Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

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Jean RIOTTE
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Jean RIOTTE »

Bonsoir à toutes et à tous,
La quasi totalité des échanges de ce Forum portent sur des unités ayant participé à la Grande Guerre dans le cadre de formations appartenant à l' Infanterie. Ce qui est tout à fait compréhensible compte tenu de la tournure prise par cette guerre qui fut avant tout une guerre de position, une succession de batailles de tranchées. Pourtant d'autres Armes ont également participé à la victoire: la Cavalerie entre autres, et les Cuirassiers en particulier.

" En 1914, les cuirassiers partirent le casque et la cuirasse recouverts de toile bise pour éviter le scintillement au soleil. En septembre 1915, les cuirasses furent renvoyées à l' arrière, le casque troqué pour la bourguignotte des autres troupes, de même que fut portée la tenue bleu horizon.
Les cuirassiers, qui, au début de la guerre, étaient apparus comme les moins utilisables des cavaliers, prirent leur revanche en se transformant en combattants à pied.
Les cuirassiers à pied. Ils entrèrent d'abord dans les Groupes Légers formés en 1915 dans les divisions de cavalerie et comptant également des cavaliers des autres armes; puis, en juin 1916, on démonta six régiments qui devinrent les 4è, 5è, 8è, 9è, 11è, et 12è régiments de cuirassiers à pied, constitués comme dans l' infanterie à trois bataillons (de chacun 4 escadrons) et trois compagnies de mitrailleuses. Pour compléter les effectifs, qui auraient été insuffisants avec les seuls régiments de cuirassiers démontés, on incorpora des groupes cyclistes et des groupes légers de divisions supprimées et, en 1917, les deux régiments légers dissous ( qui avaient été formés en 1916 avec des groupes légers).
Les régiments de cuirassiers à pied furent d' abord affectés aux divisions de cavalerie: le 4è à la 1ère DC, le 5è à la 4è DC, le 8è à la 6è DC, le 9è à la 3è DC, le 11è à la 5è DC, le 12è à la 7è DC, d' où il passa à la 2è DC en juillet 1917. Le 5è se distingua dans la bataille de la Somme, à Pressoir, Ablaincourt et Chaulnes en Novembre 1916, comme le 9è à Biaches en août-septembre 1916, et le 12è à Lihons et Tracy-le-Val en septembre et novembre 1916.
Le 26 avril 1917 fut formée avec les 4è, 9è, et 11è régiments une division provisoire de cavalerie à pied sous les ordres du général Brécard. Elle monta en ligne le 30 avril dans le secteur du 1er Corps Colonial où elle releva la 2è Division Coloniale. Elle reçut pour objectifs la charnière de la ligne Hindenbourg: moulin et mont de Laffaux, Allemant et carrières de Fruty. Le 4è était à gauche au nord du moulin, le 9è devant le moulin, et le 11è à droite devant les carrières. Après une préparation d'artillerie de cinq jours l'attaque partit le 5 mai à 4 h 45 avec l'appui de quelques chars d' assaut. Traversant le plateau, les cuirassiers s'emparèrent en deux heures des deux premières lignes de tranchées, puis du moulin, puis du château de La Motte, qu'ils reperdirent d'ailleurs. Encerclant le mont de Laffaux, ils furent stoppés par la résistance rencontrée, devant les carrières de Fruty, par le 11è que gênait le retard de la 158è Division à sa droite. De puissantes contre-attaques allemandes reprirent le mont de Laffaux. Un nouvel assaut à 18 heures permit de s'emparer d' Allemant et du mont de Laffaux mais ce dernier fut bientôt reperdu. Un violent orage au début de la nuit transforma les tranchées en torrents de boue et empêcha les hommes de prendre le moindre repos. Le 6 mai, l'attaque repartit à 16 h, prit le château de la Motte, que l' ennemi, très mordant, réoccupa; nos hommes n'échappèrent à l' encerclement qu' en se dégageant à la baïonnette. Relevée dans la nuit du 9 au 10 mai par la 2è Division Coloniale, la division avait subi de lourdes pertes: le colonel Durand du 11è, blessé avec 11 autres de ses officiers, deux ayant été tués; le 4è qui affronta les durs combats du château de La Motte, comptait 5 officiers tués. Au total, les pertes s' élevaient à 35 officiers et 1200 hommes.
Un bataillon du 9è et un bataillon du 11è, instruits dans l' accompagnement des chars de combat, participèrent
le 23 octobre 1917 à l' attaque de La Malmaison entre les fermes Mennejean et Many."
( à suivre)

