Aprés les soldats du Pacifique, je vous emmene (pour ceux que cela interesse

Voici le texte (en plusieurs épisodes) :
"A LA MANIERE DE LASALLE
NOS CAVALIERS ENLÈVENT NAPLOUSE
(2l septembre 1918)
L'Histoire est une ingrate. En laissant parfois de côté ou en citant à peine des actes qui mériteraient d'être gravés au fronton de son temple, elle néglige de s'enrichir; elle en exalte d'autres qui, sans le bruit fait autour d'eux par des voix intéressées, seraient tout au plus dignes d'un modeste rappel.
Celle de la dernière guerre s'est montrée particulièrement avare en ce qui concerne les détachements français envoyés sur des terres lointaines pour y représenter la Patrie. Perdus dans les pays à demi-inconnus ou noyés au milieu de contingents étrangers plus nombreux, ils passèrent presque inaperçus. Que de grandeur d'âme, que d'héroïsme ils dépensèrent cependant ! A combien de circonstances dramatiques furent-ils mêlés ! Absorbés par l'étude des formidables événements qui se sont déroulés en Europe, les historiens de la guerre ont trop souvent négligé de se pencher au dehors.
Qui donc connaît, par exemple, les exploits accomplis par ce petit groupement de cavaliers portant le nom compliqué de Régiment mixte de Marche de Cavalerie du Levant ? Il a pourtant droit à une place d'honneur dans nos fastes guerriers car il s'est acquis une gloire impérissable en 1918, à l'armée de Palestine du général ALLENBY.
C'était un bien petit régiment, par le nombre du moins. Il ne comptait que trois escadrons, deux de chasseurs d'Afrique aux ordres des capitaines GUICHARD et FRANCOU, un de spahis aux ordres du capitaine WIDOLFÏ. Le tout était placé sous le commandement du lieutenant-colonel LEBON. Il y avait bien eu un quatrième escadron destiné à compléter le régiment ; mais il n'avait pu se joindre aux premiers. Parti le dernier de Bizerte, sous les ordres du capitaine DE KERVERSAN, le bateau qui le transportait avait été torpillé au large de Port-Saïd et il avait perdu dans la catastrophe vingt-trois hommes et tous ses chevaux.
Mais si le régiment mixte était de faible effectif, par sa valeur, par son unité de doctrine, par sa trempe morale, c'était un fameux régiment. Pourtant, sa formation avait eu lieu au début de 1918 dans des conditions singulières. La hâte, la pénurie des moyens, le « débrouillez-vous », le « il faut à tout prix » avaient présidé à sa naissance. Les trois escadrons étaient un véritable puzzle où se rencontraient des détachements de toute la cavalerie d'Afrique, des cavaliers de dix-huit ans et des territoriaux de quarante et plus.
Il avait fallu amalgamer, instruire et entraîner tout cela. Fort heureusement la pâte était bonne. Le lieutenant-colonel LEBON sut en tirer un admirable parti. Transportés en Egypte dès la fin de mars, les escadrons, profitant du large répit qui leur fut donné avant l'offensive projetée par l'armée ALLENBY, furent véritablement « dressés », tant moralement que physiquement. Quand, le 21 août 1918, le régiment mixte fut rattaché à la 5e brigade de cavalerie australienne du général ONSLOW, il était à la hauteur des meilleures unités de cavalerie du front français. Et ce n'est pas peu dire."
A suivre...