Dans un article du premier numéro de la revue "Tranchées" (Avril/Juin 2010), Bruno Jurkiewicz abordait un point peu connu de la Bataille du Matz. Il s'agit de l'attaque dans le secteur de Mortemer des chars A7V des Panzer Abteilung n°1 et n°3.
Cette action présente l'avantage d'avoir été décryptée par les Allemands et par les Français et, de plus, des photos allemandes ont été réalisées et conservées.
Du côté allemand l'action des chars est décrite par Ernst Volckheim dans " Deutsche Kampfwagen greifen an ! erlebnisse eines Kampfwagenfûhers an der Westfront 1918". Ce récit publié par Mittler & Sohn à Berlin en 1937.
En France, les Armées Françaises dans la Grande Guerre, la revue de l'infanterie et les JMO des unités françaises engagées ont aussi traité de cette attaque.
Au cours de cet engagement le char A7V n° 562 du PzAbteilung n°1 se renverse dans un trou entre Rollot et Courcelles-Epayelles.
La mission des chars de cette unité étaient d'atteindre la route entre Méry et Lataule.

Si ces chars ont bien appuyé la prise de la cote 110, la mission s'est arrêtée, pour le dernier char en état, à l'entrée de Mortemer.
Cet engagement est bien décrit dans l'article de la revue Tranchée, et avec raison, Bruno Jurkiewicz s'étonne que les Allemands
aient pu dépanné ce char alors qu'il était, d'après les écrits allemands et français, aux vues des premières lignes françaises.
Quatres photos de ce char renversé dans son trou ont été réalisées par les Allemands.

L'analyse de ces photos, associée à celles des cartes et photos aériennes d'époque, montre bien la fragilité de récits
et rapports que l'on serait tenté, au premier abord, de croire parfaitement fiables.
Ces 4 photos montrent bien que le char est dans une zone boisée (et non à découvert en plaine).
Par ailleurs, les officiers allemands posent près du char sans visiblement craindre d'être pris à partie par des tirs français
et ils sont en casquette et non en casque de combat.
Le char est tombé dans ce trou dans la matinée du 9 Juin, et il avait rejoint son unité le 11 Juin.
Il a probablement été dégagé le 10 Juin ou dans la nuit du 10 au 11 Juin.
Pour tenter de faire la lumière sur cet affaire il est bon de se pencher sur les cartes d'état-major de l'époque et par chance,
il existe aussi des photos aériennes, prises en Juillet 1918, qui couvrent le secteur dans lequel le char s'est mis en panne.
La carte qui suit montre la zone dans laquelle le char se serait renversé.

Il existe trois cartes qui donne une bonne vue de la végétation du secteur.
la carte d'Etat-Major au 1/80 000°,
la carte d'Etat-Major au 1/40 000°,
les plans directeurs au 1/20 000° de 1918 mis à jour avec les photos aériennes d'époque.
Les relevés les plus anciens sont ceux de la carte au 1/40000° avec un bois qui était alors très étendu.



Ces trois cartes sont cohérentes et montrent bien qu'il n'existait pas de bois entre la Cote 110 et Courcelles-Epayelles.
Par ailleurs, les photos aériennes confirme aussi que cette zone ne comportait aucun bois.


Les photos prises récemment sur place montrent que le char ne pouvait pas être, en avant de la cote 110, face à Courcelles-Epayelles. Il aurait été vu des troupe Françaises (y compris depuis Méry) et l'artillerie française n'aurait pas laisser les Allemands dépanner ce char.