Cordialement.
Jean RIOTTE.
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Jean RIOTTE
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Les Cuirassiers en 1914-1918 (suite et fin).

" En janvier 1918, devant les brillants résultats acquis, fut décidée la création de deux divisions de cavalerie à pied (DCP): la 1ère comprenant les 4è, 9è, et 11è (général Brécard), la 2è comprenant les 5è, 8è, et 12è (général Hennocque).
La 1ère DCP prit une part glorieuse à la bataille de Noyon. Transportée le 22 mars 1918 à l' est de cette ville, elle releva la 18ème division britannique sur le canal de Crozat, livrant de violents combats les 23 et 24 mars: le 9è devant Tergnier, les 4è et 11è près de Caumont où fut blessé le lieutenant-colonel Thureau du 9è. Rejetée sur Villequier-Aumont puis, le 25, sur Béhéricourt, elle dut repasser le soir au sud de l' Oise par le pont de Varesnes, ayant perdu vingt-sept officiers et plus de 1300 hommes.
Elle fut ensuite engagée dans la bataille du Matz le 9 juin, défendant héroïquement Le Plessis de Roye, le massif du Plémont et la ferme Saint-Claude pour se replier le lendemain au sud du Matz, ayant encore laissé sur le terrain cent officiers et plus de 3400 hommes. Du 26 septembre au 10 octobre, elle prit part à la bataille de l' Argonne, de part et d'autre de l' Aisne. Enlevant Servon le 26, elle fut durement accrochée le 27 devant le bois de Cernay mais prit le 30 Binarville, Condé-les-Autry et le bois de Cernay; à partir du 1er octobre elle occupa la position d' Autry qu' elle finit par occuper le 8, après des assauts répétés, et poursuivit l'ennemi vers Lançon. Relevée le 10, elle avait perdu plus de 2000 des siens, dont près de 300 pour le seul 4è Cuirassiers. Une dernière fois en ligne dans la bataille du Chesne, elle fut engagée, du 1er au 3 novembre, devant Termes et Olizy.
La 2è DCP combattit du 4 au 8 avril sur l' Avre à Moreuil et Morisel où fut blessé le 4 le lieutenant-colonel de Breuille du 5è. Puis elle fut engagée sur l' Aisne près de Soissons, contenant, à partir du 30 mai, les attaques furieuses des Allemands, et n' abandonna le plateau de Bonnemaison que le soir pour se replier sur Vézapontin et Morsain où tomba blessé le colonel Meyer du 12è, et, le lendemain, au sud du ru de Vassens où elle arrêta l' ennemi du 1er au 3 juin. Portée ensuite sur les lisières de la forêt de Villers-Cotterêts, elle livra d' épiques combats le 12 juin à Dommiers et Saint-Pierre-Aigle, dut reculer le 13 à l' est de Montgobert mais s' y maintint jusqu'à sa relève le lendemain. Elle avait perdu 35 officiers et plus de 1600 hommes.
A partir du 12 septembre, elle participa à la bataille de Saint-Mihiel, attaquant de la tranchée de Calonne vers Dompierre, le bois des Chevaliers et de la Selouze, puis releva le lendemain les Américains entre Thillot et Hattonchatel jusqu' au 18 octobre.
Les Cuirassiers non démontés. Les régiments non démontés combattirent le plus souvent à pied comme leurs camarades des autres unités de cavalerie. Parmi leurs hauts faits nous relaterons: les combats de la 2è brigade de Cuirassiers (1er et 2è), avec la 1ère DC dans la Somme devant Roye et Montdidier au secours des Britanniques enfoncés (26-31 mars 1918) puis sur la Marne: défense de Cierges et du pont de Dormans (29 mai-
7 juin).
Ceux de la 3è brigade (3è et 6è) dans la Somme vers Moreuil et Hargicourt du 27 mars au 7 avril 1918: résistance héroïque du 6è dans Hargicourt et du 3è dans les bois Senécat et de l' Arrière-Cour, le 30 mars, puis sur la Marne du 28 mai au 5 juin à Fère-en-Tardenois, Beuvardes et Mont-Saint-Père et enfin dans la bataille de Montdidier, à Marquivillers et Grivillers le 10 août.
Ceux de la 5è brigade (7è et 10è) avec la 3è DC en Flandre au mont Kemmel, où elle perd quatre officiers et plus de 100 cavaliers, puis, avec la 5è DC sur la Marne: Cierges, Mont-Saint-Père (29-30 mai) et avec la 1ère DC en Champagne: l' Arnes, Sissonne (27 septembre-13 octobre).
Cavaliers ou fantassins, les Cuirassiers payèrent une lourde contribution à la Victoire de 1918."

