Je voudrais vous faire part de quelques réflexions concernant les couleurs du camouflage des chars français. En tant qu’amateurs de beaux avions, nous sommes confrontés au même problème que vous concernant l’interprétation des photos noir et blanc et les nombreux pièges que celles-ci comportent.
Les émulsions utilisées à l’époque étaient majoritairement des émulsions orthochromatiques, dont le rendu des valeurs de gris est parfois éloigné du résultat que donne la conversion d’une photo couleurs en niveaux de gris sous Photoshop…
Ceci est particulièrement flagrant pour la couleur bleue ou, par extension, la couleur gris bleue.
A titre d’exemple, vous trouverez ci-dessous une photo d’avion Nieuport, dont la couleur générale est le gris bleu. Il s’agit d’un gris bleu assez soutenu, proche du gris artillerie mais probablement plus foncé. Vous noterez que ce gris bleu apparaît globalement très clair sur la photo. Notez également la valeur de gris du bleu national, peint sur le gouvernail de l’avion. Il s’agissait d’un bleu foncé, qui apparaît, là encore, très clair sur la photo.
Sur cette autre photo (ci-dessous) de la queue d’un avion Spad en 1918, on voit, là encore, que le bleu du gouvernail apparaît très clair, et surtout plus clair que le jaune ocre peint sur la partie horizontale de l’empennage.
Pour résumer, la « valeur de gris » de la couleur gris bleue est globalement plus claire que celle du jaune ocre.
En parcourant la rubrique « artillerie spéciale » du forum, on s’aperçoit que la couleur la plus claire du camouflage des chars français est généralement interprétée comme étant le jaune ocre, ce qui est discutable au vu de l’analyse faite ci-dessus. J’aurais pour ma part tendance à penser que la couleur la plus claire du camouflage des chars serait le gris bleu « artillerie », comme par exemple sur la photo du Saint-Chamond ci-dessous.
Lorsque le camouflage associant les 3 tons de base (marron, vert, ocre) recouvre entièrement le gris artillerie appliqué en usine, cela donne un camouflage qui est globalement assez peu contrasté. Il suffit alors que le temps de pose de la photo ne soit pas idéal pour que ce camouflage soit peu « lisible » sur les photographies, d’autant que les chars sont recouverts de poussière, ce qui n’arrange rien.
Je pense notamment aux chars Schneider de 1916, qui présentent un aspect global sombre et peu contrasté, ce qui est plutôt en faveur d’un camouflage « sans » gris artillerie. Quant au fameux liserai noir (dont l’efficacité fut contestée), il a tendance, dans le cas d’un camouflage associant seulement 3 tons, à se fondre dans la masse et ressort également mal sur les photos.
Pour résumer (et si on exclut le noir):
- lorsqu’une couleur claire apparaît dans le camouflage, il s’agirait plutôt d’un camouflage à 4 tons laissant apparaître le gris artillerie
- lorsque le camouflage est sombre et peu contrasté, il s’agirait plutôt d’un camouflage à 3 tons (marron, vert, ocre)
Voilà pour cette analyse rapide, que certains jugeront, à juste titre, trop succincte. Je ne prétends surtout pas détenir la vérité mais simplement donner quelques bases de travail.
La discussion est ouverte…
