ourcq afin d'inquiéter l'ennemi sur ses arrières. La 5e DC (groupe cycliste en avant-garde avec la brigade légère) monte au nord par Ivors et Boursonne, puis franchit l'Ourcq à Troësnes, au nord-est de La Ferté-Milon et marche en direction de Soissons. Cette division ne reviendra dans les lignes que le 11 septembre soir, dans la région de Beauvais. C'est au cours de ce raid qu'a eu lieu ce qui est appelé "la charge de l'escadron de Gironde", dans la nuit du 9 au 10 septembre dans la région de Mortefontaine au nord de Villers-Cotterets.
Les deux autres divisions bivouaquent le soir : la 1ère DC à Villeneuve, la 3e DC à Ormoy-Villers.
Le 9, la mission générale du corps est la même mais la 1ère DC est envoyée dans la région de Crépy-en-Valois où sont signalés des mouvements ennemis tandis que la 3e DC tente à nouveau de remonter sur le plateau de Bargny mais doit se contenter de tenir les lisières de part et d'autre de Levignen tout en faisant face à une menace venant de Gondreville. En effet, l'ennemi est en train d'envelopper notre gauche alors que, dès le début de l'après-midi, il commence à se retirer sur l'Ourcq.
L'après-midi, face à cette menace d'enveloppement, la 1ère DC (renforcée de la 13e brigade de dragons) intervient sur le plateau de Rosières pour arrêter cette menace tandis que la 3e DC pivote sur sa gauche pour barrer la direction de Crépy-en-Valois.
Les combats sont rudes toute l'après-midi et une partie de la nuit, puis l'ennemi cesse de pousser et les deux divisions peuvent se retirer dans la région de Ver-sur-Launette (sud Ermenonville).
La bataille de l'Ourcq est terminée, la poursuite commence le lendemain.
Alors qu'en est-il des groupes cyclistes de ces 3 divisions. Les JMO des 3e et 5e DC sont clairs, leur GCC ne les quitte pas et combat avec eux. Celui de la 1ère DC est clair sur l'emploi de son GCC jusqu'au 8 inclus mais le fait qu'il ne soit pas cité le 9 aurait pu prêter à confusion. Ce n'est finalement pas le cas puisqu'on le trouve sur le JMO de la 11e brigade de dragons avec qui il combat le 9 matin surement.
Le 9 septembre matin la position de chacun des GCC est la suivante :
- le 1er GCC est avec la 11e brigade de dragons : voir
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 034__T.JPG
- le 3e GCC de la 3e DC est dans Levignen puis il participe à tous les combats jusqu'à la nuit où il permet le décrochage d'une partie de la division et est obligé de détruire ses machines pour qu'elles ne tombent pas aux mains de l'ennemi ; voir
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html pages 12 à 15.
- le 5e GCC est engagé dans le raid avec sa division depuis le 8 après-midi :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html pages 40 et suivantes.
Je pense donc avoir montré clairement qu'aucun des 3 GCC, seuls disponibles sur l'ensemble de la zone de la 6e armée, n'a été engagé le 9 matin sur la ferme Champfleury.
Or, y-a-t-il en septembre 1914 d'autres structures présentant un volume de cyclistes significatif pour aller en avant-garde (mission de combat) sur une crête qu'à défaut de contrôler, on observe parfaitement des positions de la ferme Poligny et alors qu'il y a au moins deux ou trois bataillons d'infanterie juste en arrière à l'ouest, dans le ravin et pour qui c'est le métier.
Vous permettrez donc de camper sur ma position d'une altération des faits, à moins de m'apporter des éléments vraiment nouveaux à partir de sources fiables.
Cordialement
Eric