Sources: Extraits de: Les Cuirassiers, de Pierre Hallynck, Revue Historique de l'Armée, 1964, n° 4.

Cordialement.
Jean RIOTTE.
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Jean RIOTTE
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Toujours à propos des Cuirassiers, pour mieux comprendre le rôle de cette subdivision d' arme de la Cavalerie.

" Les Cuirassiers portaient la cuirasse et celle-ci les apparentait à la lointaine chevalerie, bardée de fer. Entre 1656 et 1803, la France n' a eu qu' un seul régiment de cuirassiers, celui du Roi ( le 8ème). Les affiches de recrutement affirmaient sous Louis XV que:
"Les cuirassiers du Roi sont la seule troupe de cavalerie française qui soit armée de la cuirasse, et cette armure qu' ils ont portée avec honneur depuis leur création, a toujours distingué ce corps dans les armées et dans les batailles."
Composés de grands hommes, montant de grands chevaux, les régiments de cuirassiers constituaient une arme lourde, une arme de choc, "la grosse cavalerie", chargeant "à fond", en rangs serrés, dans les moments décisifs de la bataille, destinée à tout broyer sur son passage. Pendant les guerres de l' Empire, les charges irrésistibles des Cuirassiers apportaient la victoire et leurs chevauchées désespérées à Waterloo et à Reichsoffen sauvèrent l' honneur.
Les cuirassiers avaient une réputation légendaire de bravoure. Bismark écrit:
" Les cuirassiers français ont fait époque dans l' histoire des guerres modernes; leur intrépidité a sauvé l' armée à Essling...Napoléon les employait fréquemment à emporter des batteries, des retranchements et jusqu' aux redoutes les plus fortes, notamment à la bataille de la Moskowa. La gloire de cette cavalerie était si grande dans l' armée française que "braves comme nos cuirassiers" était passé en proverbe..."
"Sa Majesté, lit-on dans un document de 1805,a éprouvé une véritable satisfaction de voir en si bon état ces braves régiments de cuirassiers qui lui ont donné tant de preuves de courage dans le courant de la campagne."

( à suivre )

Cordialement.
Jean RIOTTE.
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Jean RIOTTE
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Suite et fin de la place des Cuirassiers dans l' Armée Française.

" Les Cuirassiers ont eu de nombreux sobriquets. "Gros talons", dû à leurs bottes de grande taille, "gilets de fer", "gilets de basin". A la fin du XIXè siècle on surnommait les héros de Reichshoffen "chaudronniers", "poitrines d' acier", "ventres d' acier". On disait aussi "les blindés", les "gros ventres", les "coquillards", mais le sobriquet de "Gros frères" était le plus courant. La chanson célèbre de "Saint-Georges", débute ainsi:
"Vous savez tous, les Cuirassiers,
Que Saint-Georges fut un gros frère...
"
Sur leur passage on fredonnait:
"Voilà nos beaux cuirassiers,
Reluisant sous leurs aciers,
Ils ne sont vraiment pas mal,
A cheval, à cheval, à cheval.
"
Le refrain général des cuirassiers est, d' après le capitaine Choppin:
"Un cuirassier sous l' acier qui lui sied,
Par son air martial, n' a pas d' égal.
Avec sa latte, il épatte, un tas de péquins,
Qui ne comprennent rien, nom d' un chien!
"
En 1914-1918, la cavalerie à cheval n' ayant plus d' emploi sur les champs de bataille de France, les cuirassiers fournirent six régiments de "cuirassiers à pied" qui, grâce à leur esprit de corps, se rendirent vite célèbres. Et quand la cavalerie abandonna le cheval pour le blindé, les régiments de cuirassiers, conformément à leur mission essentielle, celle d' une arme de choc, reçurent des chars lourds."

Sources: Recueil d' Historiques de l' Armée Blindée et de la Cavalerie, général Andolenko, édité par l' Association Nationale des Officiers de Réserve de l' Arme Blindée et de la Cavalerie. 1968.

Cordialement.
Jean RIOTTE.
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serge
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par serge »

Bonsoir à tous,

Voici le monument en hommage aux hussards qui se trouve près d'Hartennes 02.
Cordialement
Serge

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pandore 44
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par pandore 44 »

merci pour cette somme de renseignement, je possède dans ma collection une tenue d'officier de cuirassiers portée par le capitaine marin de montmarin au 9ème régiment.
savez vous comment je pourrais compléter ma documentation sur cet officier en dehors du tableau d'honneur que je possède et en dehors des archives de vincennes
merci
pandore44
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verdun19
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par verdun19 »

Bonjour

Pandore votre tenue date de 14/18 ?? Si oui, n'hésitez pas à mettre des photos :) :pt1cable: :pt1cable:

Jean, infos très intéressantes :bounce: :bounce: , à noter que pour être dans les cuirassiers, il fallait mesurer entre 1,70M et 1,85M

Cuirassier18
Recherche tout objet militaire sur le 1er régiment de cuirassiers de Paris, ainsi que l'officier et les généraux français de 1871 à 1918.
Montmarin
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Montmarin »

merci pour cette somme de renseignement, je possède dans ma collection une tenue d'officier de cuirassiers portée par le capitaine marin de montmarin au 9ème régiment.
savez vous comment je pourrais compléter ma documentation sur cet officier en dehors du tableau d'honneur que je possède et en dehors des archives de vincennes
merci
Bonjour,
le capitaine Pierre de Marin de Montmarin était mon grand père... mais, à priori, il était dans l'infanterie!
D'où viendrait un uniforme de cuirassier chez un "biffin"?
Merci de m renseigner.

Amicalement.

[email protected]
François de Montmarin
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Achache
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Re: Les Cuirassiers dans la Grande Guerre.

Message par Achache »

Bonjour,

et bienvenue, François, sur ce Forum. Il est toujours particulièrement intéressant d'y accueillir un membre proche de l'un des hommes qui sont évoqués.

Malheureusement, pandore 44, qui était intervenu ci-dessus, ne s'est pas manifesté sur le Forum depuis le 24-07-2007 à 16:55, et sans avoir fourni de photo, si j'ai bien vu. Il risque donc d'être difficile de répondre à votre question, faute de pouvoir faire les vérifications nécessaires à propos de cet uniforme...

Bien à vous,

[:achache:1]
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
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